FAO en République démocratique du Congo

Amélioration de la résilience des moyens d’existence d’une famille vulnérable par l’élevage des boucs reproducteurs de race améliorée.

@Photo _Madame Naama Mwandiho Gilberte avec ses boucs reproducteurs/Flory Mbolela
19/08/2020

Témoignage de Madame Naama Mwandiho Gilberte, une spécificité des producteurs éleveurs

Agée de 32 ans et mère de 7 enfants (4 filles et 3 garçons), Madame Gilberte est membre du Groupement des Producteurs Eleveurs (GPE) LUNYE-LUNYE du village de Madaka, bassin de production de Mushinga, territoire de Walungu, province du Sud-Kivu, République Démocratique du Congo. C’est depuis 2014 qu’elle mène une vie pénible comme Femme Chef de ménage. Son mari, parti pour les carrés miniers, s’était distingué par des absences prolongées, abandonnant la famille à son triste sort. Gilberte s’est retrouvée malgré elle, dans l’obligation de nourrir, vêtir et scolariser seule ses enfants.

Exemple d’un leadership féminin dans une communauté villageoise

Lors du démarrage du Projet d’Appui aux filières végétales et animales du Projet pour la Stabilisation de l’Est de la RDC pour la Paix (STEP), financé par la Banque Mondiale et exécuté par la FAO, madame Gilberte a été enregistrée dans le GPE Lunyelunye et sélectionnée comme bénéficiaire de caprins.

En 2018, alors que les autres membres du GPE avaient porté leur choix sur les 2 chèvres distribuées par le projet à chaque ménage dans le but d’augmenter en quelques mois, les actifs productifs des ménages et repeupler le petit bétail du milieu, Madame Naama Mwandiho Gilberte, quant à elle, a porté son choix sur les deux (2) boucs reproducteurs de race améliorée accordés à cette catégorie de bénéficiaire.

Très courageuse et pleine d’initiatives elle ne manquait aucune opportunité pour ramener ses deux boucs reproducteurs lors des rencontres de tous les éleveurs du village de Madaka pour échanger sur la santé de leurs bêtes, leur alimentation et la situation de leur mise basse. Elle a réussi à convaincre les autres membres de la nécessité de valoriser ces boucs pour améliorer les chèvres locales.

Élevage de caprins et spécialement de boucs reproducteurs.

«Personnellement j’ai été bénie par la FAO et le Fonds Social de la RDC à travers le projet STEP avec les 2 boucs qui me rapportent un intérêt direct par rapport aux membres ayant choisi les chèvres», a témoigné Madame Gilberte.

Après sensibilisation, les éleveurs du village Madaka étaient informés que madame Gilberte détient deux boucs reproducteurs de race améliorée, accessibles moyennant une petite contribution pour le gardiennage. Après cette sensibilisation tous les éleveurs du village apportent leurs chèvres pour la saillie afin d’améliorer la race locale. Vus les résultats encourageants, la demande des éleveurs des villages environnants augmente de plus en plus. 

« Chaque saillie me rapporte 1000 Francs congolais (FC) par chèvre, soit 0,625 $US. Par semaine chaque bouc peut saillir jusqu’à six chèvres, ce qui me rapporte entre 12 000 à 14 000 FC, ce qui donne un revenu de 9 $ US par semaine, soit en moyenne 36 $ US/mois. J’avoue que je ne pouvais pas réunir un tel montant en ci-peu de temps dans le contexte de notre village. Avec cet appui du projet STEP de la FAO, le résultat réalisé après 6 mois de travail est d’environ 200 $ US économisés ».

A partir de ce revenu et grâce aux conseils des encadreurs, madame Gilberte est parvenue à résoudre les problèmes critiques de de survie et de sécurité alimentaire comme : la disponibilité des aliments, la scolarisation des enfants et leurs soins médicaux.

Toujours avec les petites économies, cette mère de 7 enfants est parvenue à diversifier ses activités. « Grâce à cette économie j’ai pu acheter 2 chevreaux et une dizaine de poulettes pour démarrer un petit élevage dans ma famille ». Comme agricultrice, madame Gilberte n’a pas oublié sa principale activité agricole. « Chaque matin je collecte le fumier dans l’abri pour produire du compost et fertiliser mes petits champs de haricot et de patate douce autour de ma case. Depuis que j’utilise ce compost, la production du haricot a presque doublé, passant de 50-60 à 110 Kg ».

Madame Naama Mwandiho Gilberte pense que les autres familles qui ont choisi les deux chèvres ne pourront pas réaliser les mêmes avantages dans la même période de temps et obtenir les mêmes résultats qu’elle. « J’avoue que grâce à ce projet, la vie de ma famille toute entière a été transformée positivement. Et mon expérience a éveillé la conscience des autres femmes de notre localité qui, désormais, non seulement apprécient la pertinence du projet, mais aussi et surtout déclarent y être intéressées et restent disposées à y adhérer. Je remercie le Fonds Social de la RDC et la FAO de m’avoir valorisée en me donnant une dignité dans notre milieu et surtout de m’avoir permis de renforcer les moyens d’existence de ma famille grâce à l’élevage des boucs reproducteurs.»  

Amélioration du bien-être social et familial

L’expérience de cette femme paysanne à travers son témoignage et celle de tant d’autres héros dans l’ombre font remonter au grand public, l’importance des résultats directs et indirects des actions menées par la FAO sur le terrain pour contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de ménages bénéficiaires, à l’amélioration de leur revenu et à éradiquer la faim dans le monde en général et en particulier en milieu rural. Une preuve que l’assistance de la FAO atteint les véritables bénéficiaires apportant un impact réel particulièrement sur les femmes et les enfants.