FAO en Sao Tomé-et-Principe

Q & R : Les effets de la pandémie du COVID-19 sur l’alimentation et l’agriculture

© FAO/Ody Mpouo

14/08/2020

Dans les prochaines semaines, nous apporterons une série de questions et réponses sur les effets de la pandémie de Covid-19 sur l'alimentation et l'agriculture.

La pandémie actuelle menace à la fois des vies et des moyens d’existence.

Si, dans certains pays, la circulation du virus ralentit et le nombre de cas diminue, dans d’autres, la covid-19 connaît une recrudescence ou continue de se propager rapidement. Cette épidémie demeure un problème mondial auquel il convient d’apporter une solution mondiale.

Nous devons prendre des mesures immédiates, sans quoi nous risquons d’être confrontés à une crise alimentaire mondiale qui pourrait avoir des conséquences à long terme pour des centaines de millions d’enfants et d’adultes.

En effet, la perte de revenus, la baisse des transferts de fonds et, dans certains contextes, la hausse des prix des denrées alimentaires entravent l’accès aux aliments. Dans les pays où l’insécurité alimentaire aiguë est déjà très présente, il ne s’agit plus seulement d’une question d’accès aux denrées alimentaires mais aussi, et ce de plus en plus, d’une question de production alimentaire.

La covid-19 a frappé à un moment où la faim et la malnutrition ne cessaient de progresser. Selon les dernières estimations des Nations Unies, au moins 83 millions de personnes supplémentaires, et peut-être même jusqu’à 132 millions, pourraient souffrir de la faim en 2020 du fait de la récession économique causée par la pandémie.

Elles viendraient s’ajouter aux 690 millions de personnes qui se trouvent déjà dans cette situation. En outre, 135 millions de personnes, en proie à l’insécurité alimentaire aiguë, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

La faim et la sous-alimentation chronique découlent de l’impossibilité de satisfaire ses besoins alimentaires, autrement dit de consommer suffisamment de calories pour mener une vie normale et active, sur une période prolongée. Cette impossibilité a des répercussions à long terme pour ces personnes et continue de freiner les efforts mondiaux visant à réaliser l’objectif «Faim zéro». Lorsque l’insécurité alimentaire aiguë atteint un niveau de crise, cela signifie que des crises soudaines et sporadiques limitent l’accès aux aliments à court terme, ce qui peut mettre en péril la vie et les moyens d’existence des personnes concernées. Cependant, si ces personnes obtiennent l’aide dont elles ont besoin, elles n’iront pas gonfler les rangs de celles qui souffrent de la faim et leur situation ne deviendra pas chronique.

De toute évidence, il y a suffisamment de nourriture pour tous à l’échelle mondiale, mais de trop nombreuses personnes souffrent encore de la faim. Nos systèmes alimentaires sont défaillants, et la pandémie ne fait qu’aggraver la situation.

D’après la Banque mondiale, les retombées économiques de la covid-19 pourraient entraîner environ 100 millions de personnes dans la pauvreté extrême.

La montée en flèche du taux de chômage, la perte de revenus et la hausse du coût de la nourriture compromettent l’accès aux aliments, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, et auront des effets à long terme sur la sécurité alimentaire.

De plus, la pandémie risque de plonger les économies nationales dans la récession. Par conséquent, les pays doivent prendre de toute urgence des mesures destinées à atténuer les répercussions à plus long terme sur les systèmes alimentaires et la sécurité alimentaire.

Cette année, il se peut que les producteurs soient obligés de renoncer à leurs activités de plantation habituelles, ou tout du moins qu’ils soient contraints de les réduire considérablement, ce qui suscite de vives inquiétudes. Si nous ne leur venons pas en aide, cela se traduira par un déficit alimentaire en 2020 mais aussi en 2021.

Il est tout aussi urgent de contrer l’effet aggravant de la pandémie sur les crises en cours – conflits, catastrophes naturelles, changement climatique, organismes nuisibles et maladies animales – qui placent déjà nos systèmes alimentaires en situation de stress et contribuent à l’insécurité alimentaire dans le monde.

De récentes analyses réalisées au moyen du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) mettent en évidence une accentuation inquiétante de l’insécurité alimentaire aiguë dans les pays qui sont également en proie à d’autres types de crises.

Pour éviter une crise alimentaire, il faut, de toute urgence: protéger les plus vulnérables, maintenir en fonctionnement les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales, atténuer les effets de la pandémie dans l’ensemble du système alimentaire, préserver et même accroître la production alimentaire autant que possible, et envisager l’avenir après la pandémie, afin de reconstruire des systèmes alimentaires plus efficaces et plus résilients.

La FAO est convaincue qu’il existe de nombreuses solutions permettant de faire en sorte que des personnes actuellement dans une situation critique ne soient plus sur la corde raide.

Version originale sur le lien suivant: http://www.fao.org/2019-ncov/q-and-a/impact-on-food-and-agriculture/fr/