Gestion Durable des Forêts (GDF) Boîte à outils

Approches et outils participatifs pour la GDF

Ce module est destiné aux aménagistes des forêts, aux planificateurs de projets, aux facilitateurs des processus politiques, aux agents de vulgarisation, aux chefs des groupes forestiers locaux, et aux membres des plates-formes multipartites s'intéressant à l'application d'approches et d'outils participatifs dans la GDF. Il souligne l'importance de la participation en tant que principe clé de la GDF, identifie les questions importantes dont tenir compte lorsqu'on travaille activement avec les parties prenantes clés s'occupant des forêts, et fournit des liens vers des outils et des études de cas pertinents.

Principes à respecter en faisant intervenir les populations et en utilisant les outils participatifs

Attitude, comportement et capacités des facilitateurs

L’utilisation d’outils participatifs ne garantit pas forcément la participation des populations. En grande partie, l’attitude et le comportement des facilitateurs, ainsi que leur capacité de choisir et d’adapter les outils appropriés, détermineront à quel point tous les participants sont en mesure d’apporter leurs contributions et décideront, finalement, du succès ou de l’échec d’une intervention. Le rôle du facilitateur n’est pas de créer des solutions mais de poser des questions. Il devrait écouter et éviter de dominer, mais il devrait également avoir suffisamment de confiance et de courage pour faire avancer le processus. Il devrait être ouvert d’esprit et libre de préjugés sur les causes d’un problème, et il devrait éviter d’attribuer les fautes. Il devrait se concentrer sur l’application du processus et des outils appropriés, en évitant d’influer sur le contenu ou les résultats. Surtout, le facilitateur devra posséder des capacités de communication afin de permettre à tous les participants de se faire entendre et de leur donner les mêmes possibilités de contribuer au processus .

Attentes réalistes

En invitant les populations locales à participer aux processus d’élaboration des politiques, il est important d’être clair et précis quant à leurs rôles; quant à la pertinence du processus pour la prise des décisions; et quant aux contributions et aux mesures que les participants pourront proposer aux différents stades du processus. Si les contributions des participants n’auront pas de conséquences sur les décisions qui seront prises, il faudra l’indiquer clairement dès le début.

Pour certains projets, les participants devront être clairement informés des avantages de leur participation, ainsi que du temps et des ressources (par ex. main d’œuvre) qu’ils seront censés apporter. La transparence, la crédibilité et l’appréciation sont des conditions préalables pour éviter les malentendus, qui pourraient engendrer des situations de conflit ou d’exclusion non sollicitée.

Qui devrait participer?

L’obtention d’une représentation appropriée des parties prenantes est essentielle pour garantir une participation significative. Les interventions et l’élaboration de politiques en matière de développement manqueront de validité et «d’appropriation» si elles sont incapables d’identifier les parties prenantes (ou un échantillon représentatif) les plus importantes (concernées et influentes).

Après avoir identifié l’ensemble des parties prenantes, il est important de les classifier selon l’étendue de leur engagement: par exemple, les parties prenantes dont la collaboration est nécessaire pour la mise en œuvre de décisions et de mesures spécifiques; ou les parties prenantes qui doivent être consultées avant de prendre des décisions; ou, encore, les parties prenantes pour lesquelles une participation passive ou nominale est acceptable à certains stades du processus. Cette classification permettra de décider comment (quels outils et modes) obtenir cette participation. Il faudra toujours accorder une attention particulière aux groupes marginalisés et aux femmes afin de garantir leur participation active.

Sélection d’outils participatifs du secteur forestier

Il existe beaucoup d’informations sur les outils participatifs pouvant être utilisés dans la facilitation de la foresterie à base communautaire, dans la gestion des ressources naturelles, et dans le développement communautaire participatif. Le tableau 2 plus bas présente les outils les plus répandus, qui conviennent tous à une utilisation avec les parties prenantes du secteur forestier – depuis  les décideurs de haut niveau des institutions publiques chargées des forêts, aux petits agriculteurs et villageois – dans les réunions formelles, les ateliers et les conférences.

Tableau 2. Sélection d’outils participatifs

Tableau 2. Sélection d’outils participatifs

Outil participatif

Finalité

Référence*

Outils transversaux

Remue-méninges et regroupement

Obtenir rapidement les informations pertinentes en travaillant avec de grands groupes ou des petits groupes de personnes directement concernées par un problème. Résumer les problèmes évoqués.

1

Création d’un lien

Développer la communication et établir des relations de travail avec les populations locales.

2

Bocal à poissons

Stabiliser le «terrain de jeux» de communication en réduisant l’influence des participants dominants et en offrant ainsi la possibilité à tous de participer (convient aux réunions multipartites qui abordent des questions controversées, des abus ou des conflits)

7

Groupes de concertation

Organiser les personnes d’une communauté qui partagent des circonstances ou des intérêts communs afin d’aborder des questions spécifiques identifiées par la communauté.

1

Discussion dirigée

Faire appel aux connaissances locales, faciliter les processus décisionnels et guider les parties prenantes pour résoudre les conflits.

11

Hiérarchisation

À utiliser de différentes façons, pour organiser des groupes de problématiques (venant du remue-méninges ou d’autres exercices) selon, par exemple, l’ordre de priorité.

2, 7, 9

Sources secondaires

Compléter d’autres techniques de collecte d’informations et offrir un portrait plus détaillé des conditions locales.

2

Dialogue semi-structuré (entrevue)

Impliquer les personnes («répondants clés»), les familles («ménages représentatifs») ou les groupes de concertation dans des conversations initiées par une série de questions ouvertes.

1,2, 3, 7, 9

Analyse sexospécifique

Déterminer qui peut accéder aux produits du travail familial, comment sont prises les décisions sur ces produits, et comment sont réparties les responsabilités.

 

 Sélection d’outils pour apprécier les problématiques générales d’une communauté – problèmes sociaux

Graphique historique de la communauté

Présenter visuellement les changements qui ont modifié la vie de la communauté au cours des dernières années en matière d’organisation sociale, de santé, de production et de ressources naturelles.

1

Classification des revenus

Identifier les principales couches sociales existant dans une communauté d’après leurs propres membres, en fonction de leurs définitions de «richesse» ou «bien-être».

1

Moyens d’existence

Connaître les niveaux de revenu dans une communauté, ainsi que les conditions dans lesquelles les personnes ont accès aux ressources naturelles et aux sources de revenu.

1

Cartographie des services et des possibilités

Présenter visuellement les services et les possibilités de travail connus et utilisés par les membres d’une communauté.

1

Cartographie des relations

Étudier la perception des rapports entre parties prenantes du secteur forestiers, etc.

7

Analyse saisonnière

Représenter les variations saisonnières des paramètres et des activités de la vie communautaire. Illustrer les liens existant entre les différentes activités et les changements saisonniers

1, 8, 9

Cartographie sociologique

Établir une analyse visuelle des revenus d’une famille dans une communauté afin d’étudier les niveaux de revenu et les différences dans l’accès aux ressources.

1, 8

Chronologie/ tendance

Identifier les changements significatifs dans le passé d’une communauté qui continuent à influer sur les événements et les comportements dans le présent.

1, 7, 8, 9

Sélection d’outils pour apprécier la gestion des ressources naturelles

Matrice d’analyse des conflits

Identifier les sources principales de conflit dans une communauté.

1

Matrice d’analyse du processus décisionnel

Déterminer les personnes ou les institutions chargées de la prise des décisions sur des questions comme l’utilisation de ressources spécifiques.

1

Diagramme historique et carte chronologique/des ressources naturelles

Examiner dans quelle mesure les ressources naturelles ont changé afin de mieux comprendre les problèmes actuels. Évaluer les tendances du couvert ou de la qualité des forêts et déterminer les causes des changements.

1, 7

Cartographie de l’accès aux ressources naturelles

Établir une analyse visuelle de l’accès des familles aux ressources naturelles domaniales. Déterminer si certains membres d’une communauté ont moins d’accès que d’autres aux ressources naturelles.

1

Cartographie participative

Tracer des cartes qui reflètent les perceptions d’une communauté sur la manière dont sont utilisés l’espace physique et les ressources. Identifier les limites provisoires, les parties prenantes, les voisins des communautés forestières. Faciliter la démarcation des limites. Connaître les types de forêt, la qualité des forêts, leurs utilisations et leurs utilisateurs.

1, 5, 7, 8

Formulaire simple d’évaluation des forêts

Évaluer les ressources (ligneuses et non ligneuses) d’une communauté forestière (base de référence; préparation d’un plan de gestion).

10

Sélection d’outils pour l’analyse des problèmes et des solutions

Analyse des pros et des contres

Encourager le dialogue ouvert sur des sujets conflictuels en utilisant le jeu de rôle dynamique pour décloisonner les débats.

1

Évaluation des impacts

Analyser ex-ante avec les membres d’une communauté, les possibles ou probables conséquences de mettre un œuvre un projet ou une mesure spécifique.

1, 9

Arbre des problèmes: diagramme de cause à effet

Rechercher les causes sous-jacentes des problèmes relatifs aux forêts et permettre l’analyse des interconnections entre causes et effets.

7, 9

Matrice d’évaluation des solutions

Évaluer ex ante avec une communauté la faisabilité ou durabilité des différentes solutions prises en considération.

1

Arbre des solutions

Identifier les stratégies permettant de s’attaquer aux causes des problèmes déterminés par une analyse de problèmes (fait fonction de passerelle avec le plan de gestion).

7

Analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces (FFOM)

Mener une évaluation ex ante des possibilités de première priorité, comparer les avantages et les désavantages, et anticiper les éventuels problèmes.

1, 9

Sélection d’outils pour la planification

Matrice du plan d’action (activité)

Mobiliser la capacité des personnes à concevoir des plans d’action.

1

Cartographie de la planification communautaire

Produire des cartes représentant les objectifs finaux envisagés par les communautés dans la planification des modalités de gestion des ressources naturelles dans leurs zones d’influence.

1

Matrice des besoins et des ressources disponibles

Identifier les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs (par ex. argent, fournitures, personnel technique, ressources humaines et naturelles)

1

Visionnement/ visualisation guidée

Évaluer les attentes en matière de gestion participative ou de gestion durable des forêts. Pas vers l’élaboration de plans de gestion des forêts en déterminant les aspirations, les buts et les activités.

7, 9

Sélection d’outils pour le contrôle et l’évaluation participatifs

Matrice de planification du suivi et de l’évaluation

Établir des matrices pour planifier le suivi (ou le contrôle) et les processus d’évaluation participatifs.

1

Matrice d’indicateurs du contrôle

Établir des matrices pour montrer les indicateurs à utiliser dans le suivi ou le contrôle des projets.

1

Évaluation de impacts

Établir des matrices avec les indicateurs à utiliser pour évaluer les impacts des projets.

1, 9

Analyse des forces, faiblesses et recommandations (FFR)

Examiner le plan de travail de un an pour tirer des leçons des forces et des faiblesses, et pour regarder vers l’avenir en tenant compte des leçons du passé (adaptation et simplification de l’analyse FFOM).

7

Sélection d’outils pour la gestion participative des conflits

Analyse des conflits

Étudier les droits, les responsabilités et les bénéfices des parties prenantes par rapport à une ressource dans le cadre d’une meilleure compréhension des conflits.

4,5,6, 7

Cartographie des conflits

Montrer sur le plan géographique où se trouvent (ou bien, où ils se situeront à l’avenir) les conflits pour l’utilisation des terres ou des ressources. Déterminer les premiers enjeux d’un conflit.

4,5,6

Chronologie des conflits

Aider les parties prenantes à étudier l’histoire des conflits et à améliorer leur compréhension de l’ordre des événements qui ont porté à ces conflits.

4,5,6

Analyse FFOM

Analyser les forces et les faiblesses internes des organisations ou des groupes de parties prenantes, ainsi que les opportunités et les menaces externes auxquelles ils sont confrontés.

4,5,6

Diagramme de Venn

Analyser et illustrer la nature des relations entre les groupes de parties prenantes clés.

4,5,6, 8, 9

* Les nombres désignent les références suivantes où pouvoir obtenir des informations complémentaires sur des outils spécifiques: 1 Geilfus (2008); 2 Jackson et Ingles (1998); 3 Lecup et Nicholson (2004); 4 Means et Josayma (2002b); 5 Evans et al. (2006); 6 Engel et Korf (2005); 7 Said et O’Hara (2010); 8 Wilde (2001); 9 VSO (2009); 10 Département des forêts de Gambie (2005, 2011); 11 SVAW (2015).

Recommandations pour l’utilisation pratique des outils participatifs

Recommandations pour l’utilisation pratique des outils participatifs

Les indications ci-dessous devraient être suivies pour accroître les chances de succès des séances en utilisant des outils conçus pour encourager l’adoption d’approches participatives.

  • S’exercer. Les facilitateurs devraient s’exercer à utiliser les outils avant de s’en servir dans des situations réelles. Ceci leur permettra d’apprendre sur le tas, et leur donnera la possibilité de réfléchir aux aspects pratiques et d’identifier les matériels dont ils auront besoin pour utiliser les outils de manière efficace. 
  • Se préparer. Les interventions sont plus à même de produire des résultats avec une bonne préparation. Avant de modérer une séance en utilisant les outils participatifs, il est important d’identifier les parties prenantes/participants; d’avoir un aperçu clair et un calendrier défini de la séance; de disposer de tous les matériels (tableaux, marqueurs, cartes, ruban adhésif) nécessaires pour diriger la séance; et de se préparer à toute éventualité, y compris tout problème potentiel.
  • Sélectionner. Les facilitateurs devraient s’assurer que l’outil sélectionné est adapté à l’objectif et au contexte, par exemple, en utilisant des dessins plutôt que l’écriture si certains participants sont analphabètes. Lorsque les femmes ou d’autres groupes de personnes hésitent à parler devant les hommes ou des personnes plus puissantes, il peut être utile de séparer le groupe ou d’utiliser des outils qui permettent aux personnes de s’exprimer de manière anonyme (par ex. en écrivant sur des cartes). Les «brises-glace» (activités conçues pour faire surmonter les inhibitions ou les tensions entre les personnes) ou les accords écrits de groupe peuvent aider à créer un climat de confiance.
  • Expliquer. Les facilitateurs devraient expliquer la finalité d’un outil et pourquoi il sera utilisé, avant d’en décrire la façon de procéder; la procédure devrait être claire et organisée en étapes gérables. Le fait d’illustrer, de démontrer et de s’exercer à la méthode la rendra plus compréhensible pour les participants.   
  • Vérifier. Les facilitateurs devraient utiliser différentes méthodes pour atteindre le même objectif. Cette démarche, connue sous le nom de «triangulation», apportera de nouveaux éclairages qui serviront à mieux étudier les problématiques et à vérifier les résultats.
  • Laisser les résultats au groupe. Les facilitateurs devraient documenter le processus en prenant des photos mais les résultats détaillés appartiennent au groupe et non au facilitateur.