@ Estelle Madjilem

Le ministère de la Production, de l’Irrigation et des Equipements Agricoles et l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO), ont organisé un atelier de validation du rapport d’évaluation de la situation du genre dans le secteur de l’agriculture et du développement rural. Une initiative qui découle de la Coopération Technique FAO-CEEAC (Communauté Economique des États de l'Afrique Centrale)  intitulée “Réponse Genre aux Plans Régionaux et Nationaux d’Investissement Agricole pour relever le Défi Faim Zéro dans les Etats membres de la CEEAC”.

Le concept genre renvoie aux attributs politiques, économiques et culturels associés au sexe biologique qui sont variables selon le contexte et il met en évidence les rôles, les tâches et les responsabilités considérés comme étant appropriés pour les hommes et les femmes. Bien qu’il renvoie à toutes les inégalités socialement construites, il traduit une réalité universellement reconnue qui est celle de la discrimination des filles/femmes.

Ce rapport s’inscrit dans un processus d’analyse du Genre par Pays dans le secteur agricole et rural afin d’informer la planification et la programmation de la FAO au niveau pays en alignement avec les priorités nationales de développement, de faciliter la contribution de la FAO à l’Equipe de Pays des Nations Unies pour son rapport CEDAW1 (Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes)avec une mise à jour d’information objective sur la situation des femmes rurales dans le pays (Tchad).

Le Représentant de la FAO au Tchad M. Mohamadou Mansour N’Diaye, dans son allocution, a affirmé que « L’objectif général de ce projet vise à s’assurer tout particulièrement que les femmes bénéficient pleinement de la transformation agricole et de la croissance agricole inclusive dans les pays membres de la CEEAC en contribuant de façon significative à l’intégration du genre dans les initiatives phares de la CEEAC à savoir la Politique Agricole Commune, le Projet Régional de Sécurité Alimentaire de l’Afrique Centrale (PRSA/AC), et le Programme Régional d’Investissement pour l’Agriculture, la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PRIASAN) »

M. Mansour N’Diaye ajoute que cette initiative illustre bien le partenariat unique entre la FAO et les pays de la CEEAC, dans la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans l'agriculture, le développement rural, la sécurité alimentaire et des programmes de nutrition.

Son Excellence Madame Lydie Beassemda, Ministre de la production, de l’irrigation et des équipements agricoles affirme pour sa part que « l’égalité des sexes est consacrée par la constitution du Tchad qui a ratifié la convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ainsi que des autres instruments qui la promeuvent ». De cette faite, elle estime que sans l’égalité des sexes, aucun pays ne peut vaincre ni la faim, ni la pauvreté, ni la maladie. « Donner aux femmes et aux hommes un pouvoir égal d’intervention dans les actions de développement et les processus décisionnels qui influent sur la vie de la famille, participe à la réduction de la pauvreté », a-t-elle poursuivi.

En effet, la proportion de femmes chefs de ménage est plus élevée en milieu rural (77.8%) que dans le milieu urbain (22.2%). Elle est élevée dans les régions de Sila (46%), Kanem (33%), Lac (32%), Barh El Gazal (29%) ; ces régions sont parmi celles où l'on rencontre les proportions les plus élevées de ménages de consommation alimentaire pauvre et limitée (ENSA, 2014).

C’est pourquoi, le Représentant de la FAO informe que la question de l'égalité genre est au cœur du mandat de la FAO.  « Quand on regarde la structure démographique des 78% de la population rurale active du Tchad, et qu’on observe que les femmes constituent 53,90%, on en déduit logiquement qu’il serait illusoire d’ambitionner atteindre des objectifs aussi importants que  la sécurité alimentaire et nutritionnelle ; l’augmentation de la productivité agricole ;  ainsi que l'amélioration des conditions de vie des populations rurales, si les femmes ne jouent pas pleinement leur partition et à tous les niveaux, depuis la conception des politiques Agricoles et de développement rural, jusqu’aux étapes de production, de transformation et de distribution des produits » dit M. Mohamadou Mansour N’Diaye.

La FAO favorise les politiques qui  visent l'égalité du genre en milieu rural, spécifiquement celles portant sur l’autonomisation des femmes dans leurs divers rôles. Ceci  fait partie des conditions nécessaires à l’atteinte des objectifs de développement durable 1 et 2, relatifs à la lutte contre la pauvreté et Zéro Faim à l’horizon 2030.