FAO en République démocratique du Congo

L’emploi des jeunes du Sankuru comme solution pour améliorer les habitudes alimentaires

Séance de champs-école-paysan (©FAO/Martine Bergé)
29/10/2018

Comme beaucoup de jeunes de la province du Sankuru, Paul Tshisapa avait beaucoup du mal à trouver un emploi décent. L’accès difficile aux marchés, le mauvais état des routes de déserte agricole et l’accès limité aux ressources (notamment à la terre) découragent les jeunes de se lancer dans la production agricole.

« Après mes études à l’Institut Supérieur d'études Agronomiques de Mukumari (ISEA), je n’arrivais pas à trouver un travail dans le domaine agricole, » raconte Paul, qui est un jeune diplômé du village de Tshula Otenga, dans le territoire de Lomela.

La majorité des jeunes du village travaille dans le circuit informel en tant que travailleurs familiaux non rémunérés. D’une manière générale, ils sont peu payés, employés à titre occasionnel ou saisonnier. Cette situation précaire pousse un bon nombre d’entre eux à émigrer vers les villes environnantes.

« Afin de pouvoir nourrir ma famille, j’ouvrais des étangs piscicoles et des champs de manioc. J’envisageais même à aller à Mbuji-Mayi pour travailler en tant que creuseur dans les mines de diamants. »

Augmenter la production à travers l’approche CEP

Maintenant, se réjouit Paul, sa vie a changé, il travaille en tant que facilitateur de l’approche Champs-Ecole-Paysan (CEP) dans le cadre du projet « d’Actions de Sécurité Alimentaire, Information en Nutrition et Environnement au Sankuru (ACTIONS SAINES).

Financé par l’Union européenne, ce projet cible 6 000 ménages, soit 36 000 personnes. L’idée est de réduire durablement et structurellement l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans, des femmes enceintes et allaitantes du territoire de Lomela.

Pour favoriser le suivi des projets sur le terrain, la FAO a formé un partenariat avec l’ISEA de Mukumari. Cette collaboration a permis de recruter 50 jeunes diplômés qui encadrent les petits producteurs sous la supervision des agents de l’Inspection Territorial de l’Agriculture Pêche et Elevage (ITAPEL) et des experts de la FAO dans le cadre du projet ACTIONS SAINES.

« J’ai été sélectionné en tant que formateur de CEP. Nous apprenons aux petits producteurs comment identifier les bonnes cultures. Les agriculteurs de la région utilisaient uniquement des variétés locales. Cela baissait considérablement le rendement de la production agricole », explique Paul. « Maintenant que nous avons introduit des variétés améliorées grâce à la FAO, les cultures sont plus résistantes aux maladies des plantes, » a-t-il ajouté.

Le CEP est un cadre de rencontre et de formation pour un groupe d’agriculteurs qui se déroule dans un champ, tout au long d’une saison de culture. C’est un lieu d’échange d’expériences et de connaissances où des petits producteurs recherchent, discutent et prennent des décisions sur la gestion d’un champ en partant de sa situation réelle.

Paul explique que lui et les agriculteurs ont appris beaucoup de nouvelles choses de la FAO et de ses partenaires, comment, par exemple, travailler ensemble et respecter pendant le semis un écartement pour augmenter la production. « Avant, les gens semaient en vrac. Maintenant, ils ont appris de respecter les bonnes pratiques agricoles. »

Une alimentation variée et équilibrée

Paul et d’autres membres de la communauté ont également suivi une formation, assurée par la FAO, sur les bonnes pratiques nutritionnelles. A travers des démonstrations culinaires, les ménages sont encouragés à utiliser une grande variété d’aliments locaux afin de préparer des repas riches en micronutriments. 

« En plus du riz accompagné des feuilles de manioc, qui représente le plat de base de la région, les repas principaux doivent inclure légumineuses et beaucoup de fruits et légumes, » explique Paul.

Il dispose maintenant d’un revenu pour aider sa famille. Il peut payer les soins de base pour ses enfants et commencer les travaux de construction de sa maison. Aujourd’hui, Paul s’enorgueillit de pouvoir offrir à sa famille une alimentation équilibrée, à base de riz, de farines, de niébé et de légumes.

Investir dans la jeunesse

Selon la FAO l’emploi des jeunes dans l’agriculture est une solution solide pour mettre un terme à la faim et à la pauvreté en Afrique. La mobilisation de la jeunesse africaine est essentielle afin de parvenir au développement durable du continent. Cependant, exploiter ce potentiel requiert de créer davantage d'emplois pour eux, y compris dans le secteur agricole.