De faibles marges pour les planteurs de cacao, mais l’espoir renaît à la suite d’une récente explosion des prix
Le marché européen du cacao et du chocolat, le plus important à l'échelle mondiale, est stable et florissant. La majorité du cacao consommé en Europe provient d'Afrique de l'Ouest mais, durant les dernières décennies, les revenus des planteurs de ces pays ont beaucoup décliné, les conduisant à vivre dans la pauvreté. L'explosion récente des cours du cacao changent la donne et leur donnent à nouveau l'espoir d'une vie meilleure.
Les données compilées par le bureau de recherche français Le Basic (Bureau d’analyse sociétale d’intérêt collectif) sur la répartition de la valeur dans la filière cacao analysée sur les marchés français et allemand étaient au cœur d'une session parallèle tenue à Bruxelles le 21 avril à l'occasion de la Conférence mondiale sur le cacao, avec des intervenants du secteur privé du cacao et du chocolat ainsi que des représentants de l'Organisation de l'alimentation et de l'agriculture de l'ONU (FAO).
« Notre ambition était de faciliter le dialogue entre les acteurs de la filière cacao et les autorités publiques en fournissant des informations factuelles sur la répartition de la valeur et des coûts dans la filière cacao », a dit Christophe Alliot, co-fondateur de Le Basic. « Nous avons voulu comprendre qui génère le plus de valeur au sein de la filière et comment cela impacte les revenus des planteurs. »
Sur la base des premières études réalisées en 2018 et 2020 sur les marchés français et allemand, choisis en raison de leur consommation élevée de chocolat et de produits à base de cacao, les scénarios pour les 1er et 2e trimestres de l'année 2024 montrent une réduction des marges nettes des producteurs de chocolat due à la hausse générale des coûts (du cacao et d’autres ingrédients tels que le sucre, le lait, l’énergie, l'emballage et les salaires).
Les données de 2018 et 2020 montraient que les deux derniers acteurs de la filière, à savoir les distributeurs et les marques de chocolat, recevaient la part la plus élevée de la valeur d'une tablette de chocolat, soit 70%. La part des producteurs étant la plus basse, à 11%.
Ces résultats s'expliquent par le fait que la valeur générée par la filière est principalement liée à des leviers immatériels, comme la segmentation des marchés et la réputation des marques. Cet état de fait est amplifié par la complexité de la filière cacao-chocolat qui se définit par un niveau élevé d'industrialisation et de larges économies d'échelle au niveau de la transformation des fèves.
« Notre objectif à la FAO est de travailler avec nos partenaires pour appuyer nos États-membres à mettre en place des mesures pour une production de cacao plus durable, procurant de meilleurs revenus aux planteurs, dans le respect de l'environnement », a affirmé James Tefft, économiste au Centre d'investissement de la FAO. « La plupart du cacao est produit par des petits producteurs qui ont du mal à gagner décemment leur vie. Après une décennie de baisse des prix, la récente hausse leur donne beaucoup d'espoir d’augmenter leurs revenus ».
Des mesures ont déjà été prises pour remédier à la situation, tel que le Différentiel de revenu décent (DRD), introduit par la Côte d'Ivoire et le Ghana en 2020. Ces deux pays, qui représentent presque deux tiers de la production mondiale de cacao, ont conclu un accord avec les industriels du cacao qui introduit une prime de 400 dollars par tonne sur le prix du marché du cacao brut.
« À travers l'initiative sur le cacao durable, nous travaillons avec nos partenaires et les acteurs de la filière cacao pour qu'elle soit plus durable », a dit Zoé Druilhe, de la Direction INTPA de la Commission européenne. « Notre but est d'encourager des prix plus élevés pour les planteurs afin de remédier à la pauvreté, reconnue comme cause première du travail des enfants et de la déforestation. »
Pour plus d’informations, vous trouverez un résumé exécutif de l'Étude comparative de la répartition de la valeur au sein des filières européennes de cacao-chocolat en activant les liens suivants :
Anglais : https://www.fao.org/documents/card/en/c/cd0411en
Français : https://www.fao.org/documents/card/fr/c/cd0411fr
Une étude similaire a été réalisée pour le marché allemand et sera publiée sous peu.