FAO au Sénégal

Capitaliser pour pérenniser les initiatives d’insertion professionnelle des jeunes au Sénégal

01/01/2015

Les 15 et 22 décembre 2014, le Représentant de la FAO a effectué deux visites de terrain sur des exploitations agricoles, respectivement à Fimela, département de Fatick, et à Silane, département de Bambey, en compagnies des responsables de projet et des partenaires. Son objectif était, entre autres, de faire le point avec les partenaires, sur le soutien apporté par la FAO à ces deux exploitations, en lien avec la thématique de l’insertion économique des jeunes. La FAO met l’accent sur cette problématique, dans le cadre de plusieurs de ses projets et finance à ce titre des activités de promotion de l’accès à l’emploi des jeunes, ainsi que des activités de formation.

Au Sénégal, environ 60% de la population a moins de 25 ans. La tranche de la population officiellement considérée comme jeune (18 à 35 ans) représente plus de 50,1% de la population active du pays. Le pays connait en outre une croissance rapide de sa population et est entré dans une phase de transition démographique lente qui va augmenter la pression à laquelle le pays est confronté en termes de création d’emploi, avec un taux de concentration urbaine de 42%. Les jeunes demandeurs d’emploi atteindront 11 millions en 2025. Alors que le marché du travail se caractérise par sa faible capacité d’absorption et un taux de chômage élevé, la problématique de l’emploi des jeunes en général, et des jeunes défavorisés en particulier, est devenue une préoccupation majeure pour les autorités sénégalaises. Celles- ci ont décidé de faire de l’agriculture une filière d’insertion économique des jeunes demandeurs d’emploi. En effet, la population sénégalaise est à majorité rurale et le niveau de pauvreté dans les zones rurales reste élevé. L’insertion des jeunes dans le secteur agricole serait un levier de développement économique d’autant plus fort, que le secteur agricole doit aussi répondre à des objectifs en termes de sécurité et d’autosuffisance alimentaires. La FAO a donc entrepris d’accompagner les autorités sénégalaises dans leur volonté d’insérer les jeunes dans l’économie rurale et agricole. Le projet TCP/SEN/3403 « Amélioration des moyens d’existence et des revenus des jeunes défavorisés à travers le développement de micro entreprises » entend ainsi appuyer la politique générale du gouvernement visant une meilleure sécurité alimentaire de la population sénégalaise en général et une stratégie d’insertion et de création d’emplois pour les jeunes en particulier. La démarche consiste à accompagner des jeunes déjà opérationnels dans le domaine agricole, de manière individuelle, communautaire ou dans le cadre d’une exploitation familiale, pour en faire des jeunes micro-entrepreneurs agricoles. C’est dans ce cadre qu’il est prévu de réhabiliter la ferme de Silane, pour en faire une ferme école, qui pourrait accueillir en formation près d’une cinquantaine de jeunes défavorisés de la région, par an.

Le projet TCP/SEN/3502 « Promotion d’une Agriculture Saine et Durable au niveau de quatre grandes zones agro- écologiques du Sénégal : Niayes, Vallée du Fleuve Sénégal, Zone cotonnière et Bassin arachidier » a en partie financé la troisième promotion des jeunes agriculteurs de Tassette, département de Thiès, formée par la ferme agro- écologique de Kaidara, implantée dans le village de Samba Dia, dans la commune de Fimela.

Dans le cadre de ses Fenêtres sur l’agriculture, la FAO a également posé à deux reprises la question de l’emploi des jeunes et de leur intégration économique : en janvier 2014, au cours d’une session spéciale sur le sujet, mais aussi en novembre lors de la dernière fenêtre qui portait sur l’agriculture familiale (cf. p.9). Entre autres choses, ces deux espaces d’échange recommandaient d’encourager l’accès à la formation, au foncier et aux financements, mais aussi de capitaliser sur les expériences existantes et bonnes pratiques. Les discussions et témoignages recueillis lors des récentes visites à Fimela et Silane ont mis en évidence la pertinence de ces recommandations. « Pour nous, l’un des critères d’inscription est que les parents apportent au moins un hectare à leur enfant qui se présente pour la formation. Nous ne voulons pas former des jeunes et les laisser dans l’incapacité de travailler la terre au bout du parcours. Lorsque ce n’est pas possible, nous les accompagnons soit par nos propres moyens ou en allant à la rencontre des conseils ruraux, pour leur demander un appui », avoue  Gora Ndiaye, Président de l’association Jardins d’Afrique, à l’origine de l’initiative de la ferme de Kaidara. Se réjouissant de cette expérience positive, Vincent Martin a réaffirmé, à Fimela, comme à Silane, la volonté de la FAO d’accompagner les partenaires dans ces expériences. Il a également rappelé l’importance de capitaliser et de partager les expériences, en invitant les acteurs de Silane à effectuer un voyage d’études à Fimela, pour leur permettre de bénéficier de l’expérience de la ferme Kaidara.