Droit à l'alimentation

Suivi

Le suivi du droit à l’alimentation dans un pays oblige à collecter, analyser, interpréter et divulguer régulièrement l’information nécessaire pour évaluer les progrès accomplis dans la concrétisation du droit à une alimentation adéquate pour tous les membres de la société, et pour vérifier que ce processus est conforme aux principes et aux approches fondées sur les droits de l’homme.

Le suivi est un processus simultané à l’application des politiques, programmes et projets qui collectent, traitent et analysent l’information requise pour déterminer si ceux-ci avancent conformément à la planification (délai, coût, efficacité, etc.), et s’ils contribuent à la réalisation des résultats et des objectifs escomptés. Il s’agit d’une activité dynamique et flexible qui vise à faciliter les adaptations et les ajustements nécessaires pour mieux cibler les actions menées pour réaliser les objectifs et obtenir les résultats.

Le suivi peut contribuer de façon significative à la protection du droit à l’alimentation adéquate pour tous ceux qui en jouissent actuellement, et s’avérer très utile pour mettre en œuvre correctement les projets et les programmes visant à l’élimination de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition (ODD2) et à l’éradication de la pauvreté (ODD1) sous toutes ses formes et partout dans le monde.

L’approche fondée sur les droits de l’homme en matière de suivi peut être envisagée à partir de deux perspectives complémentaires: un suivi axé sur les droits (à propos de ce qui fait l’objet du suivi) et un suivi fondé sur les droits (à propos de la façon dont est réalisé le suivi).

Le suivi axé sur les droits consiste à vérifier si les principes des droits de l’homme ont été appliqués au niveau de la conception, du financement et de la mise en œuvre des politiques, programmes, projets et activités pertinents, et si ceux-ci ont eu une incidence significative sur la concrétisation des droits. Cette approche du suivi inclut donc:

  • le suivi des processus d’élaboration et de mise en œuvre de mesures censées avoir un impact sur la concrétisation d’un droit humain, en l’occurrence le droit à une alimentation adéquate;
  • le suivi des résultats obtenus grâce à ces mesures (sous la forme de politique, de programmes, de projets, etc.), et leur contribution à la concrétisation progressive des droits;
  • le suivi de l’impact final obtenu en termes de niveaux accrus de respect, de protection et de réalisation des droits, en particulier du droit à l’alimentation.

Le suivi fondé sur les droits implique que le processus lui-même de suivi repose sur et répond aux principes des droits de l’homme; qu’il est transparent et participatif; qu’il contribue à l’autonomisation des détenteurs de droits; et qu’il renforce les capacités des porteurs d’obligations en fournissant aux deux groupes une information utile à la prise de décision aux fins de la concrétisation des droits.

Le suivi fondé sur les droits comporte des caractéristiques analytiques et méthodologiques qui ne sont pas présentes dans le suivi conventionnel:

  • l’analyse des résultats et des impacts des politiques et des programmes;
  • l’identification des bénéficiaires et des non-bénéficiaires;
  • une définition précise des raisons pour lesquelles les groupes identifiés sont victimes de ou vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition;
  • une évaluation permanente du processus de mise en œuvre des mesures liées au droit à l’alimentation et la prestation de services publics permettant de vérifier leur conformité avec les principes des droits de l’homme;
  • l’élaboration d’indicateurs fondés sur les droits;
  • l’élaboration et l’adaptation de méthodologies de suivi tenant compte des principes de la participation, de l’inclusion et de l’autonomisation des groupes de détenteurs des droits, en dépit de leur compétence technique limitée ou de leur manque d’expérience.

Le suivi du droit à l’alimentation dans un pays oblige à collecter, analyser, interpréter et divulguer régulièrement l’information nécessaire pour évaluer les progrès accomplis dans la concrétisation du droit à une alimentation adéquate pour tous les membres de la société, et pour vérifier que ce processus est conforme aux principes et aux approches fondés sur les droits de l’homme.

Les Directives sur le droit à l’alimentation sont utiles pour élaborer un cadre permettant d’assurer le suivi de ce droit. L’une de ces Directives (17 -« Suivi, indicateurs et jalons ») concerne plus particulièrement le suivi et l’évaluation du droit à l’alimentation et de la sécurité alimentaire.  D’autres aspects importants liés au suivi sont abordés dans d’autres directives. Par exemple (i) Il convient d’entreprendre des évaluations du droit à une alimentation adéquate afin de formuler une stratégie fondée sur les droits de l’homme (Directive 3.2 – « Stratégies »”), (ii) établir des mécanismes de coordination intersectoriels à l'échelon national pour assurer une mise en œuvre, un contrôle et une évaluation concertés des politiques, des plans et des programmes. (Directive 5.2 – « Institutions »), (iii) associer l'ensemble des parties prenantes, notamment les communautés et les collectivités locales, à la conception, à l'exécution, à la gestion, au contrôle et à l'évaluation des programmes visant à accroître la production et la consommation (Directive 10.3 – « Nutrition »), (iv) effectuer systématiquement des analyses détaillées de l'insécurité alimentaire, de la vulnérabilité et de l'état nutritionnel des différentes catégories de population, en accordant une attention particulière à toute forme de discrimination (Directive 13.2 – « Appui aux groupes vulnérables »), et (v) encourager les organisations de la société civile et les particuliers à participer aux activités de contrôle entreprises par les institutions nationales de protection des droits de l'homme (Directive 18.1 – « Institutions nationales de protection des droits de l'homme »).

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