SAVE FOOD: Initiative mondiale de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires

Les pertes et le gaspillage alimentaires en tant que priorité de l’Agenda de la Conférence internationale de La Haye

27 Jul 2015

La ville verdoyante de La Haye sur la côte des Pays Bas représente le centre mondial de la justice internationale, étant le siège de la Cour Pénale Internationale de Justice et d’Europol, le bras policier de l’UE. Pourtant, entre le 15 et 20 Juin, c’était le thème des pertes et du gaspillage alimentaires qui a été tout en haut de l’ordre du jour.  Pendant cette semaine-là, Den Haag, d’après son nom néerlandais, a accueilli la conférence internationale : « Plus de nourriture à gaspiller – Une action mondiale pour arrêter les pertes et le gaspillage alimentaires ». 

Organisée par le Ministère des affaires économiques des Pays Bas, en collaboration avec le Gouvernement du Viet Nam, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Programme des Nations Unies pour l’environnement, Plus de nourriture à gaspiller a lancé le défi à plus de 325 participants d’environ 60 pays, de trouver des solutions, innover et entamer des partenariats durables pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires.

L’ensemble des participants du secteur privé, des gouvernements, des institutions de recherche et des organisations de développement locales et internationales, ont été organisés en groupes de travail ; chaque groupe ayant la tâche de faire l’inventaire et dresser un rapport contenant des solutions pour les zones les plus concernées par les pertes et le gaspillage alimentaires. Outre les réunions plénières où ces solutions ont été présentées, il y a eu des séances sur les bonnes pratiques, la gouvernance et les partenariats, les financements et les investissements nécessaires pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires, ainsi que sur le manque d’informations et la collecte de données.

L’évènement a été présidé par le Ministre de l’Agriculture des Pays Bas, Sharon Dijksma, qui a demandé aux gouvernements de s’engager dans des actions au niveau de chaque pays pour « intégrer des objectifs, des stratégies et des programmes clairs et opportuns » dans les efforts déployés pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires. De plus, Dijksma a souligné l’importance d’augmenter les efforts pour mesurer les pertes et le gaspillage alimentaires et de suivre l’avancement des progrès vers les objectifs de réduction. « Il faut mettre en place des initiatives telles que le développement d’un protocole mondiale pour mesurer de façon uniforme les pertes et le gaspillage tout au long de la chaîne alimentaire ainsi que des instruments pour les réduire d’ici le Consumer Goods Forum » a dit Dijksma.  En reconnaissant le lien entre le gaspillage alimentaire et les changements climatiques, Dijksma a invité les pays à veiller à ce que ces stratégies aillent de pair avec des bonnes pratiques agricoles.

En outre, Dijksma a remarqué que le fait de partager les expériences de chaque pays pour la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, notamment les « incitations politiques, les innovations des marchés, l’éducation des consommateurs et la  récupération et redistribution de la nourriture autrement perdue ou gaspillée, les mesures incitatives pour les entreprises, les investissements du secteur privé » ont été des éléments clés pour réduire les pertes et le gaspillage au niveau mondial.

Ren WangSous-Directeurgénéral pour la protection de l’agriculture et des consommateurs à la FAO, a souligné que les pertes et le gaspillage alimentaires ne sont pas dus au hasard, mais ils représentent plutôt une conséquence de la nature même des systèmes alimentaires. Il a souligné que tous les efforts pour réduire les pertes et le gaspillage doivent s’appuyer sur une approche systématique. L’ampleur même du phénomène invite à penser que les pertes et le gaspillage alimentaires ne sont pas le fruit du hasard, mais ils constituent plutôt une partie intégrante des systèmes alimentaires, en tant que conséquence du fonctionnement même de ces systèmes au niveau économique, culturel et technique » a dit Wang.

Wang a également invité les participants à partager davantage les connaissances afin de modeler ainsi de nouvelles idées et mener à plus grande échelle les pratiques utiles et évolutives. Wang a présenté aux participants le travail accompli par la Communauté de praticiens (CdP) sur les pertes alimentaires, récemment créée: il s’agit d’une nouvelle plateforme où la FAO et ses partenaires engagés dans la lutte pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires peuvent partager des approches, des solutions, leur expertise et d’autres questions concernant les pertes alimentaires. La CdP a été créée en Octobre 2014.

En outre, Wang a informé les membres du public à propos d’un des résultats majeurs de la rencontre du G20 de Mai 2015 : la création d’une nouvelle plateforme sur la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires. « ... La FAO ainsi que l’IFPRI et d’autres organisations internationales compétentes ont été invitées à établir une plateforme, sur la base des systèmes déjà existants, visant à partager les informations et les expériences dans l’évaluation et réduction des pertes et du gaspillage alimentaires. » a dit.

Une sélection des résultats de la Conférence

Lors de la séance du travail de groupe sur les méthodes de mesure des pertes alimentaires, les participants ont encouragé les responsables politiques à créer des initiatives visant à soutenir les petits exploitants pour qu’ils adoptent des nouvelles technologies susceptibles de mesurer les pertes d’aliments, à travers des initiatives locales et autochtones  ainsi que par le biais de projets multinationaux.  L’emploi de simples technologies, telles que les centrales Wifi à énergie solaire pour avoir accès aux données, des téléphones portables avec des stations de recharge à énergie solaire, ainsi que des technologies plus complexes telles que le portail GS1 ITC, mené par le Pacte mondial des Nations Unies, a été encouragé. Le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont été suggérés comme étant les meilleurs acteurs en mesure de collecter les données régionales : une activité qui, d’après les participants, aiderait considérablement à renforcer l’intégration régionale.

Les participants, notamment les ONG enracinées sur le terrain telles que Feedback (autrefois connue comme « Feeding the 5000 »), ont souligné qu’il faut évaluer le rôle des pratiques commerciales déloyales en tant que source de gaspillage alimentaire. Certains participants ont déclaré que dans certaines parties du monde, il peut souvent arriver que lorsqu’une entreprise souhaite annuler une commande, elle ne soit rejetée que pour des critères esthétiques. Cela a caractérisé surtout les périodes de production excédentaire ou bien les surabondances du marché. Les participants ont invité à évaluer les implications en termes de droits de l’homme de ces pratiques commerciales déloyales, notamment à l’égard des petits agriculteurs et en plus, ils ont invité à développer des stratégies visant à protéger les groupes les plus vulnérables.

Pendant la table ronde de haut niveau à laquelle ont participé les ministres de l’agriculture ainsi que les leaders des ONG et d’autres groupes de défense, les représentants ont suggéré de créer une semaine consacrée aux actions pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires parmi d’autres évènements d’impact social. Le but de cette initiative serait d’impliquer la société dans son ensemble, avec le soutien des medias en tant que partenaires principaux.

En outre, les participants ont demandé d’allouer plus de fonds tels que par exemple des prêts à petite échelle et des financements d’amorçage pour favoriser les innovateurs de la base au sommet, afin qu’ils puissent développer des nouvelles idées et initiatives.

Sur la base du succès étonnant obtenu dans la réduction de la mortalité maternelle (MDG 5) grâce à davantage d’actions publiques et plus de soutien de la part des leaders au niveau national et mondial dans les années ‘90, l’Institut des ressources mondiales a prôné le lancement d’une campagne ‘Défenseurs du 12.3’ pour lutter contre les pertes et le gaspillage alimentaires. 12.3 se réfère à l’Objectif du développement durable  12.3- Consommation et production durables. L’idée de Défenseurs du 12.3 a pris de l’importance pendant la Conférence, surtout avec le soutien d’organisations telles que Nestlé, le PNUE et la FAO qui se sont montrées très intéressées à développer davantage cette idée.