FAO en République démocratique du Congo

Travailler ensemble pour favoriser la paix

Les petites productrices préparent leurs champs communautaires. (Photo: ©FAO/Johnson Ameni)
18/05/2018

Il y a quelques mois, il aurait été impossible d’imaginer une femme, issue de la communauté twa, parcourir des villages majoritairement bantus afin de leur parler de paix. Selon des traditions bien ancrées à l’est de la République démocratique du Congo, les femmes twas n’avaient pas le droit de prendre la parole au sein des communautés. Mais au village de Monde, dans le territoire de Kabalo, quelques femmes ont prouvé qu’elles pouvaient participer activement au renforcement de la cohésion sociale au sein de leurs villages.

L’une d’elles est Edwina Mukalay, mariée, mère de quatre enfants et twa. Elle est une des conseillères du Comité Villageois de Paix Uwezo, qui signifie Capacité.  Avant son adhésion aux activités du comité, elle n’avait jamais cultivé un champ et elle ne savait ni lire ni écrire.

En 2017, la FAO et le PAM lancent un programme conjoint «Achat pour le Progrès (Purchase for Progress – P4P)» pour relancer la production agricole, renforcer les moyens d’existence, favoriser l’accès aux marchés de base et consolider la paix.

Un comité mixte pour renforcer la cohésion sociale

 La région de Kabalo a connu un nombre important de mouvement de personnes lié aux affrontements entre les communautés twa et bantu. Depuis, quelques mois on y observe le retour du calme. Le contexte social n’y était longtemps pas favorable aux femmes twas. La plupart d’entre elles sont analphabètes et travaillent dans de mauvaises conditions. Dans ce contexte, Edwina fait figure de pionnière du changement dans sa communauté.

«Les mois de conflits entre nos deux communautés ont beaucoup affaibli nos villages», dit Edwina. «Après avoir participé aux séances d’animation sur la cohabitation pacifique, j’ai eu un grand désir de m’engager pour travailler pour la paix et le développement de mon village. »

Edwina a parcouru, ensemble avec les autres membres de son comité de paix, quatre villages de la région afin de sensibiliser les familles des communautés twa et bantu autour de la paix et du développement de leur milieu. Progressivement, les deux communautés jadis en conflits revivent les joies et sourires incinérées par les méfaits des conflits intercommunautaires. Grâce aux sensibilisations et animations, les twas du village Monde travaillent ensemble avec les bantus. Ce sont des prémisses de la paix entre eux.

«Avant, il était difficile de quitter mon village pour me rendre dans un village bantu », explique Edwina. «Maintenant, je suis heureuse d’appartenir à un comité de paix mixte où les twas et les bantus travaillent ensemble pour les mêmes objectifs.»

Produire sa propre nourriture

Après avoir reçu une formation sur les bonnes pratiques agricoles, Edwina décide de cultiver les cultures de manioc et de patate douce sur son champ d’un hectare. Cette activité lui a permis de subvenir aux besoins de sa famille. Elle produit désormais sa propre nourriture qu’elle mange avec sa famille et vend le surplus pour subvenir aux besoins de son ménage.

«Je suis heureuse de pouvoir payer grâce aux revenus de mes premières récoltes la scolarité et les soins de santé de mes enfants», indique Edwina. «Je peux maintenant aider mon mari dans l’achat de biens de notre ménage. Petit à petit j’arriverai à améliorer notre maison», se réjouit Edwina.

A la formation de cohabitation pacifique, qu’Edwina et d’autres membres de la communauté ont déjà suivi, s’est ajoutée une formation sur l’alphabétisation des femmes. Bientôt, Edwina pourra réaliser son souhait de communiquer avec ses frères qui vivent dans des villages lointains.

«Grâce aux activités d’alphabétisation, je reconnait l’importance de scolariser mes enfants. Je suis déterminée à finaliser mon apprentissage pour avoir le bagage nécessaire et de mieux m’occuper de mon mari, mes enfants et d'aider ma communauté d’aller de l’avant », dit Edwina.

Apprendre à vivre ensemble

La mise en œuvre des activités du projet comme le Comité de paix, les séances d’alphabétisation et l’appui et la relance agricole ont permis aux ménages bénéficiaires de mieux travailler et vivre ensemble. Edwina constate qu’ils arrivent à résoudre les conflits autour des limites des champs plus facilement grâce aux leçons apprises lors des formations sur la cohabitions harmonieuse.

Selon Edwina, sans la paix, le développement de son village n’est pas possible. Elle rêve et reste rassurée que la paix sera retrouvée comme avant et le développement sera visible dans son village.