Centre d'investissement de la FAO

Différents modèles de formation montrent une amélioration de la productivité et de la rentabilité des agriculteurs

23/05/2022

Les agriculteurs d’aujourd'hui sont confrontés à de changements profonds – le changement climatique, des pénuries de main-d'œuvre et des pandémies mondiales telles que COVID-19, une augmentation explosive des technologies numériques, des régimes alimentaires changeants et des normes mondiales et nationales rigoureuses de sécurité alimentaire.

Les producteurs agricoles doivent avoir la capacité d'analyser, d'innover et de réagir, de suivre cet environnement en évolution rapide et d'optimiser leurs efforts dans la gestion de leurs entreprises agricoles.

À fin de comprendre ce qui est nécessaire à l'échelle mondiale pour investir davantage et mieux dans le capital humain agricole, en 2020 l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) et le Programme de recherche du CGIAR sur les politiques, les institutions et les marchés (PIM) ont mené une étude mondiale composée d'un certain nombre de cas de pays.

En Afrique de l'Ouest et centrale, l'étude sur l'investissement dans le capital humain agricole a été réalisée au Cameroun et en Côte d'Ivoire.

Cameroon’s agropastoral and fisheries sector 

Le Cameroun, surnommé « l'Afrique en miniature » en raison de sa diversité culturelle et agroécologique, est un pays de l’Afrique centrale de 25 millions d'habitants. La population est majoritairement composée de jeunes, dont 42,5% ont de moins de 15 ans.

Le pays dispose d'un énorme potentiel de production agricole en raison de sa diversité agroécologique, qui permet une variété de modèles agricoles (agro-industries, agriculture familiale, urbaine et périurbaine).

Cette étude a porté sur la formation et l'insertion professionnelle des jeunes dans l’agriculture dans le cadre du programme de formation agropastorale au Cameroun (PCP-AFOP). Le programme appuie la préparation des jeunes aux métiers de l'agropastoral et de la pêche et contribue à renforcer leurs compétences entrepreneuriales et sociales.

L'analyse a montré que l'approche de formation a aidé les participants à acquérir la maîtrise des compétences techniques et professionnelles en prise de décision stratégique dans la gestion d'un système de production. La motivation personnelle a joué un rôle clé dans la réussite du programme, comme un processus pédagogique d'apprentissage par la pratique, accompagné par le soutien et l’implication des familles dans la formation, permettant le développement de compétences socioculturelles essentielles à leur intégration dans les communautés.

« La réussite de ce modèle repose sur la promotion de valeurs communes centrées sur la vie des jeunes, le couplage formation-insertion, l'implication des professionnels et des familles dans la formation et sur la construction d'une expertise nationale dans la conception, la mise en œuvre et l'évaluation du dispositif. », ont déclaré les principaux co-auteurs Martial Franck Takamgang et Frédéric Lhoste.

Les filières de coton et cacao au Cameroun et en Côte d'Ivoire

En 2018, les exportations de cacao de la Côte d'Ivoire représentaient 40 % des exportations mondiales. Cette culture de rente est principalement cultivée dans les zones forestières du sud de la Côte d'Ivoire par de petits agriculteurs possédant environ deux à cinq hectares de terres. Cela se traduit par environ un million de producteurs en Côte d'Ivoire et le secteur fait vivre en plus cinq millions de personnes, soit 20 % de la population.

Le secteur du coton en Côte d'Ivoire représente également le 2 % des exportations mondiales. Cultivé dans des régions du nord plus sèches, moins peuplées et moins développées, le coton est une importante source de revenus directs pour environ 180 000 agriculteurs tout en soutenant 2,5 millions de personnes supplémentaires.

Au Cameroun, les exportations de cacao représentent le 3 % des exportations mondiales. Il y a environ 600 000 producteurs de cacao, la plupart avec des exploitations de deux à dix hectares.

Cette étude de cas a exploré trois initiatives dirigées par le secteur privé dans les deux pays et axées sur le renforcement des capacités des organisations paysannes. L'approche s'est concentrée sur les capacités de l'agro-industrie à la fois pour l'organisation et ses membres agriculteurs - des capacités qui peuvent catalyser les liens commerciaux, les investissements de partenariat avec le secteur privé et le développement rural.

Le modèle commercial de ces organisations paysannes consistait à regrouper le cacao ou le coton des petits producteurs et les vendre aux grandes sociétés d'exportation.

"Les parties prenantes ont remarquées à plusieurs reprises qu'après la formation, les organisations paysannes ont tendance à recruter du personnel qualifié (en particulier des comptables), à établir des locaux organisationnels, à améliorer la tenue des registres, à tenir des réunions régulières, à faire preuve d'une plus grande transparence (partage d'informations avec les membres) et à organiser des élections", a déclaré l'auteur de l'étude, Ann Gordon.

 « Tous ces aspects relèvent de la gestion interne et financière. Il a également été signalé que des organisations de petits agriculteurs fusionnaient avec d'autres afin d'être plus viables. Des changements de cette nature (certains informateurs clés ont nommé cela une transformation) donnent aux membres une plus grande confiance dans ces organisations et favorisent une participation et une inclusion plus fortes », a-t-elle ajouté.

L'importance d'investir dans le capital humain agricole

En s'exprimant lors du lancement virtuel du rapport sur l'Afrique de l'Ouest et centrale , John Preissing, directeur adjoint du Centre d'investissement de la FAO, a déclaré que l'agriculture joue un rôle important dans l'alimentation du Cameroun et de la Côte d'Ivoire, ainsi que des autres pays vers lesquels la région exporte, en plus de générer des revenus pour ceux qui travaillent dans la chaîne de valeur agricole.

« Investir dans les agriculteurs – ou le capital humain agricole – est donc fondamental pour relever les défis de nos systèmes agroalimentaires. Il est de plus en plus évident que lorsque vous investissez dans les agriculteurs, leur capacité et leur motivation à produire des aliments de manière rentable et durable augmentent ».

L’étude globale a montré que les investissements dans le développement du capital humain de petits producteurs se traduisaient par de nouvelles capacités techniques et commerciales et dotaient les agriculteurs de diverses compétences utiles. Cela a conduit à une augmentation des revenus, des rendements et à l'inclusion des groupes marginalisés.

Ces conclusions fournissent aux gouvernements, aux institutions financières internationales, au secteur privé et aux autres partenaires les preuves et l'analyse nécessaires pour investir davantage et mieux dans le capital humain agricole.

En plus des deux études de cas du Cameroun et du Cameroun et de la Côte d'Ivoire, les lecteurs peuvent également consulter les cas du Chile, de l'Inde, de l'Indonésie, du Kenya, du Pérou, des États-Unis et du Rwanda ainsi que le rapport global .

Photo credit Photos by FAO/Swiatoslaw Waojtkowiak