FAO en République démocratique du Congo

Un Cadre légal de gestion et d’utilisation des insectes comestibles en République Démocratique du Congo

(Photo : © FAO/Laurent)
29/07/2017

Assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations et générer durablement des emplois et des revenus.

« Mettre en place un Cadre légal pour réglementer la gestion et l’utilisation des insectes comestibles en RD Congo », est l’objet de la validation du rapport de l’étude sur le cadre légal des produits forestiers non ligneux,

En effet, ce document a été validé, vendredi 21 juillet 2017, à Kinshasa, par plus d’une dizaine d’experts venus des ministères de l’Environnement et Développement Durable et de la Pêche et Elevage, des institutions universitaires, des centres de formation et de recherche, du secteur privé, des organisations environnementales et des autres partenaires intéressés par la gestion et l’utilisation des insectes comestibles en RDC.

Problématique de la malnutrition

La République démocratique du Congo a le potentiel de nourrir près de deux milliards de personnes. C’est l’un des pays les plus riches en cours d’eau regorgeant de diverses espèces de poissons de grande qualité. Elle est dotée d’immenses étendues arables, de plus de la moitié de la richesse mondiale en forets, en flore et en faune. Pourtant une grande partie de la population est pauvre et vit en situation de crise alimentaire. C’est dans ce contexte de paradoxe que la FAO, sur demande du Gouvernement congolais, a financé et exécuté le projet « Appui à la promotion de l’élevage des insectes comestibles et l’entomophagie en RDC », dont l’objectif principal est de favoriser la promotion de la filière de l’élevage et de l’utilisation des insectes comestibles dans la ville-province de Kinshasa et la province de Kwango.

Elevage des insectes

Considérant les habitudes alimentaires de nos populations qui prisent les produits alimentaires d’origine animale sauvage, l’une des principales voies pour diminuer la pression sur les ressources fauniques est, sans nul doute, l’élevage et plus précisément celui des animaux non-conventionnels appelé aussi élevage alternatif. C’est dans ce cadre que se situe l’élevage des insectes comestibles riche en protéines essentielles.

L’utilisation et la consommation des insectes pour la lutte contre la malnutrition, l’insécurité alimentaire et la pauvreté des ménages au niveau urbain, périurbain et dans les zones à forte pression démographique peuvent réduire les effets sur le foncier, le forestier et surtout sur la biodiversité.

Les études réalisées par la FAO sur les insectes indiquent qu’ils sont constitués en moyenne d'environ 75% de protéines contre seulement 43% pour de la viande traditionnelle. Outre de grandes quantités de minéraux (le calcium, le magnésium, le fer, le zinc, le phosphore) et de nombreuses vitamines, ces petites bêtes contiennent beaucoup moins de graisses que d'autres formes de viande. C'est assurément pour ces mêmes raisons qu’elles ont fait une entrée remarquée dans le programme mondial de lutte contre la malnutrition infantile dans plusieurs pays du monde. 

Nouveau cadre légal pour réglementer l’élevage, la gestion et l’utilisation des insectes

La RDC édicte et met en place des nombreuses et importantes lois et règlementations, malheureusement, mais qui ont du mal à être appliquées.  Une étude s’est réalisée en étroite collaboration avec les acteurs-clés impliqués dans la gestion des insectes comestibles, particulièrement ceux opérant dans la ville-province de Kinshasa et la province de Kwango. Celle-ci a abouti à une proposition visant à réviser la loi relative qui va permettre aux populations d’être impliquées autant que possible dans la conception et la mise en place de cette réglementation spécifique afin de faciliter la sécurisation juridique et la vulgarisation de l’activité d’élevage d’insectes comestibles.

Le Représentant a.i de la FAO en RD Congo affirme que mettre en place un cadre adéquat  de production et de développement des insectes comestibles et de promotion de l’entomophagie est un défi majeur pour les zones ciblées et pour le pays en général. « Cela permettra d’augmenter la disponibilité des insectes comestibles pour satisfaire la demande des consommateurs et mettre en place un réseau d’échange, de diffusion des bonnes pratiques d’élevage d’insectes et de leur consommation », a renchérit Alexis Bonte.

Spécificité de la nouvelle réglementation

L’amélioration du cadre légal consiste à veiller à l’insertion de la réglementation proposée dans la législation antérieure relative à l’élevage, à l’agriculture et à la chasse. Elle s’appesantit aussi sur l’utilisation des engrais et pesticides dangereux pour les insectes en général et ceux comestibles, en particulier. Dans cette nouvelle réglementation, un accent particulier a été mis sur les insectes polinisateurs, notamment les abeilles mellifères, qui, malgré leur contribution à l’humanité dans la production du miel et autres produits de la ruche ainsi que dans la pollinisation de diverses plantes et espèces florales, payent un lourd tribut suite à l’épandage de certains engrais et pesticides de manière intempestive et incontrôlée.

Les dispositions proposées visent aussi de combler une lacune relative aux élevages alternatifs qui constituent une nouveauté dans notre pays et dans le secteur de l’élevage de manière générale et veiller sur l’équilibre entre la protection de l’environnement et de la biodiversité, d’une part, et la production et la consommation des insectes, d’autre part. Sans oublier la promotion de la chaîne des valeurs tenue par des consommateurs, des éleveurs et différentes parties prenantes du secteur de l’élevage.  

En effet, depuis 2003 la FAO travaille sur des sujets en relation avec les insectes comestibles dans de nombreux pays à travers le monde. En RDC, ce projet qui s’inscrit dans la mise en œuvre du Cadre de Programmation Pays « CPP », appuie le domaine prioritaire II qui encourage le développement des filières végétales, animales et halieutiques par l’approche des chaînes de valeur et de l’agro-business. 

La FAO soutient l’émergence des techniques de transformation conférant une valeur ajoutée aux produits et renforce les liens entre les différents maillons des filières parmi lesquelles la filière « Insectes comestibles ». Les résultats de ce projet vont contribuer aux Objectifs du Millénaire pour le Développement « OMD » notamment à son objectif 1 « éradiquer la pauvreté extrême et la faim ».