FAO en Sao Tomé-et-Principe

Un guide de la FAO explique comment protéger les forêts contre les insectes envahissants

a guêpe perce-bois est un parasite de la Nouvelle-Zélande

04/04/2019

4 avril 2019, Rome/Beyrouth – Certains insectes, tels que le papillon de nuit qui ne vole que l’hiver et le frelon asiatique, représentent un redoutable fléau pour les arbres qui sont une vraie richesse pour les personnes qui en dépendent et en tirent profit.

Les insectes parasites endommagent environ 35 millions d’hectares de forêts chaque année, entraînant des conséquences particulièrement catastrophiques lorsque les espèces non indigènes arrivent dans des écosystèmes où elles n’ont pas d’ennemis naturels. L’ampleur du désastre augmente de paire avec le développement des échanges commerciaux et les effets du changement climatique.

Fort heureusement, au cours des dernières décennies, la communauté internationale a acquis des connaissances considérables dans la mise en pratique de la lutte biologique contre les ravageurs.

L’introduction d’ennemis naturels provenant du même pays d’origine que les espèces envahissantes s’est avérée un outil efficace pour lutter contre leur propagation.

Le nouveau Guide de la FAO sur la lutte biologique classique contre les insectes parasites dans les forêts plantées et naturelles présente, de manière claire et concise, des informations utiles afin d’aider les personnes chargées de la gestion des forêts dans les pays en développement à mettre au point des programmes efficaces de lutte antiparasitaire.

La lutte biologique classique ne prétend pas éliminer les espèces nuisibles envahissantes, mais vise à installer une population d’ennemis naturels qui se reproduira et perdurera dans le temps, qui se dispersera et empêchera les organismes nuisibles de survivre ou du moins freinera la rapidité de leur propagation. Lorsque les résultats sont probants, cette méthode permet de réduire l’utilisation d’insecticides, avec des avantages évidents pour la santé humaine et l’environnement.

Lancé dans le cadre de la sixième édition de la Semaine forestière méditerranéenne qui se tient au Liban, le Guide présente une multitude d’études de cas. Entre autres: le coléoptère à la noix de coco ou scarabée rhinocéros qui dévore les cocotiers et les palmiers à huile dans la région du Pacifique; le grand coléoptère de l’écorce de l’épinette qui a migré de la Sibérie vers l’Europe occidentale; la punaise Orthezia, un insecte omnivore qui est parvenu à atteindre le petit îlot de Saint-Hélène dans l’Océan Atlantique Sud et qui commence à décimer les arbres à gomme; et plusieurs agents pathogènes qui s’attaquent de plus en plus aux eucalyptus.

Dans tous les cas, les efforts de lutte doivent s’appuyer sur des études scientifiques – souvent plus accessibles dans les pays d’où proviennent les insectes nuisibles que dans les pays où ils posent problème – et sur des évaluations complètes des risques, dont les protocoles sont expliqués dans le nouveau Guide, tout comme les principes de biosécurité à suivre lors de la phase d’intervention massive et pendant la phase d’évaluation de l’efficacité de l’intervention.

Une communication solide avec toutes les parties prenantes dès le début d’une intervention planifiée est également essentielle.

La lutte biologique classique peut également être appliquée dans les vergers, comme le montre la cochenille de la mangue. Originaire d’Asie du Sud-Est, elle a fait son apparition en Afrique de l’Ouest au début des années 1980. Elle commence par sucer la sève des manguiers – très appréciés pour ses fruits et son ombre – sécrétant une substance qui favorise la moisissure et limite la photosynthèse. Résultat: les pertes de rendement importantes, qui s’élèvent jusqu’à 89% au Bénin. Des parasitoïdes hostiles ont été identifiés et introduits dans l’habitat d’origine de la punaise, conduisant à des résultats spectaculaires, avec des ratios coûts/bénéfices pour l’Afrique subsaharienne calculés à 1:808 en termes de valeur du fruit.