Centre d'investissement de la FAO

Moins d'eau appliquée au bon moment peut faire beaucoup de bien aux olives tunisiennes

15/08/2018

Sans frais supplémentaires, les oléiculteurs tunisiens peuvent augmenter les rendements et la qualité de leur huile. « Par quel miracle ? », vous demanderez-vous. La réponse est : en faisant un meilleur usage de l'eau. 

L'année dernière, lors d'une conférence organisée par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les producteurs locaux ont appris comment en Italie le rendement des olives pouvait augmenter jusqu’à 15% grâce à des techniques d’irrigation.

Afin que les producteurs tunisiens puissent réaliser des gains de productivité similaires, une série de sessions de formation sur l’efficacité de l’utilisation de l’eau a été mise en place sous le soleil brûlant de juillet dans les régions de Sfax et de Kairouan.

Dans un pays comme la Tunisie où un nombre important de personnes dépendent de la culture des oliviers et de la production d’huile d’olive pour leur subsistance, et qui est en outre menacé par la pénurie d'eau, il est essentiel que le secteur devienne plus efficace dans la gestion de cette ressource.

L'eau souterraine

Les sessions de formation ont souligné les avantages de l'irrigation déficitaire - une technique dans laquelle l'irrigation est appliquée à certaines étapes du développement d'une culture pour augmenter les rendements. Si, par exemple, l’irrigation n'est appliquée aux arbres que pendant les phases phénologiques les plus sensibles, on peut observer un accroissement significatif du poids des olives et donc de la quantité d'huile produite.

Plus de soixante producteurs d’olives tunisiens ont pu à cette occasion bénéficier de conseils pratiques adaptés à leur contexte particulier, dispensés par des professeurs d'université et des experts de l'Institut tunisien de l'Olivier et du Ministère de l'Agriculture.

Les régions de Sfax et de Kairouan ont toutes les deux des systèmes d’irrigation localisés avec des aquifères profonds permettant l’accès à l’eau et, selon Lisa Paglietti, économiste à la FAO, « il est essentiel d’apprendre à utiliser cette eau souterraine non-renouvelable de façon modérée et durable, tout en maximisant les rendements et la qualité et minimisant les coûts de production. »

Les participants ont également appris qu’au contraire, une irrigation continue n'entraînait qu'une faible augmentation des rendements et pouvait avoir un effet négatif sur la qualité de l'huile. « Cela peut sembler paradoxal, mais ne pas avoir une disponibilité continue en eau crée des conditions favorables pour des huiles de qualité », a résumé Lisa Paglietti.

Tahar Fourati, un agriculteur de Sfax, est impatient de voir des résultats : « Les oliviers tolèrent le stress hydrique et peuvent survivre dans des conditions extrêmes, mais malgré tout, nos vergers produisent généralement de petites quantités d’olives. Nous espérons qu'en utilisant ces nouvelles techniques, nous verrons une augmentation de la quantité et de la qualité de nos huiles. » 

Démonstration des meilleures pratique 

Un projet pilote mené par la FAO, la BERD et l’Institut de l’Olivier dans deux moulins oléicoles a en outre permis de tester l’impact sur la qualité de l’huile d’autres paramètres, notamment la date de récolte et les techniques de transport et de stockage. Les résultats ont été remarquables, avec une augmentation importante de la qualité des huiles, et ont permis de démontrer l'efficacité de la formation.

Ces meilleures pratiques ont ensuite donné lieu à la production d’une série d'affiches (sur la production, la transformation, le transport et le stockage) en français et en arabe, qui ont été distribuées aux producteurs tunisiens par les associations de producteurs et le gouvernement.

Une stratégie plus large

La BERD et la FAO ont également soutenu le secteur par le biais du groupe de travail en matière de dialogue politique sur l'huile d'olive, qui vise à partager les meilleures pratiques et à renforcer les capacités de ses membres. Le groupe de travail a récemment soumis un plan stratégique et opérationnel au gouvernement tunisien, détaillant ses suggestions pour renforcer les marchés existants et en développer de nouveaux.

Selon Natalya Zhukova, directrice du département Agribusiness à la BERD, « Avec le développement de produits de haute qualité et haute valeur ajoutée, tels que l’huile d’olive extra vierge biologique, l’huile tunisienne deviendra plus compétitive sur le marché national et à l’étranger. Ceci aidera sans aucun doute les producteurs et les transformateurs à obtenir des prix plus élevés. Nous sommes déterminés à poursuivre le travail accompli jusqu'à présent pour assurer la viabilité à long terme du secteur. »

Parallèlement à ses appuis en matière d'assistance technique, la BERD a investi environ 45 millions d'euros dans le secteur de l'huile d'olive dans les pays du sud et de l'est de la Méditerranée au cours des six dernières années.

 

Photo: ©FAO/Alessia Pierdomenico / FAO