FAO en République démocratique du Congo

Des jardins de case pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des enfants sortis des groupes et forces armés en RD Congo

Distribution de cobaye (Photo: ©FAO/Guylain Mukemo)
05/07/2017

La République démocratique du Congo connait une crise complexe et prolongée depuis plus de deux décennies, caractérisée par des conflits armés récurrents. Or, la plupart  des groupes armés procède au recrutement des jeunes, ces guerriers juvéniles qui constituent une menace trop souvent ignorée dès lors qu'il faut juger les actes d'enfants arrachés à leurs familles et plongés dans l'horreur de la guerre.

On évalue à plus de 50 000 enfants recrutés dans les forces et groupes armés en RD Congo, soit 10% des effectifs d'enfants soldats au monde. Certains d'entre eux y presteraient encore jusqu'à ce jour. Au Nord Kivu, près de 4 000 à 5 000 enfants seraient impliqués dans le processus de démobilisation et réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés.

Problématique de la réinsertion des enfants sortis des groupes armés et forces armés

Les enfants sortis des forces et groupes armés n'étant pas bien encadrés, constituent un risque considérable pour la société et sont sources d'insécurité. Cela se manifeste par les formes des violences physiques, les agressions, les assassinats et vols à mains armées en ville ; tandis qu'au village, on assiste aux prises d'otage avec nécessité des rançons, le viol, le braconnage, l'adhésion aux groupes criminels ... Et lorsque la réinsertion n’est pas bien assurée, il y a risques qu’ils soient repris par les milices et groupes armés actifs sur le terrain.

C’est pour les aider à se réinsérer que la FAO, dans le cadre de sa mission d’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition des ménages, a initié dans la ville de Goma, province du Nord Kivu, une intervention en faveur des enfants sortis des groupes et forces armées, ESFGA, en installant des jardins de case dit «  kitchen garden » et en réalisant l’élevage de cobayes.

L’approche « Jardin de case » ou « Kitchen garden »

Le « kitchen garden » ou jardin de case est une approche consistant à cultiver un ensemble de légumes et d’arbres fruitiers autour des habitations. Cette approche donne des rendements élevés sans exiger trop de travail. Même avec très peu de soin (2 heures par semaine environ), un jardin de case de moins de 400 m² peut produire assez de légumes et de fruits pour couvrir les besoins en sels minéraux et en vitamines, la plupart des protéines et une grande partie d’hydrates de carbone nécessaires à une famille de six personnes.

L’action de la FAO en faveur des enfants sortis des groupes et forces armés

En vue de restaurer les moyens de subsistance des enfants sortis des groupes armés et forces armés, de soutenir l’amélioration de leur productivité et de leur production alimentaire, la FAO a mis en place deux « kitchen garden ». L’objectif principal de cette assistance est : (i) Initier ces enfants à des activités qui leur seront utiles dans leurs milieux de réintégration ; (ii) Améliorer la ration alimentaire servie au Centre de transit et d’orientation (CTO) par l’apport de légumes (source de vitamines et de sels minéraux) et de viande de cobaye ; (iii) Constituer une source de revenus par la vente de surplus de la production.

A Goma, au Nord Kivu, c’est le Centre de transit et d’orientation, CTO en sigle, géré par le Concert d’actions pour jeunes et enfants défavorisés (C.A.J.E.D.), dans le quartier Keshero, qui a été retenu pour mettre en place ces deux kitchen garden. Au total, quarante-huit jeunes garçons ont été sensibilisés à participer à la construction des jardins de case et initiés à l’élevage des cobayes. La FAO a mis à leur disposition, les intrants agricoles, constitués des houes, des râteaux, des arrosoirs, des binettes et des sacs vides ainsi que des semences maraîchères. En ce qui concerne l’appui à l’élevage, la FAO a remis à ce jour, au CTO, 10 cages et 63 cobayes pour lancer cette activité avec les jeunes garçons et leur permettre après trois mois de voir les géniteurs de cobayes se reproduire. La FAO a mis à leur disposition un vétérinaire pour renforcer leurs capacités en ce domaine.

Trois mois durant, la FAO va assurer un suivi de proximité des jeunes et de leurs encadreurs pour la réussite du potager et de l’élevage des cobayes. Mais déjà, dans un mois, les jeunes du CTO et leurs encadreurs pourront  consommer les premières productions de leur jardin, des amarantes. Le gombo, les choux, les aubergines et tomates seront récoltés un peu plus tard.

Etant donné que la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés constitue un casse-tête au niveau de la communauté congolaise, l’action de la FAO, leur permet de résoudre le problème de rejet social, des difficultés économiques et leur donne une assurance dans l’amélioration de la situation de leur sécurité alimentaire et nutritionnelle.