FAO en République démocratique du Congo

Lutte contre la chenille légionnaire : les bonnes pratiques qui réduisent l’impact du ravageur

Photo©Champ de maïs attaqué par la Chenille Légionnaire d'Automne/Lyna
27/11/2019

La combinaison de l’approche Champ école paysan (CEP) et des bonnes pratiques culturales utilisées par les petits producteurs du maïs dans les territoires de Kilwa, Kambove, Likasi et Pweto, dans le Haut Katanga, commencent à contribuer à la réduction des attaques de la Chenille Légionnaire d’Automne dans cette partie de la République Démocratique du Congo. En 2018, l’incidence des infestations de la Chenilles Légionnaires d’automne ont été évalués à 39,8% et en 2019 l’incidence a été évaluée à 36,9%. Tel est le constat fait pendant l’évaluation à mi-parcours de l’état d’avancement du projet « Appui d’Urgence aux actions de lutte contre la Chenille Légionnaire d’Automne du maïs ». C’était à l’occasion d’un atelier de formation des facilitateurs à l’approche des Champs Ecoles Paysans, organisé à Lubumbashi en fin septembre 2019. Au cours de ces travaux d’évaluation, les facilitateurs des CEP se sont dits satisfaits des résultats obtenus au cours de la campagne agricole passée 2019.

Echanges d’expérience de facilitateurs de CEP : une avancée dans la lutte contre la Chenille Légionnaire d’Automne

Le maïs est la principale céréale produite en République démocratique du Congo (RDC) en général et particulièrement dans le Haut-Katanga où il constitue un aliment de base. Malheureusement, cette partie de la RDC subit les effets néfastes des attaques de la Chenille Légionnaire d’Automne (Spodoptera frugiperda) affectant directement la productivité de cette céréale.

C’est dans le cadre de la lutte contre ce ravageur que 4500 personnes ont bénéficié d’une formation sur la lutte intégrée contre la CLA par l’approche CEP au cours de la première saison (saison B) 2019, ayant coïncidé avec l’installation de 150 Champs écoles dans les provinces cibles (Haut-Katanga et Sud Kivu).

Après la mise en pratique sur terrain lors de la campagne agricole de septembre à octobre 2019, certains facilitateurs ont partagé leurs expériences dans la lutte contre les infestations de la Chenille Légionnaire d’Automne sur la culture de maïs.

Sur l’axe Kamasaka dans la commune annexe de la ville de Lubumbashi, le CEP Twikatane a utilisé la solution de savon en poudre boom pour neutraliser le ravageur. Pour la Facilitatrice Francine Nienge la dilution de 100 gramme de savon dans 20 litres d’eau a permis d’obtenir une solution qui a été pulvérisée à partir du sommet du plant de maïs. Cette pratique a donné de bon résultats car les infestations de la Chenille Légionnaire d’Automne ont sensiblement régressé, a –t-elle affirmé.

Dans le quartier Lunkinda, dans le territoire de Mpweto, une autre pratique a été expérimentée par le champs école paysans SOMBOSHI. Les membres de ce CEP ont utilisé la technique de lutte biologique par la production de fourmis rouges comme prédateur de la CLA. « Nous avons aspergé dans le champs l’eau de nettoyage des petits fretins frais en putréfaction, poisson local communément appelé MUBONDO », a précisé le facilitateur Alexis Mwila. L’odeur nauséabonde que dégage cette solution attire les fourmis rouges, ennemis naturels de la Chenille Légionnaire d’Automne. Notre joie est de constater que les fourmis rouges attaquent la CLA à tous les stades de son développement et réduit son impact sur la culture du maïs, a conclu monsieur Alexis Mwila facilitateur CEP.

« Dans le souci de rechercher de solutions naturelles peu couteuses pour la production de biopesticides capables de limiter la multiplication et les infestations de la Chenille Légionnaire d’Automne, sans endommager la biodiversité et l’environnement, notre CEP, installé dans le bas-fond du ruisseau Mpongolo, sur l’axe Lubumbashi-Kipushi, a expérimenté des solutions issues des essences végétales locales », a déclaré le facilitateur Pierre Mutambwe On’utu Lokolonga. C’est dans ce cadre que les feuilles d’une plante locale dénommée « Mutukwinama», utilisées par la communauté Lamba, à la frontière entre la  Zambie et la RDC, dans le traitement contre la carie dentaire, les maux de la gorge, ont été testées comme biopesticide et bio-insecticide. Pour ce faire, les membres utilisent tant d’extrait aqueux des feuilles fraiches que sèches. Pour le facilitateur Pierre Mutambwe, 100 grammes de feuilles fraîches pilées sont mélangées à 1 litre d’eau, puis macérées pendant 12 heures et filtrées. C’est la solution qui est aspergée sur les plantes de maïs comme biopesticides. « La Chenille Légionnaire d’Automne meurent dans les 10 minutes qui suivent, a précisé Monsieur Pierre. Les mêmes effets sont observés avec les feuilles sèches transformées en poudre, en procédant de la même manière que les feuilles fraiches. La solution aspergée sur les plantes détruit totalement la CLA. Selon le facilitateur Pierre, outre la CLA, les solutions font également fuir les rats, les souris et taupes.

Toutes ces pratiques expérimentées dans les différents CEP contribuent à diminuer  l’infestation de la CLA et s’alignent parmi les objectifs que s’est assigné le projet, celui de lutter contre la CLA, et de restaurer les capacités de productions des ménages agricoles.

Introduite en RDC via les importations ou une dispersion naturelle, la CLA a été signalée à Libenge et Kambove en 2016. Puis la situation s’est généralisée dans tout le pays. C’est au cours de la saison culture passée que la CLA a été signalée dans la province du Haut-Katanga. Présentement le Ministère de l’agriculture et la FAO œuvrent ensemble pour lutter contre les impacts négatifs de la CLA.