FAO au Sénégal

Egaux devant les abeilles

D'année en année, Mamandiang partait seul le matin pour aller récolter le miel puis revenait le revendait sur le marché locale. Lire plus

Améliorer les moyens de subsistance

"Au Sénégal, la transformation du poisson est généralement effectuée par les femmes, avec des techniques simples et rudimentaires qui ne nous permettent pas de fonctionner correctement", explique Yandé, transformatrice. De plus, les conditions souvent vétustes affectent la qualité du poisson et des fruits de mer vendus par les femmes. « Nous n'avons pas d'entrepôts ou autres installations modernes et nous sommes confrontées à des difficultés de transport pour amener nos produits sur le marché », ajoute Yandé. "La commercialisation est aussi un sujet de préoccupation parce que les ventes ont tendance à être réalisées individuellement, et les prix sont encore bas, malgré les efforts déployés pour améliorer la qualité. Donc, les femmes sont désavantagées ».

En travaillant avec les femmes, le projet a développé des pratiques de travail normalisées, comprenant des lignes de production pour renforcer les capacités des femmes et standardiser le processus de transformation, pour améliorer la qualité des produits. Des normes d'hygiène conformes aux recommandations du gouvernement ont été instaurées, avec par exemple la séparation des produits sains et des produits souillés dans la construction de sites de transformation. Ce système est communément appelé « marche en avant".

"Nos clients préfèrent des produits sains, savoureux et nutritifs », explique Yandé. « Les poissons de qualité ont également une durée de conservation plus longue. Grâce au projet, nous avons considérablement augmenté notre revenu, ce qui nous permet de soutenir les charges de famille comme l'éducation et la santé", ajoute-t-elle.

Pour augmenter encore la valeur des produits de la pêche et améliorer le respect des règles d'hygiène, une formation a également été donnée sur les techniques de transformation et les équipements nécessaires à la transformation. Les séchoirs et les fours ont notamment été améliorés. "Avant, les femmes n'étaient pas au courant des dosages corrects des solutions de réparation, ou de la durée de la fermentation », explique Ndiol Babacar, expert du volet pêche du projet PISA. « Elles n'avaient pas de claies de séchage et utilisaient beaucoup de bois pour la cuisson". Suite à une enquête sur les fours disponibles dans le commerce, les fours ont été redessinés pour réduire la consommation de bois de 30 % et tenir compte de la transformation des produits halieutiques. Ceux-ci ont récolté un tel succès que d'autres organismes et partenaires ont commencé à promouvoir ce nouvel équipement.

Bateaux motorisés, équipement d'exploitation (seaux, couteaux de détroquage), équipements de traitement, bottes et gilets de sauvetage ont également été fournis à l'Union locale des femmes de Soucouta, afin de leur permettre d'augmenter leurs prises et d'assurer leur sécurité. Pour développer une meilleure appropriation du matériel, les femmes sont tenues de cotiser à hauteur de 30 % du matériel mis à leur disposition, contribution qui est ensuite retenue comme un fonds renouvelable géré par l'Union. En deux ans, 20 % de ce montant ont déjà été recouvrés par les membres comme fonds de roulement pour l'achat et l'entretien du matériel, et comme investissement dans le développement de leur entreprise.

Soutenir la réussite

"Les femmes ont pris conscience que l'unité faisait la force, et qu'ensemble elles étaient en mesure de mieux gérer leur production et commercialisation", explique Yandé. « Ces femmes sont maintenant ciblées par les autres organisations de développement, parce qu'elles sont réceptives et bien organisées ». Yandé ajoute également que pour continuer à bâtir sur leur réussite, les femmes ont besoin d'avoir accès aux transports, aux routes, à l'eau, et d’avoir un accès équitable aux marchés nationaux et internationaux. Elle espère aussi que l'Etat veillera à l'application des lois et règlements pour protéger les ressources naturelles et l'environnement.

Malgré les défis, Ibrahima Faye, Coordonnateur national, estime que le projet aura un impact durable : "La sécurité alimentaire à Soucouta sera améliorée grâce à l'augmentation du nombre de femmes qui cueillent et transforment le poisson, l'amélioration de la qualité des produits, le renforcement de la sécurité en mer, et l’augmentation des revenus".