FAO en République démocratique du Congo

La République Démocratique du Congo et la FAO s’engagent à assurer la protection et la gestion durable et responsable des forêts de Miombo

Pépinière de Potonti dans la province du Haut Katanga (Photo : © FAO/Innocent)
02/04/2019

« Comment contribuer à la diminution de l’exploitation irrationnelle des forêts sèches et claires en RDC en vue de les protéger et les gérer d’une manière durable»? La réponse à cette question est donnée par le projet intitulé « Gestion communautaire des forêts Miombo dans le Sud-Est du Katanga». Financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM ou Global Environnemental Founds « GEF » et mis en œuvre par la FAO, ce projet vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone issue de la déforestation et la dégradation des forêts de Miombo. Cela passe, d’une part, par la promotion de la gestion durable et la restauration des écosystèmes forestiers et d’une autre par l’amélioration de la durabilité des moyens d’existence des communautés locales par le biais de la commercialisation de bois de feu et des produits forestiers non-ligneux (PFNL).

La forêt de Miombo et les facteurs de dégradation

La RDC possède la sixième plus grande zone de forêts dans le monde, représentant ainsi environ un quart de toutes les forêts en Afrique et 56 % des forêts du Bassin du Congo. Des dizaines de millions de personnes en dépendent pour leur alimentation, leur santé, ou leur approvisionnement en bois énergie et bois d’œuvre. Malheureusement ces forêts sont menacées par l’homme, le premier bénéficiaire de cette richesse naturelle et épuisable par une forte déforestation, une des causes majeures des changements climatiques. Parmi ces forêts il y a lieu de noter celles du Katanga et particulièrement les forêts de Miombo. Conscient du degré très avancé de la dégradation des forêts de Miombo, la Direction de Développement Durable (DDD) du Ministère de l’Environnement et Développement Durable (MEDD), en collaboration avec la FAO a élaboré le projet pour leur protection en faveur des générations présentes et futures.

Trois facteurs considérés comme moteurs de la dégradation et de la déforestation des forêts de Miombo, considéré comme bassin d’approvisionnement de la ville de Lubumbashi en Charbon de bois, ont été identifiés. Il s’agit de l’agriculture itinérante sur brûlis, de l’exploitation du bois pour la carbonisation et l’usage des feux de brousse tardifs. Ces 3 facteurs laissent entrevoir trois grandes barrières à la gestion durable des forêts. Celles-ci sont liées d’abord à l’inexistence d’une expérience en gestion de forêts  de Miombo pour la production durable de bois de feu et la séquestration du carbone dans la zone. Elles sont ensuite liées aux lacunes dans le cadre juridique et réglementaire pour la gestion communautaire des forêts. Elles sont surtout liées au manque important de capacités institutionnelles (technique, économique, financière et de gouvernance) pour la gestion durable du Miombo pour la production du bois de feu.

Stratégie mise œuvre du le projet

Pour parvenir à une gestion durable des forêts Miombo le projet prévoit trois options stratégiques  et opérationnelles. La première consiste à développer des systèmes durables de gestion des forêts avec comme point d’encrage, le processus de foresterie communautaire en cours en RDC ; la seconde quant à elle consiste à agir sur le contexte juridique. Cette option doit, à la suite de l’expérience de la gestion durable, proposer à l'administration des textes de loi révisés/amendés avec l’objectif principal, non seulement de lever les contraintes à court et moyen terme à la gestion communautaire des forêts, mais aussi et surtout de combler les lacunes du cadre juridique national pour la gestion communautaire des forêts. La dernière option vise à produire, gérer et diffuser les connaissances sur la gestion communautaire des forêts.

Etant donné que la stratégie d’intervention du projet privilégie la mise en place des partenariats, plusieurs accords ont été signés avec des partenaires de mise en œuvre du projet qui sont particulièrement des ONGs locales, des institutions et services spécialisés de l’Etat ainsi que des Institutions de recherche et/ou Universitaires.

Ainsi, le suivi de la mise en œuvre de toutes les activités sur le terrain par les partenaires contractuels est assuré par l’Unité de Gestion du Projet. Celui-ci assure le pont entre ces différents partenaires et toutes les autres parties prenantes au projet, plus spécialement les communautés locales de l’aire du Projet.

Processus d’accompagnement des communautés locales pour obtenir les concessions forestières

Autant que l’exploitation irrationnelle de nos forêts dégrade les écosystèmes, elle réduit la disponibilité en eau et restreint l'offre de bois de chauffe, autant de facteurs qui compromettent la sécurité alimentaire, particulièrement pour les populations pauvres. D’où l’intérêt accordé par les communautés locales au projet et leur ferme volonté de se faire accompagner. A ce jour, vingt-cinq (25) communautés locales ont été accompagnées dans le processus d’obtention de leurs Concessions Forestières des Communautés Locales (CFCL). Parmi ces communautés vingt-trois (23) ont régulièrement constitué leurs dossiers de demande de concession forestière des communautés locales pour une superficie globale de près de 220.000 Ha et les ont soumis à la signature du Gouverneur de Province conformément à la réglementation en vigueur.

Ces résultats sont les fruits d’un exercice d’une parfaite communication sociale permanente organisé par le projet avec les communautés. Ce qui a facilité les activités de cartographie participative, de la constitution et de la transmission des dossiers aux différents niveaux (Secteur, administration provinciale des forêts et Gouvernorat de province).

Au cours de cette année 2019, le projet prévoit que les communautés puissent élaborer et mettre en œuvre des Plans Simples de Gestion(PSG) de leurs forêts afin, d’une part d’assurer que celles-ci produisent les services écosystémiques nécessaires mais que d’autre part, elles génèrent des revenus susceptibles de contribuer à l’amélioration de leurs moyens d’existence. Les comités de Gestion des CFCL déjà mis en place sont chargés de veiller à une répartition équitable desdits revenus.

Il convient de signaler qu’un PSG pilote a préalablement été élaboré et expérimenté avec la communauté de Kete. A cet effet plusieurs actions ont été menées avec les communautés bénéficiaires notamment celles qui concourent à la promotion des techniques de production durable de charbon de bois, à l’apprentissage des techniques sylvicoles des essences forestières de Miombo, celles relatives aux techniques d’enrichissement des jachères forestières, à l’agriculture de conservation et l’agroforesterie dans une approche d’apprentissage par action dans 22 parcelles d’apprentissage. Présentement, plus de 2000 ha de jachères forestières ont été délimités et leur enrichissement est en cours de finalisation, avec 250.000 plants issus des pépinières villageoises mises en place par l’appui du Projet.

En ce qui concerne le traitement de la deuxième contrainte de gestion durable des forêts de Miombo, liée aux barrières juridiques, qui peuvent compromettre une gestion aisée des CFCL par les communautés attributaires, l’Unité de Gestion du Projet a identifié quelques  dispositions des textes juridiques susceptibles de se constituer en obstacle à la mise en œuvre des PSG. Celle-ci les a soumises à la Direction de réglementation des Contentieux Environnementaux (ex cellule juridique) du Ministère de l’environnement. C’est cette direction qui a mission de soumettre à la signature de l’autorité compétente, une proposition d’arrêté pouvant lever les différentes barrières identifiées.

Enfin pour gérer et diffuser les connaissances, le projet a mis  en place et équipé un observatoire des forêts claires du Congo. Logé au sein de l’Université de Lubumbashi cet observatoire  se charge de capitaliser toutes les informations relatives à l’évolution des forêts Miombo et les partage avec différentes parties prenantes réunies au sein de la communauté des praticiens à travers le site web créé ad hoc (https://www.ofcc-rdc.). A Lubumbashi il existe déjàune communauté locale des praticiens opérationnelle et dotée d’un secrétariat exécutif. Ces deux facettes de la communauté des praticiens permettent d'échanger sur les expériences, les leçons apprises et les connaissances générées par la gestion des forêts claires.

« La FAO s’est engagée à accompagner le Gouvernement tant national que provincial dans une gestion durable et responsable de forêts en RDC et particulièrement les forêts Miombo pour le bien-être des populations», a déclaré le Représentant de la FAO. J’invite toutes les parties prenantes à une forte solidarité en vue d’atteindre cet objectif afin de contribuer à la lutte contre la faim et la malnutrition, d’y mettre un terme de notre vivant et devenir ainsi la génération Faim Zéro, a renchérit Monsieur Aristide Ongone Obame.

Pour rappel, les activités de ce projet est une réponse à la requête du Gouvernement congolais qui s’est engagé à lutter contre la déforestation des forêts en général et particulièrement des forêts de Miombo.