La FAO au Tchad

La production agricole redonne espoir aux déplacées dans la région du Grand Kasaï

Gisèle Tshela a donné naissance à sa fille lors de sa fuite vers Tshikapa (Photo: ©FAO/Junior D. Kannah)
28/08/2017

Depuis le début du conflit dans le grand Kasaï, entre les milices du chef coutumier Kamuina Nsapu et les forces de sécurité de l’Etat congolais, on estime à près de 1,3 millions le nombre de personnes déplacées internes.

Les familles affectées ont vu leurs greniers et leurs champs brulés détruisant ainsi toutes les récoltes de la saison et rendant l’accès à l’alimentation difficile. Gisèle Tshela, mère de deux enfants, a été contrainte de quitter son foyer pour préserver sa vie et celles de ses filles. « Quand les miliciens sont arrivés dans mon village, ils se sont mis à brûler toutes les maisons. J’ai pu m’échapper avec ma dernière fille mais mes deux autres enfants ont perdu la vie lors de cette attaque. Mon mari a pris la fuite vers un autre village. Je n’ai plus aucune nouvelle de lui. »

C’est à cet instant que commence le parcours du combattant de Gisèle. Enceinte de neuf mois, elle perd ses eaux pendant la fuite. « J’ai commencé à avoir des contractions. Je n’arrive plus à marcher. Heureusement les femmes qui m’accompagnaient se sont transformées en sages-femmes. Elles m’ont aidé à surmonté la douleur. Quatre heures plus tard ma petite Jeanne a vu le jour. »

Après cinq jours de marches dans les brousses du Kasaï, Gisèle a pu atteindre la ville de Tshikapa. Elle s’y est rendue à l’église ou 50 autres familles avaient également trouvé refuge. A travers la radio, elle apprendra que la FAO distribuait des champs aux ménages de personnes déplacés internes.

« Dans mon village, j’étais mère au foyer mais après avoir reçu une formation en technique agricole accompagné de semences, houes, arrosoirs et bêches par les techniciens de la FAO, je me suis mise à planter des amarantes, des gombos et des aubergines », explique Gisèle. « Ces légumes me permettront d’offrir à mes filles une alimentation varié. Je compte vendre une partie de ma récolte pour pouvoir acheter de la farine de maïs. A base de cette farine, je pourrais faire de la bouillie pour ma fille de 3 ans.»

Sur tous les territoires touchés par le conflit, la majorité de la population n’avait plus cultivé la terre depuis neuf mois.  La FAO renforce les moyens d’existence de près de 5.000 ménages dans les territoires de Kabeya Kamuangu, Dibaya, Tshikapa afin de les aider à reprendre goût à la vie. « Le travail aux champs me permet de libérer mon esprit. Malgré toutes les difficultés que nous avons endurées, je me bats tous les jours pour offrir un meilleur avenir à mes filles, » a conclu Gisèle.

L’objectif de ce projet est de permettre aux ménages de personnes déplacées internes de produire suffisamment afin de pouvoir se nourrir. Si aucune assistance ne leur est fournie, ces ménages n’auront capacité de produire pour les mois à venir. La FAO appelle ses partenaires techniques et financiers à mobiliser leurs ressources afin de venir en aide à ces populations.