COMITÉ DES PRODUITS

GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LES AGRUMES

Douzième session

Valence (Espagne), 22 -25 septembre 1998

PRODUCTION, DEMANDE ET COMMERCE DES AGRUMES:
PROJECTIONS À L'HORIZON 2005


Table of Contents


I. INTRODUCTION

1. Le présent document a été préparé à l'intention du Groupe intergouvernemental et servira de base à l'examen des perspectives à moyen terme de la production, de la consommation et du commerce des agrumes. Il passe en revue l'évolution récente de l'économie agrumicole et analyse les perspectives à l´horizon 2005. Les membres sont priés d'examiner les informations qui les concernent, de formuler des commentaires et/ou de réviser le cas échéant ces informations.

II. MÉTHODOLOGIE

2. Les projections relatives à la production sont fondées sur un ensemble complexe de données spécifiques au pays, qui englobent entre autre des inventaires d'arbres, des profils d´âge des plantations et des rendements moyens pour les pays dans lesquels ces données étaient disponibles. On a supposé que les prix réels sont restés constants aux niveaux de 1992-94 pendant toute la période concernée par les projections. On a pensé que cette hypothèse simplifiée n'était pas inadéquate étant donné la capacité d'adaptation relativement faible des prix à moyen terme qui caractérise l´offre d´agrumes. Pour les pays pour lesquels les données étaient partielles, on a estimé la production surtout en fonction des tendances historiques, en supposant qu´elles se poursuivraient. Enfin, on a effectué certains ajustements en fonction d´estimations liées à la connaissance de facteurs spécifiques touchant la production dans certains pays, telles que les possibilités commerciales offertes par l´Accord du cycle d´Uruguay et l´Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui continuent de se mettre en place, les changements récents de l´organisation du marché commun pour les fruits et légumes de la CE et d´autres évolutions de politiques aux niveaux international et national.

3. Une nouvelle caractéristique de ce travail de projection, si on le compare aux précédents entrepris sous l´égide du Groupe est la différenciation que l'on a établie entre consommation et commerce d´agrumes frais et transformés. Pour ce faire, on a déterminé la part de la production destinée aux secteurs frais et transformés sur la base des tendances d´utilisation récentes que l´on a supposé constantes pendant toute la période faisant l´objet de la projection. Toutefois, on a tenu compte des intentions en matière d´investissements dans le secteur de la transformation, lorsque des données existaient, pour ajuster les parts estimées. Comme d´habitude, les volumes d´agrumes transformés consommés et négociés ont été convertis en équivalents fruits frais.

4. On a établi des projections concernant la consommation d'agrumes frais et transformés sur la base des niveaux de consommation par habitant et de leur évolution probable compte tenu des tendances historiques et/ou des modifications des niveaux des revenus projetés1. On a utilisé les projections de la consommation par habitant obtenues ainsi que les projections de l´Organisation des Nations Unies en matière de population pour établir la consommation totale au niveau des pays. On a supposé que les prix réels de la période de référence (c´est-à-dire 1992-94) restaient constants pendant toute la période objet de la projection. On a également ajusté les projections de la demande dans la mesure du possible pour tenir compte d´autres faits pertinents, tels que la mise en place de changements de politiques (par exemple réductions tarifaires), l´évolution récente des préférences des consommateurs, etc. et les connaissances spécifiques concernant les différents marchés concernés.

5. Pendant la phase finale d´étalonnage, étant donné le manque relatif de souplesse qui caractérise habituellement la production des plantes pérennes une fois que la plantation a eu lieu (au moins dans le court et moyen terme), on a équilibré l´offre et la demande en ajustant la consommation au niveau national, de sorte que lorsqu'on ajoute la consommation de tous les pays, on obtient la production globale. On s´est efforcé de maintenir un équilibre entre production, lorsqu´il y en avait une, consommation et commerce, au niveau national. Cette équilibrage entre l´offre et la demande suppose que tous les agrumes produits trouvent un débouché. On n´a toutefois pas tenu compte des déchets éventuels ou des pertes de production dues au manque de débouchés commerciaux et c´est pourquoi dans certains cas les niveaux prévus de la demande, surtout ceux qui concernent la demande intérieure, ne seraient atteints que si certains problèmes économiques et d´infrastructures étaient surmontés.

6. En raison des limites de la méthode utilisée, les projections du commerce établies aux fins du présent document ne concernent que le commerce net. Les importations nettes sont le solde des importations brutes moins les exportations brutes, alors que les exportations nettes sont le solde des exportations nettes moins les importations brutes. C´est pourquoi, un pays peut exporter et importer un type d´agrume particulier dans une année donnée, mais il ne peut pas être à la fois un exportateur net et un importateur net.

7. On a établi des projections du commerce net en calculant la différence entre production estimée et consommation estimée au niveau national. Par exemple, les projections des exportations nettes (ou disponibilités exportables) correspondent à la différence entre consommation intérieure et production dans les pays producteurs. On peut considérer les disponibilités exportables comme le volume de produits qui seraient disponibles pour l'exportation dans un pays producteur après avoir tenu compte des besoins de la consommation locale. Les besoins d´importation peuvent être interprétés comme étant le volume des importations nécessaires pour satisfaire la demande locale une fois la production locale, si tant est qu´il y en ait une, prise en compte. On a calculé les exportations nettes et les importations nettes par pays pour chaque variété et pour les agrumes frais et transformés.

8. En raison des problèmes de précision des données sur les réexportations fournies au Secrétariat et des difficultés propres au calcul de facteurs de conversion appropriés, principalement dans le cas des agrumes transformés, l´analyse des échanges commerciaux contenue dans le présent document est axée sur les exportations nettes. Toutefois, on a inclus des chiffres sur les importations nettes aux fins d´information. On demande au Groupe d´examiner la façon d´obtenir de meilleures indications des flux commerciaux et des niveaux d´importations nettes et de donner des avis.

9. Il est important de considérer ces projections comme des outils d´analyse et d´être vigilant lorsqu´on interprète les résultats. Il convient de faire en particulier attention aux incidences des prix dans cette analyse, thème qui a été développé tout au long du document, sans toutefois qu'aucunes quantifications spécifiques ne soient faites.

III. PROJECTIONS A L´HORIZON 2005

A. ORANGES

Evolution entre 1982-84 et 1992-94

10. La production mondiale d´oranges a augmenté à un rythme annuel de plus de 3 pour cent entre 1982-84 et 1992-94, passant de 36 millions de tonnes à près de 50 millions de tonnes. En 1995, la production a dépassé les 51 millions de tonnes (tableau 1a). L´essentiel de la croissance a été le fait des pays en développement, surtout l´Amérique latine mais également l´Asie et dans une moindre mesure l´Afrique. En Amérique latine, le volume de la production s'est considérablement accru au Brésil et au Mexique. Ces deux pays à eux seuls représentent plus de 40 pour cent de l´augmentation du volume de la production globale pendant la période 1982-84 à 1992-94. En Asie, la production a augmenté de façon significative en Chine, en Inde et au Pakistan, alors que la production du Proche-Orient atteignait des niveaux sensiblement plus élevés dans la République islamique d´Iran. Dans les pays développés, la production a augmenté dans la Communauté européenne et aux Etats-Unis.

11. Environ 50 pourcent des oranges ont été consommées sous forme de fruits frais en 1982-84. Cette part n´a pas beaucoup changé pendant la décennie se terminant en 1992-94 puisque la consommation à l'état frais et transformée a augmenté à peu près au même rythme. Au niveau mondial, la consommation d´oranges fraîches et transformées par habitant est passée d´environ 8 kilos à plus de 9 kilos pendant cette période.

12. La consommation d´oranges fraîches est passée d´environ 20 millions de tonnes en 1982-84 à 26 millions de tonnes en 1992-94 (tableau 2a). Cette augmentation a été principalement enregistrée dans les pays en développement. Parmi les diverses régions, l´augmentation absolue la plus forte en volume a été constatée en Asie, suivie de l´Amérique latine et de l´Afrique. Dans les pays développés, la consommation d´oranges n´a augmenté que légèrement pour atteindre 8 millions de tonnes, la plupart de cette croissance se produisant en Europe. Au niveau mondial, la consommation d´oranges par habitant est passée de 4,5 à 5,1 kilos. Au début des années 90, la consommation par habitant dans les pays en développement était de 4,7 kilos, ce qui n´est pas très éloigné de la moyenne de 6,2 kg constatée dans les pays développés.

13. Dans le cas des produits dérivés, principalement le jus concentré congelé (JOCC), la consommation est passée d´environ 16 millions de tonnes à 21 millions de tonnes (tableau 3a). Cette augmentation s´est concentrée dans les pays développés, principalement en Amérique du Nord et en Europe. Dans ces mêmes pays, la consommation par habitant d´oranges transformées est passée de 12,3 à 15,5 kg pendant la période 1982-84 à 1992-94 alors que l´augmentation des revenus, des prix concurrentiels, les préférences des consommateurs et autres facteurs de commodité continuaient de favoriser la croissance de ce marché.

14. Entre 1982-84 et 1992-94, les exportations nettes, d´oranges fraîches et transformées ont augmenté d´environ 1,8 pourcent par an. Ce taux était considérablement inférieur à celui des années 70 et du début des années 80, en raison principalement du ralentissement du commerce des oranges transformées à la suite de la reprise de la production aux Etat-Unis qui a entraîné une diminution des besoins d´importation dans ce pays (tableau 5a). Le commerce net des oranges fraîches est resté relativement stable étant donné qu´une grande part de l´augmentation de la consommation de fruits frais a été satisfaite par la production intérieure dans les pays en développement (tableau 4a). L´augmentation des expéditions vers les économies en transition ont contribué à l´essentiel de l´augmentation des exportations nettes d´oranges fraîches.

Perspectives

15. D´après les projections, la production devrait dépasser 62 millions de tonnes en 2005. Même si la production d´oranges continue d´augmenter, le rythme sera plus lent que pendant la décennie précédente. Dans les pays en développement, la croissance devrait être sensiblement plus faible en raison de plusieurs facteurs. Sur certains grands marchés, de fortes disponibilités nationales et une chute des prix calmeraient la croissance alors qu´un ralentissement de la demande sur les marchés internationaux d´agrumes frais et transformés compromettrait l´expansion dans les pays particulièrement tributaires des exportations. Dans certains cas, on prévoit que les problèmes dus aux maladies ainsi qu´un relâchement de la maintenance et une moindre utilisation des intrants agricoles liés à une diminution des bénéfices limiteraient encore la croissance de la production. Dans les pays développés, le taux de croissance de la production se ralentirait aussi. La croissance sera suffisante pour soutenir le commerce d´exportation et satisfaire les besoins du marché intérieur. L´essentiel de la croissance devrait se produire aux Etats-Unis qui d'importateurs nets sur le déclin deviendraient petit exportateur net.

16. A l´horizon 2005, la consommation devrait augmenter principalement dans les pays en développement et avant tout sous forme de fruits frais, bien qu´un volume croissant d´oranges serait consommé à l'état transformé dans certains pays comme la Chine, le Mexique, l´Argentine et le Brésil. Dans quelques pays, toutefois, il faudra surmonter divers problèmes liés aux infrastructures et aux marchés pour que ce potentiel se réalise. Dans les pays développés, la consommation continuerait de se développer mais à un rythme un peu plus lent que pendant la décennie passée. La consommation de fruits frais augmentera plus rapidement dans les économies en transition qui deviendront également de plus en plus des marchés importants pour les oranges transformées.

17. Sur la base des hypothèses ci-dessus concernant les ajustements de la demande en fonction des prix, les exportations nettes d´oranges fraîches et traitées augmenteraient de moins de 1 pour cent par an d´ici l´an 2005, comparé à un taux de croissance de 1,8 pour cent pendant la décennie précédente. D´ici l´an 2005, les exportations nettes ne représenteraient que 29 pour cent de la production mondiale d´oranges comparé à presque 34 pour cent en 1992-94, reflétant ainsi la part croissante de la consommation satisfaite par la production intérieure.

18. Les exportations nettes d´oranges fraîches augmenteraient à un rythme annuel moyen de 0,4 pour cent, soit un peu moins d´un tiers de celui de la décennie précédente, principalement à la suite d´une augmentation de la demande d´importation dans les économies en transition. Le rythme de croissance des exportations nettes des produits dérivés à l´horizon 2005 diminuerait également fortement. Tandis que la demande d´importation dans la Communauté européenne et les économies en transition continuerait à augmenter, les Etats-Unis, après avoir été le seul pays importateur net en 1992-94, deviendraient un exportateur net d´oranges transformées.

Incidences des prix

19. Les projections concernant les oranges à l´horizon 2000 montrent que l´essentiel de l´augmentation de la production serait absorbée par les marchés intérieurs, en particulier dans les pays en développement où d´abord les fruits frais et ensuite les fruits transformés feront de plus en plus partie du régime alimentaire à mesure que le niveau des revenus augmente. Toutefois, dans certains de ces pays d'importants problèmes de distribution et de transformation des fruits devront être résolus pour que ce potentiel se réalise. Sinon, des surplus structurels et une déterioration des prix entraîneraient des ajustements à la baisse de la production à long terme.

20. En ce qui concerne les disponibilités principalement tournées vers les marchés internationaux, les perspectives de prix à l´avenir sont incertaines. Une diminution des besoins d´importation nette d´oranges transformées et une augmentation plus lente de la demande d´importation de fruits frais sur des marchés anciens et sur ceux où la concurrence d´autres fruits se fait sentir, notamment les fruits exotiques, feraient baisser les prix. Toutefois, du côté de l´offre, la production d´oranges est vulnérable aux caprices du temps et les écarts de rendement continueront d´avoir une incidence sur les niveaux de prix. De plus, côté demande, il existe un potentiel permettant de renforcer la consommation, en particulier grâce à la promotion des bienfaits nutritionnels des oranges sur les marchés traditionnels et nouveaux.

B. TANGERINES

Évolution entre 1982-84 et 1992-94

21. La production mondiale de tangerines a enregistré une forte croissance entre 1982-84 et 1992-94, augmentant à un rythme annuel moyen d'environ 4,2 pour cent (tableau 1b). La production est passée de 8,2 millions de tonnes en 1982-84 à 12,4 millions de tonnes en 1992-94. L'extension des cultures dans de nombreux pays, notamment en Chine pour les pays en développement et en Espagne pour les pays développés, a plus que compensé la forte diminution de la production au Japon.

22. Moins de 10 pour cent est consommé sous forme transformée, principalement des quartiers et des jus en boîte. Pendant cette période, la consommation de tangerines fraîches a augmenté à un taux annuel moyen de plus de 5 pour cent, passant de 6,7 millions de tonnes à 11,0 millions de tonnes (tableau 2b). La consommation a essentiellement augmenté dans les pays en développement, où la consommation par habitant est passée de 0,6 à 1,9 kg. La consommation a stagné dans les pays développés, où la consommation par habitant a en fait diminué légèrement pour tomber à 3,0 kg, traduisant principalement des diminutions au Japon, où une baisse significative du volume des tangerines produit localement, associée à de plus grandes disponibilités et à une augmentation de la demande d'autres types de fruits frais, en ont été les principales causes. Toutefois, dans la Communauté européenne, zone commerciale la plus étendue dans les pays développés, la consommation totale de tangerines fraîches a augmenté à un taux annuel moyen de 2,7 pour cent, la consommation par habitant atteignant 5 kg en 1992-94.

23. Les exportations nettes de tangerines fraîches ont enregistré une forte croissance entre 1982-84 et 1992-94, augmentant à rythme annuel moyen de 3,0 pour cent (tableau 4b). En chiffres absolus, l'essentiel de l'augmentation des disponibilités entrant sur les marchés internationaux était le fait de la région méditerranéenne, en particulier l'Espagne, et était destiné à des marchés de la Communauté européenne et de l'Amérique du Nord. Le commerce net des tangerines transformées a été pratiquement nul pendant la période comprise entre 1982-84 et 1992-94

Perspectives

24. La production mondiale devrait augmenter à un rythme moyen annuel de 2,8 pour cent pour atteindre 17,4 millions de tonnes en 2005. Bien que relativement rapide, la croissance devrait être beaucoup plus lente que pendant la décennie précédente. Des taux de croissance élevés sont prévus en Espagne, en Chine, au Mexique, en Egypte et au Maroc. D'ici l'an 2005, la Chine devrait produire 7,8 millions de tonnes, destinés principalement à son marché intérieur en expansion.

25. La consommation globale de tangerines fraîches et transformées devrait augmenter à un taux annuel moyen de 3,3 pour cent, ce qui est également très inférieur à celui de la décennie précédente. L'essentiel de la croissance devrait se produire en Chine, où l'absorption totale du marché atteindrait 7,7 millions de tonnes. A ce niveau, la consommation par habitant s'établirait à 5,8 kg, chiffre élevé si on le compare aux autres grands marchés, mais inférieur à celui des pays producteurs. Toutefois, pour atteindre ce niveau, il faudrait que divers problèmes liés à la qualité, au prix et à la distribution soient surmontés. Sur les autres marchés, la consommation dans la Communauté européenne principalement, et en Amérique du Nord et dans les économies en transition dans une moindre mesure, continuerait à augmenter. La tendance à la baisse de la consommation au Japon se poursuivra bien qu'à un rythme plus lent que pendant la décennie précédente et la consommation par habitant devrait se stabiliser autour des 11 kg..

26. Entre maintenant et l'an 2005, les exportations nettes de tangerines continueront à augmenter à un taux annuel moyen d'environ 3 pour cent, l'essentiel de l'augmentation des disponibilités destiné aux marchés internationaux provenant d'Espagne. Les disponibilités exportables augmenteront également au Maroc ainsi qu'en Egypte, en Turquie, en Argentine, au Mexique et en Uruguay. Les besoins d'importations se développeront au Proche-Orient et dans certains pays d'Amérique latine et d'Asie, mais l'essentiel de la croissance continuera de se produire dans la Communauté européenne, en Amérique du Nord et dans les économies en transition. Bien qu'il s'agisse d'un créneau en pleine expansion, les exportations de tangerines transformées d'ici l'an 2005 ne représenteraient que 7 pour cent de toutes les tangerines négociées au niveau international. Les plus fortes augmentations des exportations de produits dérivés de la tangerine se produiront en Chine, au Maroc et au Japon.

Incidences des prix

27. Les projections montrent qu'une part importante des augmentations potentielles de la production seront absorbées par les marchés intérieurs, en particulier en Chine. Ailleurs, une augmentation soutenue et continue de la demande d'importations permettrait de commercialiser un volume croissant de disponibilités exportables à des prix en général rémunérateurs. Les facteurs contribuant à l'évolution favorable des prix des tangerines seraient notamment l'amélioration continue de la qualité des disponibilités sur les marchés internationaux, les aspects de commodité liés à des variétés plus faciles à éplucher et la mise au point de variétés à maturité précoce et tardive pour permettre une commercialisation sur une période plus longue.

C. CITRONS2

Évolution entre 1982-84 et 1992-95

28. La production mondiale de citrons a augmenté à un rythme annuel moyen de 3,5 pour cent pour atteindre 7,9 millions de tonnes en 1992-94 (tableau 1c). Parmi les pays en développement qui ont enregistré un taux de croissance moyen de 5,7 pour cent, de fortes augmentations ont été constatées en Argentine, au Brésil et en Uruguay pour l'Amérique latine; dans la République islamique d'Iran; en Inde et en Thaïlande. Dans les pays développés, la production est restée stable, la croissance dans la Communauté européenne (principalement en Espagne) compensant les diminutions aux Etats-Unis et dans certains autres pays.

29. L'essentiel des citrons consommés (79 pour cent en 1982-84) l'ont été à l'état frais, les jus concentrés et non concentrés étant les principaux produits transformés. Pendant cette période, la consommation de citrons frais a augmenté à un taux annuel moyen de 4,7 pour cent, passant de 3,6 millions de tonnes à près de 6,0 millions de tonnes (tableau 2c). Cette croissance s'est produite dans les pays développés et en développement, bien qu'elle ait été plus forte dans ces derniers. La consommation par habitant dans les pays en développement est passée de près de 0,7 kg à 1,05 kg. Dans les pays développés, la consommation a également augmenté mais plus modestement, reflétant surtout un marché beaucoup plus ancien et des niveaux de consommation par habitant plus élevés. C'est dans la Communauté européenne, zone commerciale la plus étendue dans les pays développés, que l'augmentation de la consommation de citrons frais a été la plus forte en termes absolus, bien que la consommation aux Etats-Unis, autre marché important, ait augmenté à un rythme plus rapide.

30. Entre 1982-84 et 1992-94, les exportations nettes de citrons frais et transformés ont augmenté de 1 pour cent environ par an, traduisant une combinaison de croissance rapide pour les citrons transformés et une contraction des exportations de citrons frais. En chiffres absolus, l'essentiel de la diminution des volumes exportés de citrons frais s'est produit dans la Communauté européenne, bien que des baisses significatives aient été également enregistrées aux Etats-Unis et au Japon. La principale contraction des importations a été observée dans les économies en transition (tableau 4c). Pendant cette période, les exportations nettes de citrons transformés ont augmenté confortées par d'importants volumes provenant de la Communauté européenne, malgré la contraction des exportations qui a eu lieu dans les pays en développement (tableau 5c).

Perspectives

31. La production mondiale devrait atteindre 9,4 millions de tonnes en 2005. Cela suppose un taux de croissance annuel moyen de 1,5 pour cent, soit moins que la moitié de celui de la précédente décennie. La croissance la plus forte devrait se produire au Mexique et en Argentine pour l'Amérique latine et en Chine, au Pakistan, en Thaïlande et en Turquie pour l'Asie. D'ici l'an 2005, le Mexique et l'Inde devraient produire les plus grosses quantités (plus de 1,1 million de tonnes chacun) bien que des volumes importants seraient également produits en Argentine, au Brésil et aux Etats-Unis.

32. La consommation mondiale de citrons frais et transformés augmenterait à un rythme annuel moyen de 2,2 pour cent, soit considérablement moins que pendant la décennie précédente. L'essentiel de la croissance serait partagé entre les pays producteurs en développement, principalement ceux d'Asie et d'Amérique latine. L'absorption totale des pays en développement atteindrait 5,8 millions de tonnes, correspondant à une consommation par habitant de 1,2 kg. Ce chiffre est toutefois relativement bas si on le compare aux 2,7 kg prévus pour les pays développés. La consommation dans la Communauté européenne, en Amérique du Nord et dans les économies en transition continuerait à augmenter et la tendance à la baisse de la consommation observée au Japon entre 1982-84 et 1992-94 devrait s'inverser, toutes ces évolutions étant confortées par une demande plus forte de limes et des importations pendant la contre-saison de l'hémisphère Nord.

33. Entre maintenant et l'an 2005, les exportations nettes de citrons frais et transformés augmenteraient à un taux annuel moyen de 3,3 pour cent, soit trois fois la croissance annuelle enregistrée entre 1982-84 et 1992-94 lorsque la demande de citrons s'était contractée dans les économies en transition et que l'essentiel de la croissance s'était produit dans les pays producteurs. Cette croissance serait atteinte malgré des prévisions d'exportations plus faibles dans les pays développés, où l'on prévoit une absorption par le marché intérieur en hausse, notamment en Europe. L'essentiel de l'augmentation des disponibilités à destination des marchés internationaux proviendrait d'Argentine et du Mexique, les Etats-Unis, l'Europe et le Japon étant leurs principaux débouchés. Les disponibilités exportables augmenteront également en Uruguay, en Turquie et en Thaïlande. Les marchés d'importation dans les pays en développement seront les plus rapides à se développer, mais les pays importateurs développés représenteraient plus de 87 pour cent du marché mondial des importations.

Incidences des prix

34. L'augmentation de la demande mondiale de citrons jaunes et de limes devrait être plus faible que pendant la décennie précédente. Toutefois, le commerce net augmenterait plus rapidement en raison de la reprise des importations dans les économies en transition et du développement des marchés internationaux pour les limes et les citrons de contre-saison. C'est pourquoi les perspectives de prix sur les marchés internationaux sembleront dans l'ensemble défavorables tant qu'il n'y aura pas d'excédents exportables importants dans les principaux pays fournisseurs et que la demande dans les économies en transition continuera à se renforcer. Pour les pays exportateurs qui pourront avoir accès aux marchés des limes et des citrons jaunes de contre-saison, les perspectives de prix pourraient être un peu meilleures. A plus long terme toutefois, la possibilité que de nouveaux pays fournisseurs tels que Cuba, Costa-Rica, Belize et certains pays méditerranéens pénètrent sur le marché international, nécessitera peut-être de revoir les perspectives de prix pour ces marchés.

D. PAMPLEMOUSSES

Évolution entre 1982-84 et 1992-94

35. La production mondiale de pamplemousses a augmenté à un taux annuel moyen de près de 1,5 pour cent entre 1982-84 et 1992-94, passant de 4,2 millions de tonnes à près de 4,9 millions de tonnes (tableau 1d). Cette augmentation a été possible malgré une faible diminution de la production dans l'ensemble des pays développés. L'essentiel de la croissance dans les pays en développement s'est produite avant tout en Asie et dans une moindre mesure en Amérique latine. En Asie, le volume de la production a considérablement augmenté en Thaïlande et en Chine. Ces deux pays à eux seuls ont représenté près des deux tiers de l'augmentation du volume de la production mondiale pendant la période 1982-84 à 1992-94. En Amérique latine, la production a sensiblement augmenté en Argentine et à Cuba. Dans les pays développés, la production a enregistré une légère hausse aux Etats-Unis et dans la Communauté européenne, mais a baissé de façon significative en Israël.

36. Environ 60 pour cent de la production totale de pamplemousses a été consommée à l'état frais en 1982-84. Ce chiffre est passé à environ 56 pour cent en 1992-94 alors que la consommation sous forme transformée s'est développée plus rapidement. Au niveau mondial, la consommation par habitant de pamplemousses frais et transformés est passée de moins de 1,0 kg à près de 1,1 kg.

37. La consommation de pamplemousses frais est passée de 2,5 millions de tonnes environ en 1982-84 à près de 3,1 millions de tonnes en 1992-94 (tableau 2d). La hausse de la consommation de pamplemousses frais s'est produite principalement dans les pays en développement. Parmi les diverses régions, c'est l'Asie qui a enregistré l'augmentation absolue la plus forte en volume, suivie de l'Amérique latine. Dans l'ensemble des pays développés, la consommation de pamplemousses a légèrement baissé pour s'établir aux environs de 1,6 million de tonnes. L'essentiel de cette contraction s'est produit aux Etats-Unis, où la consommation de pamplemousses frais a baissé. La consommation mondiale de pamplemousses frais par habitant n'a que légèrement augmenté, passant de 0,57 kg à 0,59 kg. Au début des années 90, la consommation par habitant dans les pays en développement, qui s'établissait à près de 0,4 kg, n'était que le tiers environ de celle des pays développés.

38. Dans le cas des pamplemousses transformés, avant tout les jus et concentrés de pamplemousses, la consommation est le fait principalement des pays développés. La consommation mondiale de pamplemousses transformés est passée d'environ 1,7 million de tonnes à 2,4 millions de tonnes (tableau 3d) entre 1982-84 et 1992-94. L'augmentation a été concentrée sur les marchés d'Amérique du Nord et en Europe. La consommation de pamplemousses transformés par habitant est passée dans les pays développés de 1,4 à 1,9 kg pendant cette période, soutenue entre autres par les préférences du consommateur et des facteurs de commodité qui ont favorisé l'augmentation de la consommation de produits dérivés des pamplemousses par rapport aux pamplemousses frais.

39. Entre 1982-84 et 1992-94, les exportations nettes de pamplemousses frais et transformés sont restées stables à près de 1,3 million de tonnes, une faible hausse des exportations en provenance des pays en développement en tant que groupe compensant une légère contraction de celles des pays développés. Cela s'explique par une baisse du commerce d'exportation de pamplemousses frais combinée à une augmentation des exportations sous forme transformée. En dépit d'une diminution des exportations de pamplemousses frais au niveau mondial, les importations du Japon ont augmenté de façon significative. C'est la Communauté européenne qui a absorbé l'essentiel de l'augmentation des exportations de pamplemousses transformés.

Perspectives

40. En 2005, la production devrait dépasser 6,4 millions de tonnes, ce qui correspond à un taux annuel de croissance de près de 2,4 pour cent; soit une nette augmentation par rapport à celle de la décennie précédente. L'essentiel de la croissance devrait être le fait des pays en développement en Amérique latine et aux Caraïbes et en Asie, les plus fortes augmentations se produisant en Argentine, au Mexique et en Thaïlande. La production à Cuba devrait également décoller de ses récents niveaux. L'augmentation de 3,5 pour cent par an de la production dans les pays en développement d'ici l'an 2005 serait plus lente que celle enregistrée entre 1982-84 et 1992-94. Bien que la croissance dans les pays développés serait beaucoup plus faible, la tendance à la baisse de la décennie précédente s'inverserait, la production aux Etats-Unis et en Afrique du Sud devant d'après les projections augmenter.

41. La faible augmentation de la production prévue pour les Etats-Unis s'explique par les prix bas actuellement payés aux cultivateurs de pamplemousses dans ce pays. Ces deux dernières années, les prix départ exploitation des pamplemousses dans l'Etat de Floride, principale zone de production du pays, ont été bien inférieurs aux coûts de production. Aussi est-il probable que la production en Floride se contracte par rapport aux niveaux de 1995. A l'intérieur des Etats-Unis, la production de Californie, d'Arizona et du Texas devrait enregistrer de faibles augmentations qui compenseront les diminutions probables en Floride.

42. L'augmentation de la consommation jusqu'à l'an 2005 se produirait principalement dans les pays en développement et surtout dans ceux d'Asie. Les pamplemousses seraient principalement consommés sous forme de fruits frais, alors que de plus grandes quantités de pamplemousses seraient consommées sous forme transformée dans divers pays producteurs. La libéralisation des échanges ayant favorisé un accroissement de la consommation de pamplemousses dans la Communauté européenne et au Japon pendant la période 1982-84 à 1992-94, la demande devrait connaître de faibles hausses sur l'un et l'autre de ces marchés. C'est dans les économies en transition que la consommation de fruits frais augmentera le plus rapidement.

43. Les disponibilités exportables nettes de pamplemousses frais et transformés augmenteraient de 4,2 pour cent par an jusqu'à l'an 2005, soit beaucoup plus que pendant la précédente décennie lorsqu'une grande part des produits cultivés était consommée à l'intérieur des pays producteurs. D'ici l'an 2005, les exportations nettes représenteraient environ 32 pour cent de la production mondiale de pamplemousses comparé à 26 pour cent en 1992-94, reflétant l'augmentation de la part de la consommation dans les pays non producteurs. L'augmentation des volumes négociés dans le monde serait soutenue par de vastes disponibilités et des niveaux de prix assez bas pour encourager un frémissement de la demande sur les marchés d'importation émergents.

44. Les exportations nettes de pamplemousses frais augmenteraient à un taux moyen annuel de 3,4 pour cent, en raison principalement de la hausse de la demande d'importation dans les économies en transition, au Japon et en Europe. Cette tendance contrastera fortement avec la croissance négative enregistrée pendant la décennie précédente. L'Argentine pourrait augmenter sensiblement son volume d'exportations, comme le pourrait l'Afrique du Sud en fournissant l'hémisphère Nord pendant la contre-saison. Le taux de croissance des exportations nettes de pamplemousses transformés jusqu'à l'an 2005 serait presque le double de celui de la décennie précédente. La CE restera le plus important marché d'importation de produits dérivés du pamplemousse.

Incidences des prix

45. La stagnation de la demande est l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les producteurs de pamplemousses dans le monde. La croissance prévue sur les principaux marchés traditionnels étant faible, une absorption plus forte sur les marchés émergents tels que ceux des économies en transition ne sera peut-être pas suffisante pour soutenir les cours mondiaux du pamplemousse, surtout que l'on prévoit aussi un accroissement des disponibilités exportables. Quant aux importations de pamplemousses, la hausse prévue serait largement due à des niveau de prix bas. Les prix des pamplemousses frais et transformés pourrait décoller quelque peu des faibles niveaux actuels en raison d'une baisse de l'offre à court terme, mais vu l'importance des disponibilités et la stagnation dans l'ensemble de la demande sur les marchés arrivés à maturité, toute hausse des prix pourrait être assez limitée et probablement de courte durée. A plus long terme, le raffermissement des prix ne viendrait que de changements structurels plus profonds (par exemple réduction des zones cultivées et accroissement significatif de la demande).

IV. DÉFIS DE L'AVENIR

46. L'examen des tendances et des perspectives de base de l'économie mondiale des agrumes laisse apparaître certains défis pour les producteurs et les négociants. La culture et la commercialisation des produits devient sans cesse plus concurrentielle. La réduction des marges a favorisé dans l'ensemble les producteurs à faibles coûts ou ceux qui offrent des fruits d'une qualité spéciale ou à des périodes particulières se situant en dehors de la pleine saison commerciale. Le recours aux industries de transformation pour écouler les excédents de fruits frais n'est en principe plus viable économiquement étant donné la production spécialisée considérable de fruits destinés à la transformation dans les grands pays fournisseurs qui bénéficient également d'économies d'échelle dans le transport, l'entreposage et la commercialisation de leurs produits.

47. Alors qu'il est possible que la consommation augmente un peu à long terme, il semblerait d'après les indices actuels que l'offre de la plupart des types de fruits sera plus que suffisante pour répondre à la demande jusqu'à l'an 2005. Même si cela se confirme, il faudra résoudre les gros problèmes de développement des investissements et des infrastructures pour la distribution et la transformation des agrumes sur les marchés des pays en développement. C'est pourquoi à long terme, il faudra faire en sorte que la hausse de la production ne progresse pas plus vite que l'augmentation de la demande.

48. L'adaptation de la production aux exigences du marché à la fois dans les secteurs des fruits transformés et des fruits frais exige aussi une attention continue. Pour ces derniers, la mise au point et la diffusion de variétés améliorées de petits fruits et la sélection de variétés mûrissant à des périodes se situant en dehors de la pleine saison commerciale ont eu des effets positifs sur la hausse de la consommation et l'amélioration des recettes des cultivateurs.

49. Par ailleurs, des mesures sont nécessaires pour encourager la consommation. Des activités de promotion en faveur des jus d'agrumes sont systématiquement entreprises dans certains des grands pays consommateurs, notamment pour des produits de marques spécifiques, et elles ont eu des effets positifs sur l'expansion des marchés à plus long terme. La libéralisation des échanges, en particulier les importations dans plusieurs pays non producteurs où la consommation par habitant est faible, pourrait conduire à une hausse de la consommation d'agrumes et de produits dérivés. Une promotion fondée sur des messages vantant les bienfaits des agrumes pour la santé pourrait ouvrir de nouvelles possibilités d'expansion des marchés, en particulier dans les pays développés.

50. En conclusion, le développement harmonieux à long terme de l'économie mondiale des agrumes, qui génère plus de 8 milliards de dollars E.-U. de recettes d'exportations par an, profiterait d'une action concertée dans les domaines de la planification de la production, de l'amélioration agronomique, de l'expansion de la consommation et des politiques commerciales. Des contributions importantes sont exigées de la part des cultivateurs, exportateurs, associations commerciales, entreprises privées, gouvernements et organismes publics. Mais avant tout, la recherche scientifique et l'application des progrès techniques dans les domaines de l'agronomie, de la lutte contre les ravageurs, des techniques post-récoltes, du traitement et de l'entreposage, et des techniques de transformation serviront de point de départ au développement soutenu de ce secteur dynamique jusqu'à l'an 2000 et au-delà. L'expansion des marchés et l'augmentation de la production sont les clés de l'avenir.


1
On a estimé que les projections du produit national brut de l´Organisation des Nations Unies étaient representatives des projections de revenus.

2
Aux fins du présent document, le terme citron inclut également les limes.


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