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CHAPITRE VII. FOIN À PARTIR DE PRAIRIE NATURELLE


C'est la source originelle du foin, et reste encore fréquente dans certaines parties d'Asie et d'Europe. Elle est en diminution dans les systèmes agricoles à grande échelle depuis qu'un foin meilleur moins coûteux peut être obtenu à partir des cultures semées, mais elle est encore populaire chez les petits paysans des régions tempérées et subtropicales. Le foin doit encore être adopté par les petits paysans dans les tropiques, probablement à cause de l'absence d'hiver et de la faible qualité des herbes sèches tropicales.

Les prairies naturelles prennent de nombreuses formes, elles n'ayant en commun que le fait que l'herbe n'a pas été semée. Elles se trouvent habituellement sur un terrain ne convenant pas aux cultures pour diverses raisons: à cause des pierres, stagnation saisonnière d'eau, pente ou une saison courte de croissance, à cause du modèle de distribution des pluies ou de la température. La plupart sont pâturées, mais certaines sont utilisées pour le foin, qui est fait sur des sites aussi différents que des prés, des clairières presque à pic sur des coteaux, des forêts subtropicales fermées en voie de régénération, une prairie alpine, des steppes, ou autres champs non cultivés. Le foin naturel est surtout fait de graminées et d'herbes, mais dans certains cas les arbustes sont coupés et séchés. Les champs de foins peuvent être privés ou communaux, dans ce dernier cas souvent avec des droits coutumiers. Plusieurs systèmes traditionnels de production de foin sont décrits dans les études de cas, y compris, en Inde, de vastes surfaces de champs forestiers fermées pour la régénération ou la protection, là où le pâturage est interdit mais la coupe de graminées est autorisée; les défrichements escarpés des montagnes subhimalayenne; les parcours de Turquie, les steppes de Mongolie (où des coopératives d'élevage ont été récemment remplacées par les exploitants privés); le Sahel, et les hauteurs d'Ethiopie.

Divers degrés d'interférence ou «amélioration» ont été habituellement appliqués aux prairies naturelles, et plus spécialement aux champs destinés à être coupés en foin. Le feu est un outil puissant de gestion des parcours, surtout pour le contrôle d'espèces boisées et l'enlèvement d'herbage touffu. L'introduction d'animaux domestiques ou sauvages, a un grand effet sur la végétation. La manipulation de la charge de pâturage et le contrôle du pâturage conduisent à un changement de la composition botanique sans l'introduction délibérée d'espèces. Le débroussaillement, la clôture, le drainage, l'application d'engrais et d'oligo-éléments sont des interventions plus intensives modifiant la végétation comme pâture. L'introduction de graminées et de légumineuses, sans beaucoup de labours, est encore une étape plus avancée de la modification. De nombreuses prairies naturelles ont été remplacées par des terres arables alors que, dans certains pays, des terres marginales agricoles ont été transformées en prairies naturelles quand la rentabilité de la production agricole décline. Les jachères autosemées pâturées sont importantes dans certains systèmes.

Choix des terres pour la production de foin

Le meilleur parcours est habituellement réservé pour le foin, mais nombre de facteurs doivent être pris en considération, outre une bonne croissance et une composition appropriée de la pâture.

La toxicité n'est pas limitée aux plantes supérieures: les mycotoxines sont présentes dans plusieurs fourrages. Certaines des plus importantes toxines produites par les champignons dans les fourrages sont Claviceps spp., qui forment l'ergot dans les épillets de graminées, et Acremonium spp., qui sont des endophytes (Towers et Seigel, 1993). Tous les deux produisent les alcaloïdes de l'ergot. Claviceps spp. se trouve dans le monde entier: C. purpurea infeste des centaines de graminées C3, et C. paspali se rencontre dans dix-neuf Paspalum spp. Le danger de l'ergot peut être évité en fauchant avant la formation des inflorescences. Les endophytes Acremonium sont des composants hérités maternellement de l'association symbiotique champignon-graminées, ils sont fréquemment mentionnés comme présents dans Festuca arundinacea et Lolium perenne. L'élimination se fait par le remplacement de la culture avec un matériel exempt d'endophytes.

Terrains gérés collectivement

Ceux-ci présentent des problèmes de gestion, surtout lorsqu'il n'existe pas de systèmes traditionnels solides ou qu'ils ne fonctionnent plus. Il est essentiel que le fauchage et les droits de pâturage soient définis par des moyens légaux ou traditionnels dans des aires spécifiques. Ceci est le cas dans la plupart des endroits où la production de foin de pâturage naturel est traditionnelle, mais là où le système a été interrompu (voir le cas sur la Mongolie) des difficultés peuvent survenir. Quand les droits ne sont pas définis, il n'y a pas d'incitation à l'entretien si n'importe qui peut le faucher.

Habituellement, en plus de définir les droits de fauchage et des dates de clôture pour le bétail, les saisons où le pâturage est interdit sont aussi définies et les terrains peuvent être ouverts au pâturage communal hors saison. Si des clôtures sont installées, une amélioration réelle de l'herbage est possible. Des situations similaires existaient dans plusieurs parties d'Europe avant que des titres de propriété des terres soient développés et le système agraire modernisé (voir Fenton, 1980).

Le problème de qualité des graminées tropicales

Dans les tropiques, la qualité de la végétation (et du foin à partir de matériel mûr) n'est pas du tout la même que sous les latitudes plus élevées ou dans les régions semi-arides où le troupeau peut souvent passer l'hiver sur des aliments secs. ‘t Mannetje (1981) signale que:

«Les pâturages tropicaux ne satisfont pas les besoins nutritionnels des ruminants pour une production maximale. Les limitations principales sont la disponibilité d'aliments verts pour au moins la moitié de l'année dans les régions saisonnières sèches, et la valeur nutritive faible pendant la plupart de la saison de la croissance active.»

Butterworth (1985) indique que le facteur le plus limitant du fourrage vert dans les tropiques est souvent la quantité limitée offerte, incluant la présence de matériel qui n'est pas brouté. La saison de pénurie dans les tropiques est gouvernée par la pluviométrie, et non par la température; la longueur de la saison sèche varie avec la latitude et le site, de quelques mois à plus de la moitié de l'année, mais même s'il y a une humidité adéquate tardive dans la saison, surtout dans les zones à pluviométrie élevée, l'herbage mûr peut être presque sans valeur comme aliment pour les animaux et seuls le pâturage sélectif et le feu pour «régénérer» les graminées, peuvent assurer la survie du troupeau. Le foin produit sur les parcours naturels dans les tropiques est, malheureusement, beaucoup moins susceptible de donner des résultats satisfaisants que dans d'autres zones; le foin de brousse est habituellement récolté tardivement en saison des pluies à cause des difficultés de séchage à d'autres moments et n'est pas meilleur que la paille et les tiges. Il n'y a pas de traditions de pratique de foin dans les tropiques humides et subhumides à cause de la densité de bétail qui était relativement faible dans le passé. Le foin à partir des cultures semées peut être pratiqué dans des fermes mécanisées des régions tropicales, mais sa qualité sera conditionnée par les limites génétiques des graminées tropicales, sauf à des altitudes élevées où des espèces exotiques peuvent être cultivées.

Figure 18. Terrain escarpé en Uttar Pradesh, Inde; les pentes situées au milieu sont fauchées en foin

En discutant la qualité de l'herbage des parcours tropicaux - à tous les stades, non seulement après maturité - Butterworth (1967; 1985) indique que la teneur en protéines brutes de 635 échantillons était 7,5% ±3,5%, avec 235 échantillons avec moins de 7% (7% est le niveau pour un gain de poids vif nul.). Quand la teneur en protéines brutes diminue, la digestibilité diminue aussi. A partir de 473 échantillons, 58% étaient en dessous des besoins de croissance des bovins à l'engraissement. La moyenne totale de nutriments digestibles (TDN) de 312 échantillons était 54,0 ±7,9%, avec 43,5% en dessous du niveau de 55% recommandé par le Conseil de Recherche Agricole (ARC) pour le bétail au pâturage; dans les pâturages tropicaux, le total des nutriments digestibles (TDN) est probablement moins limitant que les protéines brutes.

Types de foin naturel

Foin dans la zone de mousson

La production de foin est traditionnelle et répandue dans les collines au nord de l'Inde, du Népal et du Pakistan. Dans les collines plus basses, le foin est pratiqué à partir de pâturage communal qui est fermé aux troupeaux pendant plusieurs mois avant et pendant la mousson. Quelques fois le bétail est déplacé sur les pâturages de hautes altitudes. Ces champs de foin appartiennent à la communauté, mais les droits familiaux à la coupe sont souvent reconnus; les saisons de fermetures sont convenues au niveau du village. Le foin est aussi pratiqué à partir des régions de forêt fermées au pâturage mais où la fauche et le transport de l'herbe sont accordés par autorisation; la saison de fauche est déterminée par les autorités forestières. Durant la mousson, le climat rend la fenaison difficile aussi l'herbe est habituellement laissée jusqu'à la fin des pluies, à cette époque elle est devenue grossière et de faible valeur nutritive. C'est dans les régions où il y a une pénurie alimentaire chronique que le foin est hautement prisé comme aliment d'hiver. Le foin consiste presque entièrement en graminées tropicales telles que Heteropogon, Chrysopogon, Bothriochloa et Arundinella qui mûrissent et lignifient rapidement. Ces terrains à foins sont souvent constitués de zones de défrichements abruptes, et toutes les opérations - fauchage, retournement, mise en bottes et transport - ne peuvent être réalisées qu'à la main. La gestion de ces champs de foin se limite aux décisions concernant les périodes de clôture (ils sont habituellement pâturés après la récolte et pendant l'hiver) et occasionnellement par l'enlèvement des arbustes envahissants, tels que Dodonea viscosa. Le foin produit sur les collines est presque entièrement destiné à l'utilisation locale. Dans les parties plus sèches de l'Inde péninsulaire, de grandes quantités de foin sont préparées à partir de forêts clôturées, mais ceci est surtout une opération commerciale pour approvisionner les élevages laitiers péri-urbains des grandes villes, surtout Bombay; la fauche mécanisée et la mise en balles pour le transport sont donc employées.

Figure 19. Précipitations et températures mensuelles à Musoorie, Inde

Figure 20. Séchage d'herbage naturel, éparpillé puis entassé prêt pour le transport à la ferme (Mehterlam, Afghanistan)

Figure 21. Fauche d'herbe sèche à la faucille, après les principales pluies (Viet Nam)

Foin dans la steppe

Les hivers mongoliens sont longs et difficiles, et la saison de croissance est inférieure à 100 jours pour la plupart du pays. L'économie est presque entièrement pastorale, ainsi le foin est essentiel pour maintenir le troupeau jusqu'au printemps, de même pour les chevaux dont les bergers dépendent pour leur travail. L'industrie de l'élevage a été organisée pendant longtemps, en un petit nombre de très grandes coopératives de pâturage.

La culture et la production fourragère sont limitées par le climat, bien qu'un peu de foin d'avoine ait été fait dans des sites favorables durant l'ère des coopératives. La plupart du foin est fait à partir de pâturage naturel, avec quelques 20 000 km2 fauchés annuellement au début des années 1990 par des équipes coopératives mécanisées. La plupart des champs de foin sont situés dans le nord où les coopératives achetaient les droits de fauchage. Les rendements rapportés étaient un peu au-delà de 1 t/ha de foin. La gestion était surtout limitée au nettoyage du champ, et parfois à la rotation de la date de fauche. La fauche répétée du même champ conduisait à une diminution graduelle des rendements; les réponses à la fertilisation pouvaient être impressionnantes si la pluie tombait au bon moment, mais étaient totalement anti-économiques. Avec la décollectivisation de l'industrie de l'élevage en unités traditionnelles de petits groupes familiaux, la fenaison mécanisée a disparu, ainsi que le transport au-delà des grandes distances. La fenaison est maintenant pratiquée localement, là où la qualité de l'herbage et la disponibilité le permettent, surtout par des méthodes manuelles, mais aussi par traction animale. Bien que les bergers aient des titres sur les terres de pâturage, le droit sur les zones à foin est encore organisé, ainsi la gestion est chaotique. Aucune amélioration n'est probable jusqu'à ce que les groupes aient les droits de fauche à long ou à moyen terme.

Foin à partir de pâturages tropicaux

La cause de la faible productivité animale sur les parcours tropicaux est surtout nutritionnelle, à cause de la faible distribution saisonnière et la faible qualité alimentaire de l'herbe fraîche. A la fois, la qualité et la quantité sont influencées par le stade de croissance, les conditions climatiques et les sols, aussi bien que par le génotype du fourrage lui-même. L'herbe tropicale mûre est fortement lignifiée et sa qualité alimentaire peut être même plus pauvre que celle des résidus de récolte; cela est peut être une des raisons pour laquelle la pratique du foin n'est pas traditionnelle chez la plupart des peuples pastoraux tropicaux.

L'étude de cas sur le foin dans le Sahel décrit le travail de vulgarisation sur la conservation d'herbe naturelle dans un climat avec une très longue saison sèche et une période courte de pluie peu abondante. Maradi (Figure 22) est une station typique. L'humidité est habituellement faible et il y a ordinairement suffisamment d'ensoleillement pour permettre le fauchage et le séchage en une journée. Plusieurs sites tropicaux et subtropicaux (tel que Musoorie; Inde, voir Figure 19) n'ont pas de bonnes conditions de séchage, ainsi la fenaison pendant la saison pluvieuse n'est pas possible.

Figure 22. Précipitations et températures mensuelles à Maradi, Niger

Foin naturel dans les zones tempérées

Foin de prairies

Dans les régions montagneuses et tempérées, le foin naturel est souvent pratiqué dans des prés de bas-fonds d'inondation saisonnier. Bien qu'ils produisent une poussée d'herbe haute et suffisamment dense pour être fauchée (souvent contenant des joncs (Juncus spp.), des plantes à feuilles larges et autre végétation de marais), ils ne conviennent pas aux cultures. Jusqu'au développement des fourrages semés avec la rotation culturale, qui a été la clé de l'intensification pour l'élevage et l'agriculture, ceci fournissait le peu de foin alors fait en Europe Occidentale. La qualité du foin de ces prés est souvent médiocre. Les études de l'Altai (Chine), Mongolie et Turquie mentionnent le foin des prés. En parlant des prés, Smith et Crampton (1914) indiquent dans leur rapport classique sur les parcours britanniques que les sols sont souvent des argiles poreuses avec une nappe d'eau élevée et souvent soumis à des inondations périodiques.

Les prés nécessitent une chaleur plus grande en été, elles sont localisées dans les plaines et dans les endroits abrités comme les bords de rivières et estuaires. Ceci pourrait constituer un groupe extensif si le sol et les topographies n'étaient pas autant utilisés pour les champs cultivés. Les prés peuvent se trouver à des altitudes élevées dans les conditions alpines, avec la neige permanente, mais des étés continentaux plus chauds; dans ces conditions, la fonte des neiges sur les pentes au printemps se répand et la croissance est rapide. L'eau provenant de la fonte des glaciers est hautement appréciée dans les Alpes suisses et utilisée pour irriguer les pâturages dans de nombreuses régions.

Foin d'arbustes fourragers

Les arbres et arbustes sont des sources importantes d'aliments en saison sèche, surtout comme fourrage de bonne qualité, en climats chauds, et en hiver dans certains climats froids. Pour la plupart ils sont à l'état sauvage ou semi-sauvage, des plantes protégées qui sont élaguées, inclinées ou leurs gousses broutées depuis le sol. Certains arbres sont, cependant, utilisés en forme sèche; leurs feuilles ou leurs brindilles séchées (Alhagi au nord de l'Afghanistan (Figure 23); Ziziphus spp. en régions subtropicales semi-arides; Leucaena et pois d'Angole (Cajanus cajan)) ou leurs gousses, sont aussi utilisées. Bien que de nombreux arbres soient mentionnés comme à usage multiple, ce sont les espèces, non les arbustes individuels, qui sont à usage multiple et elles doivent être conduites en fonction de n'importe quel produit essentiel désiré: fourrage, bois de construction, fruit ou bois de chauffage. Les fruits de plusieurs arbustes légumineux provenant des plantations cultivées ou des végétations semi-domestiquées sont séchés et utilisés comme aliment du bétail. Quoique ce ne soit pas exactement des foins, ce sont des produits végétaux séchés et il faut y penser pour des régions où ils sont adaptés. Les gousses fournissent un aliment concentré mais pourraient nécessiter un traitement et un broyage avant utilisation, puisque certaines contiennent des facteurs antinutritionnels, et aussi la majeure partie de la valeur alimentaire est dans la graine, qui, à moins qu'elle ne soit traitée, transite non digérée à travers l'appareil digestif des ruminants. Les gousses du caroubier (Ceratonia siliqua) de la région méditerranéenne ont été utilisées depuis l'antiquité pour l'alimentation humaine et animale, et sont vendues internationalement; il existe des fruits d'arbres en Afrique du Sud mais ils n'ont pas été développés comme source d'aliments (Topps et Oliver, 1993). L'acacia (Faidherbia [syn. Acacia] albida), qui est répandu dans les régions d'Afrique semi-arides à faibles altitudes, produit de grandes gousses en spirales qui sont prisées comme aliment du bétail. Certains arbres sont plantés, la plupart sont sauvages, mais protégés. Les gousses sont récoltées pour un usage domestique ou vendues comme aliment concentré sur les marchés locaux.

Figure 23. Séchage de foin à partir d'alhagi (Alhagi sp.) (près de Balkh, Afghanistan). Un exemple rare de foin pratiqué à partir d'arbustes

Les gousses de mesquite (Prosopis juliflora) - un arbuste légumineux d'Amérique tropicale - sont des aliments excellents pour les ruminants et monogastriques une fois traitées de façon appropriée. C'est un arbre très robuste et versatile adapté aux régions à pluviométrie faible et incertaine, qui peut produire sur des sols salins et résiste aux gelées légères. La mesquite est une espèce à usages multiples qui produit le bois de construction, le bois de chauffage et le miel, aussi bien que des gousses consommables. Pour la production de gousses, il doit être cultivé explicitement pour cet objectif, en lignes espacées pour permettre une grande production de fleurs. Le feuillage n'est pas apprécié, ainsi l'étage inférieur de la végétation établie peut être pâturé, mais le troupeau doit être exclu pendant la production de gousses.

La mesquite est très utilisée dans sa région d'origine et est développée industriellement au nord-est du Brésil, où un système agricole de production à petite échelle est associé à un traitement centralisé. (Habit et Saavedra, 1988; Riveros, 1992). L'arbuste a été introduit, largement domestiqué et planté pour le bois de chauffage et la conservation du sol à travers les tropiques et régions subtropicales plus sèches, mais il est rarement utilisé pour la production de gousses. Les parcelles de buissons et de petits arbustes broussailleux, et les taillis, sont fréquemment rencontrés. Les feuilles tombées naturellement par vieillissement sont des nutriments très pauvres.

Ailleurs, dans quelques régions de pénuries alimentaires graves, surtout au nord du Pakistan et dans certaines parties des régions montagneuses d'Afghanistan, les feuilles d'arbres fruitiers et d'arbres à usages multiples, notamment l'abricotier et le mûrier, sont soigneusement collectées et traitées en foin pour une utilisation hivernale.

Gestion des champs de foin naturel

Préparation du terrain

Les champs pour le foin sont souvent des prairies où la pratique du foin est traditionnelle, bien qu'il y ait aussi des champs pour le foin dans des montagnes très accidentées, qui ont été généralement nettoyés au fur et à mesure sur une longue période. Il est essentiel que tout terrain qui doit être fauché (manuellement ou mécaniquement) soit relativement dégagé des buissons, mauvaises herbes, souches, pierres, termitières, et autres obstacles à la fenaison et au râtelage. Il est absolument essentiel que cela soit considéré lorsque la production de foin est envisagée dans une nouvelle zone. Dans les régions tropicales, les termitières sont une grande nuisance, et sont rapidement reconstruites après le nivellement. Le nivellement est évidemment moins nécessaire quand on fauche à la faucille.

Drainage et irrigation

Les foins de prairies sont souvent exposés aux engorgements localisés, le drainage peut être conseillé pour améliorer la croissance de l'herbe, faciliter l'accès au moment de la récolte, et réduire l'infestation par les joncs et autres plantes indésirables.

Divers types d'irrigation et d'arrosage sont utilisés dans les systèmes traditionnels, généralement au printemps. Dans certaines parties de Russie et de Mongolie, l'eau du printemps est épandue par temps froid, quand elle forme des feuilles de glace; ceci procure une humidité supplémentaire pendant la saison de croissance. Cette technique est discutée dans l'étude de cas de la Mongolie.

L'entretien de la fertilité

La production de foin est une forme très épuisante d'utilisation de la terre, parce que tous les minéraux dans la plante sont exportés, contrairement au pâturage, où une grande partie de la fertilité est recyclée à travers les excrétions animales. Le fauchage continu du même endroit signifie, à moins qu'un entretien adéquat de fertilisation soit appliqué, que les rendements chuteront rapidement avec le temps et se stabiliseront à un niveau très bas.

Le fumier est rarement mis sur les champs de foin; il est récupéré et employé sur les sols de culture ou comme combustible. Le foin vendu est, bien sûr, une perte sévère de nutriments des plantes pour le système global de la ferme. L'herbe répond généralement bien aux engrais, mais la rentabilité de leur utilisation sur l'herbe naturelle doit être étudiée avant leur emploi; dans les conditions semi-arides avec une pluviométrie incertaine, l'application d'engrais est risquée. Là où l'on peut compter sur la pluie, l'engrais peut être appliqué suffisamment avant la saison de fenaison pour assurer une récolte adéquate. L'engrais azoté est le plus communément utilisé, mais - avec le temps - une application équilibrée d'engrais devient nécessaire. Lorsque des légumineuses sont présentes en quantité dans les herbages, comme dans certains parcours méditerranéens et les prairies asiatiques à hautes altitudes, l'engrais phosphaté favorisera leur croissance et ainsi améliorera la qualité du foin. L'effet du phosphore est plus lent et moins spectaculaire que celui de l'azote, par conséquent l'azote est généralement de loin le plus populaire.

Fermeture saisonnière et rotation

La prairie doit être fermée au pâturage pendant un temps suffisant pour permettre la croissance de la plante; il existe, bien sûr, plusieurs manières pour réaliser cela. Les champs peuvent être seulement fauchés; mais souvent ils sont pâturés au début de la saison de croissance lorsque l'aliment est rare, et puis fermés jusqu'à la fin de la récolte du foin. Habituellement une seule coupe est faite, mais, occasionnellement, sur des prés très productifs, deux coupes peuvent être possibles, l'engrais dans ce cas pourrait être nécessaire. Un pâturage excessif précoce dans la saison est généralement préjudiciable à la croissance de l'herbe, mais on y a souvent recours lorsque d'autres ressources alimentaires ne sont pas disponibles. Une bonne croissance est nécessaire sur le champ réservé pour la fenaison et il faut s'efforcer de protéger les champs pour le foin au début de la saison, jusqu'à ce que l'herbe soit suffisamment développée pour supporter le pâturage. Les champs qui sont fauchés année après année montrent souvent une diminution des rendements et une dégradation de la composition floristique de l'herbe. Il peut être avantageux de faire reposer les champs périodiquement sans production de foin, puis les pâturer pendant une saison ou deux.

Fenaison

Les techniques et équipement utilisés sont décrits au Chapitre II. Le moment de la fauche est dicté par le climat et la croissance de l'herbe; le but comme toujours est de faire le foin lorsque l'herbe est à son meilleur stade végétatif et le temps convenable pour le séchage du foin. Ces deux conditions ne coïncident pas toujours et tandis qu'une certaine manipulation du pâturage pour déplacer la date de maturité de l'herbe peut être possible, ceci l'est moins qu'avec le fourrage semé. Un climat favorable est la principale considération, fait particulièrement important dans certaines parties de l'Himalaya où la fenaison est retardée jusqu'à la fin des pluies - et l'herbe est alors vraiment au stade de maturité.

La récolte tardive est fréquemment déplorée par les techniciens dans les conditions tropicales et de mousson, comme on le remarque dans nombre d'études de cas. Cependant, il n'est souvent pas facile de savoir comment la récolte et le séchage pourraient être menés fructueusement plus tôt. Souvent, le foin naturel est pratiqué dans des champs peu nivelés, parfois accidentés, en se servant d'outils manuels primitifs et dans des climats à mousson, ainsi le fauchage est très lent et ne pourrait pas être mécanisé; les facilités de séchage artificiel ne sont pas disponibles et ne seraient pas économiques. Dans de tels climats, il est probable que le foin continuera à être préparé au début de la saison sèche. Aussitôt qu'elle est suffisamment sèche, la récolte (en vrac ou en balle) devrait être enlevée du champ et stockée pour permettre la repousse des regains et éviter les dégâts des meules ou des balles.

Figure 24. Transport des bottes de foin pour un séchage supplémentaire (Gujarat, Inde)

IAN LANE/C.S. PANDEY

Estimation du rendement

Les techniques de mesure des rendements d'herbe sont décrites dans plusieurs livres[1]. Une estimation de l'herbe disponible, même bien faite, ne donne cependant pas une indication utile de la quantité de foin qui sera produite. Cela dépend beaucoup de l'habilité appliquée pour la fenaison - et du climat. L'estimation par pesée ou volume de la production globale de foin au moment du stockage, est beaucoup plus fiable pour donner une information utile que l'échantillonnage de l'herbe verte et, au moins, elle donne une idée de la disponibilité totale. Les champs de foin naturel, surtout dans les collines, sont souvent de forme irrégulière et ne sont pas mesurés; les estimations à partir d'échantillonnage n'ont pas de sens si la superficie fauchée n'est pas connue avec précision. L'échantillonnage de foin pour l'analyse qualitative doit être fait sur le foin préparé, non sur l'herbe dont provient le foin. Si seule l'herbe sur pied est échantillonnée, les pertes en qualité inhérentes à la fenaison (perte de feuilles, lessivage, transpiration) ne seront pas comptées.

Foin naturel comme culture de rente

L'herbe naturelle séchée est récoltée dans de nombreuses régions et vendue comme foin ou combustible. Souvent dans les zones semi-arides, surtout dans les pâturages dominés par Artemisia, les arbustes sont déracinés et vendus comme combustible dans les villes et villages. Cette destruction des racines pour le combustible est une cause majeure de la dégradation de la végétation pastorale dans beaucoup de régions semi-arides.


[1] Par exemple: Brown, D. 1954. Methods of Surveying and Measuring Vegetation. CAB; Hodgson J. et al., (eds) 1981. Sward Measurement Handbook. British Grassland Society; Ivins J.D. (ed) 1959. The Measurement of Grassland Productivity. London: Butterworths; t'Mannetje, L.H. (ed) 1978. Measurement of Grassland Vegetation and Animal Production. CAB.

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