FAO en République démocratique du Congo

La FAO et l’UNEP s’engagent à appuyer la RD Congo pour mieux conserver et gérer durablement les tourbières

©/FAO
09/06/2022

9 Juin 2022, Kinshasa – Lancement, ce lundi 6 juin 2022, à Kinshasa, par le Secrétaire général à l’Environnement et Développement durable, en présence de l’Ambassadeur de l’Allemagne, Olivier Schnakenberg, des Représentants de la FAO, Nourou Macki Tall (Représentant adjoint) et du Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP), Johannes Refisch, du projet « Conservation et Gestion Durable des Tourbières du Congo». C’était à l’occasion de l’organisation d’un atelier de lancement des activités du projet ayant regroupé les représentants des partenaires techniques financiers, les experts du Ministère de l’Environnement et développement durable,  de la FAO, de l’UNEP, du WWF ainsi que les délégués de la société civile et des structures privées en charge des tourbières en RDC.

Financé par l'Initiative Internationale sur le Climat (IKI) du Ministère Fédéral allemand de l'Environnement, la Conservation de la Nature, la Sûreté Nucléaire et Protection des Consommateurs (BMUV), ce projet sera mis en œuvre pour une durée de 6 ans par l’UNEP et la FAO en collaboration avec les gouvernements nationaux et les partenaires techniques.

Les tourbières du Lac Tumba

Les tourbières de la Cuvette centrale du Bassin du Congo regroupant la RDC et le Congo sont la plus grande complexe tourbière continue sous les tropiques (145 000 Km2). Elle contient un stock de carbone estimé à plus de 30 gigatonnes, soit l’équivalent de deux (2) ans d’émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Dans ce Bassin du Congo on retrouve des tourbières essentiellement dans le territoire du Lac Tumba, mais aussi dans d’autres provinces, qui sont confrontées à de multiples menaces. Il s’agit notamment des activités de développement, telles que les projets d'infrastructure et d'extraction ainsi que l'exploitation forestière et les plantations agricoles, le braconnage de la faune sauvage et la pêche non réglementée.

Nécessité d’une conservation et gestion durable des tourbières

Deux cas de figure se présentent pour les tourbières et les actions sur l’environnement. Elles peuvent être soit une aubaine pour le climat en piégeant le carbone qu’elles contiennent pour ralentir le réchauffement climatique ou une bombe à retardement qui pourrait libérer l’équivalent de 2 ans d’émission de gaz au niveau mondial  de l’atmosphère si elles venaient d’être perturbées. Il est possible aujourd’hui qu’elles subissent des menaces à la fois immédiates et à plus long terme.

C’est dans ce cadre que la République fédérale d’Allemagne qui s’est engagée à appuyer les pays d’Afrique centrale qui s’efforcent à mettre en place le mesures de conservation et gestion durable en faveur de la lutte contre la pauvreté, a accepté, à travers l'Initiative Internationale sur le Climat (IKI) du Ministère Fédéral allemand de l'Environnement, la Conservation de la Nature, la Sûreté Nucléaire et Protection des Consommateurs, de financer le projet « Conservation et gestion durable des tourbières de la RDC ». Ce projet, dont l’objectif est de soutenir l'aménagement durable du territoire dans les tourbières riches en biodiversité, est une partie importante des engagements financiers internationaux du gouvernement fédéral allemand en matière de climat. L’initiative IKI constitue une des multiples fenêtres dont dispose l’Allemagne pour lutter contre les changements climatiques. C’est un programme qui soutient les approches des solutions  dans les pays en développement et émergeant afin de mettre en œuvre et de développer de manière ambitieuse les contributions nationales à la protection du climat dans l’accord de Paris. Il s’agit notamment des mesures d’adaptation aux effets de changement climatique ainsi que de préservation et de reconstruction des puits de carbones naturels en tenant compte des intérêts écologiques, économiques et sociaux.

Pour l’ambassadeur de l’Allemagne, le projet IKI aidera la RDC à atténuer les impacts du changement du climat  et du développement sur la biodiversité et le carbone dans le paysage du Lac Tumba dans le bassin du Congo. « La République de l’Allemagne est prête à soutenir la RDC à protéger les tourbières et développer son économie car la communauté internationale bénéficie de la contribution de cet écosystème en matière d’atténuation du réchauffement climatique et parce que les congolais doivent bénéficier des efforts de cette conservation », a affirmé l’Ambassadeur Dr Olivier Schnakenberg.

Le Représentant de l’UNEP, Johannes Refisch se réjouit de l’aboutissement heureux du long processus qui a abouti à l’approbation du projet en 2020 par le gouvernement allemand.

Sur la base de l’expérience de la FAO dans la production et la gestion des données sur les systèmes nationaux de surveillance des forêts, le Représentant adjoint de la FAO, Nourou Macki Tall, a affirmé qu’un accent particulier sera mis sur le système de suivi des tourbières pour que la région du Lac Tumba puisse éviter les risques identiques aux celles d’Indonésie. « La FAO mettra à contribution en cas de nécessité son expertise et son expérience en matière de développement des chaînes de valeur liées à la pêche, un des principaux moyens d‘existence dans la zone du Projet », a précisé le Représentant adjoint Nourou Macki Tall.

Le Secrétaire général à l’Environnement et développement durable Benjamin Toirambe a rappelé la vision du pays sur la gestion des tourbières « conserver les tourbières pour les peuples et pour le monde » et a exhorté les partenaires de mise en œuvre du projet à assurer  un équilibre des activités en tenant compte de la population, la biodiversité et les tourbières tout en veillant à l’atteinte des résultats. « Je souhaite que les résultats attendus du projet soient visibles et palpables en faveur des populations et puissent réellement contribuer à la lutte contre la pauvreté et le changement climatique ».

Les grands axes du projet

Les activités du projet seront exécutées en 6 ans et vont contribuer, non seulement à protéger la précieuse diversité naturelle et les puits de carbone, mais surtout à soutenir la République du Congo et la République démocratique du Congo dans la planification du développement respectueux du climat et de la biodiversité. Cette planification se fera grâce à l'élaboration de politiques intersectorielles éclairées, une analyse et une surveillance écologique, y compris un système de suivi et l’utilisation d’outils de planification spatiale des terres.

Le projet prévoit aussi de renforcer les capacités de la société civile et des institutions gouvernementales pour soutenir la gestion environnementale intégrée à long terme. Voilà pourquoi, un mécanisme de gouvernance participative sera mis en place et impliquera des parties prenantes, telles que les communautés locales, les ONG, le secteur privé et le monde universitaire et de la recherche. C’est dans ce cadre que des options pour des utilisations des terres sans drainage à faible impact et d'autres moyens de subsistance communautaires, tels que l'écotourisme communautaire, la pêche durable et les   produits non-ligneux.

Au vu de l’engagement des autorités au plus haut niveau de mettre en place le plus rapidement possible une stratégie de gestion durable pour les tourbières, les résultats du projet IKI qui vient s’ajouter à l’effort international de conservation et gestion des tourbières contribueront à l’atteinte de cet objectif à travers les données qui seront récoltées grâce à l’atténuation des impacts du changement du climat  et du développement sur la biodiversité.

Renforcement des synergies avec les autres initiatives

Ce projet contribuera à renforcer les synergies aux niveaux national et international avec les  autres initiatives qui travaillent sur les tourbières notamment l’initiative mondiale sur les tourbières, le PIREDD  Equateur et les autres projets et initiatives appuyés par les autres partenaires dont USFS,  ENABEL, JICA…