COMITE DES PRODUITS

SOUS-GROUPE SUR LES FRUITS TROPICAUX

Premi�re session

Pattaya (Tha�lande), 25 - 28 mai 1998

PERSPECTIVES DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE


Table des mati�res


I. INTRODUCTION

1. Ce document pr�sente un aper�u des facteurs influant sur l'offre de fruits tropicaux frais dans les principales r�gions productrices et sur la demande de ces produits sur les principaux march�s d'importation. L'�volution de la demande de fruits tropicaux transform�s est trait�e dans le document CCP: SG TF 98/CRS.1 pr�par� par le Centre du commerce international (CNUCED/OMC).

2. Les facteurs socio-�conomiques influen�ant les d�cisions en mati�re de demande ont des incidences importantes sur la formulation des politiques et strat�gies de production et de commercialisation. Le pr�sent document tente d'examiner certains de ces facteurs. Il doit �tre lu dans le contexte des documents CCP: SG TF 98/2, qui examine la situation du march� et les perspectives � court terme, et CCP: SG TF 98/4, qui fournit une �valuation quantitative des perspectives de la demande � moyen terme des fruits tropicaux. D'autres consid�rations, comme le cadre sanitaire et phytosanitaire dans lequel se d�roulent les �changes, sont �galement importantes lorsqu'on examine les facteurs affectant le commerce international. Les documents CCP: SG TF 98/6 et CCP: SG TF 98/7 traitent de ces questions.

II. APERCU DES FACTEURS AFFECTANT L'OFFRE

3. Les r�gions qui produisent et exportent des fruits tropicaux frais (Graphiques 2 et 3) en quantit�s importantes sont au nombre de trois: l'Afrique, l'Asie et l'Am�rique latine et les Cara�bes. Des quantit�s moindres sont produites en Oc�anie, en Am�rique du Nord et en Europe. L'Asie est de loin la principale r�gion productrice, avec 4 millions d'hectares en 1996 (Graphique 1). Elle assure 69 pour cent de la production mondiale de fruits tropicaux, mais seulement 26 pour cent des exportations mondiales de fruits tropicaux frais. L'essentiel de la production asiatique est donc consomm� dans le pays producteur et les politiques des principaux pays exportateurs mettent l'accent sur les industries � valeur ajout�e. L'Asie assure plus de 85 pour cent des exportations mondiales de fruits tropicaux transform�s (85 pour cent pour les ananas et 90 pour cent pour les mangues). Bien que l'Am�rique latine et les Cara�bes n'assurent que 20 pour cent de la production mondiale, avec une superficie exploit�e de 821 000 hectares en 1996, sa part dans les exportations mondiales de fruits tropicaux frais est de 38 pour cent. L'Afrique, avec 9 pour cent de la production mondiale et une superficie exploit�e de 636 000 hectares, a assur� en 1996 15 pour cent des exportations de fruits frais. En outre, elle assure l'essentiel du restant des exportations de fruits tropicaux transform�s. Le r�le de l'Am�rique latine et des Cara�bes dans ce domaine est n�gligeable.

A. ASIE

4. En Asie, la production et le commerce des produits tropicaux sont des activit�s traditionnelles. Ils jouent un r�le important dans la nutrition nationale, notamment en Asie du Sud-Est et contribuent � la r�alisation des objectifs d'autosuffisance des gouvernements (tout en rempla�ant �ventuellement les importations de fruits des zones temp�r�es). Les fruits tropicaux sont consid�r�s comme des cultures de diversification id�ale, notamment pour les petits exploitants. La r�gion joue le r�le de chef de file en mati�re de s�lection de vari�t�s, notamment pour les fruits tropicaux dont le commerce est secondaire, tels que les litchis, les longans, les ramboutans, les durions, etc. Ces derni�res ann�es, les technologies de transformation ont sensiblement progress�, confirmant la pr��minence de la r�gion en mati�re de production et de commerce des fruits tropicaux transform�s. Enfin, gr�ce � la d�valuation mon�taire r�cente dans certains pays d'Asie du Sud-Est et � la r�duction des taux de fret vers l'Europe, les exportations de fruits tropicaux (tant frais que transform�s) de cette r�gion devraient progresser.

B. AMERIQUE LATINE ET CARAIBES

5. La production et le commerce des fruits tropicaux sont des activit�s relativement d�velopp�es en Am�rique latine et aux Cara�bes. Dans cette r�gion �galement, les fruits tropicaux sont de plus en plus utilis�s pour la diversification. La principale diff�rence avec l'Asie tient au fait que la r�gion se sp�cialise dans l'exportation des fruits tropicaux frais. La transformation est une industrie tr�s r�cente, qui pourrait se d�velopper avec l'expansion de la production de fruits destin�s � l'exportation. La mise en valeur de l'industrie des fruits tropicaux dans la r�gion devrait �tre facilit�e par l'existence d'une industrie de la banane extr�mement d�velopp�e, puisque ce sont souvent les m�mes soci�t�s qui sont impliqu�es. L'objectif vis� �tant de produire des produits de premi�re qualit� � des prix comp�titifs, les activit�s de production et de commercialisation de ces soci�t�s sont int�gr�es verticalement et un contr�le maximum est assur� de l'exploitation � la vente au d�tail.

C. AFRIQUE

6. L'Afrique a une infrastructure de production et de commercialisation des fruits tropicaux moins d�velopp�e, en raison essentiellement des difficult�s �conomiques des ann�es 80 et du d�but des ann�es 90. Toutefois, depuis quelque temps, l'acc�l�ration des taux de croissance stimule l'investissement dans l'agriculture. La diversification de l'agriculture gr�ce � l'exploitation des fruits tropicaux destin�s � l'exportation, la transformation � valeur ajout�e (l'Afrique vient au deuxi�me rang pour les exportations d'ananas et de mangues transform�s) et la cr�ation ou l'am�lioration d'une infrastructure de production et de commercialisation dans toutes les r�gions profitent d'un environnement �conomique plus sain.

7. Toutefois, les petits exploitants ont beaucoup de mal � r�pondre � l'appel en faveur de la diversification. Leur aptitude � produire des fruits tropicaux de premi�re qualit� en volumes importants est entrav�e par le co�t �lev� des intrants (engrais et produits agrochimiques, notamment) et les taux de fret �lev�s, dus � l'absence d'une infrastructure de transport adapt�e � la commercialisation int�rieure et � l'exportation, qui viennent s'ajouter � des co�ts de production d�j� relativement �lev�s. En outre, lorsque les petits exploitants re�oivent des avances en esp�ces de la part de grandes entreprises de production et d'exportation, cette avance implique souvent une baisse des prix � la ferme. Pour assurer un avenir dynamique aux fruits tropicaux d'Afrique, il convient de prendre des mesures garantissant la comp�titivit� et l'efficacit� du secteur de la production fruiti�re.

III. FACTEURS AFFECTANT LA DEMANDE SUR LES PRINCIPAUX MARCHES

8. Les trois principaux march�s d'importation de fruits tropicaux frais sont la Communaut� europ�enne, les Etats-Unis et le Japon. Ensemble, ces march�s absorbent plus de 75 pour cent des importations mondiales de fruits tropicaux frais, la CE venant en t�te, tant pour les volumes totaux que pour les volumes par habitant, suivie des Etats-Unis et du Japon (Graphique 4). La tendance r�cente est � une expansion des volumes import�s, gr�ce � la sensibilisation accrue des consommateurs, � l'augmentation des PNB par habitant et � la demande provenant d'immigrants r�cents.

9. Des �tudes1 estimant l'�lasticit� (prix propre, prix relatif et revenu) de la demande des trois principaux fruits tropicaux frais commercialis�s (mangues, avocats et papayes) indiquent que les consommateurs de ces trois march�s r�agissent assez vivement aux changements de prix de ces fruits. En revanche, pour les fruits commercialis�s en moins grandes quantit�s (mangoustans, longans, litchis, etc.), la consommation sur la plupart des march�s ne d�pend pratiquement pas des prix. De m�me, les effets de substitution et l'�lasticit� revenu de ces fruits sont importants. Les facteurs affectant la consommation sur chacun des trois grands march�s sont r�sum�s ci-apr�s.

A. COMMUNAUTE EUROPEENNE

Facteurs �conomiques

10. Dans la CE, les importations de fruits tropicaux atteignent 1,83 kg par habitant contre des niveaux de consommation par habitant apparents de 9 kg pour les bananes et de 19 kg pour les pommes.

a) Prix
11. Comme mentionn� ci-dessus, les consommateurs r�agissent aux fluctuations des prix des fruits tropicaux, ainsi qu'au prix d'un fruit tropical par rapport � d'autres fruits. On trouvera dans le tableau 1 ci-apr�s une estimation des �lasticit�s-prix propre et prix relatif de la demande d'avocats, de mangues et de papayes, dans la CE. Sur ces trois fruits, la demande de papayes est la plus sensible aux variations du prix propre (�lasticit�-prix propre de -2,73) et aussi de son prix compar� � celui d'autres fruits (�lasticit�-prix relatif de 1,92); autrement dit, � mesure que le prix de la papaye diminue, la demande de ce fruit augmente sensiblement; et si le prix de la papaye augmente par rapport � un autre fruit, la demande de cet autre fruit diminue.

b) Revenus
12. On s'attend habituellement � ce que l'�lasticit�-revenu de la demande de la plupart des fruits frais soit sup�rieure � l'unit�. Dans la CE, la demande d'avocats et de mangues r�agit vivement � une augmentation du revenu, mais ce n'est pas le cas pour les papayes (Tableau 1).

Autres facteurs

a) Caract�re saisonnier
13. La consommation de fruits tropicaux atteint un maximum pendant les f�tes, bien que leur disponibilit� croissante tout au long de l'ann�e encourage une consommation plus r�guli�re.

b) Distribution
14. Les principaux pays importateurs de la CE sont la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. La Belgique importe �galement des quantit�s consid�rables d'ananas et, avec les Pays-Bas, joue un r�le important en tant que point d'entr�e et de r�exportation (le commerce intra-CE des fruits tropicaux a repr�sent� en 1996 55 pour cent des importations totales).

15. Les grandes cha�nes de distribution jouent un r�le capital dans la distribution des fruits tropicaux en Europe. En France, les hypermarch�s et les supermarch�s repr�sentent ensemble quelque 70 pour cent des ventes de 1995 (Tableau 2). Les grandes surfaces jouent un r�le relativement plus important dans la vente des fruits tropicaux, que pour la plupart des autres fruits (en France, en 1995, les supermarch�s ont assur� 58 pour cent seulement des ventes de fruits des zones temp�r�es). La commercialisation des fruits tropicaux exige davantage de publicit� et une meilleure organisation que la commercialisation des fruits des climats temp�r�s, car les fruits tropicaux sont encore mal connus de nombreux consommateurs.

c) D�mographie
16. Des �tudes de consommation font appara�tre que dans la CE les achats de fruits tropicaux sont plus vraisemblablement le fait de personnes �g�es de 30 � 58 ans, et habituellement de m�nag�res. Les groupes d'�ge plus jeunes ou plus �g�s ach�tent moins de fruits tropicaux.

B. ETATS-UNIS

Facteurs �conomiques

17. Les importations de fruits tropicaux des Etats-Unis s'�l�vent � 1,64 kg par habitant (Graphique 5). Toutefois, il convient de noter que 59 pour cent de la consommation concerne la production int�rieure (Graphique 6). La consommation de bananes et de pommes par habitant est d'environ 11 et 15 kg respectivement.

a) Prix
18. On constate une sensibilit� aux prix diff�rente de celle enregistr�e sur d'autres march�s. Les �lasticit�s prix propre sont bien inf�rieures pour la papaye (-0,07), indiquant que la r�action � une hausse des prix serait moindre que pour les avocats (-1,48). Les �lasticit�s prix relatif pour les mangues sont en revanche �tonnamment �lev�es � 5,59 et donnent � penser que des variables pourraient avoir fait d�faut pendant l'estimation (Tableau 1).

b) Revenus
19. Comme pr�vu, l'effet revenu est faible pour les papayes et important pour les avocats, les mangues se situant entre les deux (Tableau 1).

Autres facteurs

a) Distribution
20. Aux Etats-Unis, le syst�me de distribution est, comme celui de la CE, extr�mement int�gr�. La distribution des fruits tropicaux se fait par les m�mes circuits commerciaux que celle des bananes. Depuis cinq ans, la tendance est � la vente directe du producteur/exportateur aux grandes cha�nes de distribution, de fa�on � court-circuiter les interm�diaires. Par cons�quent, le succ�s de la distribution est de plus en plus li� � la conclusion d'alliances strat�giques avec les grandes soci�t�s de distribution. Ceci pose un v�ritable probl�me aux producteurs de fruits tropicaux secondaires, qui se caract�risent par des volumes modestes.

b) D�mographie
21. La sensibilisation du consommateur am�ricain aux probl�mes de sant� a largement contribu� � l'expansion de la consommation de fruits et les fruits tropicaux (notamment les quatre grands) commencent � en recueillir les b�n�fices. En outre, l'effet de nouveaut� a jou� un r�le dans la population jeune aux revenus �lev�s. La population des Etats-Unis �tait estim�e en 1996 � pr�s de 270 millions et des �tudes de consommation ont fait appara�tre que la consommation par habitant la plus �lev�e �tait le fait du groupe d'�ge 25-55 ans.

C. JAPON

Facteurs �conomiques

22. Les importations de fruits tropicaux du Japon s'�l�vent � 0,92 kg par habitant, contre des niveaux de consommation par habitant apparents de 4 kg pour les bananes et de 5 kg pour les pommes.

a) Prix
23. Les �lasticit�s prix propre font appara�tre que la demande d'avocats, de mangues et de papayes est extr�mement sensible aux fluctuations de prix, notamment celle des papayes (-2,95). Des trois grands march�s, le march� japonais est celui qui pr�sente les plus faibles �lasticit�s-prix relatif, indiquant que ces fruits ont peu de substituts (Tableau 1).

b) Revenus
24. L'effet revenu est plus �lev� pour les mangues et moindre pour les papayes. Des r�sultats analogues sont observ�s pour les papayes sur les trois grands march�s. Toutefois, en ce qui concerne les avocats et les mangues, l'�lasticit�-revenu de la demande diff�re selon les march�s: elle est plus �lev�e pour les mangues au Japon et pour les avocats aux Etats-Unis, tandis que dans la CE, l'effet revenu est analogue pour les mangues et les avocats.

Autres facteurs

a) Caract�re saisonnier
25. Bien que les fruits tropicaux soient disponibles toute l'ann�e, leur consommation s'accro�t pendant les p�riodes de f�te (� l'occasion de l'�change traditionnel de cadeaux en juillet/ao�t et d�cembre/janvier).

b) Distribution
26. L'essentiel des fruits frais import�s au Japon le sont par de gros importateurs. La moiti� environ des fruits import�s sont vendus sur les march�s de gros, l'autre moiti� �tant destin�e � des commissionnaires et � des supermarch�s. Outre les quantit�s import�es par les importateurs, les supermarch�s importent aussi directement des fruits frais de l'�tranger.

c) D�mographie
27. Au Japon, la jeune g�n�ration consomme moins de fruits frais (tropicaux ou autres) que le reste de la population. Par exemple, si l'on compare la consommation de fruits frais par groupes d'�ges, les donn�es fournies par le Minist�re de l'agriculture font appara�tre que 60 pour cent environ de la consommation totale de fruits est le fait des groupes d'�ges 30-39 et 55-59 ans. Les groupes d'�ges 25-29 et 45-49 ans consomment pr�s de 40 pour cent des quantit�s consomm�es par les groupes d'�ges susmentionn�s et le restant est consomm� par les autres groupes d'�ges.

IV. CONCLUSION

28. Les principaux obstacles � une expansion du commerce des prix tropicaux sont li�s � la progression de la demande, dans la mesure o� l'offre est jug�e suffisante pour faire face aux besoins actuels et � venir. Toutefois, pour assurer un avenir dynamique aux fruits tropicaux, notamment en Afrique, la production doit �tre mieux organis�e, non seulement pour am�liorer la qualit� du produit, mais aussi pour garantir sa comp�titivit� et l'efficacit� de la production. En ce qui concerne la demande, outre les facteurs �conomiques, il est essentiel d'am�liorer l'emballage, le transport et la promotion commerciale des produits si l'on veut �largir les march�s. En outre, les exportateurs doivent conclure des alliances strat�giques pour assurer l'acceptation, la large diffusion et la distribution efficace de leurs produits.

Tableau 1

Estimation des �lasticit�s-prix propre, prix relatif et revenu de la demande d'importation de la CE
    Prix propre Prix relatif Revenu  

 

  Avocats -2,58 1,07 1,74
  Mangues -2,49 1,78 1,73
  Papayes -2,73 1,92 0,66
Estimation des �lasticit�s-prix propre, prix relatif et revenu de la demande d'importation des Etats-Unis
    Prix propre Prix relatif Revenu   
  Avocats -1,48 0,34 3,23
  Mangues -0,74 5,59 1,39
  Papayes -0,07 2,20 0,91
Estimation des �lasticit�s-prix propre, prix relatif et revenu de la demande d'importation du Japon
    Prix propre Prix relatif Revenu  
  Avocats -2,01 0,20 1,22
  Mangues -1,41 0,34 3,23
  Papayes -2,95 0,95 0,4

Tableau 2

Parts des diff�rents circuits de distribution des fruits tropicaux, France 1995
  Hypermarch�s   Supermarch�s   March�s de plein air Marchands de fruits et l�gumes   Autres
33% 37.3% 14% 5,9% 9,8%

Source: FLD/CTIFL

1 Document CCP:BA 96/6, "Evolution r�cente des politiques ayant une incidence sur le commerce de la banane" et "Prospects for Non-Traditional Agricultural Commodities" S. Koroma, ESC, FAO 1997.