FAO en République démocratique du Congo

Alerte sur les attaques de chenilles sur les cultures de maïs en RD Congo

21/02/2017

Des milliers des personnes sont exposées à l’insécurité alimentaire. Le Gouvernement congolais, la FAO et le PAM s’attaquent à ce problème

Les chenilles qui ravagent les champs de maïs s’étendent de plus en plus à travers le pays. Après la province du Sud Ubangi, c’est le tour de la province du Haut Katanga et du plateau de Batéké dans la ville province de Kinshasa qui sont attaquées par ces ravageurs. L’alerte de toutes ces attaques sur les cultures de maïs a été lancée à Kinshasa, mardi 14 février 2017, par le Ministère de l’Agriculture, la FAO et le PAM au cours d’un point de presse qui a réuni le Chargé d’études au ministère de l’Agriculture, M. Cyrille Singa, le Représentant  a.i de la FAO en RDC, Alexis Bonte et le Chargé d’analyse de la vulnérabilité au PAM, Ollo Sib. Ils ont reconnu qu’il faut apporter une solution immédiate à ce problème qui menace la production du maïs.

En effet, la culture de maïs est l’une des principales sources de revenus et d’alimentation des ménages congolais, et des pertes de production risquent d’accentuer l’incidence de l’insécurité alimentaire au pays.

Le maïs, une culture essentielle

Le maïs occupe une place prépondérante dans le repas quotidien des populations en République démocratique du Congo, notamment dans l’utilisation fréquente de la farine de maïs avec celle de manioc pour de la préparation du "fufu’’, plat consommé par plus de 80% de congolais vulnérables. En outre, il constitue une source importante de revenus pour les petits paysans à travers tout le pays où il est souvent vendu généralement sous forme de farine ou grains. Depuis octobre 2016, la culture de maïs est confrontée à des attaques sans précédent causées par des larves d’un lépidoptère inhabituel en RDC identifié sous le nom de ’Spodoptera frugiperda’’.

En 2016, une mission conjointe avec le Ministère de l’Agriculture, Pêche et Elevage, Institut  pour l’Etude et la Recherche Agronomique  (INERA), FAO et PAM associée à l’Université de Kinshasa a évalué à plus 82% d’incidence l’attaque de la culture du maïs des emblavures de la saison A (200 ha) des sites visités dans le territoire de Libenge. En Février 2017, la même mission mixte associée à l’Université de Lubumbashi vient d’évaluer à environ 63 000 hectares des champs de maïs dévastés depuis la mi-décembre par les chenilles dans les territoires de Kambove, Kasenga, Kipushi et Pweto, zones frontalières à la Zambie. Ce qui présage une très mauvaise récolte pour la campagne agricole 2016 – 2017. Déjà, ces attaques ont engendré une hausse du prix du maïs, dont le sac de 25 kg est passé de 10 à 30 dollars.

Plus de 80% de la production auraient été détruits par cette chenille.  Si les dégâts causés par les ravageurs s’aggravent, cela pourrait présager de très mauvaises récoltes pour les campagnes agricoles futures (Saison A 2017), une rareté de semences à venir et une crise pour la disponibilité de certains aliments.

La situation causée par les chenilles est très préoccupante d’autant plus que les trois aliments de base en RDC (à savoir : le manioc, la banane et le maïs) sont actuellement affectés par des maladies très destructrices. Le manioc et le bananier subissent des attaques respectives de la striure brune de manioc et du Wilt bactérien qui sont en train d’anéantir la production.

« Avec la destruction des productions du maïs, la situation de la sécurité alimentaire des milliers des congolais va encore plus s’aggraver davantage. Il est donc urgent de planifier des interventions d’urgence pour soulager tant soit peu, les petits producteurs et les consommateurs du maïs », a précisé Alexis Bonte, Représentant a.i de la FAO en RD Congo.

Etant donné qu’environ six millions de personnes ont besoin de l’assistance humanitaire en RDC, le PAM craint que la crise due aux attaques de chenilles affecte davantage la population.  Cela risque d’exacerber des conflits dans les zones de production et d’augmenter les tensions entre communautés.

Conscient de la gravité actuelle de la situation au pays, le Ministère de l’Agriculture lance un appel aux autres partenaires de développement pour qu’ils s’associent à la FAO, au PAM et aux différentes Universités du pays afin de constituer une coordination capable de prévenir, détecter et réagir rapidement à toute nouvelle menace de parasites et de maladies.

Suite à l’identification de l’espèce de ravageur, en attendant les analyses spécifiques, le gouvernement et ses partenaires la FAO et le PAM proposent, entre autres, de sensibiliser les producteurs et de les former adéquatement sur les itinéraires techniques. Ces méthodes permettront de restaurer leurs capacités de production. D’une part, semer le plus tôt possible dès les premières pluies afin que la tige du maïs se durcisse rapidement et empêcher l’attaque des chenilles. D’autre part, diversifier les cultures en procédant à l’association du maïs au riz, manioc ou patate douce, ce qui réduirait le risque d’attaque.

La FAO s’engage à collaborer avec toutes les parties prenantes pour élaborer et mettre en œuvre une stratégie appropriée pour déterminer le niveau d'infestation des chenilles, leur impact sur la production végétale et soutenir les efforts d'intervention afin de contribuer à renforcer les capacités de résilience du pays.