FAO en Sao Tomé-et-Principe

La FAO appuie le Gouvernement dans l'élaboration d'une stratégie nationale et d'un plan d'action pour l'employabilité des jeunes dans les métiers agricoles à Sao Tomé et Principe

© FAO/Ody Mpouo

09/08/2023

09 août 2023, Sao Tomé - L'assistante au représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Sao Tomé et Principe, l'Argentine Pires dos Santos, a été reçue hier en audience par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Eurídice Semedo Medeiros. La réunion, qui était la première depuis l'entrée en fonction de la ministre, a servi à remettre le document de projet, relatif au projet Appui à l'élaboration d'une stratégie nationale et d'un plan d'action pour l'employabilité des jeunes dans les métiers agricoles à Sao Tomé et Principe (STP).

La République démocratique de Sao Tomé et Principe est un Petit État insulaire pauvre d’Afrique, avec un taux d'incidence de la pauvreté de 66,7% (2017) et d’extrême pauvreté de 47%. Le secteur agricole contribue à 20 % au PIB et emploie près de 80% de la population active.

Ce secteur agricole, jadis bassin/créateur d’emplois et de répartition de richesses grâce aux cultures de rente, en particulier café et cacao, enregistre aujourd’hui de faibles performances en raison d’une l’agriculture familiale de subsistance très peu rémunératrice et non structurée, car dépendant principalement des précipitations fluctuantes et des risques climatiques.

Les conséquences directes de cette contreperformance agricole s’expliquent par le taux très élevé de l’exode rural des jeunes. En effet, de nombreux jeunes hommes et femmes, qui représentent respectivement la population active, se sont engagés dans un exode massif vers les centres urbains en quête d’emplois. Pourtant les villes ne peuvent les absorber à cause de la morosité de l’économie et du volume très insuffisant des offres d’emplois. Le chômage des jeunes et des femmes est également exacerbé par celui des jeunes diplômés et de nombreux autres déscolarisés.    

Selon les données de la Banque Mondiale (2021), environ la moitié des adultes en âge de travailler appartenant au quintile le plus pauvre ne travaillent pas. Au fait, le chômage et la faible participation au marché du travail, en particulier chez les femmes et les jeunes, contribuent à un risque élevé de pauvreté et constituent une véritable bombe sociale à retardement pour le gouvernement. Les métiers dans le secteur agricole, insuffisamment attractif à STP, seraient susceptibles d’absorber toute ou en partie cette population si les systèmes agroalimentaires étaient modernisés. En d’autres termes, un secteur agro-rural, doté de technologies innovantes et d’une agriculture intelligente, mobiliserait davantage des jeunes dans l’entreprenariat agricole (agripreunariat).

Conscient de l’importance et des enjeux que comporte le système agroalimentaire dans la création des emplois et la redistribution de richesses, le gouvernement a érigé ce Département en Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) pour répondre aux besoins des jeunes. Aussi le Ministère dispose d’une Stratégie Nationale de la Politique de la Jeunesse. Toutefois l’inexistence d’une stratégie dédiée et de propositions de projets attrayant pour les jeunes et l’absence des ressources pour leur mise en œuvre est notable, surtout en matière d’insertion et de réinsertion des jeunes et des femmes dans les métiers agricoles valorisés. Ce qui constitue un vrai goulot d’étranglement pour le pays, laissant de ce fait des populations abandonnées à leurs tristes sorts.   

Fort de ce qui précède, le Gvt sollicite l’assistance de la FAO pour lui apporter un appui technique conséquent afin de l’aider à : (i) faire un diagnostic de l’état actuel auquel les jeunes sont confrontés ; (ii) proposer un document de stratégie nationale d’emplois des jeunes, assorti d’un plan d’actions avec des idées de projets viables ; et (ii) initier une étude-action ou projet pilote de digitalisation ou numérisation agricole. En d’autres termes il s’agit de la nécessité de lancer un engagement accru en faveur du secteur agro-alimentaire en tant que bassin d’emplois décent en faveur des jeunes. En effet, le Gouvernement ne dispose pas d’une stratégie nationale en matière d’emplois des jeunes. Les données sur le secteur agricole au sens large du terme et les opportunités d’emplois que ce secteur peut offrir par localité sont obsolètes voire inexistantes. Par conséquent, combler ce manque de connaissances est un facteur clé de succès pour l’employabilité des jeunes et d’opportunités d’emplois du secteur agricole et de sécurité alimentaire.

Cette assistance permettra en termes d’approche d’analyser et de décrire la situation du pays de manière inclusive en se focalisant sur les causes et les implications de la situation sur la fragilité du système d’absorption par l’agriculture des jeunes et des femmes qui constituent les populations les plus vulnérables. A travers un diagnostic, les progrès, les lacunes, les opportunités et les goulots d'étranglement seront examinés pour produire un document de Stratégie nationale incluant un Plan d’actions pour promouvoir, en faveur des jeunes des métiers de l’agriculture afin d’assister le pays dans la réalisation de son engagement pour l'Agenda 2030 et pour les objectifs d’ODD concernés.

 

L’objectif du financement sollicité consiste à : (i) faire un diagnostic situationnel actuel des jeunes et évaluer/analyser les opportunités existantes de métiers agricoles décents ; (ii) formuler une stratégie nationale, assortie d’un Plan d’actions d’insertion des jeunes dans des métiers d’agriculture innovante ; et (iii) initier une action/projet pilote de digitalisation agricole.

Il est attendu qu'avec la mise en œuvre de ce projet, le chômage et la pauvreté des jeunes hommes et femmes soient réduits grâce à leur accès à des emplois décents dans les métiers agricoles, et qu'une Stratégie Nationale d'insertion des jeunes et des femmes dans les systèmes agroalimentaires seront disponibles et alignés sur l'agenda 2030. Le projet susmentionné, qui durera deux ans et est estimé à 200 000 dollars américains, est né d'une demande du gouvernement à la FAO, dans le cadre de réunions que l'organisation a tenues avec le ministère de la Jeunesse et des Sports. Toujours au cours de la réunion, l'Assistant au Représentant de la FAO-STP et la Ministre de la Jeunesse et des Sports ont échangé leurs impressions sur les différents domaines dans lesquels la FAO et la ministère peuvent coopérer, où le dirigeant a mis l'accent sur la formation et la qualification des jeunes, notamment dans le domaine agricole.