FAO en Sao Tomé-et-Principe

Forêts et moyens d’existences au coeur de la célébration de la Journée mondiale de la vie sauvage 2021

© FAO

03/03/2021

La FAO promeut en Afrique centrale une gestion durable de la faune sauvage qui garantisse à la fois la conservation de la biodiversité et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations.

Célébrée le 03 mars de chaque année, la journée mondiale de la vie sauvage a pour objectif de sensibiliser le public sur l’importance de la faune et la flore sauvages, mais également d’attirer l’attention sur les espèces animales et végétales menacées. Cette année, le thème « Forêts et moyens d’existence : préserver la planète et ses habitants » a été retenu pour rappeler le lien particulièrement étroit qui existe entre la préservation des forêts, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et plus largement les moyens d’existence des populations.

L'Afrique centrale abrite la deuxième plus grande forêt tropicale au monde avec plus de 240 millions d'hectares, une riche biodiversité avec des ressources animales et végétales importantes. Dans cette région du monde, la pression exercée sur les ressources forestières (faune et flore) par des populations croissantes et des activités extractives et agricoles qui se développent souvent sans planification, menace l’équilibre des écosystèmes et la base des ressources naturelles qui soutiennent la vie sur la planète.

En effet, les populations recourent notamment aux forêts pour s’approvisionner en nourriture, notamment en viande d’espèces sauvages (« viande de brousse ») et poissons d’eaux douces, en racines, en feuilles et autres produits forestiers non ligneux. Les ressources forestières constituent de véritables « filets » pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle mais aussi pour les moyens d’existence. Ainsi un chasseur peut vendre tout ou partie de ses prises pour couvrir ses autres besoins de base que sont l’éducation, la santé et l’hygiène. L’absence de contrôle efficace pour réguler l’accès aux ressources forestières et leur utilisation compromet aujourd’hui la durabilité des ressources fauniques.

Au Congo, au Gabon et en République démocratique du Congo, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et ses partenaires la Wildlife Conservation Society (WCS), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), et le Centre International en Recherches Forestières (CIFOR), mettent en œuvre le Programme de Gestion durable de la faune sauvage [en anglais Sustainable Wildlife Management (SWM) Programme], une initiative de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) financée par l’Union Européenne.

Cette initiative vise à contribuer à la conservation de la faune sauvage, des écosystèmes et des services qu’elle rend, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie et de sécurité alimentaire des populations qui dépendent de ces ressources.

Lancé en 2018, le SWM Programme est implanté au Congo dans le bassin de Ouesso, au Gabon dans le département de Mulundu et en République démocratique du Congo autour de la Réserve de faune à Okapis en Ituri. Sur chaque site, le Programme développe et teste des modèles différents de gestion communautaire de la faune sauvage adaptés au contexte local de gouvernance, en s’appuyant sur une approche basée sur les droits des communautés.

 

Renforcer les droits et les capacités des populations autochtones et locales riveraines des concessions forestières de gérer durablement la chasse et la pêche de subsistance au Congo

La croissance démographique de la ville de Ouesso et des bases-vies forestières, couplée à l’expansion du réseau routier contribuent à l’intensification de la demande de viande de brousse. Les populations rurales natives vivant autour de Ouesso sont les plus vulnérables face au déclin de la faune sauvage qui découle de cette surexploitation. En effet, la sécurité alimentaire, les revenus et l’identité culturelle de ces communautés dépendent de la viande de brousse. Pour renforcer la sécurité alimentaire des communautés locales et autochtones et préserver la biodiversité, le SWM Programme travaille avec le Ministère de l’Économie forestière et du Développement durable pour créer les conditions d’une gestion communautaire durable de la chasse et de la pêche dans les terroirs villageois qui se juxtaposent aux concessions forestières, tout en développant des sources de protéines animales alternatives dans les centres urbains et les bases-vies forestières pour y réduire la demande en viande de brousse. Les résultats seront utilisés pour appuyer la réforme des cadres juridiques pertinents pour une mise à l’échelle nationale. Des progrès notables ont déjà été enregistrées sur le site pilote de la concession Kabo. Notamment, un processus Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) a été initié avec les communautés cibles, les analyses des sources du droit pertinentes pour la gestion durable de la faune (droit coutumier, droit statutaire national et international) ont été achevées et sont en cours de revue pour validation par les ministères concernés, les chaines de valeur des viandes domestiques et sauvages approvisionnant Ouesso ont été analysées, et diverses études de faisabilité pour le développement de l’élevage et la diversification des revenus des communautés et des acteurs des chaines de valeur de la viande de brousse sont en cours.

 

Mettre en place une gestion communautaire durable de la chasse approvisionnant une filière légale courte de la viande de brousse du Gabon

Au Gabon, du fait de la faible densité de population en zones rurales, les populations fauniques notamment des espèces communément consommées pour leur viande restent encore relativement bien préservées. Mais en l’absence d’une régulation efficace des prélèvements, la durabilité des ressources pourrait être compromise et la sécurité alimentaire des populations se dégrader. Dans ce contexte, la FAO et ses partenaires du SWM Programme travaille avec le Ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer et de l’Environnement à développer et tester un modèle de gestion communautaire durable de la chasse pouvant approvisionner une filière courte et légale de viandes d’espèces sauvages à même de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de préserver les moyens d’existence des populations locales et autochtones, tout en garantissant la préservation durable des ressources fauniques et la conservation des espèces les plus vulnérables à la chasse.

Depuis 3 ans déjà, les travaux du SWM Programme dans le département de Mulundu, autour de Lastoursville, ont permis de dresser un diagnostic approfondi des pratiques de chasse et de pêche et de l’état des ressources fauniques dans la zone en partenariat avec plusieurs dizaines de chasseurs avec lesquels une relation de confiance s’est établie. Les pratiques de consommation de viandes sauvage et domestique ont été analysées. Une analyse approfondie des différentes sources du droit (droit statutaire national et international, et droit coutumier) de tous les secteurs pertinents pour la gestion durable de la faune (faune, forêt, chasse, pêche, élevage et santé animale, foncier) et de leur application a également été menée afin de déceler leurs forces, faiblesses et incohérences. Toutes ces informations sont maintenant utilisées pour co-construire avec les services publics et les opérateurs privés (exploitants forestiers) concernés, ainsi que les communautés partenaires, le modèle ciblé et les outils pratiques de sa mise en œuvre. A terme les résultats du SWM Programme devraient pouvoir fournir des éléments pour alimenter le dialogue politique et les réformes juridiques qui pourraient permettre une mise à l’échelle de tout ou partie de ses résultats.

 

Organiser une gestion communautaire durable de la chasse de subsistance dans et autour des aires protégées

La province d’Ituri et, plus particulièrement, la Réserve de Faune à Okapis, abrite une faune sauvage parmi les plus riches d’Afrique centrale. Les menaces pesant sur cette faune augmentent avec la croissance démographique résultant de la prolifération des activités minières, agricoles et de l’exploitation forestière qui fait croître la demande de viande de brousse. En collaboration avec le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable et l’Institut Congolais de la Conservation de la Nature, le SWM Programme mène des activités sur le terrain en vue de : 1) renforcer les droits et les capacités de gestion de la chasse des communautés autochtones et locales et les cadres de gouvernance communautaire des ressources naturelles ; 2) réduire la demande en viande de brousse dans les villes à travers des stratégies de changements de comportements et en accroissant l’offre en viandes et poissons d’élevage produits de manière durable, et 3) diversifier les opportunités de générer des revenus, alternatives à la chasse et au commerce de viande d’espèces sauvages pour les communautés locales et les autres acteurs des chaînes de valeur concernées.

Depuis le démarrage de la mise en œuvre, un processus de Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) a été initié avec les communautés cibles, les analyses des sources du droit pertinentes pour la gestion durable de la faune (droit coutumier, droit statutaire national et international) sont en cours, les chaines de valeur des viandes domestique et sauvage approvisionnant les petites villes secondaires du site ont été analysées, les pratiques de consommation des viandes domestique et sauvage ont été analysées et diverses études de faisabilité pour le développement de l’élevage et la diversification des revenus des communautés et des acteurs des chaines de valeur de la viande de brousse sont en cours.

 

Faune sauvage et COVID-19

Parallèlement, l’origine sauvage éventuelle du virus de la COVID-19 – possiblement une espèce de chauve-souris et l’implication du pangolin comme hôte intermédiaire (qui n’a toujours pas été démontrée scientifiquement) – a relancé le débat autour des risques sanitaires associés au commerce et à la consommation de viande de brousse. Aux questions de santé publique nationale posées par la malnutrition et l’insécurité alimentaire (y compris en termes de faiblesse de la sécurité sanitaire des aliments) des populations abordées par le SWM Programme en Afrique centrale, viennent maintenant se superposer des questions de santé publique mondiale associées aux risques de voir apparaitre et se répandre des maladies infectieuses émergentes impliquant des espèces sauvages dans leur cycle épidémiologique. Dans ce contexte, suite à la publication d’un Livre blanc et d’une Note d'orientation politique intitulés ‘Reconstruire en mieux dans un monde post-covid-19: réduire les risques de propagation de maladies à l’homme liés à la faune sauvage’, le SWM Programme a reçu de la part de l’Union Européenne un financement additionnel pour promouvoir l’approche Une seule santé le long de chaines d’approvisionnement en viande de brousse, de la forêt jusqu’à l’assiette des consommateurs, notamment au Gabon et au Congo, au cours des deux prochaines années. 

Version portugaise de l'actualité originale présente au lien suivant: http://www.fao.org/africa/news/detail-news/fr/c/1378745/