FAO en Sao Tomé-et-Principe

Sao Tomé et Principe parmi trois nouveaux sites reconnus comme Système Important du Patrimoine Mondial Agricole (SIPAM)

© FAO/Ody Mpouo

23/09/2024

L'Indonésie et Sao Tomé et Principe reçoivent leurs premières désignations de la FAO, ainsi que le deuxième système Autrichien

19 septembre 2024, Rome Un système unique d’élevage de carpes en étang en Autriche, un système agroforestier cultivant le salak, aussi appelé «fruit du serpent», à Bali (Indonésie), et le système agroforestier du cacao à Sao Tomé-et-Principe viennent d’être ajoutés aux Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM)

Désignés officiellement lors d’une réunion du Groupe consultatif scientifique chargé des SIPAM, tenue le 19 septembre, ces systèmes sont les premiers à avoir été approuvés pour l’Indonésie et Sao-Tomé-et-Príncipe et le deuxième pour l’Autriche.  

Dans le cadre du programme phare de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les sites sélectionnés revêtent une importance mondiale parce qu’ils favorisent la sécurité alimentaire et la sécurité des moyens d’existence, l’agrobiodiversité, les pratiques et les systèmes de connaissances durables, les valeurs sociales et les cultures et mettent en avant des paysages exceptionnels. Nombre de sites offrent d’excellentes pratiques, qui permettent de rendre les systèmes agroalimentaires plus résilients face au changement climatique et de gérer la biodiversité et les écosystèmes de manière durable. 

Avec ce nouvel ajout à la liste des Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial, le réseau de la FAO comprend désormais 89 systèmes dans 28 pays à travers le monde.  

Système agroforestier du cacao à Sao Tomé-et-Principe 

Le système agroforestier du cacao de Sao Tomé-et-Principe est réputé pour son cacao amelonado de grande qualité. Il associe l’agriculture traditionnelle à différentes variétés de cultures et contribue ainsi à améliorer la sécurité alimentaire, à renforcer les moyens d’existence des familles d’agriculteurs, à préserver le patrimoine culturel et à protéger la biodiversité. Malgré une histoire marquée par l’esclavage, les inégalités et les conflits, ce système est à l’image de la résilience de ses habitants, qui ont à cœur de favoriser des pratiques et un développement durables. 

Si le cacao constitue une source essentielle de revenus à l’exportation, le fait d’intégrer des cultures diversifiées telles que la banane, l’arbre à pain et le taro permet de disposer de sources d’alimentation et de revenus supplémentaires, tout en renforçant la résilience face aux fluctuations du marché et aux facteurs de stress environnementaux. 

Les forêts tropicales de Sao Tomé-et-Principe comptent parmi les priorités mondiales en matière de conservation et se classent au deuxième rang des 75 forêts africaines pour ce qui est de la conservation des oiseaux et de la faune. Le pays joue un rôle de premier plan dans le domaine de l’agriculture biologique, plus de 25 pour cent de ses terres agricoles étant certifiées conformes à ce type de production. 

Les coopératives locales privilégient les produits de haute qualité issus du commerce équitable et font participer aussi bien les femmes que les hommes, ce qui favorise leur intégration et améliore les moyens d’existence des agriculteurs.

Un élevage de carpes en étang unique en Autriche 

L’élevage de carpes en étang dans la région du Waldviertel, en Basse-Autriche, constitue un système d’aquaculture unique en son genre, dont l’histoire remonte à 900 ans. Ce système, qui repose sur de faibles densités de peuplement et des pratiques traditionnelles, permet de maintenir un écosystème d’étangs biodiversifié relié aux forêts environnantes.  

Cette pratique durable favorise la biodiversité et permet de préserver l’eau et le patrimoine culturel en produisant des carpes de grande qualité et des produits piscicoles innovants. Ce système d’élevage contribue à l’économie locale non seulement grâce à la vente de carpes, mais aussi du fait de l’agrotourisme et de l’utilisation innovante du cuir de carpe dans la création d’accessoires. 

Outre la production de nourriture, les étangs offrent des services écologiques comme la rétention d’eau, la maîtrise des crues et le piégeage du carbone, aidant ainsi à réguler le microclimat local. Ils servent également d’habitats importants pour diverses espèces, notamment des oiseaux, des insectes et des organismes aquatiques, ce qui favorise la biodiversité régionale.  

La préservation de cet écosystème varié permet aussi de protéger la diversité génétique de la carpe et d’autres espèces, qui est essentielle pour s’adapter aux changements environnementaux à venir. 

Système agroforestier du salak à Karangasem (Bali)  

Situé à Karangasem (Bali), la partie la plus sèche de l’île, ce système agroforestier intègre la production de salak – également appelé fruit du serpent en raison de son écorce qui en rappelle la peau – à diverses cultures. Il a été mis au point par le peuple autochtone balinais à l’aide du système traditionnel de gestion de l’eau, le subak.   

Cette méthode permet d’améliorer la biodiversité, de conserver l’eau, de capter le carbone et de renforcer la sécurité alimentaire, tout en préservant le patrimoine culturel et en soutenant les moyens de subsistance locaux. 

Tous les éléments du palmier salak sont exploités, ce qui en fait une culture exempte de déchet. Cette pratique renforce la durabilité et l’efficacité des ressources. Par ailleurs, le système intègre la culture du salak à d’autres cultures, notamment celles de la mangue, de la banane et des plantes médicinales, donnant ainsi à voir un paysage agricole riche et biodiversifié. 

Ancré dans les philosophies traditionnelles balinaises comme le Tri Hita Karana et le Tri Mandala, ce système symbolise la relation harmonieuse entre l’homme, la nature et l’esprit, philosophies qui ont été inscrites à la liste des paysages culturels de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)