FAO en République démocratique du Congo

Epargner ensemble pour créer des moyens de subsistance résilients

(Photo: ©FAO/Catherine Claude)
14/05/2018

Autonomisation des femmes à travers le système d’épargne villageois en République démocratique du Congo

Auparavant, dans les communautés rurales du Sud-Kivu, l’accès aux crédits était inaccessible pour les petits producteurs ruraux. Leurs faibles revenus ne les permettaient pas de rembourser un crédit dans un délai de deux mois à un taux d’intérêts de plus de 20 pour cent. L’arrivée des Associations Villageoises d’Epargne et Crédit (AVEC) à Kalungu a permis aux femmes de s’unir pour épargner et créer des activités génératrices de revenus.

Sifa Makali, présidente de l’AVEC Maendeleo Kwetu (Développement chez nous), était vendeuse de lait avant la création de son association. Grâce à cette activité, elle arrivait à épargner chaque semaine 1 000 francs Congolais. Cela a permis de constituer le capital initial pour le fond de crédit.

«Nous nous rencontrons chaque jeudi après-midi pour cotiser dans deux types de caisse : une caisse d’épargne et une caisse de solidarité. Chaque membre peut mettre 500 francs Congolais dans la caisse de solidarité. Cela permet d’assister les femmes en cas de maladie, deuil ou mariage au sein de leurs familles», dit Sifa. « Dans la caisse d’épargne nous avons choisi une tarification qui est abordable pour tout le monde. Les membres épargnent en achetant des parts. Une part revient à 1 000 francs Congolais.»

Sifa convoque chaque semaine les femmes aux réunions. Les AVEC comptent 30 membres et le comité de gestion est composé de cinq membres (une présidente, une trésorière, deux compteurs et une secrétaire). La première compteuse est chargée de compter le montant total des parts. Elle remet ensuite le montant à la deuxième compteuse pour vérification. La trésorière s’occupe de remettre l’intégralité de la somme dans la caissette. Pour finir, la secrétaire fera le compte rendu de la réunion.

Les réunions commencent par la distribution des carnets d’épargne à chaque membre. Les femmes peuvent épargner minimum une part et maximum cinq parts. Cela offre la possibilité à chacune d’épargner un montant qui ne la mettra pas en difficulté.

Tous les membres jouissent du même droit d’emprunter au Fonds de crédit qui se compose du montant correspondant à la valeur des achats des parts par ces mêmes membres et des frais liés au service des prêts. Avec ces prêts, elles peuvent créer collectivement ou individuellement une activité génératrice de revenus. La majorité des activités sont des petits commerces dans les denrées alimentaires comme le lait, les haricots et les beignets.

«Nous avons créé comme activité génératrice de revenus collective une mini-alimentation qui a comme principale activité la vente de lait frais. Avant la communauté n’avait pas accès au lait congelé. Maintenant les gens peuvent boire du lait frais à tout moment», indique Sifa. «Cela a également fait baisser la consommation d’alcool dans notre communauté.»

La FAO a offert à plusieurs associations de productrices de lait un congélateur pour mieux conserver le lait. Cela permet aux commerçantes d’augmenter leurs revenus. Afin de favoriser l’autonomisation socio-économique des femmes, les membres ont également reçu une formation, assurée par la FAO et une ONG locale, en gestion et sur l’égalité des sexes entres hommes et femmes. La formation sur le genre a mis un accent particulier sur les bonnes pratiques nutritionnelles et l’alphabétisation des femmes.

«Nous avons changé beaucoup de chose. Les femmes ont maintenant le droit de prendre la parole au milieu des hommes. Avant c’était interdit. On scolarisait uniquement les garçons mais grâce à la formation que nous avons reçue sur l’alphabétisation nous avons compris l’importance de l’enseignement. Maintenant nous envoyons aussi nos filles à l’école, » explique Sifa.

 «Avant nos maris pouvaient partir pendant des mois. Nous, on restait à la maison sans avoir de revenus. A leurs retours, ils retrouvaient tous les enfants à la maison parce qu’on n’avait pas pu payer les frais de scolarité», a-t-elle ajouté. «Maintenant même si nos maris partent, on arrive à payer l’école. Nous arrivons même à prendre en charge leur soin de santé», a conclu Sifa.

Sifa nous confie qu’au sein de son couple son mari a plus d’estime pour elle. Avant, elle était considérée comme simple consommatrice. Désormais, avec les revenus supplémentaires de la vente de lait, elle participe activement aux frais du ménage. Comme les autres familles de Kalungu, ils ont réalisé qu’en réunissant leurs forces, ils pouvaient offrir un meilleur avenir à leurs foyers.