La FAO au Tchad

Mobilisation pour les migrants de Centrafrique

Photo: N.Ngardinga/FAO Tchad
08/04/2014

Alors que les afflux de personnes fuyant les exactions en Centrafrique continuent, l’approche de la saison des pluies impose de grands défis aux agences du système des Nations-Unies et leurs partenaires.

Selon les derniers chiffres de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), 92 382* retournés, réfugiés et ressortissants de pays tiers sont arrivés au Tchad depuis le 21 décembre 2013. Les femmes constituaient la grande majorité des arrivées au début des évacuations avant d’être progressivement rejointes par les hommes. Actuellement, elles représentent 51 pourcent contre 49 pourcent d’hommes. Les retournés comptent pour 63 pourcent de l’effectif total alors que les réfugiés représentent 36 pourcent et les ressortissants des pays tiers seulement un pourcent, selon l’OIM. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a enregistré 1 062 mineurs non accompagnés ou séparés parmi ces personnes.  Plus de 57 000 personnes dans les centres de transit de Sido, Doyaba, Goré, Doba,  Mbitoye et Moundou attendent d’être relocalisées dans de nouveaux centres de transit dans le sud. Le Gouvernement tchadien a identifié et attribué deux nouveaux sites pour désengorger les six sites du sud (Doyaba, Sido, Doba, Mbitoye, Goré et Moundou). La gestion de ces sites a été confiée aux ONG Agence de Développement Economique et Social (ADES), Secours Catholique et Développement (SECADEV) et la Croix Rouge Tchadienne (CRT).

Urgences

Avec l’approche de la saison des pluies, de nombreux défis s’annoncent. Selon les estimations du SNU, il faut 15,2 millions de dollars pour répondre aux situations d’urgence dans les six mois à venir.  Ces fonds sont nécessaires à la construction des abris, à l’amélioration des conditions de vie et d’hygiène, mais aussi pour assurer un minimum d’assistance aux communautés d’accueil qui subissent des pressions socio-économiques énormes.

Pour mieux répondre aux besoins des retournés arrivés dans le sud du pays, le gouvernement a identifié et disposé deux nouveaux sites pour la relocalisation des retournés de Doyaba, Sido (Danamadji), Goré et Doba  (Danamadja). Un troisième site est en prospection pour accueillir ces personnes. La durée maximale du séjour dans les centres de transit est passée de dix jours à un an, pour permettre aux retournés tchadiens dont la plupart ont perdu les liens familiaux, de mieux préparer le retour dans leurs localités d’origine. Le Gouvernement du Tchad a désigné trois ONG nationales pour gérer ces sites. Le protocole d’accord avec les ONG a été signé le 28 mars 2014.  Le Gouvernement continue l'élaboration du plan de réponse étatique avec l'appui du PNUD. L’équipe chargée de l’élaboration de ce plan se rendra sur le terrain en avril. Le Gouvernement entend utiliser cet exercice comme base pour les contingences futures. Le plan d’action d’urgence du Gouvernement pourrait être disponible en mai prochain.

L’Urgence d’appuyer les agriculteurs et éleveurs

Les conséquences liées à l’arrivée massive des migrants fuyant la crise en RCA continuent malheureusement à prendre de l’ampleur et suscitent des inquiétudes si la situation n’est pas gérée de façon efficace et inclusive des aspects humanitaires. Des dizaines de milliers de personnes arrivent sans biens, ni provisions pour se prendre en charge. Toutes ces personnes semblent  avoir des conditions de vie très précaires. La majorité de ces populations a un passé agricole et se trouve dans des milieux d’accueil où l’accès à la terre ne devrait pas poser de problèmes selon les avis préliminaires des populations hôtes. D’autres sont des éleveurs qui ont réussi à fuir avec au moins une partie de leurs troupeaux dont l’état  sanitaire mérite des mesures préventives. Les migrants et leurs troupeaux ajoutent une pression supplémentaire sur les maigres ressources disponibles tant pour l’alimentation humaine que pour le bétail (ressources fourragères et de l’eau). Cette situation qui s’accentue de jour en jour  mérite une attention particulière car elle risque de générer des tensions entre éleveurs et agriculteurs d’une part mais aussi entre éleveurs d’autre part.

Etant proche de la saison des cultures pluviales, des appuis intégrants les besoins spécifiques de l’ensemble des populations en présence aura un effet remarquable sur l’amélioration de la sécurité alimentaire, et aussi sur la cohabitation pacifique et la prévention des conflits.

La FAO lance une alerte pour que dès à présent, les ressources nécessaires soient mises à disposition pour anticiper des situations de crise qui seraient difficiles et certainement plus coûteuse à gérer plus tard.

 

 *situation à fin mars 2014