Photo: © FAO

L’Organisation des Nations Unies pour l´alimentation et l´agriculture (FAO), à travers son Centre d’urgence pour la lutte contre les maladies animales transfrontières (ECTAD), en collaboration avec  le Ministère de Pêche et Elevage en RDC et l’USAID  a conduit la première phase de la formation ISAVET (In Service Applied veterinary Epidemiology training). L’objectif principal de cette activité est d’assurer la détection, le rapportage et la réponse aux zoonoses et aux maladies animales spécifiques y compris les maladies transfrontalières, endémiques, émergentes, et ré-émergentes en concertation avec d’autres secteurs de la santé, selon l’approche « Une Seule Santé », qui encourage la collaboration multisectorielle et multidisciplinaire afin d'assurer la santé publique et environnementale, en réduisant les risques de maladies.

Démarrée le 9 novembre, la première phase de la formation a duré quatre semaines, dont trois de formation théorique et une semaine de formation pratique. Elle a été lancée par le Ministre de Pêche et Elevage, le Représentant de la FAO et le Conseiller GHSA représentant l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), à l’endroit  de 24 participants provenant du Ministère de Pêche et Elevage et celui de l’Environnement et du développement durable .

Prévenir et surveiller les maladies animales

Ainsi, plus de 36 leçons ont été dispensées en mode présentiel et par visioconférence pour renforcer les capacités en matière de surveillance des maladies et d’investigation épidémiologique dans leurs provinces respectives. Dans le processus d’investigation épidémiologique, les participants sont appelés à réaliser des prélèvements d’échantillons afin de confirmer les maladies qu’ils suspectent sur le terrain. C’est pourquoi, pendant la quatrième semaine dédiée à la phase pratique, ces praticiens vétérinaires, issus des 13 provinces bénéficiaires de cette première formation, ont appris les techniques de prélèvement, d’autopsie et d’investigation épidémiologique sur le terrain. Ils ont procédé à la réalisation de prélèvements de sang et d’organes chez la volaille et les petits ruminants. Ils ont aussi appris comment conditionner les échantillons et comment assurer un transport sécurisé vers un laboratoire de diagnostic. Des visites de fermes ont également été organisées pour leur apprendre les mesures de biosécurité à mettre en place dans les fermes pour prévenir l’introduction et la dissémination des maladies.

Le Ministre de Pêche et Elevage, Jonathan Walusoka Wata, a salué l’action de la FAO consistant à renforcer les capacités des vétérinaires congolais dans le domaine de l’épidémiologie vétérinaire de terrain et a promis de bien valoriser leurs compétences pour une prise de décisions efficientes et responsables en cas d’épidémies.

Selon Aristide Ongone Obame, Représentant de la FAO, le renforcement des capacités des professionnels du secteur de la santé animale, en épidémiologie de terrain, fait partie de la mission de la FAO, et constitue l’un des objectifs pour la Sécurité sanitaire mondiale (GHSA) financé par l’USAID. « La formation ISAVET permettra de combler le gap important en épidémiologistes vétérinaires à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Ainsi, la FAO s’attend, dans les prochains mois, à la constitution, en RDC, d’un réseau d’épidémiologistes dans les domaines de la santé humaine et animale pour assurer la surveillance et la lutte contre les maladies sous l’approche « Une Seule Santé », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, cette formation a été bien appréciée par les différents bénéficiaires. Ainsi, pour le Dr. Monique Bukumba Milambo, chef de service d’expertise de denrées alimentaires et de bactériologie au laboratoire vétérinaire de Lubumbashi, Haut Katanga : « c’est une grande première qu’une formation d’épidémiologistes de terrain pour la surveillance des maladies animales prenne en compte toutes les provinces du pays. Les notions apprises vont nous permettre de détecter précocement les maladies afin d’aider les décideurs à prendre des bonnes décisions de contrôle, prévention et de riposte».

Le Dr. Crispin Tshibangu, agent vétérinaire au ministère de l’Environnement et Développement Durable, chef de division en charge de la gestion sismique et touristique et conservation de la nature a précisé: « Cette formation est un atout pour moi en particulier et pour le ministère de l’Environnement en général en tant qu’acteur de la plateforme One Health. Grâce à cette formation ISAVET, le ministère se sent directement impliqué d’autant plus qu’il est en charge de la biodiversité dans laquelle on retrouve l’hôte, l’agent pathogène et l’environnement».

Les vétérinaires ainsi formés vont entamer à partir du 15 décembre 2020, la deuxième phase de la formation ISAVET qui consiste à un stage de trois mois dans leurs services respectifs. Cette phase de la formation leur permettra de faire des rapports hebdomadaires de surveillance, d’auditer le dispositif local de surveillance et de conduire des enquêtes de terrain. Elle sera sanctionnée par la délivrance d’attestation de réussite après une soutenance  préalable de leur rapport de stage.

Pour rappel, la République démocratique du Congo fait encore face à des défis  posés par les maladies animales à fort impact socio-économique dont certaines sont transfrontières, émergentes ou réémergences nécessitant une capacité en épidémiologie vétérinaire pour surveiller, détecter et riposter précocement et efficacement afin de réduire cet impact. En plus,  le pays est confronté à un déficit  d’agents vétérinaires sur le terrain possédant les compétences et aptitudes épidémiologiques nécessaires pour répondre aux besoins en matière de surveillance, d’enquête sur le terrain et d’évaluation des risques en cas d’évènements et d’urgences zoonotiques  liés à la santé animale. Cette formation représente donc une opportunité unique pour permettre au pays de renforcer son dispositif opérationnel de surveillance épidémiologique des maladies animales en général et des zoonoses en particulier.