La protection sociale complète toutes les mesures qui viennent d’être mentionnées en
adoucissant les transitions. Les programmes de protection sociale aident les pauvres à
accéder à des emplois hautement productifs en facilitant leur accès aux ressources
financières et en permettant aux gens qui ont de faibles revenus de prendre des risques –
par exemple en adoptant de nouvelles méthodes de production ou en montant une petite
entreprise. Des contraintes, comme le manque de liquidités, de crédit ou d’assurance,
peuvent entraver les efforts qu’ils font pour accroître leur productivité dans l’agriculture
et dans d’autres secteurs. La protection sociale peut atténuer les inégalités de revenus et
promouvoir une croissance plus équitable et plus durable.
Plutôt que de se concentrer sur les limitations des services informels, les responsables
politiques devraient également reconnaître le potentiel de ce secteur informel actif et
faciliter l’inclusion de ces services sous des contrats officiels.
Pour que la croissance des activités rurales non agricoles soit une opportunité pour les
ménages ruraux pauvres, ils doivent avoir, ou pouvoir acquérir, les compétences nécessaires
pour en tirer profit.
Connexions renforcées
Les transformations rurales nécessiteront des politiques favorables et inclusives ainsi que
la mise en place d’une agro-industrie active et des infrastructures nécessaires pour
connecter les zones rurales aux marchés urbains. Dans les années à venir, il est probable
que de nombreux petits exploitants agricoles quitteront l’agriculture et que la plupart
d’entre eux ne trouveront pas d’emplois décents dans des économies rurales généralement peu
productives. Un secteur agro-industriel dynamique et la croissance des services dans les
zones rurales créeront des emplois dans les économies locales en particulier pour les femmes
et les jeunes, ce qui améliorera les revenus et consolidera l’ensemble des progrès réalisés
dans les domaines de la nutrition, de la santé et de la sécurité alimentaire.
L’agro-industrie est d’ores et déjà un secteur important dans de nombreuses économies basées
sur l’agriculture. En Afrique subsaharienne, la transformation agro-alimentaire représente
entre 30 et 50 pour cent de la valeur ajoutée totale du secteur manufacturier dans la
plupart des pays, voire plus de 80 pour cent dans certains pays. Toutefois la croissance des
agro-industries est souvent entravée par le manque d’infrastructures essentielles – routes
rurales, réseaux d’électricité, entrepôts et véhicules de transport frigorifique. Dans
beaucoup de pays à faible revenu, ces contraintes sont exacerbées par le manque
d’investissement du secteur public et du secteur privé.
Le manque d’infrastructures est un obstacle majeur qui empêche les agriculteurs de tirer
parti de la demande urbaine de fruits et de légumes frais, de viande et de laitages. Ces
produits à haute valeur nutritionnelle nécessitent des installations d’entreposage, des
systèmes de transport frigorifique et d’autres infrastructures dont beaucoup de pays en
développement sont dépourvus. Non seulement, l’amélioration des infrastructures
contribuerait au développement rural, mais elle réduirait la dépendance des centres urbains
à l’égard des importations et améliorerait l’accès de l’ensemble de la population à des
aliments nutritifs.
Un développement rural différent
Enfin, la réussite des transformations repose sur une planification du développement rural
qui soit centrée sur l’intégration des territoires et qui renforce les connexions physiques,
économiques, sociales et politiques entre les petits centres urbains et les zones rurales
environnantes.
La création de couloirs agricoles dans lesquels les zones de production et de petits pôles
urbains sont reliés par des axes de transport tel qu’autoroutes, voies de chemin de fer,
ports ou canaux, et des pôles agricoles regroupant en réseau des producteurs, des
transformateurs et des institutions alimentaires, sont quelques exemples d’outils
agro-territoriaux qui pourraient favoriser la réussite des transformations rurales.