Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

16 octobre 2024

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Shakira Deyanira Andy Shiguango

«Pour moi et pour nos communautés, toute vie bonne et saine réside dans la biodiversité.»
21/09/2022

Équateur

À chaque fois que des gens soulignent la pauvreté des communautés d’Amazonie, Shakira Andy s’efforce de les corriger. «Pour moi et pour nos communautés, toute vie bonne et saine réside dans la biodiversité», explique-t-elle fièrement. Et si on se base sur cette définition, «les populations d’Amazonie ne sont pas pauvres: nous sommes riches». 

Shakira, qui appartient au peuple kichwa de l’Amazonie équatorienne, s’est donné pour mission de protéger cette santé. À 26 ans, elle s’est affirmée dans la restauration biocentrique des territoires autochtones de la province de Napo. 

Le projet de restauration biocentrique des peuples autochtones redonne vie aux savoirs intergénérationnels des peuples autochtones à l’échelle des communautés afin de restaurer les terres dégradées, de sauvegarder la centralité de l’environnement et de bien comprendre les liens et les interactions à une échelle écosystémique. 

«En premier lieu, nous réalisons des écoles de la vie, où les plus âgés transmettent les savoirs ancestraux aux plus jeunes, et vice versa», explique-t-elle. «Nous parlons de la biodiversité, de l’alimentation, du passé et de l’avenir. Et ensuite nous utilisons ces savoirs pour restaurer les territoires.» 

Au-delà du souci environnemental, le projet vise aussi à récupérer les savoirs ancestraux des systèmes alimentaires uniques des peuples autochtones et leurs modèles de gestion des terres qui sont en harmonie avec la nature. 

«Nos terres ont été dégradées essentiellement à cause de la monoculture», explique-t-elle. Aujourd’hui, on essaye de les soigner avec les connaissances et les pratiques traditionnelles comme le système des chakras, un ancien système agroforestier de l’Équateur. «Nous organisons des conseils communautaires, nous parcourons les forêts pour comprendre quels sont les carences – et nous en recueillons les semences car si nous les prenions ailleurs, ce ne serait pas pareil.» 

La pépinière qu’ils ont construite sert aussi de salle de classe, où ils enrichissent leurs connaissances sur l’alimentation et les plantes médicinales de leurs terres. 

Sharika, dont le métier est ingénieure du tourisme, considère que la fin de l’exploitation massive des ressources naturelles – les mines, les monocultures et l’utilisation des produits chimiques – est une occasion pour construire un avenir plus durable dans la région. Et cela permet, entre autres, de créer de nouvelles sources de revenu et d’apprendre aux gens comment les plantes locales peuvent servir à des usages nouveaux et anciens. Aujourd’hui, par exemple, ils utilisent le bambou dans l’artisanat, la construction des maisons et dans la cuisine, comme leurs ancêtres le faisaient. 

«Nous sommes les semences de la forêt que nous créons», ajoute-t-elle. «La forêt existait avant nous. Et demain, nos enfants en prendront soin. Mais la forêt a aussi besoin de nous maintenant.» 

Le projet de restauration biocentrique de peuples autochtones en Équateur est mené par plusieurs communautés kichwa avec l’appui de la FAO, GIZ et de l’Organisation internationale du bambou et du rotin, INBAR.