La FAO au Tchad

COVID-19 : La FAO et l’Union Africaine s’engagent à protéger la sécurité alimentaire face à la crise sanitaire

@FAOTchad
22/04/2020

Les Ministres en charge de l’Agriculture des États membres de l’Union africaine, se sont réunis par visio-conférence le 16 avril 2020 avec l’appui du Département de l’économie rurale et de l’agriculture de la Commission de l’Union africaine et en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture, afin d’analyser les effets du COVID-19 et des animaux nuisibles aux cultures sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’ouest.  Tous les 55 Etats membres étaient représentés avec notamment 45 ministres.

L’objectif était d’amorcer les échanges pour recueillir les analyses et orientations des parties prenantes face à la crise sanitaire causée par le COVID-19, ainsi que les autres fléaux comme les chenilles légionnaires d’automne, l’invasion acridienne dans certaines parties du continent et les maladies transfrontalières animales qui affectent la Région.

Dans son allocution d'ouverture, QU Dongyu, le Directeur général de la FAO, a indiqué qu'il était nécessaire d'agir vite et de manière stratégique pour pouvoir réduire les impacts de la pandémie du COVID-19 sur la sécurité alimentaire en Afrique. " Les fermetures des frontières ont pour effet de restreindre le commerce et de limiter la disponibilité alimentaire dans de nombreux pays, en particulier dans ceux qui dépendent des importations alimentaires, "a-t-il déclaré. Il a salué les mesures visant à éviter les perturbations au sein des chaînes d'approvisionnement alimentaire : elles doivent "rester en vie, "a-t-il souligné.

Angela Thoko Didiza, ministre sud-africaine de l'agriculture, des réformes agraires et du développement rural, s'est joint à M. QU pour ouvrir le débat. La ministre, dont le pays préside actuellement l'UA, a mis en garde contre toute démarche ayant pour conséquence d'affaiblir le commerce interrégional. Tous deux ont tenu à souligner le lourd tribu que le continent avait déjà payé suite aux mesures de confinement, un continent où les marchés informels, à défaut des supermarchés, représentent un élément vital pour la plupart des consommateurs.

Maximo Torero, économiste en chef de la FAO, a fait remarquer qu'il apparaissait de plus en plus clairement que les marchés alimentaires connaissaient des contraintes logistiques, contraintes qui selon M. QU devraient pouvoir être atténuées en "écourtant la chaîne" ; en produisant plus, mieux et si possible localement.

Plusieurs ministres sont intervenus afin d'exposer les défis posés par la pandémie dans une région du monde où un cinquième de la population souffre de malnutrition. Ibrahim Mayaki, Secrétaire exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), a mis en garde contre les risques d'instabilité sociale si la nourriture et l'argent venaient à manquer pour les résidents des zones urbaines africaines. De nombreux représentants des Gouvernements ont évoqué leurs efforts intenses en vue de renforcer les prestations sociales, et ce, souvent au dépend des budgets nationaux.

Le Burkina Faso, le Cabo Verde, Mali, Niger, Sénégal et le Tchad ont déjà initié leurs plans de réponse 2020 pour un montant total de plus de 400 milliards de F CFA (61 millions d’euros). La ministre de la Production, de l’irrigation et des Equipements agricoles du Tchad, Madjidian Padja Ruth dans son intervention a mis l’accent sur le fait qu’« au fur et à mesure de la propagation du virus et du renforcement des mesures, la situation de la sécurité alimentaire des ménages devient difficile ». 

Une évaluation préliminaire des conséquences économiques et financières du COVID-19 sur les économies de la CEMAC, indique une croissance en déclin en cas de crise transitoire rapidement maitrisée. Cette perte de croissance pourrait s’aggraver en cas de crise de grande ampleur. Certaines des mesures prises ont entrainé des perturbations de la chaine d’approvisionnement, la rareté de certains produits alimentaires importés, la hausse spéculative par des commerçants véreux, des prix de certains produits alimentaires de base, la limitation de certaines activités économiques notamment l’organisation des pêches collectives, le petit commerce, l’exportation de certains produits, plus particulièrement le  bétail sur pied , mais aussi les difficultés d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles, vétérinaires, zoo techniques et halieutiques à partir des pays voisins

En plus de plusieurs dispositions prises par le Gouvernement pour répondre à cette crise, Sur le plan de la sécurité alimentaire, la ministre en charge de l’Agriculture a également souligné que : « le Plan d’Urgence national  prévoit une assistance  multisectorielle  à travers la subvention sur les importations des produits alimentaires de première nécessité , la reconstitution d’un stock de sécurité alimentaire à hauteur de 70 000 tonnes de céréales, […] et des distributions gratuites de kits alimentaires et des transferts monétaires au profit de 2,2 millions de personnes en insécurité alimentaire. Sur le plan des systèmes agro-alimentaires, d’autres mesures sont en cours pour appuyer le démarrage de la campagne agricole à travers l’acquisition et la mise à disposition de 38 000 tonnes d’intrants (18 000 tonnes de semence, 20 000 tonnes d’engrais) et 3000 kits de matériel ». Sur le plan de l’élevage, le Tchad va œuvrer pour « la reconstitution d’un stock de 35 000 tonnes d’aliments bétail pour faire face à la crise pastorale qui touche le pays et organiser une campagne de vaccination. Face à la menace de propagation des criquets pèlerins qui se précise dans la sous-région, le renforcement des capacités techniques et matérielles de l’Agence Nationale de Lutte Antiacridienne est prévu avec l’acquisition des 30 000 litres des produits phytosanitaires pour lutter contre les chenilles légionnaires et oiseaux granivores qui sont les principaux ennemis des cultures au Tchad »

Faisant écho à leurs inquiétudes, Janusz Wojciechowski, commissaire européen à l'agriculture, a présenté l'aide financière de l'UE pour l'Afrique, qui devrait finalement dépasser les 20 milliards de dollars. Simeon Ehui de la Banque Mondiale a également détaillé plusieurs initiatives de soutien dont la possibilité de reconvertir 3,2 milliards de dollars de fonds non encore engagés. S'exprimant au nom de la Banque africaine de développement, M. Martin Fregene a conclu en donnant les détails d'un programme de réponse face au COVID-19 qui intègrera notamment un soutien technique et financier.  

Dans une Déclaration finale conjointe, Les ministres africains en charge de l’agriculture se sont engagés à soutenir l'accès des populations les plus vulnérables d'Afrique à l'alimentation et à la nutrition, en fournissant aux Africains des programmes de protection sociale, en minimisant les perturbations afin de garantir une circulation et un transport sans risque des personnes dont le travail est essentiel, en assurant le transport et la vente de biens et services et en gardant les frontières ouvertes afin de favoriser le commerce alimentaire et agricole sur le continent, surtout en cette période de confinement, de mesures d'urgence, de couvre-feu et face à d'autres actions visant l’endiguement du Coronavirus.