FAO en République démocratique du Congo

La FAO et le Gouvernement congolais lancent le plaidoyer contre les deux maladies qui menacent la sécurité alimentaire des congolais.

23/10/2016

Il y a quelques années deux maladies émergentes très dévastatrices et jamais connues dans le passé en RDC sont apparues à l’est du pays. La striure brune qui attaque le manioc provient de la Tanzanie, du Malawi, de la Mozambique via le Kenya et l’Ouganda.  Le Wilt bactérien du bananier est une maladie en provenance de l’Ouganda. La striure brune du manioc est actuellement en forte expansion dans les provinces suivantes : le Nord et Sud Kivu, l’Ituri, le Nord-Katanga, le Kongo Central, l’Ex-Bandundu, l’Equateur et la Ville province de Kinshasa. En plus du Nord et Sud Kivu,  le Wilt bactérien de bananier, est  observée dans les provinces de l’Est notamment, de l’Ituri, le Nord-Katanga et dernièrement dans la Tshopo.

Impact des maladies sur les cultures

La striure brune de manioc entraîne 100% de pertes en tubercules. Les produits de transformation provenant des tubercules infectés ne peuvent ni être consommés par les hommes ni par les animaux. Jusqu’à présent aucune variété résistante à la mosaïque du manioc en cours de diffusion n’est résistante à la maladie car ils acquirent un goût répugnant. Selon les statistiques, la striure brune occasionne des pertes annuelles estimées entre 75 et 100 millions de dollars dans les pays de provenance de la maladie. Aucune variété résistante la mosaïque du manioc qui avait occasionné une chute de rendement de 20 à 14 millions de tonnes par an n’est résistante à cette maladie.

Quant au Wilt bactérien de bananier, les statistiques de 2011 de la province du Nord Kivu indiquent   une destruction de 36% d’emblavures. Cela représente 14 000 hectares de bananeraies dévastés. Au total 219.990 tonnes bananes ont ainsi été perdues,  occasionnant une conséquence non seulement de 70-80%  de baisse en volume vendu mais aussi, une réduction de 85% d’activités commerciales de banane et 65% de qualité de banane pour un impact d’environs 23.465.600$ de pertes en cash.

A ce jour, on estime à 38 millions de personnes de la population affectée par ces maladies du manioc et du bananier. Ces cultures constituent la base de l’alimentation et la principale source des revenus des populations en milieu rural généralement pauvres. En effet, si rien n’est fait dans un bref délai,  50 millions de personnes pourront être affectées par ces maladies.  Cela aura des conséquences graves  sur la sécurité alimentaire et leurs revenus.

Perspectives de solutions

C’est pour lancer une alerte que le Gouvernement congolais en collaboration avec la FAO, l’Institut national d’études et de recherches agronomiques (INERA) et l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) a présenté aux Ambassades une situation qui risque d’être ignorée. Cela pourrait anéantir  tous les efforts fournis pendant plusieurs décennies pour contrôler la mosaïque du manioc. L’appel a été lancé aux partenaires de développement de conjuguer des efforts pour non seulement  combattre ces deux maladies mais surtout prévenir leur expansion dans les provinces pas encore touchées.

Au nom du Gouvernement de la RD Congo, le Ministre de l’Agriculture, Pêche et Elevage Monsieur Emile Mota a lancé un appel solennel à tous les partenaires techniques financiers à apporter leur appui à la FAO, l’IITA et l’INERA afin que la lutte contre les maladies dommageables des cultures en générale et du manioc et bananier, en particulier, soit coordonnée et effective.

«Je formule le vœu de voir la FAO, l’IITA et l’INERA s’activer une fois de plus comme ce fut le cas en début de la décennie 90 lorsque la mosaïque s’est déclarée », a renchérit le Ministre des Recherches Scientifiques et Technologie.  M. Daniel Madimba Kalonji a exhorté les différents partenaires au développement à se joindre aux efforts lancés par le Gouvernement congolais qui a déjà investi 1 million de dollars américain pour relancer les recherches au sein de l’INERA.

En effet, la lutte coordonnée tant souhaitée passe par la capacité de promouvoir la culture des variétés résistantes et tolérantes de bananier dans les pays de provenance des maladies et des variétés de manioc résistantes identifiées localement par l’IITA; équiper en matériel le laboratoire pour la production des plants sains (manioc, bananier); mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre les deux maladies qui existent depuis plusieurs années et relancer les activités de la commission nationale de lutte contre les maladies végétales.