Travail des enfants dans le secteur de la banane
L'Organisation internationale du travail (OIT) et la FAO considèrent comme relevant du travail des enfants les tâches effectuées par des enfants susceptibles d'affecter:
- leur état physique, leur santé et leur sécurité
- leur condition mentale, morale et sociale
- leur éducation, soit en les empêchant d'aller à l'école, soit en affectant leurs capacités scolaires
La FAO souligne que certaines activités n’entrent pas dans cette définition de travail infantile si elles sont effectuées en dehors des horaires scolaires et à un âge approprié. Dans certains cas, le travail agricole peut même contribuer au développement des compétences et à la sécurité alimentaire de l'enfant. Cependant, dans le secteur agricole, les enfants sont particulièrement vulnérables à des risques et dangers spécifiques tels que l'exposition aux pesticides, qui prévaut dans la production de cultures d’exportation telles que les bananes.
En 2012, environ 168 millions d'enfants ont été impliqués dans le travail infantile, parmi lesquels 85,3 millions ont exercé des activités de travail dangereuses. Près de 60% du travail infantile au niveau mondial a lieu dans le secteur agricole, touchant 98 millions d'enfants. Le travail des enfants en milieu rural est difficile à repérer car la plupart des tâches effectuées correspondent à du travail familial non rémunéré. En effet, près de 68% des enfants travaillant dans des secteurs tels que la pêche, le bétail et les plantations ne sont pas rémunérés.
Cadre légal
Le travail des enfants exclut tous les enfants qui travaillent légalement conformément à la Convention No.138 de l’OIT sur l'âge minimum (1973) et à la Convention No.182 sur les pires formes de travail des enfants (1999).
Age minimum
Les enfants sont autorisés à travailler dans une certaine mesure, en fonction du nombre d'heures et de la nature de leurs tâches. L'âge minimum pour être employé ou travailler ne peut être inférieur à l'âge de la scolarité obligatoire et, dans tous les cas, ne peut être inférieur à 15 ans. Parfois, l'âge minimum peut être défini à 14 ans dans les pays en développement.
La Convention No. 138 de l’OIT1 fixe l’âge minimum:
Pour les travaux légers: à 13 ans, avec une exception pour les pays en développement où l’âge peut être de 12 ans.
Pour les travaux dangereux: à 18 ans dans tous les pays, ou 16 ans sous des conditions strictes.
Pires formes de travail des enfants
La convention No.182 de l'OIT exige que les États éradiquent les pires formes de travail des enfants, y compris toutes les formes d'esclavage ou pratiques similaires telles que la servitude pour dettes, le servage et le travail forcé ou obligatoire; et le travail dangereux. Les Principes fondamentaux et les droits au travail (PFDT) concernent, entre autres, l'abolition effective du travail des enfants. Ils sont universels et s'appliquent à toutes les personnes dans tous les États membres de l'OIT, qu'ils soient ou non ratifiés.
Exemple de Chiquita/UITA (Union Internationale des Travailleurs de l’Alimentation)
Exemple de Chiquita/UITA (Union Internationale des Travailleurs de l’Alimentation)
- En 2001, l'UITA et Chiquita ont conclu un accord incluant le respect des Conventions No.138 et No.182 de l'OIT par la société et tous ses fournisseurs.
- L'accord précise que Chiquita n’emploiera pas d’enfants dans ses plantations et travaillera pour s'assurer que ses fournisseurs fassent de même dans leurs propres plantations.
- En tant que seul accord sur le travail des enfants entre une entreprise multinationale de cette envergure et un syndicat, cet accord peut servir d’exemple de dialogue social transfrontalier dans le secteur de la banane.
Aspects essentiels pour l’éradication du travail des enfants:
Pauvreté rurale: l'éradication du travail des enfants dans le secteur de la banane dépend directement de la pauvreté rurale. Même avec de faibles salaires, les enfants qui travaillent représentent une source de revenus pour les familles pauvres. La réduction de la pauvreté rurale par des salaires plus élevés est donc un aspect essentiel de l'éradication du travail des enfants dans le secteur de la banane. Les interventions de sécurité sociale peuvent aussi contribuer à lutter contre le travail infantile.
Prix: la stagnation des prix par caisse de bananes rend difficile pour les agriculteurs de couvrir la hausse des coûts de production. Cela conduit les producteurs à embaucher une main-d'œuvre peu coûteuse, dont des enfants, afin d'abaisser les coûts de production.
Education: l'éducation joue un rôle majeur dans la lutte contre le travail des enfants. En effet, la qualification des travailleurs contribue à briser le cycle de la pauvreté rurale. Dans les zones rurales, les conditions de travail des enseignants peuvent être insuffisantes pour garantir la qualité de l'éducation. Certains enfants dont la famille a migré d'un autre pays ou région souffrent souvent d'une interruption de leurs études. Étant donné que les pesticides sont souvent amplement utilisés dans les plantations de bananes, il est également important pour les entreprises de s'assurer que les maisons et les écoles ne se situent pas dans la même zone.
Egalité des sexes: les filles travaillent souvent plus que les garçons au lieu de fréquenter l'école, d'autant plus que les tâches domestiques s'ajoutent au travail agricole. Il est crucial de tenir compte du facteur de genre dans l'éradication du travail des enfants.
Engagement du secteur privé: pour assurer le respect des droits du travail et l'éradication du travail des enfants en particulier, la participation du secteur privé, y compris des multinationales, est essentielle, surtout pour s'assurer que les enfants n’effectuent pas de travail dangereux dans les bananeraies.
Engagement du secteur public: sans l'influence des ministères du travail, de l'éducation, de la santé, de la femme, mais aussi des autorités locales et des écoles, le travail des enfants peut demeurer dissimulé ou déplacé. Des organisations de travailleurs telles que l’UITA soulignent la nécessité d'impliquer les gouvernements dans l'éradication du travail des enfants, car ils sont en mesure de garantir des conditions de travail décentes grâce aux actions suivantes:
- application de la législation du travail et de la législation sur l'âge minimum dans l'agriculture
- application de politiques et de mesures pour protéger les droits des enfants travailleurs (par exemple, avec plus d'inspections du Ministère du travail pour vérifier la conformité juridique)
- investissement dans l'agriculture
- assurance d’un système scolaire de qualité et accessible avec des enseignants formés
- promotion de salaires décents
- sensibilisation des communautés aux répercussions négatives du travail des enfants sur la collectivité
Engagement des syndicats: les syndicats et autres organisations de travailleurs peuvent également jouer un rôle important dans l'élimination du travail des enfants par la négociation collective et le dialogue social, les campagnes et le travail de plaidoyer, l'engagement juridique, les politiques et les interventions ciblées.
Santé et sécurité au travail (SST): il est important d'améliorer la SST pour les enfants en âge minimum légal de travailler dans leur pays, tout en poursuivant les stratégies de prévention et de retrait pour les enfants en deçà de l’âge minimum d’activité et pour tous les enfants engagés dans des travaux dangereux. Cela inclut notamment la mise en avant de substituts aux substances dangereuses pour contribuer à éliminer les pires formes de travail des enfants.