FAO au Sénégal

La cogestion appuyée par la recherche scientifique pour des pêches artisanales durables : un exemple vertueux du Sénégal

12/07/2023

Les communautés de la pêche artisanale et les autorités décident conjointement de prolonger les périodes de repos biologique pour trois espèces essentielles aux moyens de subsistance dans la région de Fatick

Dakar/Fatick/Rome, 5 juillet - Les communautés de la pêche artisanale et les autorités régionales ont décidé conjointement d'établir et d'étendre les périodes de repos biologique pour trois espèces essentielles aux moyens de subsistance des communautés côtières de la région de Fatick : les arches, les huîtres et les crevettes.

Le repos biologique des crevettes a été prolongé d'un mois - du 1er juillet au 31 août - tandis qu'une période de repos biologique est introduite pour la première fois cette année pour les arches et les huîtres, du 1er juin au 30 novembre.

Ces mesures ont été entérinées par consensus le 30 mai lors d'une réunion du Comité de développement régional (CRD) présidé par le Gouverneur de la région de Fatick, Mme Seynabou Guèye, et officialisées par arrêté ministériel le 26 juin.

Un processus participatif et inclusif

L'Initiative Pêches Côtières en Afrique de l'Ouest (IPC-AO) a appuyé le Ministère des Pêches du Sénégal dans la détermination des périodes appropriées pour observer le repos biologique de ces trois espèces.

Elles ont été choisies sur la base des résultats d'une recherche participative menée par l’IPC-AO en partenariat avec le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) et l'Institut Universitaire des Pêches et de l'Aquaculture (IUPA).

Le CRODT a mené une recherche participative sur la crevette pour déterminer les moments optimaux de croissance des juvéniles ainsi que la sélectivité des filets de pêche.

Après neuf mois d'échantillonnage et de collecte de données, un rapport technique a été produit et partagé avec les pêcheurs et les travailleuses de la pêche en janvier. Une seconde réunion s'est tenue en mars, à laquelle étaient représentés les 11 Conseils Locaux de la Pêche Artisanale (CLPA) des régions de Fatick et de Kaolack. Au cours de ces réunions, un large consensus s'est dégagé pour prolonger d'un mois la période de repos biologique des crevettes.

Par ailleurs, l'IUPA a mené des recherches participatives sur l'écobiologie des arches et des huîtres dans les Îles du Saloum. Les résultats ont été partagés avec les CLPA, les communautés locales et les autorités lors de deux ateliers en mars, au cours desquels toutes les parties prenantes ont convenu d'établir des périodes de fermeture pour ces deux espèces de juin à novembre.

Cela a été suivi en mai par une série de réunions de sensibilisation dans les communautés côtières de Bassoul, Bettenty, Djirnda, Foundiougne et Ndangane Sambou.

L'idée était d'atteindre le plus grand nombre de personnes possible pour les informer sur les nouvelles périodes de repos biologique et pourquoi elles sont importantes. Les réunions se sont tenues sous la conduite de M Ibrahima LO, Chef du Service régional des pêches et de la surveillance de Fatick.

Un acte de responsabilité

La mise en place et la prolongation des périodes de repos biologique ont été saluées comme un acte responsable qui contribuera à préserver et à régénérer les pêcheries de la région et à assurer leur durabilité.

« C’est une décision que nous saluons. Si, aujourd’hui, le projet IPC-AO est prêt à nous appuyer pour faire revivre la ressource, nous ne pouvons que nous en réjouir », selon Mr Souleymane Thiaw, Coordonnateur de la CLPA de Palmarin-Djiffère.

« Nous devons remercier le projet IPC-AO pour son accompagnement. Ces mesures ont été discutées durant plusieurs mois et adoptées par consensus », ajoute Mme Ndèye Isseu Ndiaye, transformatrice à Foundiougne.

« Ce n’est pas facile de rester aussi longtemps sans travailler. Comme on dit, on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs. Mais, nous en verrons l’utilité quand la ressource sera à nouveau disponible, et en quantité » explique-t-elle.

Le CFI-AO compte mettre en place des mesures pour accompagner les pêcheurs, mareyeuses et transformatrices de produits de la mer durant ces périodes de repos biologique.

« Ces dispositions concernent la surveillance participative pour l’effectivité des périodes de repos biologique, et l’appui à un meilleur accès aux financements pour les CLPA, entre autres », explique Mr Amadou Oumar Touré, Administrateur national de l’IPC-AO au Sénégal.

À propos de l’IPC

L’IPC est un effort mondial collaboratif financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Elle rassemble des communautés de pêcheurs, des organisations internationales de conservation, des gouvernements, des agences des Nations Unies et la Banque mondiale dans le but de parvenir à des pêches côtières durables et de conserver la biodiversité marine dans six pays : Cabo Verde, Côte d'Ivoire, Équateur, Indonésie, Pérou et Sénégal.

En Afrique de l’Ouest, l’IPC est mise en œuvre par la FAO en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et la Convention d’Abidjan.