La FAO au Tchad

Crises dans les régions du Kanem et du Lac : La FAO améliore la résilience des moyens d’existence des ménages affectés

15/02/2018

Les effets à long terme de l’insécurité liée aux agissements de Boko Haram dans la région du Lac et les impacts du dérèglement climatique symbolisé le stress hydrique et les sécheresses récurrentes dans le Kanem constituent des facteurs aggravants de la vulnérabilité de ces régions, notamment au niveau du pastoralisme.  En effet, les pâturages de décrue deviennent inaccessibles en raison des opérations militaires dans certaines zones du Lac par exemple. Il s’y ajoute que les risques liés à la traversée de la frontière nigériane et la chute des prix du bétail parfois jusqu’à 50 à 60 % ont fortement réduit les revenus moyens des éleveurs.

De façon générale, c’est toute la chaine de mobilité des pasteurs qui est affectée. La FAO, à travers ses projets multiformes cherche à apporter des réponses qui soient visibles rapidement dans les conditions de vie des populations concernées.

C’est ainsi que la FAO a élaboré et mis en œuvre deux projets de déstockage grâce aux financements du Royaume de Belgique et de ECHO. Ces projets ont pour objectif principal d’appuyer le déstockage de 3050 têtes de bovins dans les régions du Lac et du Kanem, avec le double effet de mettre à disposition de la viande séchée pour des populations en proie à la malnutrition, tout en augmentant sensiblement les revenus des pasteurs.

Ces projets s'inscrivent dans le cadre des Priorités Résilience Pays (PRP) 2015 -2020 de l'Alliance Globale pour la Résilience (AGIR) et aussi dans les objectifs stratégiques de la Politique Nationale de Nutrition et d'Alimentation du Tchad.

Ainsi, des coupons à encaisser par transfert monétaire sont distribués aux éleveurs pour subvenir aux besoins de premières nécessités, accéder aux médicaments vétérinaires et à l’aliment bétail afin de préserver les conditions de reproductivité de leur cheptel. Le déstockage permet de produire quelques 26 tonnes de viande séchée qui sont distribuées aux femmes enceintes et/ou allaitantes et aux enfants malnutris modérés, dans les unités nutritionnelles ambulatoires de deux régions.

Le projet financé par ECHO à hauteur de 663000 € va directement améliorer les conditions de vie de 2000 bénéficiaires par le déstockage du cheptel et le renforcement de la nutrition de 3000 ménages à travers la distribution de la viande séchée. Les actions engagées agissent rapidement et positivement sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que les moyens d'existence des populations vulnérables identifiées.

Le projet financé par le Royaume de Belgique à hauteur de USD 300 000, a pour objectif de protéger et d’améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle de 1620 ménages (9720 personnes) constitués de la population hôte, des personnes retournées et déplacées, par l’achat à prix bonifié du  bétail pour 750 ménages d’éleveurs et par la distribution de la viande séchée à 870 ménages ayant des enfants et/ou des mères malnutris et leur prise en charge dans les unités nutritionnelles.

 

Tédo Mario, Coordonnateur résilience de la FAO Tchad : « Ce sont des projets à caractère social »

A Bagasola, éleveurs, gestionnaires des marchés, bouchers, associations de femmes et jeunes actifs dans la transformation agroalimentaire ont d’un commun accord remercié la FAO et ses donateurs pour leurs appuis multiformes dans la région du Lac, car pour eux, ces projets aident la population à avoir un revenu direct, accéder aux produits vétérinaires et à l’aliment bétail et des « charmout » (viande séchée) pour leurs enfants malnutris. Ils expriment leur reconnaissance quant à la valeur ajoutée de ce projet dans la région.

« Nous avons bénéficié des formations sur l’abattage, la transformation et la conservation de la viande », affirme un représentant des bouchers à Liwa. Celui-ci poursuit : « Avant, pour déstocker nos bétails, on prenait la pirogue pour aller au Niger, on payait aussi des taxes à la douane pour aller vendre les bœufs et les peaux au Nigeria. Mais grâce à ce projet tout se fait localement et à un moindre coût ».

Le bailleur confiant du travail de la FAO

« Mon impression est que le programme est bien lancé avec l’identification des bénéficiaires (les éleveurs qui sont susceptibles de vendre leurs bétails ; les bouchers ; les femmes transformatrices et les enfants malnutris). Le produit fini à savoir le « charmout » (viande séchée) sera distribué aux mamans des enfants malnutris dans les unités nutritionnelles ambulatoires » a indiqué Olivier Brouant, Directeur pays de ECHO.

Il faut noter qu’à travers ses objectifs stratégiques, la FAO travaille avec le gouvernement du Tchad pour améliorer la résilience des moyens d’existence des populations face aux catastrophes. Les réponses proposées à travers ces projets constituent aussi des jalons posées pour contribuer aux objectifs de lutte contre la pauvreté et « Faim Zéro » (ODD1 et ODD2).