La FAO au Tchad

Histoires de vie des bénéficiaires des projets de la FAO dans le LAC

@ Brya E. G
26/07/2018

La crise causée par les attaques multiples des groupes extrémistes Boko Haram a occasionné le déplacement de plusieurs milliers de personnes vers la Région du Lac Tchad. A Tchaïrom, un site des éleveurs situé à moins de 10km de la ville de Bol, nous avons rencontré un groupe d’éleveurs appuyés par la FAO. Ils nous racontent leur histoire de vie.

 Mahamat Hisseine est un éleveur de 58 ans et père de 12 enfants qui vivait avec sa famille dans les iles du Lac Tchad depuis sa naissance. Né de parents éleveurs, Mahamat Hisseine a perpétué leur activité d’élevage et menait une vie sans difficulté jusqu’à un passé récent. Sa famille et lui ont été obligés de quitter leur île natale pour fuir les exactions de  Boko Haram pour se réfugier à Bol.

 Il raconte le début de ses périples : « Nous vivions à Fitiné avec ma famille. Nous n’avions aucun problème pour nourrir le bétail et la famille. Le pâturage était disponible, ainsi que l’eau. Mes enfants pratiquaient aussi la pêche pour l’alimentation familiale. Les membres de Boko Haram ont attaqué plusieurs villages, emportant bétails et certains habitants, en particulier les jeunes hommes et femmes. »

C’est lors d’une attaque non loin du village de Mahamat Hisseine que celui-ci décida de quitter son village avec toute sa famille à la recherche d’un lieu plus sûr pour la sécurité de sa famille et son bétail. « Nous sommes arrivés à Bol où nous avons trouvé un refuge pour ma famille et moi. Malheureusement, nous ne sommes pas les seuls éleveurs à venir nous installer ici. Ce qui rend difficile l’accès à l’alimentation pour nos familles et les bétails. Nous avons perdu plusieurs têtes de bétails et étions  sur le point d’être ruiné. Grâce aux projets mis en place par la FAO pour nous appuyer, nous avons pu retrouver un peu de sourire », témoigne Mahamat Hisseine.

Il explique que la FAO, à travers son antenne de Bol, appui les éleveurs en leur apportant des aliments pour le bétail, des vaccins pour lutter contre les maladies et infections bovines, ainsi que des moyens de production pour améliorer la résilience de ces populations. « Au-delà des appuis en vaccins et aliments de bétails, nous avons mis en place le déstockage qui consiste à acheter des animaux avec les éleveurs afin qu’ils disposent des ressources financières immédiates pour mieux nourrir et soigner le reste du bétail et naturellement satisfaire à d’autres besoins des ménages », affirme Dr Abdelkader Abakar,  vétérinaire à la FAO.

Un procédé souple qui a permis d’améliorer considérablement la vie des familles touchées par cette crise dans le Lac. « Aujourd’hui, grâce à l’appui de la FAO, nous arrivons à produire nous-même des aliments pour notre alimentation et nos animaux sont bien portant. Nous pouvons ainsi les vendre à un bon prix sur pieds et aussi obtenir un  lait de qualité des vaches pour notre consommation et la vente », complète Abdoulaye Djimet l’un des éleveurs rencontrés sur le site.

Pour Mahamat Hisseine, l’appui des organisations humanitaires et de développement, notamment la FAO, lui ont permis d’avoir une autre vision de la vie. Désormais il est plus optimiste pour l‘avenir deses enfants.

« J’ai décidé d’initier mes enfants à l’agriculture, à la pêche, et d’envoyer certains d’entre eux à l’école. Ce n’est pas évident qu’ils puissent tous avoir les mêmes chances en élevage comme c’était le cas pour la famille depuis des décennies », informe Mahamat Hissene. Car pour lui, il n’est plus question de se laisser surprendre par les crises. Il faut être préparé au mieux. Une prise de conscience devenue effective pour les bénéficiaires des projets de la FAO qui ont compris la nécessité du renforcement de la résilience, ainsi que le besoin de diversifier les activités génératrices de revenus pour garantir la sécurité alimentaire et la nutrition des familles.

Les femmes qui sont parmi les populations les plus exposées aux crises répétées  occasionnées par les  attaques de boko haram prennent part activement aux côtés de la FAO, au renforcement de leurs moyens de subsistance. Elles produisent des aliments grâce aux projets de la FAO qui appuie la production des cultures maraichères et pluviales.

Nous sommes aux environs du Lac dans une localité où vit Zenaba Adam. Elle est membre du groupement Saïd kanadi. Elle vit avec son mari et ses 5 enfants mineurs. Depuis la mise en œuvre du projet de la FAO d’appui à l’amélioration des moyens de subsistance des populations touchées par la crise de Boko Haram, Zenaba fait partie des femmes qui produisent des cultures maraichères pour soutenir l’alimentation de sa famille et augmenter le revenu de son ménage. « Cette année, j’ai produit de la tomate et du gombo que j’ai suffisamment vendu et le reste, nous avons consommé une partie, ce qui a vraiment aidé à varier nos repas », confie Zenaba.

Pour ces femmes, l’appui de la FAO à leur groupement leur a permis de disposer de moyens accrus pour s’occuper de leurs enfants. « Avec ce que je gagne, je soigne mes enfants quand ils sont malades et je leur paie les cahiers et autres fournitures scolaires en cas de besoin », affirme Mariam Abakar, présidente du groupement Saïd Kanadji de Matafo.

Comme les femmes du groupement Saïd Kanadji, les femmes de Brim expriment aussi, à travers leur présidente, Harta Tchelou, leur satisfaction par rapport à la mise en œuvre des projets de maraichage de la FAO. « Nous sommes de plus en plus capables d’entretenir nos familles grâce aux productions des légumes que nous consommons et vendons pour subvenir à nos besoins. Je me sens mieux depuis que la FAO nous appuie à prendre notre vie en main face à cette crise », déclare Tchelou.

Adje Fandi, Adam : « la nourriture est la priorité de notre communauté »

Bénéficiaire de petits ruminants et de moulin distribués dans le cadre d’un projet de la FAO, Adje est une réfugiée de 60 ans avec 10 enfants à sa charge. Elle témoigne de l’apport de la mise en œuvre de ce projet dans sa vie. « Avant ce projet, je me demandais chaque matin comment faire pour trouver quelque chose à manger pour mes enfants et mes petits-enfants. Mais depuis que la FAO nous appuie, j’arrive à leur donner 2 à 3 nourritures par jour ; je suis soulagée de pouvoir donner le nécessaire pour l’alimentation de mes enfants »

Pour Adje Fandi, les petits ruminants produisent du lait pour la consommation des enfants et la variation de leur alimentation. Une partie de ce lait est vendu pour disposer des ressources afin de payer les autres aliments de base pour la maison. « Nous nous sentons utiles et soulagés avec toutes les activités que nous faisons grâce au projet de la FAO », confie –t-elle.