FAO au Sénégal

Contrôle de l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène H5N1 : le Mali et le Sénégal ont testé leurs capacités d’investigation et de riposte à travers un exercice conjoint de simulation

(c) FAO/Yacine Cissé
14/05/2018

Renforcer le dispositif de prévention pour faire face à l’émergence d’éventuels foyers de la maladie dans l’espace frontalier

L’Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) H5N1 ou grippe aviaire cause un lourd préjudice à la filière avicole en Afrique de l’Ouest, avec des impacts négatifs sur l’économie, la sécurité alimentaire et les politiques de lutte contre la pauvreté. Du fait du caractère zoonotique de l’agent pathogène, cette maladie fait courir des risques énormes sur la santé publique dans les pays de la Région. 

Après une première vague de foyers d’IAHP dus au virus H5N1 qui ont touché, entre 2006 et 2010, sept pays d'Afrique de l'Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Niger, Nigeria et Togo), de nouveaux foyers dus aux souches H5N1 et/ou H5N8 du virus ont été signalés dans les mêmes pays (excepté le Bénin), à partir de décembre 2015. 

Jusqu’ici, le Mali et le Sénégal n’ont enregistré aucun cas d’infection due au virus de l’IAHP mais la menace est présente du fait des pays voisins touchés. Pour se préparer à l’émergence d’éventuels foyers d’IAHP, les deux pays ont développé des plans de contingence et mis en place des comités nationaux pluridisciplinaires chargés de les appliquer. Des programmes de surveillance ont été élaborés, des exercices de simulation en salle effectués et des mesures de restriction aux importations de produits avicoles en provenance de pays infectés prises. 

Pour tester et améliorer leurs capacités d’investigation et de riposte aux foyers d’IAHP, le Mali et le Sénégal ont joint leurs efforts, du 7 au 11 mai 2018, à travers un exercice conjoint de simulation sur le terrain pour le contrôle de foyers d’IAHP au niveau de l’avifaune, de l’élevage de basse-cour, de la ferme avicole et du marché de volailles dans les communes frontalières de Kidira (Sénégal) et de Diboli (Mali). 

Le ministre sénégalais de l’Élevage et des Productions animales, Aminata Mbengue Ndiaye, a relevé, lors de la cérémonie de lancement de cet exercice, la «menace réelle» que constituent «les maladies émergentes notamment la grippe aviaire hautement pathogène tant pour la santé animale que pour la santé humaine dans la sous-région en raison de leur caractère endémique et transfrontalier». 

Selon le ministre, le développement de l’élevage exige «la surveillance épidémiologique intégrée, la prévention et le contrôle harmonisé et coordonné des maladies à fort impact sanitaire et économique, à l’interface homme-animal-environnement aux niveaux national et régional». 

Le conseiller technique, Mahamadou Sylla, représentant du ministre malien de l’Élevage et de la Pêche, a, de son côté, espéré que «cet exercice de simulation va permettre de renforcer les capacités des services vétérinaires dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire». 

Pour une riposte rapide et efficace dans une approche «Une Seule Santé» 

Des équipes multidisciplinaires du Mali et du Sénégal, composés de représentants des services vétérinaires, des services de la santé et de l’environnement (Eaux et Forêts), des forces de défense et de sécurité (police, gendarmerie, douane et sapeurs-pompiers), des autorités administratives et communales de Kidira et de Diboli, ont été sensibilisés sur la préparation et la conduite d’une riposte appropriée contre les foyers d’IAHP (H5N1) en cas de crise.  

La phase pratique de l’exercice a été déroulée sur deux jours sur les sites de démonstration répartis de part et d’autre des deux communes à la frontière des deux pays. Le scénario de base s’est appuyé sur : (i) l’investigation de mortalités de canards sur les berges du cours d’eau de la Falémé à Kidira ;  (ii) le contrôle de foyers d’IAHP dans un élevage de basse-cour à Kidira puis dans une exploitation avicole et au marché de volailles à Diboli ; (iii) la conduite d’enquêtes médicales des personnes exposées ; (iv) le contrôle des mouvements transfrontaliers de produits avicoles ; (v) la sensibilisation des populations de ces deux localités 

Conduit par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à travers les équipes du Centre d’urgence pour la lutte contre les maladies animales transfrontière (ECTAD) du Mali et du Sénégal, et le Service d'inspection sanitaires des animaux et des plantes du Département de l'Agriculture des Etats-Unis (USDA-APHIS), cet exercice servait aussi de test des capacités des deux pays à mettre en commun leurs compétences multidisciplinaires dans l’espace frontalier. 

Pour le Représentant par intérim de la FAO au Sénégal, Reda Lebtahi, «cette simulation traduit la ferme volonté des autorités des deux pays à renforcer leur collaboration par la mise en synergie de leurs ressources humaines et matérielles pour faire face aux menaces que représentent l’IAHP et les autres maladies émergentes». 

Assurant la coordination technique de l’exercice, l’expert en élevage à USDA-APHIS, Cheikh Sadibou Fall, a recommandé, lors de la séance de débriefing, «la formation continue des acteurs sur les concepts et les procédures d’application des mesures de biosécurité». Il a aussi plaidé pour «la révision des législations des services sanitaires, vétérinaires et de l’environnement en intégrant la dimension «Une Seule Santé» pour la prise en charge des maladies animales transmissibles à l’homme» appelées zoonoses. 

L’exercice de simulation a été conduit grâce à l’appui du projet «Soutien au Programme de sécurité Sanitaire Mondiale (GHSA) dans la lutte contre les zoonoses et le renforcement de la santé animale en Afrique» financé par l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) et mis en œuvre par FAO-ECTAD.