Somone-Thiès – Sur la lagune de la Somone, Ousmane Fall, 42 ans et mareyeur de profession, s'affaire avec son équipe à nettoyer des pochons abritant les naissains d'huîtres destinés à l'élevage. Bien que n'étant pas initialement intéressé par l'ostréiculture, Ousmane se consacre maintenant pleinement à cette activité.  

Convaincu par son meilleur ami et actuel collaborateur Khadim Tine, Gestionnaire de leur ferme ostréicole « La cabane penchée », ils se lancent dans l’aventure en 2018.  Leur première tentative d'élevage d'huîtres cependant, s'est soldée par une perte financière considérable. Ils ne récolteront qu’une tonne la première année et ont depuis appris de leurs expériences.  

« Aujourd'hui, nous pouvons produire jusqu'à six tonnes par an », renchérît Fall qui, désormais, vit entièrement de cette activité et subvient aux besoins de sa famille.  

Son enthousiasme pour l’ostréiculture, il le partage avec Seynabou Diatta, ostréicultrice du village de Némaba situé à Toubacouta, dans le delta du Saloum. Il y a 15 ans, élever des huitres relevait de l’utopie pour sa communauté.  

« Aujourd’hui, cela a changé nos vies à nous les femmes », explique-t-elle fièrement, le regard plongé sur la lagune.  

Seynabou est venue pour visiter la ferme d’Ousmane en même temps qu’une délégation du Parlement européen, qui s’est rendue au Sénégal pour découvrir des programmes de développement financés par l’Union européenne (UE). 

Seynabou et Ousmane font partie des bénéficiaires et collaborateurs de FISH4ACP que la délégation a désiré rencontrer.  

FISH4ACP une initiative de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) mis en œuvre par la FAO et financée par l’UE et le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), qui vise à garantir la durabilité des chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique.  

Au Sénégal, FISH4ACP s'efforce de rendre la chaîne de valeur ostréicole plus productive et durable afin de la transformer en un catalyseur du développement économique et social, basé sur une exploitation durable et équitable des huîtres qui contribue à l'autonomisation des femmes. 

« On voit la valeur ajoutée, on voit qu’il y a une multitude d’acteurs qui converge chacun avec ses moyens, et pour nous c’est important, » explique Catherine Chabaud, députée européenne, qui préside la délégation du Parlement.  

Elle a souligné également l'importance de préserver l'écosystème de la mangrove, qui joue un rôle essentiel dans la séquestration du carbone et la production d'oxygène et met en garde contre les conséquences de la pollution qui pourrait affecter la production d'huîtres.  

Parmi les principales difficultés évoquées par les agents techniques figurent le manque de connaissance de l'environnement, les problématiques de qualité nécessitant des suivis et des contrôles et la cartographie des sites au niveau national. 

« Nous travaillons pour améliorer la production locale, à fournir de meilleurs emplois et à alléger la charge sur l'environnement, » précise Amy Collé Gaye, Administratrice nationale de FISH4ACP Sénégal, qui n’a pas manqué de souligner l’importance d’améliorer la qualité sanitaire du produit.  

Les femmes ostréicultrices de la Somone ont également partagé leur expérience avec la délégation. Constituant une partie importante de la filière ostréicole, elles souhaitent en outre bénéficier d'un soutien accru, surtout matériel, pour aller encore plus loin dans leur activité et accroitre leur production.  

L'approche filière adoptée par le programme FISH4ACP offre un coup de pouce à la filière ostréicole sénégalaise. Les femmes et les hommes qui y travaillent sont désireux de développer leur activité, de préserver l'environnement et de créer de nouvelles opportunités économiques.  

Avec le soutien de l'Union européenne et des partenaires locaux, l'ostréiculture au Sénégal se présente comme un secteur prometteur, porteur d'espoir pour les communautés côtières et les femmes qui y jouent un rôle essentiel.