Programme de Gestion intégrée de la production et des déprédateurs en Afrique

Les capacités locales profitent aux communautés rurales au Mali

Les capacités locales profitent aux communautés rurales au Mali
Dans le village de Bla, au centre du Mali, les agriculteurs formés se sont organisés en un réseau de facilitateurs qu’ils ont appelé «Réseau GIPD», GIPD signifiant Gestion intégrée de la production et des déprédateurs. Siaka Dioni, la quarantaine et vivant à Bla, est membre du Réseau GIPD. Il est devenu facilitateur deux ans après avoir suivi sa première formation aux champs écoles des producteurs (CEP) en 2009. «J’ai décidé de participer à un champ école des producteurs du programme GIPD car mes voisins disaient qu’ils en obtenaient de bons résultats. J’étais curieux d’en savoir plus.» Siaka est l’un des 42 facilitateurs qui ont été formés jusqu’à présent par le programme GIPD dans la région de Bla et qui sont maintenant des membres actifs du Réseau GIPD. Le programme GIPD a d’abord commencé dans la région en 2002, avec la formation d’une poignée de facilitateurs à Sikasso, à plus de 100 kilomètres de Bla. À présent, le Réseau GIPD se développe à toute vitesse et des formations sont organisées à Bla, ce qui rend moins onéreux et plus simple le renforcement des capacités dans les communautés avoisinantes. Depuis sa création, le Réseau GIPD a formé plus de 4 000 agriculteurs et le nombre ne cesse de croître. Le programme GIPD continue à fournir un appui au réseau par le biais de formations nouvelles et de recyclage pour les facilitateurs.

Meilleure sensibilisation
En utilisant l’approche d’apprentissage par la pratique des CEP, le programme GIPD s’engage avec les communautés agricoles pour introduire des méthodes axées sur la découverte pour les essais sur le terrain, l’adaptation et éventuellement l’adoption de ces pratiques agricoles améliorées, notamment la réduction des risques liés aux pesticides par l’utilisation de moyens alternatifs de lutte contre les déprédateurs. Par conséquent, les agriculteurs deviennent des experts dans leur propre domaine et apprennent à prendre des décisions informées. «Avant que le programme GIPD ne commence ici à Bla, chacun pensait que les pesticides étaient toxiques pour l’homme uniquement s’ils étaient ingérés», dit Gaoussou Coulibaly, le président du Réseau GIPD de Bla. «Maintenant, les agriculteurs formés ont bien conscience que ce n’est pas la seule façon d’être mis en danger et qu’une intoxication peut se produire uniquement en respirant le produit vaporisé dans l’air.» L’objectif du programme GIPD est de sensibiliser à ce sujet, en donnant les moyens aux agriculteurs et à leurs communautés de mieux se protéger ainsi que l’environnement dans lequel ils vivent.

Pour les communautés
Siaka possède 10 hectares de terrain. Avant de recevoir une formation sur le CEP, il ne cultivait que du fonio sur une petite partie de son terrain, principalement à cause de la condition dégradée de la terre et de son faible rendement. Après la formation, Siaka a décidé d’appliquer les méthodes apprises sur une section de ses champs. Depuis lors, les progrès réalisés ont été impressionnants: année après année il a augmenté la zone cultivée selon les pratiques GIPD, passant de deux hectares de coton et un demi hectare de sésame en 2010 à trois hectares de coton, trois hectares de maïs, deux hectares de sésame et deux hectares de sorgho hybride en 2014. En quatre ans, les surfaces cultivées sont passées de deux hectares et demi à 10 hectares et la diversification s’est substantiellement améliorée. Les avantages sont faciles à vérifier: Siaka a maintenant de meilleurs revenus, en partie dû au fait qu’il a moins besoin d’acheter de pesticides. Avec une partie de ses bénéfices, il a acheté deux motos qui lui permettent de se déplacer plus rapidement entre ses champs; il peut également aller au marché ou sur le champ d’un voisin pour lui donner des conseils. Avec son système de cultures diversifiées, Siaka peut assurer une meilleure nutrition pour lui-même et sa famille et a de plus grandes chances d’obtenir une bonne récolte en dépit des défis climatiques. «Mais ce qui me rend le plus heureux est de savoir que j’ai maintenant une compréhension précise de la façon dont une plantel pousse et de la façon dont un champ peut être correctement géré», explique Siaka. «Je peux maintenant conseiller les gens et j’ai beaucoup plus de relations que précédemment.» Les capacités en train d’être développées par le Réseau GIPD et appuyées par le programme GIPD couvrent de nombreux sujets, notamment: approches écologiques pour s’attaquer aux problèmes des déprédateurs; adoption de variétés de semences précoces et résistantes; diversification des cultures; pratiques d’adaptation au changement climatique, telles que la gestion des sols et de l’eau et l’intégration des aspects pastoraux et agro-forestiers. Aujourd’hui, à Bla, ces capacités ont été développées et sont toujours à la disposition des agriculteurs tout en contribuant au capital social global de la communauté.