Centre d'investissement de la FAO

Un meilleur dialogue entre les secteurs public et privé pour renforcer le secteur oléicole tunisien

30/03/2017

 

La Tunisie est le troisième exportateur mondial d’huile d’olive, après l’Espagne et l’Italie. Mais pour rester compétitif sur un marché mondial hautement concurrentiel et surchargé, il faudra améliorer la productivité, l’efficacité et la qualité de l’huile d’olive. Au même temps, la production et la volatilité des prix créent également un environnement stimulant pour les oléiculteurs tunisiens.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) ont organisé un atelier d’une journée à Tunis le 7 mars, avec la collaboration du Ministère de l’agriculture, des ressources hydriques et de la pêche. La conférence a réuni plus de 60 acteurs publics et privés de toute la Tunisie pour discuter de comment faire avancer le secteur.

Au cours de l’atelier, le gouvernement tunisien a articulé son engagement à intégrer le secteur privé, afin de rendre le secteur oléicole plus compétitif, inclusif et durable.

Chokri Bayoudh, directeur général de l’Office Tunisien National de l’huile, a déclaré que « l’huile d’olive est vitale pour l’économie de notre pays, et le secteur privé a un rôle important à jouer, en particulier dans les discussions politiques qui orienteront l’avenir de notre industrie ».

S’attaquer aux obstacles

Afin de faciliter le dialogue public- privé, la FAO et la BERD soutiennent, depuis septembre 2015, un groupe de travail d’oléiculteurs, producteurs d’huile d’olive, exportateurs, fonctionnaires et représentants syndicaux tunisiens.

L’objectif du groupe est de formuler des propositions concrètes pour renforcer l’organisation du secteur, et en améliorer les infrastructures, les systèmes d’information sur les marchés et l’accès au crédit, en particulier pour les petits et moyens producteurs.

La Tunisie exporte actuellement la plus grande partie de son huile d’olive en vrac, bien que le pourcentage des huiles embouteillées exportées augmente. Le pays pourrait accéder à de nouveaux marchés locaux et internationaux avec une production à plus grande valeur ajoutée, une augmentation de la production d’huiles d’olive extra vierges, une plus grande quantité d’huile embouteillée, ainsi que la production d’huiles d’olive organiques et avec des labels d’origine, tout en améliorant la qualité de ses huiles grâce à la traçabilité et à la certification.

Le groupe de travail s’est inspiré aux expériences de l’Espagne et l’Italie, qui ont surmonté des défis similaires pour construire une vision commune pour leurs secteurs oléicoles respectifs.

Raouf Ellouze, membre exécutif de la Chambre nationale des oléiculteurs a dit que « la Tunisie a beaucoup de potentiel. Nous avons été énormément inspirés par le modèle vu en Italie l’année dernière ; nous avons remarqué en particulier combien les acteurs sont bien coordonnés tout au long de la filière oléicole, et comment les entreprises, petites et grandes, ont pu promouvoir avec succès leurs huiles d’olive de haute qualité dans le monde entier ».

Il parlait du voyage d’étude organisé par la FAO et la BERD en octobre 2016 dans la région italienne des Pouilles, pour un groupe d’acteurs tunisiens et marocains publiques et privés.

La conférence du 7 mars à Tunis a été une opportunité pour faire le point sur différentes questions et pour travailler ensemble afin de trouver des solutions pratiques pour faire avancer les intérêts du secteur.

Iride Ceccacci, économiste principal de la BERD a déclaré que « les acteurs de l’industrie et les consommateurs pourront tirer profit d’une industrie plus forte et plus efficace de l’huile d’olive en Tunisie. Assister le gouvernement tunisien à élaborer sa stratégie de long terme pour la filière, nous aidera à mieux cibler nos investissements pour un secteur plus solide tout en aidant les petits producteurs à se développer et à grandir.

Arriver à un consensus au sein de l’industrie

La coopération et la communication sont les piliers principaux du groupe de travail – et des éléments essentiels pour une filière oléicole saine et compétitive.

Le Gouvernement tunisien a fait bon accueil des contributions du groupe de travail, ainsi que du processus de dialogue ouvert et constructif portant sur comment concrétiser le potentiel du secteur dans le futur.

Subséquemment, le groupe de travail devra faire des propositions sur comment une interprofession fonctionnelle pourra être crée, et présenter les résultats au gouvernement d’ici la fin de l’année.

Lamourdia Thiombiano, coordinateur sous régional de la FAO pour l’Afrique du Nord, a réitéré l’engagement de la FAO à soutenir ce secteur stratégique pour la Tunisie: « Cet engagement est inclus dans le nouveau cadre de programmation 2016-2020, signé entre la FAO et la Tunisie. Celui-ci vise à capitaliser les résultats déjà obtenus pendant la deuxième phase de notre collaboration ; il doit contribuer au développement d’une stratégie nationale portant sur le secteur oléicole, avec des objectifs visant à améliorer la valeur ajoutée du secteur et à renforcer sa compétitivité et durabilité ».

La FAO et la BERD continueront à soutenir ces efforts qui font partie d’une initiative régionale menée par les deux organisations,  visant à améliorer les normes et l’efficacité de la qualité des aliments en Tunisie et au Maroc.

Lisa Paglietti, économiste à la FAO, a conclus que « le consensus au sein du secteur fera avancer la filière oléicole en Tunisie, pour le bénéfice de tous. Cela se produira à travers un dialogue efficace entre les acteurs publics et privés portant sur tout, de l’amélioration de la productivité et des normes de qualité à l’ouverture de nouvelles opportunités de marché. »