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II. Demande de bois et de produits du bois


Sciages
Panneaux dérivés du bois
Produits de la pâte de bois
Bois rond
Bois de feu
Demande globale de bois d'ici 1975



On se propose, dans le présent chapitre, d'étudier de façon assez détaillée les modalités particulières d'utilisation des différentes catégories de bois et de produits du bois et, plus précisément, d'examiner la nature et l'évolution de la demande.

On trouvera au tableau II-1 un résumé des agrégats globaux. En 1951¹, la production et la consommation mondiales enregistrées s'élevaient à environ 810 millions de m³ de bois d'œuvre et d'industrie et environ 870 millions de m³ de bois de feu. En 1961, ces volumes avaient atteint respectivement 1020 et 880 millions de m³. On voit donc qu'à l'échelle mondiale, la presque totalité de l'augmentation est imputable à l'industrie, dont la consommation s'est accrue d'environ 25 pour cent pendant les dix ans considérés. En ce qui concerne les bois d'œuvre et d'industrie) on verra d'après le tableau que l'évolution, pendant la période envisagée, a été très différente suivant la nature des différents produits. La consommation mondiale de bois rond (bois de mine, poteaux et pieux, etc.) n'a pas augmenté, alors que la consommation de sciages a progressé d'environ 30 pour cent et la production de papier et carton d'environ 75 pour cent. Pour les panneau dérivés du bois, l'essor a été encore plus rapide: au ours de la décennie, la consommation de panneaux de fibre a plus que doublé, cependant que la consommation de contre-plaqué augmentait de près de 150 pou cent et qu'un produit pratiquement nouveau, le pan eau de particules, apparaissait sur le marché; dès 19 1, son usage était très répandu et se généralisait rapidement.

¹ Tout au long de la présente étude, les données figurant sous les dates 1951, 1956 et 1961 correspondent respectivement aux moyennes annuelles des périodes 1950-52, 1955-57 et 1960-62. Les sources et le champ d'application des données sont indiqués à l'annexe; on y trouvera également la définition des régions géographiques mentionnées au cours de l'étude.

Etant donné cette évolution différente selon les branches, il faut considérer séparément chaque produit ou groupe de produits. On relève aussi de grandes disparités d'une région à l'autre. Comme le tableau II-2, la structure de la consommation varie beaucoup. Alors qu'en Afrique et en Amérique la consommation porte pour près de 90 pour cent sur du bois brut, en Amérique du:Nord cette proportion ne dépasse pas 20 pour cent, le reste étant employé sous forme de sciages, de contre-plaqué, de papier, etc. Or, quand le bois de feu - produit pour lequel a demande n'augmente guère avec l'élévation du revenu - constitue la majeure partie de la consommation, la demande globale de bois n'augmente absolument pas du même façon que lorsque le gros de la consommation consiste en papier et carton, pour lesquels la demande s'a croît rapidement avec le revenu: il s'ensuit que le rythme d'évolution de la consommation du bois et de ses produits est très variable d'une région à l'autre.

TABLEAU II - 1. - EVOLUTION DE LA CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE BOIS ET DE PRODUITS DU BOIS DANS LE MONDE, 1950-52 A 1963

 

Millions d'unités

1950-52

1955-57

1960-62

1963

Evolution, 1951- 61

Volume

Indice

BOIS ROND

1951=100

Grumes de sciage ¹ et de placage

Mètres cubes

493,4

582,2

648,3

656,7

+154,9

131

Bois à pâte ² et bois de mine

»

185,6

233,5

255,6

257,1

+70,0

138

Autres bois d'œuvre et d'industrie

»

3129,2

125,0

116,2

118,2

-13,0

90

Total bois d'œuvre et d'industrie

»

808,2

940,7

1020,1

1032,0

+211,9

126

Bois de feu

»

3865,6

876,1

876,5

886,5

+10,9

101

TOTAL

»

1673,8

1816,8

1896,6

1918,5

+222,8

113

PRODUITS DU BOIS








Sciages 4

Mètres cubes

266,1

309,6

341,0

354,2

+74,9

128

Papier et carton

Tonnes

44,3

59,4

77,3

84,0

+33,0

174

Contre-plaqué

Mètres cubes

6,8

11,3

16,8

20,1

+10,0

247

Panneaux de fibre

Tonnes

2,2

3,3

4,5

5,3

+2,3

210

Panneaux de particules

»

0,04

0,57

2,29

3,56

+2,25

5900

Bois rond 5

Mètres cubes

3129,2

125,0

116,2

118,2

-13,0

90

¹Y compris grumes pour traverses.
² Y compris bois rond utilisé pour la fabrication de panneaux de particules et de fibre.
³ Production.
4 Traverses comprises.
5 Bois de mine non compris.

TABLEAU II-2. - STRUCTURE DE LA CONSOMMATION TOTALE ESTIMATIVE DE BOIS, 1960-62

 

Sciages (m³)

Panneaux ¹ (m³)

Produits de pâte ² (Tonnes)

Bois rond (m³)

Total bois d'œuvre et d'industrie 3,4

Bois de feu [m³ ®]

Millions d'unités

Europe

78,31

8,41

22,87

36,60

246,80

107,90

U.R.S.S.

99,72

2,24

3,47

67,30

249,70

100,90

Amérique du Nord

94,37

16,25

37,37

18,60

308,70

46,10

Amérique latine

12,39

0,52

2,66

8,50

38,60

192,40

Afrique

4,05

0,37

0,90

13,30

23,70

182,70

Asie et Pacifique

57,33

2,75

10,20

44,10

176,20

457,60

TOTAL MONDIAL

346,20

30,50

77,50

188,00

1044,00

1088,00

1 Non compris les placages.

2Y compris certains produits de matières premières fibreuses autres que le bois, non compris la pâte à dissoudre.

3 Equivalent en bois rond des produits finis obtenu à l'aide des coefficients uniformes publiés dans l'Annuaire statistique des produits forestiers. On n'a tenu aucun compte de la variation du rendement de la matière première d'une région à l'autre, ni de la variation au sein d'une même industrie ou dans le temps, de plus, ce chiffre comprend l'équivalent en bois rond de la matière première provenant de résidus. Ces questions seront étudiées au chapitre IV. Les estimations ci-dessus des équivalents en bois rond constituent une simple indication préliminaire de l'ordre de grandeur des besoins on matières premières correspondant aux estimations de la consommation de produits du bol. présentées dans ce chapitre.

4 Non compris les équivalents de matière première bois de la consommation de placages et de pâte à dissoudres.

Une autre remarque préliminaire s'impose: pour la plupart des produits du bois, la consommation varie pratiquement en fonction du revenu, c'est-à-dire que le revenu est en général la principale variable explicative. Il y a toutefois d'autres variables importantes, notamment les prix, mais la consommation réagit bien moins aux variations des prix qu'à celles du revenu et comme, en outre, sur une période assez longue, les prix varient généralement beaucoup moins que le revenu, c'est ce dernier qui est de loin la plus importante variable à considérer pour expliquer et projeter la demande de la plupart des produits du bois. L'analyse ci-dessous repose donc en grande partie sur la corrélation entre consommation et revenu 2,3. Mais cette corrélation est nécessairement indirecte, car la plupart des produits du bois sont des biens de production et non de consommation. En d'autres termes, le bois n'arrive pas au consommateur final sous forme de sciages, de contre-plaqué, de papier, etc., mais sous forme de portes, de mobilier, d'emballages, etc. L'augmentation de la demande de ces produits du bois résulte donc, indirectement, de l'accroissement effectif de la demande des biens et services précités, et les deux courbes ne resteront parallèles que dans la mesure où les produits du bois continueront d'être employés pour ces utilisations finales.

² Dans cette étude, on emploie l'expression commode: élasticité/revenu apparente de la consommation ou de la demande qui désigne le rapport entre le pourcentage de variation de la consommation et le pourcentage de variation du revenu.

³ Ainsi qu'on l'a remarqué au chapitre I, la plupart des estimations des besoins futurs mentionnées au cours de la présente étude reposent sur l'hypothèse qu'il ne se produira pas, d'ici 1975, de changement majeur dans l'évolution des prix des produits forestiers par rapport à ceux des produits de remplacement les plus voisins observée au cours des récentes années. On a également supposé que les effets de cette évolution constante des prix s'expliqueront par la corrélation apparente entre la consommation et le revenu observée durant cette période.

L'analyse ci-dessous des tendances de la consommation de chaque produit s'articule, en conséquence, autour de trois questions principales:

1. Dans quelle mesure le développement de l'économie mondiale s'accompagne-t-il d'un accroissement de la demande dans les secteurs d'activité et de production qui sont consommateurs de bois?

2. Dans quelle mesure le remplacement des divers produits du bois par d'autres matériaux (ou vice versa) affectera-t-il la consommation qui en sera faite à l'avenir dans ces secteurs d'activité et de production?

3. Dans quelle mesure l'évolution des techniques et les modifications de structure des besoins engendrent-ils de nouvelles possibilités et de nouveaux modes d'utilisation du bois?

Sciages


Répartition géographique de la consommation de sciages
Utilisations finales des sciages
Facteurs d'utilisation des sciages
Perspectives jusqu'en 1975
Besoins en 1975


De tous les bois transformés, le bois scié est le plus simple, le plus facile à produire et celui dont l'utilisation remonte le plus loin dans l'histoire; il est encore aujourd'hui le plus couramment utilisé. Il représente environ les deux tiers du total mondial de bois ronds transformés. La consommation de sciages enregistrée dans le monde s'élevait à 266 millions de m³ en 1951, à 310 millions en 1956 et à 341 millions en 1961; en 1963, elle atteignait 354 millions de m³. Il faut y ajouter les quantités non enregistrées qui sont utilisées dans certaines régions du monde; il s'agit généralement de sciages débités sur place à la main ou dans de très petites scieries. Nous avons essayé au tableau II-3, d'évaluer ces quantités non enregistrées afin de pouvoir chiffrer approximativement la quantité totale de sciages consommée dans le monde en 1961, qui serait ainsi, d'après ce tableau, d'environ 345 millions de m³ dont 265 millions de résineux et 80 millions de feuillus. La ventilation de cette consommation entre les diverses régions est indiquée au tableau II-4.

TABLEAU II-3 - ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE SCIAGES, 1950-52 A 1963 ET ESTIMATION DE LA CONSOMMATION TOTALE 1960-62¹

¹ Voir aussi tableau annexe II-B ² La différence entre la consommation totale estimative de 1960-62 et la consommation enregistrée représente le chiffre estimatif de la consommation non enregistrée.

TABLEAU II-4. - ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE SCIAGES DE RÉSINEUX ET DE FEUILLUS ¹, 1950-52 A 1963

 

Consommation

Variation

1950-52

1955-57

1960-62

1963

1951-61

1956-61

SCIAGES DE RÉSINEUX

Millions de m³

1951=100

1956=100

Europe

48,61

55,77

61,56

61,85

127

110

U.R.S.S.

47,18

64,10

83,86

82,84

178

131

Amérique du Nord

84,05

83,44

77,87

82,19

93

93

Amérique latine

4,79

5,01

5,03

4,72

115

100

Afrique

1,97

1,81

2,12

2,12

108

117

Asie et Pacifique

17,76

28,08

34,01

38,44

192

121

TOTAL MONDIAL

204,36

238,22

264,45

272,17

129

111

SCIAGES DE FEUILLUS







Europe

9,98

11,90

14,27

15,21

143

120

U.R.S.S.

8,39

11,70

15,86

15,78

189

136

Amérique du Nord

19,05

17,94

15,82

17,88

83

88

Amérique latine

6,47

7,01

6,25

6,06

97

89

Afrique

1,02

1,48

1,48

1,43

145

100

Asie et Pacifique

11,67

15,36

18,03

21,17

154

117

TOTAL MONDIAL

56,57

65,39

71,71

77,53

127

110

¹ La somme des sciages de résineux et des sciages de feuillus ne Correspond pas au total des sciages, car total comprend les traverses sciées qui, dans la plupart des pays, ne sont Pas ventilées entre résineux et feuillus.

On est trop mal renseigné sur la consommation non enregistrée pour savoir comment a évolué sa part dans le total. Aux fins de la présente étude, nous avons admis que cette part était restée à peu près constante au cours de la période envisagée et que, par conséquent, le taux de croissance de la consommation enregistrée traduisait bien la croissance du volume total.

Ce taux a été, en moyenne, de 3,1 pour cent par an entre 1951 et 1956 et de 2,0 pour cent par an entre 1956 et 1961. Pendant toute la décennie, la consommation a monté de 28 pour cent, pourcentage qui n'est pas tellement supérieur à celui de l'accroissement démographique (24 pour cent). Pendant la deuxième partie de la décennie, la consommation de sciages a même augmenté moins vite que la population à telle enseigne que la progression du revenu par habitant enregistrée ces dernières années ne s'est pratiquement accompagnée d'aucun accroissement de la consommation de sciages par habitant, du moins à l'échelle mondiale - car cette observation ne vaut en aucun cas pour toutes les régions du globe. Pour l'ensemble du monde, la consommation de sciages s'est développée moins vite que l'activité économique et, dans beaucoup de pays, son volume a même diminué en chiffres absolus.

Répartition géographique de la consommation de sciages

La consommation de sciages est loin d'être uniformément répartie dans le monde (tableau annexe II-B). Trois pays qui groupent 14 pour cent de la population mondiale: le Canada, les Etats-Unis et l'U.R.S.S., consomment à eux seuls 55 pour cent des sciages. A l'opposé, les 67 pour cent de la population mondiale qui vivent en Amérique latine, en Afrique (non compris l'Afrique méridionale) et en Asie (non compris le Japon) n'absorbent que 11 pour cent de la consommation mondiale.

Si l'on prend la carte des zones forestières du monde, on constate que la consommation de sciages se situe principalement dans les régions qui englobent ou avoisiment les grandes forêts de résineux nordiques - Amérique du Nord, U.R.S.S., Europe et Japon. La consommation mondiale de sciages porte en effet pour les trois quarts sur des résineux, dont la majeure partie est utilisée dans ces régions. Par contre, dans les régions qui possèdent les grandes ressources de feuillus du monde - Afrique occidentale, Asie du Sud-Est, Amérique centrale et nord de l'Amérique du Sud - la consommation de sciages est assez faible et elle ne représente qu'environ 4 pour cent du total mondial. (Jette disparité des niveaux de consommation ne peut guère s'expliquer pas les différences de propriétés entre résineux et feuillus tropicaux, encore que les résineux scient d'un emploi plus facile et d'un usage plus répandu. Elle ne tient pas non plus entièrement, ou même pour une large part, au fait que ces régions sont moins peuplées; en tout cas, il n'y a pas ici de lien direct de cause à effet puisque la consommation de sciages par habitant, dans les régions tropicales, n'atteint que le dixième de celle des régions tempérées considérées plus haut.

La consommation de sciages par habitant est encore plus basse dans la grande région densément peuplée de l'Asie méridionale et de la Chine continentale qui n'a pas directement accès à des zones riches en ressources forestières et n'en possède pas elle-même. L'insuffisance manifeste des approvisionnements dans ces régions, ne provient pas seulement de la pénurie de bois produit sur place mais aussi du manque de pouvoir d'achat pour financer des importations.

Au tableau annexe II-A, la consommation par millier d'habitants dans les diverses sous-régions du monde figure en regard du produit intérieur brut par habitant, exprimé en dollars U.S. Ainsi confrontés, les chiffres font apparaître une corrélation positive entre le revenu et la consommation par habitant. Mais il faut signaler immédiatement que l'évolution dans le temps ne suit pas nécessairement cette règle, car dans plusieurs sous-régions - parvenues à des stades divers du développement - la consommation par habitant a, en fait, diminué alors que le revenu par habitant augmentait. Cette constatation, jointe aux différences marquées que l'on a pu relever ces dernières années d'une région à l'autre, prouve que la consommation de sciages est sous la dépendance de plusieurs facteurs différents dont certains peuvent même déterminer de brusques fluctuations du niveau d'utilisation et dont l'effet conjugué peut varier considérablement suivant les endroits.

Utilisations finales des sciages

Les sciages servent à toutes sortes d'utilisations finales, et c'est de là que viennent en partie les contrastes observés dans l'évolution de cette branche: l'importance des divers secteurs d'utilisation peut n'être pas du tout la même - ou évoluer de façon très différente - d'un pays à l'autre. La ventilation des utilisations finales dans plusieurs pays et régions est récapitulée au tableau II-5. Dans l'ensemble, le bâtiment absorbe de 50 à 60 pour cent de la consommation totale de sciages, l'ameublement et l'emballage étant les autres grandes branches utilisatrices. Le bois de mine et les traverses de chemin de fer, encore que secondaires, gardent une certaine importance. Le poste «Autres utilisations» reste considérable: c'est que les sciages servent également à d'innombrables applications moins importantes.

Ce schéma de répartition entre les utilisateurs finals est à peu près le même dans le monde entier mais, dans chaque branche utilisatrice, la consommation effective de sciages varie considérablement d'une région à l'autre. Ainsi, dans la construction de logements, qui presque partout vient en tête des utilisations finales des sciages, la consommation moyenne par logement neuf est de 20,5 m³ aux Etats-Unis, alors qu'elle n'est que de 6,8 m³ en Europe du Nord-Ouest, de 3,7 m³ dans les pays méditerranéens d'Europe et tombe à moins de 1 m³ en Asie méridionale (et, dans les zones rurales d'Asie méridionale, à moins de 0,2 m³

Certes, la grande diversité de dimension des logements est pour quelque chose dans ces variations, mais celles-ci tiennent aussi au fait que les applications des bois sciés, dans le secteur du logement, sont très différentes d'une région à l'autre. Aux Etats-Unis, les sciages sont un des principaux matériaux utilisés pour la structure portante des maisons d'habitation, la charpente des toitures et l'ossature des planchers; on s'en sert également comme revêtement mural et pour les parquets, portes, huisseries, châssis de fenêtres, rayonnages, placards encastrés et autres ouvrages de menuiserie; pour les aménagements intérieurs, les finitions, etc., enfin pour les coffrages, les échafaudages et autres emplois sur le chantier.

TABLEAU II - 5. - VENTILATION DE CONSOMMATION DE SCIAGES PAR UTILISATION FINALES DANS CERTAINES RÉGIONS

SOURCES: U.S. Forest Service. Timber trends in the United States. Washington, D.C., 1965. Forest Resource Report No. 17. - Nations Unies/FAO Consommation, production et commerce du bois en Europe, évolutions et perspectives: nouvelle étude 1950-75. New York, 1964. - Nations Unies/FAO. Latin American timber trends and prospects. New York, 1963. - Nations Unies/FAO. Consommation, production et commerce du bois en Asie et dans la région du Pacifique: évolution et perspectives. Rome, 1961. - Nations Unies/FAO. Consommation production et commerce du bois en Afrique: évolution et perspectives. Rome, 1965 (23491/C).

¹ Y compris certaines utilisations finales «diverses» - ² Y compris une certaine quantité utilisée pour les emballages et comme traverses.

En Europe du Nord-Ouest, on n'utilise presque jamais de bois sciés pour la construction ou le revêtement des murs; il est rare qu'on s'en serve pour l'ossature des planchers et on ne les emploie que dans une mesure limitée comme charpente de toitures; ils sont utilisés en menuiserie, pour les aménagements intérieurs, finitions, etc., et pour les coffrages. En Europe méridionale, on emploie rarement des sciages pour autre chose que pour la menuiserie, les aménagements intérieurs et les finitions. En Asie méridionale, on ne les emploie que pour la menuiserie. Les possibilités et probabilités d'évolution de la consommation de sciages dans la construction sont donc très différentes selon les régions.

Dans les autres secteurs d'utilisation, la variabilité est moins grande. Dans l'industrie du meuble, les sciages sont utilisés presque universellement pour les armatures et, de façon moins constante, pour les revêtements et séparations. Dans l'emballage, ils servent à la fabrication des cadres, caisses, palettes. Dans les mines, ils servent à faire des palplanches et des étais temporaires de toitures. Enfin, leur emploi comme traverses de chemin de fer est bien connu.

Facteurs d'utilisation des sciages

Etant donné cette variété d'emplois et de modes d'utilisation, il est difficile d'étudier la nature et les causes des variations de la consommation de sciages dans le cadre général et sommaire de la présente analyse. On peut toutefois dégager certaines tendances d'ensemble. Pour plus amples renseignements sur telle ou telle utilisation finale ou sur telle ou telle région, le lecteur se reportera aux études détaillées par régions et par secteurs sur lesquelles ces pages sont basées. Cette remarque vaut pour l'ensemble du présent article.

Comme on l'a indiqué plus haut, la consommation de sciages ne s'est pas développée ces dernières dernières aussi rapidement que l'activité économique et, dans beaucoup de pays (surtout ceux où elle était particulièrement forte), elle a même diminué en chiffres absolus et non seulement en chiffre relatifs. Cette évolution peut s'expliquer par le jeu de nombreux facteurs, isolés ou conjugués.

Tout d'abord, il se peut que l'activité des secteurs qui utilisent des sciages ne se soit développée elle-même que lentement, soit restée stationnaire ou même ait reculé. En Amérique du Nord et dans une grande partie de l'Europe, par exemple, l'extraction du charbon dans les mines souterraines est en régression et le réseau des voies ferrées a été réduit, ce qui est un facteur important de baisse de la consommation de bois de mine et de traverses de chemin de fer.

Deuxièmement, dans un secteur donné les activités ont pu évoluer dans un sens qui impliquait une réduction de la consommation de sciages. Ainsi, dans le bâtiment, il faut beaucoup plus de bois par logement construit lorsque ce logement consiste en une maison individuelle que lorsqu'il fait partie d'un immeuble collectif: or, ces immeubles représentent une part croissante des constructions nouvelles (tableau II-6), d'où une réduction sensible de la consommation de sciages par logement sans que la quantité de sciages entrant dans la construction d'un immeuble de type donné, de dimensions données, situé à un endroit donné ait nécessairement changé.

TABLEAU II-6. - POURCENTAGE DE LOGEMENTS NEUFS DANS LES IMMEUBLES COLLECTIFS DE CERTAINS PAYS


Année de référence

1960

EUROPE




Finlande

1957

42

52

Norvège

1951

21

30

Suède

1950

71

74

Autriche

1950

50

62

Belgique

1950

*20

30

Danemark

1950

61

45

Allemagne, Rép. féd. d'

1950

60

54

France

1955

*41

*58

Pays-Bas

1955

41

46

Suisse

1950

173

176

Royaume-Uni

1951

7

14

Grèce

1957/59

11

19

Espagne

1957

72

75

Turquie

1950

20

8

Yougoslavie

1957

36

50

Tchécoslovaquie

1956

50

75

AMÉRIQUE DU NORD




Etats-Unis

1940/49

12

²29

Canada

1950

14

³36

SOURCES: Nations Unies. Bulletin annuel de statistiques du logement et de la construction pour l'Europe 1960 et 1961. Genève, 1961 et 1962. Tableau 7, p. 20 et 21. - U.S. Forest Service. Timber trends in the United States. Washington, D.C., 1965. Forest Resource Report No. 17. - Canada. Department of Forestry. Timber trade and prospects in Canada. 1965.

*Evaluation du Secrétariat.

¹Y compris les maisons à deux logements. - ²1962. - ¹1963.

Troisièmement, il est désormais possible d'utiliser les sciages plus rationnellement et économiquement et, par conséquent, d'en employer moins qu'auparavant pour un même ouvrage. De très grands progrès ont été faits, en particulier dans la façon d'utiliser le bois pour les charpentes; il faut citer notamment: le classement selon la résistance, qui permet de tirer le meilleur parti des propriétés du bois tout en réduisant la marge d'erreur dans l'estimation de la contrainte admissible et de la contrainte maximum; la conception rationnelle des assemblages, qui permet d'utiliser des sections plus faibles et de réduire le nombre des éléments auxiliaires; enfin l'emploi des bois lamellés et collés. En fait, la mise en œuvre des sciages, dans le bâtiment, est maintenant du domaine de l'ingénieur: cette rationalisation était indispensable pour que les sciages puissent soutenir la concurrence des autres matériaux de construction. Les pays où la consommation de sciages per habitant est élevée - Canada, Australasie, Scandinavie, Etats-Unis, U.R.S.S. - sont ceux où l'on s'en sert beaucoup dans la construction. Comme ce mode d'utilisation représente une grande partie de la consommation totale de sciages de ces pays, les économies réalisées dans ce secteur contribuent largement à faire baisser la consommation totale dans certains d'entre eux. Cela ressort clairement des statistiques suédoises reproduites au tableau II-7, qui font également apparaître la part de la construction dans la consommation totale et les différences de consommation entre habitations individuelles et immeubles collectifs dans un même pays.

Les économies réalisées grâce à la rationalisation des conceptions et des méthodes ont également contribué à maintenir les sciages dans une position compétitive pour la fabrication de mobilier et d'emballages. Pour des utilisations telles que les bois de mine et les traverses de chemin de fer, où une grande partie - pour ne pas dire l'essentiel - de la consommation annuelle sert à remplacer des éléments anciens, les progrès du traitement des sciages ont prolongé leur durée et par conséquent réduit la fréquence des renouvellements.

On notera que le remplacement des sciages par un autre matériau ne compte pas parmi les facteurs mentionnés jusqu'ici; en effet, la réduction de la consommation de sciages est due en grande partie à une évolution structurelle des besoins ou aux économies réalisées dans l'utilisation des sciages pour un usage donné.

Or, un quatrième facteur à envisager est en fait ce remplacement pur et simple des sciages par d'autres matériaux, dont les raisons peuvent être soit la différence de coût initial ou de coût d'utilisation, soit l'évolution des techniques. Dans le premier cas, il se peut tout simplement que le coût des sciages ait augmenté par rapport à celui des autres matériaux. Au tableau II-8, on trouvera l'indication des variations de prix de certaines grandes catégories de sciages sur plusieurs des principaux marchés mondiaux, comparées aux variations de l'en semble des prix dans les mêmes pays. A en juger d'après ces données, les prix des sciages ne manifestent aucune tendance suivie à la hausse ou à la baisse par rapport aux autres prix et, dans la plupart des pays, il n'y a guère lieu de penser que ce facteur ait beaucoup affecté la consommation de sciages au cours de la période envisagée 4. Cependant, les prix de certains des principaux matériaux en concurrence avec les sciages, et notamment des panneaux dérivés du bois, ont diminué dans certains pays et amélioré leur position compétitive.

4 Rappelons, toutefois, qu'en Amérique du Nord comme en Europe la courbe des prix réels des sciages avait été longtemps ascendante au cours de la période correspondante.

TABLEAU II-7. - UTILISATION DES SCIAGES DANS LA CONSTRUCTION DE LOGEMENTS EN SUÈDE EN 1938, 1951 ET 1959

Types de construction

1938

1951

1959

PETITES MAISONS EN BOIS

m³/100 m2 de surface de plancher

Murs extérieurs

20

14

7

Murs intérieurs

8

5

3

Planchers

11

7

4

Toiture et combles

13

10

9

Menuiserie et moulures

8

7

6

Echafaudages et coffrages

3

2

2

Total

63

45

31

PETITES MAISONS EN BRIQUES ET PIERRE




Murs extérieurs

-

-

-

Murs intérieurs

2

1

1

Planchers

8

4

3

Toiture et combles

14

11

8

Menuiserie et moulures

9

7

6

Echafaudages et coffrages .

4

3

4

Total

37

26

22

IMMEUBLES COLLECTIFS EN BRIQUES ET PIERRE




Murs extérieurs

-

-

1

Murs intérieurs

1

-

-

Planchers

9

3

1

Toiture et combles

7

3

1

Menuiserie et moulures

7

7

5

Echafaudages et coffrages

10

7

6

Total

34

20

14

SOURCE: Nations Unies/FAO. Consommation, production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives: nouvelle étude 1950-1975. New York, 1964.

Ce qui est plus important peut-être que le prix proprement dit, ce sont les avantages techniques des matériaux concurrents et la possibilité qu'ils offrent d'économiser la main-d'œuvre. Les sciages, de par leurs propriétés, se prêtent moins bien au travail mécanique que les panneaux, les matières plastiques et les métaux; matériaux de remplacement plus uniformes et plus homogènes. A mesure que s'élève le coût de la main-d'œuvre, l'emploi de ces matériaux plus faciles à manier se traduit par une économie croissante sur le prix de revient après mise en œuvre. En outre, les sciages sont inflammables putrescibles, sujets à l'attaque des insectes et des termites, ce qui les défavorise encore dans la concurrence avec d'autres matériaux.

Dans les secteurs traditionnellement consommateurs de sciages, l'évolution technique se fait souvent aux dépens des branches ou productions pour lesquelles on utilisait des sciages. Dans le bâtiment, par exemple, l'un des emplois importants des sciages était la fabrication des coffrages pour le béton coulé sur le chantier. Les méthodes nouvelles de construction industrielle avec assemblage à sec d'éléments préfabriqués suppriment toute opération de coffrage sur le chantier. De même, dans les mines de charbon mécanisées, les arches d'acier constituent des supports plus pratiques; dans certains pays, on préfère des traverses de chemin de fer en béton pour les lignes empruntées par les trains lourds modernes; enfin, il s'est révélé difficile de mettre au point des modèles de caisses en bois scié qui scient utilisables pour l'emballage mécanisé des marchandises; au surplus, les méthodes nouvelles de transport et de manutention, avec chargement par palettes n'exigent plus que les marchandises scient aussi soigneusement protégées (or, le principal avantage des caisses en bois était la protection complète qu'elles assurent)

On remarquera que, souvent ces changements procèdent de la tendance à une mécanisation toujours plus poussée, conséquence de l'augmentation du coût de la main-d'œuvre. De ce fait, les facteurs qui jouent à l'encontre des sciages se font sentir dans les économies et les secteurs où le coût de la main-d'œuvre est élevé. reste beaucoup de domaines dans lesquels le bois scié garde son avantage et beaucoup d'utilisations pour lesquelles, en raison de ses caractéristiques propres, on continuera de l'employer autant et même plus que par le passé. D'autre part, le progrès techniques et la rationalisation, qui ont porté de si durs coups à l'emploi des sciages, ont eu, dans certains cas pour effet d'en élargir le champ d'utilisation. ,

Par exemple, les arches et fermes en bois lamellé et collé ont trouvé une application importante dans tous les cas où l'on désire des char entes légères et de grande portée. Les qualités esthétiques du bois, agréable à l'œil et au toucher, en multiplient les emplois, par exemple pour les planchers et lambris de luxe. La mécanisation et la normalisation,: maintenant courantes dans l'industrie du bâtiment, donnent souvent un regain d'importance à la menuiserie bois: dans beaucoup de pays, la production en usine permet de fabriquer des portes, fenêtres, élément de placards encastrés en bois à un prix compétitif 5. L'introduction de nouvelles méthodes de manutention et de transport avec chargement sur palettes a créé un nouveau secteur important d'utilisation des sciages. Rien qu'aux Etats-Unis, la consommation annuelle de sciages pour la confection des palettes est passée d'environ 470000 m³ en 1948 à plus de 4 millions de m³ en 1962.

5 Signalons qu'une grande partie des éléments de menuiserie fabriqués industriellement sont faits de contre-plaqué, panneaux de particules, etc., sur châssis en bois Le volume de bois scié entrant ans les portes en bois a de ce fait, fortement diminué ces dernières années.

TABLEAU II-8. - PRIX DES SCIAGES RÉSINEUX ET DES MATÉRIAUX QUI LES CONCURRENCENT, ET INDICATEURS ÉCONOMIQUES GÉNÉRAUX DANS CERTAINS PAYS

SOURCE: Nations Unies/FAO. Bulletin du bois pour l'Europe. Genève (Divers Numéros).

D'une façon générale, toutefois, il y a eu régression des sciages dans les applications où la normalisation des formes ou des dimensions constitue un facteur primordial, comme c'est le cas pour la plupart des travaux mécanisés. Il n'en reste pas moins que leur souplesse d'emploi les rend particulièrement précieux dans certaines utilisations comportant des formes irrégulières ou constamment renouvelées. Par exemple, pour les éléments de formes très diverses entrant dans la construction des ponts et barrages en béton, les coffrages économiques en bois brut conviennent généralement mieux que les coffrages d'acier ou de contre-plaqué. De même, les sciages restent irremplaçables pour la confection des emballages robustes et peu coûteux destinés aux machines lourdes et de formes irrégulières.

Lorsque les capitaux et le savoir technique font défaut et que la main-d'œuvre n'est pas chère, les sciages gardent une grande importance car, dans ces conditions, leur coût après mise en œuvre est généralement avantageux. On peut les travailler à la main, avec des outils et des méthodes simples. On peut les produire facilement à petite échelle à partir de matières premières disponibles sur place, et avec des capitaux, un matériel et des connaissances techniques limitées. Aussi reviennent-ils moins cher que les autres matériaux qui doivent être soit importés, soit fabriqués dans des conditions relativement coûteuses. Dans de très grandes parties du monde, les sciages restent donc le matériau le plus approprié à beaucoup d'emplois. En bien des cas, les constructions sont simples et petites, ce qui permet d'employer les sciages aussi bien pour les éléments de structure que pour les menuiseries, les finitions, les aménagements intérieurs et l'ameublement. De même, dans le domaine de la manutention, lorsque le matériel et les méthodes sont encore rudimentaires, la protection complète que donnent les emballages en bois demeure nécessaire.

Perspectives jusqu'en 1975

C'est évidemment surtout dans les pays développés, et notamment dans ceux qui utilisent largement les sciages pour les éléments de structure: Amérique du:Nord, Scandinavie, U.R.S.S., Australasie, que s'est manifestée la tendance à économiser les sciages, à en rationaliser l'emploi et, à mesure qu'augmente le coût de la main-d'œuvre, à les remplacer par des matériaux dont la mise en œuvre revient moins cher. Dans ces pays, la consommation de sciages par habitant est deux ou trois fois plus élevée que dans les pays d'Europe, où l'on ne s'en sert pas pour les éléments de structure. La consommation japonaise se situe entre celle de ces deux groupes de pays.

A l'exception de l'U.R.S.S. - exception importante, il est vrai - la baisse de consommation a été particulièrement marquée dans le groupe de pays gros consommateurs. La marge de réduction y apparaît encore considérable et, d'une façon générale, on prévoit que la consommation continuera de diminuer. Aux Etats-Unis, toutefois, on pense que le remplacement des sciages par d'autres matériaux se fera à un rythme moins rapide que par le passée 6.

6 U.S. Forest Service. Timber trends in the United States. Washington, D.C.,., 1965, p. 43. Forest Resource Report No. 17.

En U.R.S.S., par contre, la consommation de sciages par habitant a continué d'augmenter pendant la majeure partie des années cinquante et cela du fait de deux facteurs: d'une part, le pays a connu pendant cette période une expansion économique très rapide; d'autre part, la consommation de sciages est restée très élevée dans la plupart des secteurs d'utilisation. Depuis 1959, la consommation plafonne et, comme il y a de plus en plus de nouveaux matériaux de remplacement, les sciages perdront probablement du terrain comme ils en ont perdu en Europe et en Amérique du Nord. L'augmentation de la consommation totale sera beaucoup plus lente que ces dernières années et la consommation par habitant continuera probablement à baisser.

La rapidité exceptionnelle de l'accroissement de la consommation au Japon, jusqu'à ce jour, est également en grande partie le reflet d'une croissance économique rapide. A l'heure actuelle, les matériaux de substitution se répandent, de sorte que l'expansion économique future n'entraînera sans doute qu'une augmentation beaucoup plus lente de la consommation.

En Europe continentale, bien que la consommation par habitant soit moins élevée, les sciages ont perdu beaucoup de terrain depuis quelques années: par exemple, la consommation par logement neuf a diminué d'un quart de 1950 à 1960 (tableau II-9). Si cette tendance se maintient, comme on le prévoit, la cadence globale d'utilisation des sciages diminuera encore. C'est surtout dans les pays d'Europe orientale que l'on prévoit un recul rapide des sciages, car les plans tendent systématiquement à une utilisation plus économique et plus rationnelle de la matière première bois, dont ces pays sont relativement pauvres.

TABLEAU II-9. - ESTIMATION DES BESOINS MOYENS DE SCIAGES PAU LOGEMENT NEUF EN AMÉRIQUE DU NORD ET EN EUROPE, 1950-75

 

1950

1960

1975

ETATS UNIS

123,6

²20,6

18,3

EUROPE




Pays nordiques

22,8

16,7

12,3

Pays du Nord-Ouest

8,4

6,8

6,0

Pays méditerranéens

6,1

3,7

3,4

Pays d'Europe orientale

9.7

6,0

3,8

Total pour l'Europe

9,1

6,4

5,0

SOURCES: Nations Unies/FAO. Consommation, production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives: nouvelle étude 1950-1975. New York, 1964. - U. S. Forest Service. Timber trends in the United:States. Washington, D.C., 1965. Forest Resource Report No, 17.

¹ 1952. - 21962.

Dans les pays développés en général, l'utilisation des sciages continuera vraisemblablement à s'adapter à l'évolution des besoins qui résulte de la mécanisation croissante des branches utilisatrices et, dans certains pays cette tendance devrait s'accentuer encore d'ici 1975. Deux remarques s'imposent ici: premièrement, dans les pays qui ont été les premiers à connaître cette évolution, les possibilités d'économie de sciages par rationalisation des méthodes sont déjà en grande partie exploitées et, dans ce cas, la marge de réduction de la consommation est, par conséquent, désormais plus étroite. Deuxièmement, l'augmentation de la consommation totale n'a pas cessé, bien qu'elle soit devenue lente. Les sciages restent un matériau de première importance, nécessaire en très grandes quantités.

Dans les pays en voie de développement, comme on l'a vu plus haut, la situation des sciages est plus compétitive. Cependant, en bien des cas, la consommation ne s'est accrue que lentement ces dernières années, et les statistiques dont on dispose révèlent même parfois un recul récent de la consommation par habitant. Toutefois, comme ces statistiques ne sont basées que sur la production et le commerce enregistrés et que, de surcroît, elles sont souvent incertaines pour les premières années la période considérée, on peut se demander si elles reflètent fidèlement l'évolution de la consommation totale.

Par exemple, il se peut que la consommation non enregistrée ait augmenté plus rapidement que la consommation totale 7. Mais, en règle générale, le tableau II-3 donne une idée exacte de la situation d'ensemble et cela pour beaucoup de raisons.

7 On dispose de données détaillées pour l'Afrique orientale; selon ces estimations, la consommation rurale de sciages aurait augmenté considérablement dans la deuxième partie des années cinquante, surtout en ce qui concerne les approvisionnements non enregistrés, et il se peut fort bien que ce mouvement se soit poursuivi à une époque où la consommation urbaine, c'est-à-dire les quantités enregistrées, était stationnaire ou en baisse.

Tout d'abord, les sciages ne sont pas toujours bon marché et abondants. Dans une grande partie des régions de forêt claire sèche d'Afrique, du Proche-Orient, d'Asie méridionale et de la Chine continentale, ils sont au contraire rares et coûteux. Deuxièmement, dans beaucoup de ces pays l'activité économique ne se développe que lentement et les secteurs qui consomment des sciages ne sont pas nécessairement en expansion. Par exemple, dans certaines parties de l'Afrique tropicale, la construction a été peu active pendant la période de référence 1960-62, tandis que dans l'Asie du Sud-Est les troubles de ces dernières années ont réduit l'activité économique de plusieurs pays. Troisièmement il arrive qu'une très grande partie de la consommation de sciages de certains pays soit concentrée dans de branches industrielles où elle est affectée par les mêmes facteurs que dans les pays développés. Ainsi, dans plusieurs pays, situés principalement en Afrique septentrionale et au Proche-Orient, l'emballage des fruit est de loin la principale utilisation des sciages. Comme on remplace de plus en plus les caisses en planches louées par des cageots ou palettes de lattes fines maintenues par des fils de fer, l'accroissement de la consommation totale de sciages se ralentit sensiblement dans ces pays et cette tendance ne fera que s'accentuer dans l'avenir.

Dans beaucoup de pays et régions, il est certain que plusieurs de ces facteurs jouent à la fois, mais cela ne suffit pas à expliquer pleinement le ralentissement de la cadence d'utilisation des sciages. En Amérique latine, notamment, où les sciages devraient abonder à des prix compétitifs, et où la consommation était relativement élevée, il est difficile d'expliquer la stagnation des dernières années. Sans doute, arrive-t-il souvent que l'on renonce à utiliser du bois scié, même pour les emplois où il conviendrait mieux que tout autre matériau. Faute d'un développement adéquat de la capacité de production et de commercialisation locales qui permettrait de mettre à la disposition des consommateurs des sciages de la qualité et de la dimension convenables dans la quantité voulue, ce matériau est supplanté prématurément par d'autres (prématurément, en ce sens que les produits rivaux restent plus coûteux et moins rationnels)8.

8 Par exemple, il faut souvent les importer ou importer les biens d'équipement nécessaires à leur fabrication, alors que la matière première des sciages est abondante dans le pays même.

Besoins en 1975

Sur la base des hypothèses d'ordre économique, démographique, etc., admises dans la présente étude, on estime que les besoins mondiaux de sciages s'élèveront à environ 430 millions de m³ en 1975, soit plus de 25 pour cent de plus qu'en 1961. Comme il ressort du tableau II-10 et du tableau annexe II-B, la consommation par habitant diminue a probablement d'ici 1975 dans la plupart des régions développées, mais l'expansion économique et démographique déterminera dans la plupart de cas une augmentation de l'ordre de 10 à 15 pour cent de la consommation globale.

TABLEAU II-10. - ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION TOTALE ESTIMATIVE DE SCIA ES, 1960-62 A 1975 1

 

Consommation

Consommation par millier d'habitants

1960-62

1975

Indice

1960-62

1975

Indice

Millions de m3

1961 = 100

m3

1961 = 100

Europe

78,31

87,30

111

173

172

99

U.R.S.S.

99,72

111,00

111

457

426

93

Amérique du Nord

94,37

107,90

114

467

436

93

Amérique latine

12,39

24,70

199

58

77

133

Afrique

4,05

7,50

185

15

19

130

Asie et Pacifique

57,33

88,90

155

34

41

119

TOTAL MONDIAL

346,17

427,30

123

114

109

96

¹ Voir aussi tableau annexe II-B.

Par contre, dans la plupart des régions en voie de développement, on estime que la consommation annuelle globale augmentera de 50 à 100 pour cent, car on prévoit dans ces régions une accélération générale de la cadence d'utilisation des sciages. Une grande partie de l'augmentation des besoins mondiaux d'ici 1975 - probablement plus du tiers du surcroît total mondial - proviendra donc probablement des régions en voie de développement: c'est dire que le secteur de la scierie, a, dans ces pays, de grandes possibilités d'expansion et un rôle important à jouer.

Panneaux dérivés du bois


Répartition géographique de la consommation des panneaux dérivés lu bois
Utilisations finales des panneaux dérivés du bois
Facteurs d'utilisation des panneaux dérivés du bois
Perspectives jusqu'en 1975
Besoins en 1975


Il existe trois grands types de panneaux dérivés du bois: les panneaux de contre-plaqué, les panneaux de fibre et les panneaux de particules. Les panneaux lattés sont classés comme les contre-plaqués et, généralement, il en est de même des placages. On distingue deux types de panneaux de fibre: les panneaux durs (ou comprimés)comprimés et les panneaux isolants (ou non comprimés). A l'exception des placages, qui servent généralement de revêtement pour d'autres panneaux, tous ces produits peuvent, dans une certaine mesure, être substitués les uns aux autres, et c'est donc leur ensemble qu'il faut considérer.

La consommation de panneaux - qu'il s'agisse de l'ensemble ou de chaque type - s'accroît plus rapidement que celle de n'importe quel autre produit du bois.

La consommation mondiale de panneaux de tous types est passée de 12,49 millions de m³ en 1951 à 19,49 millions en 1956, soit un accroissement de 56 pour cent; elle a encore augmenté de 55 pour cent pendant les cinq années suivantes, atteignant 30,22 millions de m³ en 1961. En 1963, elle s'élevait à 37,13 millions de mètres cubes 9 (tableau II - 11).

9 Les statistiques étant exprimées en unités différentes selon les type de panneaux (superficie, volume ou poids), il est difficile de les comparer et d'en faire la somme. La superficie est l'unité qui permet le mieux de les confronter les uns aux autres, mais elle ne donne aucune idée de la quantité de matière première qu'ils contiennent. Les comparaisons sur la base du poids sont faussées par les différences de densité et les comparaisons en volume par les différences d'épaisseur. Le choix que l'on a fait ici de l'unité de volume exagère sans doute l'expansion pour l'ensemble des panneaux, car l'essor a été plus rapide que la moyenne pour les panneaux épais - panneaux de particules, contre-plaqués de résineux et panneaux lattés - mais cela est en partie compensé par la lenteur du développement de la consommation de panneaux isolants.

TABLEAU II-11. - ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE PANNEAUX DÉRIVÉS DU BOIS ¹ 1950-52 A 1963²

 

1950-52

1955-57

1960-62

1963

Variation

1951-56

1956-61

CONSOMMATION TOTALE

Millions de m³

1951 = 100

1956 = 100

Europe

2,84

4,62

8,30

10,70

163

180

U.R.S.S.

0,77

1,22

2,24

2,74

159

184

Amérique du Nord

8,01

11,84

16,23

19,51

148

137

Amérique latine

0,16

0,31

0,55

0,62

190

178

Afrique

0,08

0,20

0,22

0,23

260

107

Asie et Pacifique

0,63

1,30

2,68

3,32

205

206

TOTAL MONDIAL

12,49

119,49

30,22

37,13

156

155

CONSOMMATION PAR MILLIER D'HABITANTS

m3



Europe

6,8

10,7

18,3

23,1

157

171

U.R.S.S.

4,2

6,1

10,3

12,2

146

168

Amérique du Nord

47,4

64,0

80,3

93,7

135

126

Amérique latine

1,0

1,7

2,6

2,7

167

156

Afrique

0,4

0,9

0,8

0,8

235

192

Asie et Pacifique

0,5

0,9

1,6

1,9

185

189

TOTAL MONDIAL

5,0

7,1

10,0

11,8

143

141

¹A l'exclusion des placages. - ² Voir aussi tableau annexe II-C.

Cet essor remarquable est dû pour une part au succès éclatant d'un nouveau produit apparu sur le marché au cours de la période envisagée, à savoir le panneau de particules. Cependant, la consommation des autres panneaux s'est également développée très rapidement (tableau II-12). Le contre-plaqué est connu de longue date mais, jusqu'aux années d'après-guerre, il ne s'était répandu que lentement. Entre 1951 et 1961, la consommation annuelle de contre-plaqué a augmenté de 250 pour cent, atteignant 16,84 millions de m³ en fin de période, pour passer à 20,14 millions de m³ en 1963. Les panneaux de fibre sont aussi utilisés depuis longtemps, mais la consommation mondiale n'était que de 840 000 tonnes un an avant la seconde guerre mondiale et de 1,3 million de tonnes pendant les années d'après-guerre. De 1951 à 1961, elle a plus que doublé, passant à 4,54 millions de tonnes en 1961 et poursuivant sa progression, elle a atteint 5,31 millions de tonnes en 1963.

TABLEAU II-12. - ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE CONTRE-PLAQUÉ DE PANNEAUX DE FIBRE ET DE PANNEAUX DE PARTICULES, 1950-52 A 1963

 

Consommation

Variation

1950-52

1955-57

1960-62

1963

1951-61

1956-61

CONTRE - PLAQUÉ

Millions de m3

1951 = 100

1956 = 100

Europe

1,52

2,10

3,02

3,53

199

144

U.R.S.S.

0,72

1,04

1,32

1,45

185

127

Amérique du Nord

3,99

6,88

10,16

12,31

255

148

Amérique latine

0,13

0,22

0,33

0,34

257

150

Afrique

0,05

0,074

0,12

0,12

239

158

Asie et Pacifique

0,40

0,94

1,88

2,39

468

201

TOTAL MONDIAL

6,81

11,26

16,84

20,14

247

150

PANNEAUX DE FIBRE

Millions de tonnes



Europe

0,68

1,17

1,74

2,05

256

149

U.R.S.S.

0,024

0,071

0,27

0,35

1100

379

Amérique du Nord

1,30

1,70

1,98

2,28

153

116

Amérique latine

0,034

0,058

0,12

0,14

346

204

Afrique

0,019

0,065

0,054

0,067

282

83

Asie et Pacifique

0,12

0,20

0,38

0,42

333

188

TOTAL MONDIAL

2,17

3,27

4,54

5,31

210

139

PANNEAUX DE PARTICULES

Millions de tonnes



Europe

0, 027

0,37

1,57

2,49

5 800

430

U.R.S.S.

...

...

0,17

0,28

...

...

Amérique du Nord

0,012

0,17

0,42

0,62

3500

250

Amérique latine

...

0,007

0,025

0,039

...

364

Afrique

...

0,012

0,007

0,002

...

58

Asie et Pacifique

...

0,013

0,096

0,013 _

...

731

TOTAL MONDIAL

0,039

0,57

2,30

3,56

5900

404

Quant aux panneaux de particules, ils ont fait leur apparition sur le marché vers la fin de la seconde guerre mondiale. En 1951, la consommation mondiale était de 39 000 tonnes, en 1956 elle atteignait 568 000 tonnes, et en 1961 elle s'élevait à 2,30 millions de tonnes, ce qui revient à dire que, pendant les cinq dernières années considérées, la consommation mondiale a doublé tous les trois ans. Cet essor spectaculaire s'est à peine ralenti pendant les deux années suivantes, puisque la consommation de 1963 s'est chiffrée par 3,56 millions de tonnes.

Ces dernières années, le taux de croissance de la consommation de panneaux a donc été très supérieur à celui de l'activité économique, contrairement à ce qui s'est passé pour les scia es. Les panneaux trouvent des applications toujours plus nombreuses et ils continuent à gagner du terrain sur beaucoup de marchés où ils sont déjà établis.

Répartition géographique de la consommation des panneaux dérivés lu bois

Comme il ressort du tableau II-C, la consommation de panneaux dérivés du bois se trouve étroitement concentrée en un petit nombre de pays. En effet, les Etats-Unis consomment 54 pour cent de la production mondiale de contre-plaqué, cependant que le Canada, le Japon, l'U.R.S.S., le Royaume-Uni l'Irlande et les pays de la Communauté économique européenne en consomment 32 pour cent. Par contre, l'Afrique (non compris l'Afrique méridionale), l'Asie (non compris le Japon) et l'Amérique latine ne consomment ensemble que 4 pour cent du volume de contre-plaqué utilisé dans le monde. Pour les panneaux de fibre, la part des Etats-Unis est d'environ 40 pour cent, celle des autres pays développés énumérés ci-dessus de 33 pour cent, et celle de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine (ensemble) de 5 pour cent. Quant aux panneaux de particules, si la consommation des Etats-Unis ne représente que 16 pour cent du total, 68 pour cent sont consommés en Europe (dont les deux tiers dans les pays de la CEE) et 7 pour cent en U.R.S.S. Par conséquent, s'il est vrai que pour l'ensemble des panneaux la consommation est concentrée dans les pays développés, l'intensité d'utilisation de chaque catégorie varie considérablement d'un pays à l'autre et une forte consommation de l'une ne s'accompagne pas nécessairement d'une forte consommation des autres.

Le tableau annexe II-A donne la consommation par millier d'habitants et pour chaque groupe de revenu (sur la base du produit intérieur brut par habitant). On peut ainsi constater qu'il y a corrélation positive entre la consommation et le revenu, avec toutefois des variations considérables de la consommation pour un niveau donné de revenu, ce qui indique que beaucoup de facteurs autres que le revenu ont une influence importante sur cette consommation.

Utilisations finales des panneaux dérivés du bois

Le champ d'utilisation des panneaux dérivés du bois recouvre dans une large mesure celui des sciages: coffrages pour béton, revêtements, menuiserie, aménagements intérieurs et finitions dans le bâtiment; fabrication de mobilier, emballage. La construction de véhicules et la construction navale représentent également - comme pour les sciages - des secteurs d'emploi secondaires mais importants. L'accroissement de la consommation de panneaux s'est d'ailleurs fait en grande partie, nous l'avons vu, aux dépens des sciages. Comme les panneaux supplantent les sciages de façon beaucoup plus marquée dans certains secteurs et dans certains pays, et comme leurs différents types sont interchangeables - partiellement du moins - le choix de tel de ces types plutôt que de tel autre pour une utilisation donnée peut varier selon les endroits, ce qui explique que la répartition de la consommation ne soit ni nette ni uniforme.

Le tableau II-13 donne la ventilation des utilisations finales des panneaux aux Etats-Unis. C'est le bâtiment qui est, de loin, le plus gros consommateur de contre-plaqué. Notons toutefois que les contre-plaqués américains se composent, pour les trois quarts, de panneaux épais de résineux, plutôt rares dans le reste du monde. En Europe où l'on emploie surtout des contre-plaqués de feuillus, l'industrie du meuble est probablement le principal secteur d'utilisation finale, suivi de près par la menuiserie (notamment pour les portes). Dans beaucoup de pays tropicaux - par exemple l'Inde, Ceylan, la Chine (Taïwan), le Kenya, l'Ouganda - le conditionnement du thé en caisses de contre-plaqué pour l'exportation devient une utilisation finale très importante, sinon la plus importante, de ce type de panneaux. Les panneaux de fibre sont surtout employés dans la construction. Les panneaux mous (panneaux isolants) servent principalement aux revêtements et aménagements intérieurs et à l'isolation thermique et phonique. Les panneaux durs sont largement utilisés pour les revêtements extérieurs, les supports de revêtement de sol, les lambrissages, les revêtements de portes et les coffrages pour béton. Ils servent aussi beaucoup dans l'industrie du meuble et autres emplois analogues.

TABLEAU II-13. - STRUCTURE DE LA CONSOMMATION DE PANNEAUX DÉRIVÉS Du BOIS Aux ETATS-UNIS, 1962


Contre - plaqué et placages

Panneaux de fibre et de particules

CONSTRUCTION

Pourcentage

A usage d'habitation

35,0

41,0

A autres usages

23,0

24,0

Réparations et entretien

12,5

15,0

Usages agricoles et ferroviaires

2,0

-

Total pour la construction

72,5

80,0

Produits manufacturés ¹

15,5

15,0

Emballages

10,0

...

Divers

2,0

5,0

Total

100,0

100,0

Millions de m³

10,64

4,82

SOURCE: U. S. Forest Service. Timber trends in the United States. Washington, D.C., 1966. Forest Resource Report No. 17.

¹ Mobilier compris.

Jusqu'à présent, les panneaux de particules sont surtout utilisés, en général, par l'industrie du meuble, comme l'indique le tableau II-14; mais ils commencent à gagner du terrain dans le secteur de la construction où ils trouvent des applications assez semblables à celles des panneaux de fibre et du contre-plaqué et similaires, en particulier, à celles des panneaux lattés et des contre-plaqués épais de résineux.

Facteurs d'utilisation des panneaux dérivés du bois

Nous avons vu qu'il y avait corrélation entre la consommation, par habitant, de panneaux dérivés du bois et le revenu par habitant, mais que cette corrélation recouvrait des variations considérables.

Trois principaux facteurs autres que le revenu peuvent jouer un certain rôle à l'échelon des pays où des secteurs: le niveau antérieur de la consommation de sciages, l'état et l'évolution des rapports de prix entre les sciages et les panneaux dérivés du bois (de même qu'entre ceux-ci et d'autres types de panneaux: amiante-ciment, matières plastiques, etc.) enfin l'état des ressources forestières et des industries forestières.

C'est surtout comme produits de remplacement des sciages que les panneaux dérivés du bois sont utilisés. On a vu dans la section relative aux sciages que ce phénomène de substitution s'expliquait en partie par l'évolution des prix, de plus en plus favorable aux panneaux, et en partie par les propriétés de ces derniers produits qui, à bien des égards, conviennent mieux que celles des sciages aux exigences nouvelles des industries et secteurs utilisateurs.

TABLEAU II-14. - DOMAINES D'UTILISATION DES PANNEAUX DE PARTICULES DANS CERTAINS PAYS D'EUROPE 1959-61

SOURCE: Nations Unies/FAO. Consommation, production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives: nouvelle étude 1950-1975. New York, 1964.

¹ Ventilation inconnue.

On ne dispose guère de séries chronologiques des prix des panneaux qui puissent être comparées à celles du tableau II-8 concernant les prix des sciages. Mais les séries du tableau II-15, relatives au Royaume-Uni, illustrent une évolution assez générale: les prix du contre-plaqué et des panneaux de particules ont baissé en chiffres absolus en un temps où les prix des sciages augmentaient ou restaient à peu près stationnaires. (Signalons qu'au Royaume-Uni la consommation de panneaux de fibre - produit qui était apparemment le plus favorisé par cette évolution des rapports de prix - n'a pas augmenté aussi rapidement que celle de panneaux de particules et de contre-plaqué.) Plus qu'aux questions de prix relatifs, le succès des panneaux tient sans doute à leurs propriétés. Tous présentent un certain nombre d'avantages communs aux sciages: stabilité dimensionnelle, qualité uniforme, facilité et régularité d'usinage, résistance souvent meilleure à poids égal, grande largeur, facilité d'application des finitions superficielles, soit en cours de fabrication soit sur panneau fini; enfin, facilité d'utilisation et de pose avec peu de main-d'œuvre. Tout cela réduit le coût à la mise en place et facilite l'adaptation à la mécanisation toujours plus poussée des différentes opérations, mécanisation qui transforme les secteurs utilisateurs de bois. Le fait que les panneaux scient fabriqués dans des industries fortement mécanisées, qui exigent peu de main-d'œuvre par unité produite, explique en grande partie qu'ils aient, dans les pays où le coût de la main-d'œuvre augmente rapidement, des prix plus avantageux que les sciages, dont la production fait intervenir beaucoup de main-d'œuvre.

TABLEAU II-15. - PRIX DE QUELQUES PRODUITS FORESTIERS IMPORTÉS AU ROYAUME-UNI

 

Unité

1950

1951

1956

1960

1961

Prix c.a.f. moyen - $ U.S.

Sciages de résineux

33

52

51

46

47

Sciages de feuillus

54

73

82

82

87

Contre-plaqué

117

158

144

134

136

Panneaux de fibre

tonne

122

146

114

109

104

Panneaux de particules

tonne

...

...

...

114

129

SOURCE: FAO. Plywood and other wood-based panels. Rome, 1965.

Dès lors que l'accroissement de la consommation des panneaux dérivés du bois est en grande partie fonction de l'évolution des sciages, le niveau de cette consommation ne peut qu'être étroitement lié à la consommation antérieure de sciages. Si l'on se reporte au tableau annexe II-A, on observera que ce sont bien, en effet les pays gros consommateurs de sciages qui, par habitant, consomment le plus de panne, aux dérivés du bois.

La consommation dépend également des ressources forestières et de l'état des industries forestières nationales, car le choix d'un produit de l'référence à un autre est en grande partie dicté par la situation de l'offre. La forte consommation de contre plaqué de résineux aux Etats-Unis, de panneaux de fibre en Scandinavie et de panneaux de particules dans la République fédérale d'Allemagne coïncide avec une importante production nationale de ces divers produits. (L'influence des possibilités d'approvisionnement en matière première sur le choix de l'emplacement et de la dimension des industries productrices est étudiée au chapitre IV.)

Perspectives jusqu'en 1975

L'extraordinaire essor de la consommation de panneaux dérivés du bois, récemment observé dans le monde entier, rend très aléatoire tout pronostic quant à l'évolution ultérieure de cette consommation. D'après une analyse récente 10 de la consommation par habitant, pour l'ensemble des panneaux dérivés c du bois, analyse qui couvrait la période 1950-1961 et concernait seulement les pays pour lesquels on disposait des données nécessaires, on ne relève aucun symptôme - même dans les pays à revenu élevé et à forte consommation - qui puisse faire présager un ralentissement de cet essor: dans la majorité des pays gros consommateurs, l'élasticité/revenu apparente est restée relativement stable pendant toute la période envisagée. Encore qu'il varie beaucoup d'un pays à l'autre, en raison des différences de situation examinées le taux d'accroissement est demeuré constant dans la plupart d'entre eux.

10 FAO. Plywood and other wood - based panels. Rome, 1965.

Comme l'indique l'élasticité /revenu apparente indiquée ci-dessous, ce taux d'accroissement dans certains des principaux pays consommateurs a été très élevé pendant la période envisagée:

Autriche

2,9

Pays-Bas

3,1

Allemagne, Rép. féd. d'

3,3

France

3,8

Royaume-Uni

4,8

Tout porte donc à croire que la demande de panneaux dérivés du bois est encore en pleine expansion. Néanmoins, les taux d'accroissement ne sauraient se maintenir indéfiniment au niveau élevé qu'ils ont atteint. Le fait même que, jusqu'à présent, la consommation des panneaux dérivés du bois ait surtout augmenté aux dépens de la consommation de sciages limitera nécessairement cet essor. Passé un certain stade, le rôle du facteur substitution dans l'accroissement de la consommation de panneaux diminuera nécessairement. En outre depuis 1951, on enregistre une diminution générale, en chiffres absolus, du prix marchand des panneaux dérivés du bois. Comme on l'a vu, cette diminution est plus sensible encore par rapport à l'ensemble des prix et aux prix des sciages. Mais, encore une fois, la baisse ne pouvant se poursuivre indéfiniment, le prix des panneaux deviendra forcément, avec le temps, moins avantageux qu'il ne l'était à l'époque où l'écart avec le prix des sciages ne cessait de croître.

Troisièmement, le dynamisme de la consommation globale de panneaux dérivés du bois depuis 1950 est dû en grande partie au succès fulgurant d'un produit totalement nouveau, le panneau de particules. Le taux d'expansion passé ne pourrait se maintenir indéfiniment que si d'autres produits nouveaux faisaient leur apparition sur le marché. Or, à l'heure actuelle, rien ne laisse prévoir qu'un nouveau produit puisse être lancé d'ici 1975, encore que ce soit là une possibilité que l'on ne saurait exclure entièrement. Rappelons d'autre part que les panneaux dérivés du bois sont en concurrence avec des matériaux d'autre nature, tels que les panneaux d'amiante-ciment. L'apparition, dans cette catégorie, d'un produit nouveau ou amélioré pourrait sérieusement affecter la consommation de panneaux dérivés du bois et en ralentir la croissance future.

Les prévisions pour 1975 tiennent donc compte de ce que le taux de croissance de la consommation diminuera probablement du fait de ces facteurs. Dans quelle mesure? C'est en étudiant l'évolution observée pour chaque type de panneaux que l'on pourra s'en faire une idée. Ce qui précède concerne en effet l'ensemble des panneaux dérivés du bois, mais tous ne suivent pas la même évolution. Pour les panneaux de fibre, par exemple, le taux de croissance de la consommation par habitant a diminué presque partout, surtout pour les panneaux isolants: dans les pays gros consommateurs tels que le Canada, la Suède et les Etats-Unis, la consommation par habitant de ce dernier matériau n'a pas marqué la moindre augmentation depuis le début des années cinquante. Par contre, la consommation de panneaux durs continue de croître rapidement, encore que dans certains cas le taux de croissance diminue progressivement. On relève aussi des différences dans le groupe même des contre-plaqués. Il semble en effet que, pour les contre-plaqués minces de feuillus, l'accroissement de la consommation par habitant ralentisse tandis que, pour les panneaux lattés et les contre-plaqués épais de résineux, le rythme reste soutenu. Les panneaux de particules demeurent le type de panneaux dont la consommation croît le plus vite et il est à noter que ce sont les panneaux rigides et épais - panneaux de particules, panneaux lattés et contre-plaqués de résineux - c'est-à-dire les types concurrençant le plus directement les sciages, qui marquent l'essor le plus rapide.

Les estimations figurant au tableau II - 16 et au tableau annexe II-C pour la période qui va jusqu'en 1975 reposent sur l'hypothèse que, dans les pays développés à économie de marché, le taux de croissance de la consommation diminuera sensiblement d'ici cette date. Ce taux n'en restera pas moins fort élevé: l'élasticité/revenu apparente en 1975 sera encore très supérieure à l'unité dans la plupart des sous-régions, ce qui se traduira par une progression considérable des quantités utilisées. En 1975, l'indice de la consommation annuelle (sur la base de 100 en 1961) sera voisin de 165 en Amérique du Nord et de 250 en Europe occidentale 11.

11 Europe moins les pays d'Europe orientale. beaucoup de pays en voie de développement. Mais comme ces pays n'ont jamais consommé beaucoup de sciages, sans doute cette expansion sera-t-elle rarement aussi spectaculaire que celle qui s'est produite dans les pays développés par suite de l'éviction partielle des sciages.

TABLEAU II-16. - PRÉVISIONS D'ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION TOTALE DE PANNEAUX DÉRIVÉS DU BOIS ¹ 1960-62 A 1975 2

 

Consommation

Consommation par millier d'habitants

1960-62

1975

Indice

1960-62

1975

Indice

Millions de m³

1961 = 100

1961 = 100

Europe

8,41

22,60

269

19

44

239

U.R.S.S.

2,24

14,40

642

10

55

536

Amérique du Nord

16,25

26,00

160

80

105

131

Amérique latine

0,52

1,90

356

2,4

6

242

Afrique

0,37

1,10

300

1,3

3

215

Asie et Pacifique

2,75

9,80

359

1,7

4,5

269

TOTAL MONDIAL

30,53

75,80

248

10

19

192

¹ Placages non compris. - ² Voir aussi tableau annexe II-C.

Dans les pays à économie centralement planifiée d'Europe orientale et en U.R.S.S. on s'attend à une augmentation encore plus forte. Dans ces pays, les plans prévoient que la tendance à remplacer les sciages par des panneaux dérivés du bois, observée plus tôt dans les pays développés à économie de marché, sera vivement encouragée. Il y aura donc une augmentation rapide et massive de la consommation de panneaux par habitant, qui est actuellement faible.

Dans les pays en voie de développement, de nombreux éléments divers influeront vraisemblablement sur la croissance de la consommation de panneaux. Dans les pages qui précèdent on a déjà attiré l'attention à plusieurs reprises sur l'avantage dont jouissent les sciages, face à la concurrence, dans les pays où ils sont bon marché et où le coût de la main-d'œuvre est bas. Les panneaux dérivés du bois s'y établiront donc moins vite et sur une moins grande échelle que dans les pays où ces coûts sont élevés. Par contre, là où les sciages ne sont pas bon marché, les panneaux prendront sans doute une place importante (ajoutons que les panneaux de particules, par exemple, peuvent être fabriqués sur place à partir de bois de petites dimensions et de qualité inférieure qui ne conviennent pas à la scierie). D'autre part, dans beaucoup de régions, les sciages ne donnent pas satisfaction, étant mal débités, insuffisamment séchés et traités et livrés irrégulièrement: cela a des chances de stimuler la consommation de panneaux, dont les qualités sont uniformes, et cela dès les premiers stades du développement. Il ne faut pas oublier que les panneaux peuvent être travaillés avec des outils manuels simples, sans connaissances techniques très poussées, et qu'ils sont faciles à mettre en œuvre. En outre, il est possible de fabriquer des panneaux présentant des qualités - imperméabilité, résistance aux termites et même ignifugation - que possèdent rarement les sciages, à prix concurrentiel, et qui sont très importantes sous les tropiques. Ils peuvent ainsi s'adapter à des applications, comme les logements économiques, pour lesquelles il n'était pas habituel d'employer des sciages dans ces régions.

On prévoit en conséquence une expansion rapide de la consommation de panneaux dérivés du bois dans beaucoup de pays en voie de développement. Mais comme ces pays n'ont jamais consommé beaucoup de sciages sans doute cette expansion sera-t-elle rarement aussi spectaculaire que celle qui s'est produite dans le pays développés par suite de l'éviction partielle de sciages.

Besoins en 1975

On estime que les besoins mondiaux en 1975 s'élèveront à quelque 76 millions de mètres cubes 12 de panneaux dérivés du bois, c'est-à-dire us de deux fois et demie la consommation de 1961. Comme on l'a signalé ci-dessus et comme il ressort du tableau II-16 et du tableau annexe II-C, la consommation panneaux augmentera sans doute rapidement, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. On prévoit un taux d'accroissement particulièrement élevé en U.R.S.S.

12 A l'exclusion des placages qui sont surtout utilisés comme revêtement d'autres matériaux (certains placages servent aussi pour l'emballage ou pour la fabrication des allumettes). On n'a guère d'renseignements sur l'ordre de grandeur probable de la consommation future de placages, les estimations dont on dispose à cet égard figurent au tableau II-17.

C'est pour les panneaux de particules que l'accroissement sera le plus rapide: d'ici 1975, la consommation pourrait être multipliée par Six atteignant quelque 14 millions de tonnes; les plus grandes augmentations quantitatives se produiront en U.R.S.S., en Europe et en Amérique du Nord. La consommation de contre-plaqué augmentera de 150 pour cent, atteignant environ 35 millions de m³ l'accroissement sera encore énorme en Amérique du Nord, bien la consommation y soit déjà très élevée actuellement. La consommation de panneaux de fibre augmentera à peu près dans les mêmes proportions (presque 250 pour cent) pour atteindre 11 millions de tonnes en 1975, l'expansion étant particulièrement marquée en U.R.S.S.

Le contre-plaqué restera sans doute le panneau d'usage le plus courant en 1975, représentant probablement au moins la moitié de la consommation globale - mais, dès cette date, la consomma ion de panneaux de particules sera probablement aussi élevée que celle de panneaux de fibre.

TABLEAU II-17. - PRÉVISIONS CONCERNANT LA CONSOMMATION TOTALE DE CONTRE-PLAQUÉ, DE PLACAGES, DE PANNEAUX DE FIBRE ET DE PANNEAUX DE PARTICULES EN 1975

¹ Non compris les bois tranchés et déroulés utilisés pour l'emballage.

Produits de la pâte de bois


Pâte à dissoudre
Papier et carton
Répartition géographique de la consommation de papier et carton
Utilisations finales des papiers et cartons
Facteurs d'utilisation de papiers et cartons
Perspectives jusqu'en 1975
Besoins en 1975


La presque totalité de la pâte de bois consommée dans le monde sert à la fabrication de papier et de carton 13. Le reste est constitué par une certaine quantité de pâte à dissoudre mais, comme ce produit n'a représenté en 1961 que 4 pour cent de la consommation totale de l'Amérique du:Nord, 5 pour cent de celle de l'U.R.S.S., 8,5 pour cent de celle de l'Europe et 10 pour cent de celle du Japon, les paragraphes qui suivent seront consacrés essentiellement aux utilisations dans le domaine du papier et du carton 14.

13 On fabrique aussi du papier et du carton avec de vieux papiers et des fibres ne provenant pas du bois, les tonnages ainsi utilisés sont considérables (voir chapitre IV).

14 Les panneaux de fibre sont également fabriqués à partir de pâte de bois mais ne sont pas considérés ci-dessous, car ils ont été traités à la section précédente.

Pâte à dissoudre

Le tableau II-18 indique l'estimation de la consommation totale de pâte à dissoudre dans le monde, de 1955-57 à 1975.

La principale utilisation de la pâte à dissoudre est la fabrication de rayonne; on s'en sert également pour fabriquer de la cellophane et différentes sortes de pellicules, matières plastiques, explosifs, solvants, laques et vernis, et autres produits chimiques. L'avenir de la pâte à dissoudre est donc essentiellement lié à celui de la rayonne, qui sert surtout pour les textiles et les toiles de pneus. Dans ces deux utilisations, elle risque d'être supplantée, dans une certaine mesure, par des produits synthétiques plus modernes aussi bien que par des fibres naturelles comme le coton qu'elle avait d'abord remplacé. La consommation s'accroîtra sans doute lentement dans les pays à économie de marché déjà gros consommateurs, mais assez vite en U.R.S.S. et en Europe orientale. Dans les pays en voie de développement qui n'ont pas d'industries chimiques capables de produire les matières synthétiques nouvelles, la demande de rayonne sera probablement plus dynamique et l'on peut donc prévoir une expansion notable de la consommation dans plusieurs parties du monde. Sans sous-estimer l'importance de ce facteur, il apparaît néanmoins probable qu'étant donné la lenteur de croissance de la consommation dans les pays qui absorbent actuellement la majeure partie de la production mondiale de pâte à dissoudre, la part de ce produit dans le tonnage total de pâte de bois sera encore inférieure, en 1975, aux 5 ou 6 pour cent qu'elle représentait en 196115.

15 Signalons que l'on fabrique aussi de la pâte à dissoudre à partir d'autres matières premières que le bois. Sauf mention contraire, les statistiques rétrospectives qui figurent dans la présente étude ne se rapportent qu'à la pâte à dissoudre à base de bois.

Papier et carton

La consommation mondiale de papier et carton (indiquée au tableau II-19) est passée de 44,33 millions de tonnes en 1951 à 59,42 millions en 1956 et 77,33 millions en 1961, soit une augmentation d'environ 34 pour cent pendant la première période quinquennale et de 30 pour cent pendant la seconde, ce qui représente un taux moyen de croissance de 5,7 pour cent par an pendant les dix années considérées. L'accroissement s'est légèrement ralenti pendant les deux années suivantes, la consommation atteignant 84,05 millions de tonnes en 1963.

Les statistiques disponibles permettent de ventiler la consommation entre papiers culturels et papiers industriels et, dans les papiers culturels, de distinguer le papier journal des autres papiers d'impression et à écrire. Le tableau II-20 donne séparément l'accroissement enregistré pour chacune de ces catégories.

La consommation mondiale de papier journal est passée de 9,09 millions de tonnes en 1951 à 11,92 millions en 1956 et 14,50 millions en 1961, ce qui représente en moyenne, pour les dix années, un taux de croissance annuel de 4,8 pour cent, légèrement inférieur à celui de l'ensemble des papiers et cartons. Pour les autres papiers d'impression et à écrire, l'accroissement a été plus rapide, la consommation passant de 7,97 à 14,08 millions de tonnes, soit un taux annuel d'accroissement de 5,9 pour cent.

Au total, en ce qui concerne le papier culturel, la consommation mondiale a augmenté d'environ 65 pour cent pendant les dix années envisagées, mais, pour les papiers industriels et cartons, elle a augmenté d'environ 80 pour cent, passant de 27,27 millions de tonnes en 1951 à 36,67 millions en 1956 et à 48,75 millions en 1961. Ainsi, la consommation du secteur industriel a progressé nettement plus vite et, en 1961, elle représentait 63 pour cent du tonnage total de papier et carton utilisé dans le monde.

Répartition géographique de la consommation de papier et carton

Comme pour les autres produits du bois, la consommation de papier et carton est fortement concentrée dans un petit nombre de pays. En 1961, la part de l'Amérique du Nord dans le total mondial était d'environ 50 pour cent et celle de l'Europe d'environ 30 pour cent, alors que la part globale de l'Afrique (non compris l'Afrique méridionale), de l'Asie (non compris le Japon) et de l'Amérique latine ne dépassait pas 10 pour cent. (Jette répartition était approximativement la même pour chacune des trois catégories de papier et carton (tableau annexe II-D).

TABLEAU II-18. - ESTIMATION DE LA CONSOMMATION DE PÂTE DE BOIS A DISSOUDRE, 1955-57 A 1975 ¹

 

1955-57

1960-62

1975

Milliers de tonnes

Europe

1380

1612

2180

U.R.S.S.

186

187

1100

Amérique du Nord

937

1092

1290

Amérique latine

55

64

90

Afrique

24

31

...

Asie et Pacifique

505

662

...

TOTAL MONDIAL

3087

3648

5800

¹ Voir aussi tableau annexe II-D.

TABLEAU. II-19 - ACCROISSEMENT DE CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE PAPIER ET CARTON, 1950-52 A 1963

 

1950-52

1955-57

1960-62

1963

Variation

Taux annuel moyen de croissance

1951-56

1956-61

1951-61

CONSOMMATION TOTALE

Millions de tonnes

1951 = 100

1956 = 100

Pourcentage

Europe

10,99

16,24

22,87

25,36

148

141

7,6

U.R.S.S.

1,63

2,64

3,47

3,87

162

131

7,9

Amérique du Nord

27,28

32,73

37,37

39,37

120

114

3,2

Amérique latine

1,44

1,95

2,63

2,77

136

135

6,2

Afrique

0,38

0,58

0,82

0,89

152

152

8,0

Asie et Pacifique

2,62

5,28

10,17

11,79

202

193

14,5

TOTAL MONDIAL

44,33

59,42

77,33

84,05

134

130

5,7

CONSOMMATION PAR MILLIER D'HABITANTS

Tonnes




Europe

26

38

51

55

143

134

6,7

U.R.S.S.

9

13

16

17

150

120

6,1

Amérique du Nord

161

177

185

189

110

105

1,4

Amérique latine

8,6

10,3

12,4

12,2

119

119

3,5

Afrique

1,8

2,5

3,2

3,2

138

118

5,0

Asie et Pacifique

1,9

3,5

6,1

6,8

183

177

12,4

TOTAL MONDIAL

18

22

26

27

123

119

3,9

Utilisations finales des papiers et cartons

Les papiers et cartons ont de multiples applications différentes mais qui, pour la plupart, peuvent se répartir en deux catégories: impression et écriture d'une part, emballage de l'autre. Dans le groupe des papiers d'impression et d'écriture, ou papiers culturels, il faut faire une distinction fondamentale entre le papier journal et les autres catégories.

Le papier journal représentait, en 1961, 18,5 pour cent de la consommation totale de papier et carton. Sa principale utilisation est l'impression des périodiques, mais de petites quantités sont aussi employées pour des prospectus ou des impressions mécaniques. Les autres papiers d'impression et d'écriture, qui en 1961 représentaient 18 pour cent du total, se composent surtout de papiers d'édition, utilisés pour l'impression des livres, magazines, etc., et également pour la confection des enveloppes, papiers de correspondance et papiers commerciaux; de papiers fins pour papier à lettres de luxe, papier pelure, etc.; enfin, de papiers plus grossiers pour les catalogues, annuaires, etc.

Les papiers et cartons d'emballage constituent un groupe moins nettement défini. On estime qu'ils représentaient 47,5 pour cent de la consommation totale de papier et carton aux Etats-Unis en 1962 (et 75 pour cent de celle de papiers et cartons industriels) et 48 pour cent en Europe en 1960 (81 pour cent des papiers et cartons industriels). Dans ces deux régions, comme il est indiqué au tableau II-21, les papiers et cartons sont nettement les matériaux d'emballage les plus utilisés et, ces dernières années, leur part du marché des emballages s'est généralement maintenue lorsqu'elle ne s'est pas accrue. Les papiers et cartons d'emballage servent à fabriquer des sacs et sachets, des caisses ,cartons et autres boîtes rigides, et des cartons souples pour les cartonnages et les emballages légers destinés au conditionnement des produits alimentaires et boissons.

Les autres catégories de papiers et cartons, qui représentent en tout quelque 10 à 15 pour cent du total, comprennent les papiers absorbants, serviettes, mouchoirs, etc.; les feutres pour toitures et autres papiers pour le bâtiment, les papiers utilisés dans les industries électriques et autres, les cartons pour fiches perforées, chemises à dossier et autres utilisations commerciales et industrielles.

Facteurs d'utilisation de papiers et cartons

Le tableau annexe II-A permet de comparer la consommation de papier et carton par habitant avec le revenu par habitant (exprimé par le produit intérieur brut). Il fait apparaître une forte c corrélation positive entre ces deux grandeurs: la consommation de papier et carton par habitant s'accroît avec le revenu de façon si constante pour chaque groupe de revenu que l'on est amené à conclure que tous les autres, facteurs influant sur la consommation de papier et ca carton sont eux-mêmes en corrélation positive avec l'évolution du revenu.

La nature précise de la relation entre le revenu par habitant et la consommation a fait l'objet d'études approfondies depuis quelques années 16. Il ne s'agit apparemment pas d'une corrélation linéaire, puisque l'élasticité/revenu baisse lorsque le revenu augmente. Pour un revenu d'environ 100 dollars par habitant, l'élasticité atteint 2,5 à 3; lorsque le revenu est compris entre 200 et 400 dollars, elle varie de 1,5 à 2,5. Dans la tranche de 500 à 1000 dollars de revenu, c'est-à-dire au niveau observé dans une grande partie de l'Europe, elle est encore supérieure à l'unité mais aux Etats-Unis, où le revenu par habitant dépasse nettement 2 000 dollars, elle est inférieure à l'unité. L'accroissement de la consommation de chacune des grandes catégories de papiers et cartons décline aussi quand le revenu augmente, mais pas de façon uniforme. Dans les tranches inférieures de revenu - moins de 150 dollars par habitant - l'élasticité est plus élevée pour les papiers culturels que pour les papiers industriels. La situation se renverse lorsque le revenu augmente et, au-delà de 800 dollars par habitant, l'élasticité pour les papiers industriels est nettement plus élevée que pour les papiers culturels.

16 Les travaux fondamentaux de la FAO dans ce domaine sont publiés dans: FAO. World demand for paper to 1975. Rome, 1960.

TABLEAU II-20. - ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION DE PAPIER ET CARTON, PAR CATÉGORIE, 1950-52 A 1963

 

1950-52

1955-57

1960-62

1963

Variation

Taux annuel de croissance

1951-56

1956-61

1951-61

PAPIER JOURNAL

Millions de tonnes

1951 = 100

1956 = 100

Pourcentage

Europe

2,03

3,15

4,16

4,29

156

132

7,4

U.R.S.S.

0,22

0,32

0,43

147

134

7,1


Amérique du Nord

5,73

6,55

7,12

6,53

114

109

2,2

Amérique latine

0,42

0,55

0,73

0,70

132

133

5,7

Afrique

0,08

0,12

0,17

0,17

145

140

7,4

Asie et Pacifique

0,61

1,23

1,89

2,10

201

153

11,9

TOTAL MONDIAL

9,09

11,92

14,50

14,31

131

122

4,8

AUTRES PAPIERS D'IMPRESSION ET D'ÉCRITURE

Europe

2,37

3,39

4,79

5,46

143

141

7,3

U.R.S.S.

0,34

0,61

0,73

0,80

176

120

7,8

Amérique du Nord

4,40

5,33

6,36

7,14

121

119

3,7

Amérique latine

0,25

0,37

0,41

0,39

146

112

5,1

Afrique

0,06

0,12

0,18

0,19

201

157

12,2

Asie et Pacifique

0,55

1,01

1,61

1,89

185

159

11,4

TOTAL MONDIAL

7,97

10,82

14,08

15,87

136

130

5,9

PAPIERS INDUSTRIELS ET CARTON

Europe

6,60

9,69

13,92

15,60

147

144

7,8

U.R.S.S.

1,07

1,72

2,32

2,55

161

135

8,1

Amérique du Nord

17,14

20,86

23,89

25,70

122

115

3,4

Amérique latine

0,77

1,03

1,48

1,68

134

137

6,8

Afrique

0,24

0,34

0,47

0,53

142

137

6,9

Asie et Pacifique

1,46

3,03

6,67

17,81

208

220

116,4

TOTAL MONDIAL

27,27

36,67

48,75

53,88

134

133

6,0

Il résulte de ce qui précède qu'à taux égal de croissance du revenu, la consommation de papier et carton augmente beaucoup plus rapidement dans les pays en voie de développement que dans les autres. Mais, tandis que, dans les premiers, une grande partie de cette expansion consiste généralement, du moins au début, en papiers culturels, dans les derniers le gros de l'accroissement de la consommation consiste en papiers industriels.

Le groupe des papiers culturels a ceci de particulier que, dans la plupart de ses utilisations, il n'est directement concurrencé par aucun autre matériau. Le papier est effectivement le seul matériau que l'on puisse employer pour l'impression et l'écriture. Avec l'élévation des revenus, l'instruction se répand et la demande de journaux, revues, livres, papier d'écriture et papiers d'affaires augmente. Les papiers culturels se heurtent toutefois à la concurrence des autres moyens de communication (notamment la radio et la télévision) et celle-ci devient de plus en plus intense à mesure que la publicité se développe. Jusqu'à présent, la publicité ne joue pas un grand rôle dans les pays à économie centralement planifiée mais, dans la plupart des pays à économie de marché, la croissance de la consommation de papier journal dépend de plus en plus du développement quantitatif de la publicité par voie de presse.

La consommation de papier journal est affectée par deux éléments: d'une part le tirage, et, d'autre part, le nombre et la dimension des pages des journaux. Dans des pays comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, le tirage est stationnaire depuis plusieurs années et, comme l'indique le tableau II-22, il a même, dans certains cas, diminué. Si la consommation a progressé ces dernières années, c'est presque exclusivement parce que le nombre de pages par exemplaire a augmenté, du fait de l'espace croissant consacré à la publicité. Le développement de la consommation de papier journal est donc conditionné, non seulement par le degré d'instruction et le niveau du revenu, mais aussi par le degré de saturation de la consommation de journaux et par le degré d'efficacité de la presse, en tant que support publicitaire, comparée aux autres moyens qui lui font concurrence. Des considérations analogues valent pour le développement de la consommation des autres périodiques. L'accroissement de la demande de livres sera probablement affecté, dans les groupes à revenus élevés, par les phénomènes de saturation et par la concurrence d'autres activités pour l'occupation des loisirs. La consommation de papier d'écriture et autres papiers commerciaux est évidemment liée au niveau de l'activité économique, mais il faut aussi tenir compte de l'apparition et de la diffusion de nouveaux systèmes de compilation, d'enregistrement, de transmission et de conservation des données dans lesquels le papier n'intervient pas.

TABLEAU. II-21. - EVOLUTION DE LA PRODUCTION DES PRINCIPAUX MATÉRIAUX D'EMBALLAGE AUX ETATS - UNIS ET DANS CERTAINS PAYS D'EUROPE, 1939 A 1962

(Pourcentage de la valeur des ventes)

Pays et année de référence

Bois

Papier et carton

Métal

Verre

Textiles

Matières plastiques

Autres matériaux

Etats-Unis








1939

11.4

37.8

26.2

8.0

5.8

1-

11.8

1947

10.2

46.7

18.9

7.9

6.3

1-

10.0

1954

5.7

47.1

20.9

7.3

2.5

1-

16.5

1958

3.9

47.4

21.8

7.9

1.6

1-

17.4

Royaume-Uni








1954

9.7

41.2

19.9

9.5

7.1

6.1

6.5

1958

7.8

40.0

23.1

9.2

5.2

7.6

7.1

Allemagne, Rép. féd. d'








1954

6.2

50.3

29.5

10.0

2.9

1.1

2

1960

4.7

50.8

25.8

9.6

0.8

8.3

2

Suède








1950

12.1

74.0

8.4

5.0

0.5

2

2

1956

6.6

79.6

8.9

4.4

0.5

2

2

Autriche








1954

5.1

63.3

13.1

10.6

7.5

0.4

2

1959

3.6

56.9

17.6

10.9

3.4

7.6

2

Hongrie








1962

23.2

29.5

14.3

13.3

8.8

4.3

6.6

SOURCE: Nations Unies/FAO. Consommation. production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives: nouvelle étude 1950-75 New York, 1964.

¹ N'est pas indiqué séparément inclus dans «Autres matériaux»
2 N'est pas indiqué séparément.

L'effet de l'instruction se fait surtout sentir là où les revenus sont faibles et où, par conséquent, la proportion d'analphabètes est généralement élevée. Dans la mesure où la diffusion de l'instruction est fonction de l'augmentation des dépenses d'enseignement, elle est en corrélation étroite avec le revenu et doit normalement progresser lorsque celui-ci augmente (à ceci près que, comme dans le cas des papiers t cartons, l'augmentation du revenu aura des effets décroissants à mesure qu'on approchera de l'alphabétisation totale); l'accroissement de la consommation de papier culturel reflète donc la corrélation entre le revenu et la consommation dont il est question ci-dessus. Cependant, un effort particulièrement énergique pour élever le niveau d'instruction d'un pays peut avoir pour effet, tant qu'il se poursuit, de porter la consommation Je papier culturel à un niveau supérieur à celui qui, normalement, est associé au revenu par habitant du p. pays considéré.

Comme on l'a vu ci-dessus, la majeure partie des papiers et cartons industriels sert aux emballages. L'accroissement de cette consommation, plus rapide quand les revenus sont élevés que celle des papiers culturels, s'explique par trois facteurs Principaux. Premièrement, le volume de marchandises à emballer augmente à mesure que l'activité économique se développe, d'où une progression générale de l'emballage sous toutes ses formes. Deuxièmement, on présente de plus en plus les produits sous emballage. Lorsque les revenus s'élèvent, en effet, on tend davantage à conditionner par avance les produits de consommation qui autrefois étaient transportés en vrac, et, en même temps, les emballages prennent une fonction publicitaire. Cette double tendance a été fortement accélérée, ces dernières années, par la multiplication des magasins de détail à libre service. Le troisième grand facteur qui explique la croissance rapide de la consommation des papiers et cartons d'emballage est le succès remarquable de ces produits, non seulement pour ces utilisations nouvelles, mais aussi pour le remplacement d'autres matériaux employé classiquement pour les emballages. On a déjà vu que les caisses et boîtes en bois avaient été partiellement supplantées par des emballages perdus en carton qui coûtent moins cher, sont plus faciles à remplir et à fermer (souvent avec des machines automatiques), sont plus compacts et plus légers, ce qui réduit sensiblement les frais de transports, et présentent des surfaces utilisables pour une publicité bien présentée. Ces remarques s'appliquent également aux sacs en papier qui se sont révélés économiques et hygiéniques, se prêtent à l'ensachage automatique, et conviennent fort bien pour l'emballage de produits tels que le ciment ou les engrais, autrefois présentés dans des sacs de jute.

Certes, les tendances nouvelles ne favorisent pas toutes le papier et le carton. D'autres matériaux, notamment le plastique, les supplantent pour certaines catégories d'emballages. L'industrie papetière a fait face à cette concurrence en mettant au point de nouveaux types d'emballages associant le papier à des feuilles de plastique ou de métal, ce qui permet de conjuguer les avantages du papier (matériau robuste et de bonne tenue, qui prend bien l'impression et se prête donc à des enjolivements) à ceux des matières plastiques (imperméabilité à l'eau et aux vapeurs, résistance aux graisses) ou des feuilles métalliques (résistance, protection contre la lumière, les vapeurs, les gaz et les odeurs étrangères). Néanmoins, les papiers et cartons ont dû céder du terrain.

Dans le jeu complexe des tendances affectant le secteur de l'emballage, on peut distinguer trois facteurs fondamentaux, qui dictent le choix de tel ou tel type d'emballage: coût initial, qualités techniques, et facteurs affectant le coût d'utilisation (commodité, économies sur les frais de transport, réduction des frais de main-d'œuvre, etc.). Comme le coût de la matière première représente une forte proportion du coût de l'emballage, les prix des matériaux d'emballage et leur évolution sont à cet égard très importants. Depuis quelques années, les prix des papiers et cartons d'emballage sont en général assez stables, mais on assiste à une réduction marquée et constante du prix des emballages de plastique.

Perspectives jusqu'en 1975

Comme par le passé, ce seront essentiellement le taux de croissance et le niveau du revenu par habitant qui détermineront l'évolution de la consommation de papier et carton d'ici 1975. Les prévisions relatives à la croissance économique et démographique future sont exposées au chapitre I.

Parmi les facteurs autres que le revenu, l'instruction est le plus important, du moins en ce qui concerne le papier culturel. Dans beaucoup de pays en voie de développement on prévoit - si l'on ne s'en occupe déjà activement d'accélérer la généralisation de l'enseignement. Il est donc possible que dans les pays où l'alphabétisation doit s'accélérer d'ici 1975, l'accroissement de la demande de papier culturel soit plus rapide qu'il n'est prévu sur la base des seules hypothèses de croissance du revenu par habitant.

Quant aux papiers industriels et aux cartons, l'expansion future de leur consommation dépend dans une large mesure du maintien de la faveur dont ils jouissent dans le secteur de l'emballage. Etant donné les débouchés nombreux et variés des papiers et cartons d'emballage, il est impossible de prévoir si, globalement, ils garderont leur avantage sur les autres matériaux. D'une part, la consommation d'emballages en papier et carton continue de croître rapidement dans des domaines où d'autres matériaux sont encore utilisés; ainsi, on commence à présenter dans des boîtes de carton doublées de plastique les huiles pour moteurs et autres liquides. Il est beaucoup d'autres applications pour lesquelles les papiers et cartons pourraient exploiter plus complètement les marchés où ils ont déjà fait leurs preuves comme matériaux d'emballage. En même temps, la concurrence d'autres matériaux d'emballage s'intensifie dans d'autres domaines. Tel est particulièrement le cas des matières plastiques. La baisse de leurs prix leur confère, sur le plan des coûts, un avantage croissant et qui peut s'accentuer encore; de plus, les progrès techniques permettent de lancer de nouveaux types de matières plastiques, de sorte que la position concurrentielle de ces produits se renforce. Par exemple, les sacs en papier multicouches qui, récemment encore, ont supplanté le jute pour l'emballage des engrais, sont à leur tour remplacés par des sacs en polyéthylène.

TABLEAU II-22. - TIRAGE DES JOURNAUX DANS CERTAINS PAYS, EN 1952, 1957 ET 1962

 

1952

1957

1962

Nombre d'exemplaires par millier d'habitants

Suède

490

1462

490

Royaume-Uni ²

615

3573

490

Allemagne, Rép. féd. d'

263

1277

306

France

240

1246

4257

Hongrie

590

122

157

U.R.S.S.

..

107

4181

Etats-Unis

353

337

321

Mexique

48

..

115

Chili

79

..

4134

Argentine

100

159

6155

Nigeria

..

7

8

Afrique du Sud

57

..

57

Thaïlande

4

..

711

Philippines

24

119

416

Inde

8

89

13

Japon

353

400

4416

Australie

416

381

375

Chine continentale

..

919

..

Source: U. S. Bureau of the Census. Statistical abstract of the United States. Washington, D.C.

¹ 1956. - ² Y compris des exportations considérables de journaux. - ³ 1954. - 4 1961. - 5 1950. - 6 1959. - 7 1960. - 8 1958. - 9 1955.

Les prévisions dont il est fait état ici reposent sur l'hypothèse que le papier et le carton ne seront pas supplantés dans une large mesure par d'autres matériaux d'emballage d'ici 1975. En d'autres termes, nous avons supposé que l'industrie des emballages de papier et carton continuerait de s'adapter progressivement à l'évolution rapide de la situation - caractérisée par des facteurs tels que la concurrence dynamique des matières plastiques - comme elle a réussi à le faire ces dernières années. Mais il ne faut pas se dissimuler que cette concurrence sera sensiblement plus marquée que par le passé.

TABLEAU II 23. PRÉVISIONS ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION DE PAPIER ET CARTON, 1960-62 A 1975 1

 

Consommation

Consommation par millier d'habitants

1960-62

1975

Indice

1960-62

1975

Indice

Millions de tonnes

1961 = 100

Millions de tonnes

1961 = 100

Europe

22,87

50,60

221

50,50

99,40

197

U.R.S.S.

3,47

15,00

432

15,91

57,50

361

Amérique du Nord

37,37

56,40

151

185,00

227,60

123

Amérique latine

2,66

6,90

259

12,40

21,40

173

Afrique

0,90

2,50

283

3,22

6,40

199

Asie et Pacifique

10,20

30,50

300

6,14

14,00

230

TOTAL MONDIAL

77,47

161,90

209

25,60

41,40

162

1 Voir aussi tableau annexe II-A

Les considérations ci-dessus concernent surtout les pays où la consommation est élevée; dans les pays en voie de développement, où elle est encore faible, l'utilisation des emballages de papier et de carton a des chances de progresser plus rapidement qu'on ne pourrait normalement s'y attendre au seul vu des prévisions de croissance du revenu par habitant, car ces emballages conviennent particulièrement bien à certains produits (denrées alimentaires ou autres produits, comme le ciment) qui, dans beaucoup de pays, représentent une part importante de la production totale. Dans un pays où la consommation est basse au départ, l'adoption du papier ou du carton par une industrie importante peut modifier radicalement le volume de la consommation nationale totale. Lorsqu'on prévoyait des modifications de ce genre 17, les prévisions ont été ajustées en conséquence.

17 Par exemple, l'emploi massif d'emballages de carton que l'Afrique occidentale est prochainement appelée à faire pour les exportations de bananes.

Besoins en 1975

On estime qu'en 1975 les besoins mondiaux s'élèveront à environ 162 millions de tonnes de papier et carton, soit nettement plus du double de la consommation de 1961. Sur la base des taux de croissance économique et démographique admis aux fins de la présente étude 18 la consommation de papier et carton devrait augmenter plutôt moins rapidement que es dernières années dans les pays développés à économie rie de marché, mais plus rapidement que par le passé en U.R.S.S. et dans la plupart des autres pays à économie c centralement planifiée, ainsi que dans les pays en voie de dé développement (tableau II-23 et tableau annexe II-D). Cependant, comme le point de départ se situe à un niveau de consommation beaucoup plus élevé dans les pays développées, ceux-ci représenteront la majeure partie du surcroît, en chiffres absolus, de la consommation de papier de carton. En outre, comme la part des papiers industriels et cartons dans l'énorme surcroît de consommation des pays développés sera vraisemblablement importante et le deviendra de plus en plus, la consommation de ce groupe de produits continuera de croître plus rapidement que celle des papiers culturels, pour atteindre environ 105 millions de tonnes en 1975, c'est-à-dire près des deux tiers de la consommation totale del papier et carton de cette époque. Dans le groupe des papiers culturels, la consommation de papiers d'impression et d'écriture, pour laquelle on prévoit le chiffre de 31 millions de tonnes par an, augmentera beaucoup plus rapidement que la consommation de papier journal qui, néanmoins, devrait s'élever à environ 27 millions de tonnes en 1975 (tableau II-24 et tableau annexe II-D).

18 Voir chapitre I.

TABLEAU II-24. PRÉVISIONS RELATIVES A LA CONSOMMATION DE PAPIER ET CARTON EN 1975, PAR CATÉGORIE 1

 

Papier journal

Autres papiers d'impression et d'écriture

Papiers Industriels et carton

Millions de tonnes

1961 = 100

Millions de tonnes

1961 = 100

Millions de tonnes

1961 = 100

Europe

8,10

196

10,40

216

32,10

231

U.R.S.S.

1,40

327

3,20

441

10,40

449

Amérique du Nord

9,90

139

9,50

149

37,00

155

Amérique latine

1,80

248

1,20

259

3,80

263

Afrique

0,50

286

0,60

240

1,50

303

Asie et Pacifique

4,60

242

5,70

353

20,20

303

TOTAL MONDIAL

26,30

182

30,50

215

105,10

215

1 Voir aussi tableau annexe II-D.

Bois rond

La présente section traite du bois rond utilisé en l'état, c'est-à-dire autrement que comme bois de feu mais sans transformation industrielle préalable. Les utilisations de ces bois ronds sont généralement simples et il s'agit presque toujours d'un produit de faible valeur unitaire. Comme le montre le tableau II-25, l'apport des bois ronds à la valeur globale des produits forestiers est extrêmement modeste. Ils n'en représentent pas moins un volume considérable et, dans la plupart des pays en voie de développement, ils viennent au second rang (après le bois de feu) des produits forestiers, sur la base des quantités utilisées. Dans ces pays, les bois ronds gardent une place très importante.

Les statistiques de bois ronds laissent beaucoup à désirer. Comme une grande partie de la production n'est pas enregistrée, les chiffres reposent nécessairement, dans une large mesure, sur des estimations subjectives. En outre, une catégorie importante de bois ronds, les bois de mine, est souvent enregistrée et classée avec les bois à pâte et il n'est pas toujours possible d'en faire le décompte. Nous indiquons au tableau II-26 les meilleures données dont on dispose sur la consommation de bois rond en 1961. On y trouvera aussi, pour les grands goupes envisagés, la tendance de la consommation enregistrée de 1951 à 1963. Cependant, l'incertitude des données oblige à renoncer à une analyse plus poussée que celle qui aboutit aux conclusions suivantes:

1. Apparemment, la consommation mondiale globale de bois rond n'a pas du tout augmenté pendant la période envisagée.

2. Lorsqu'il y a eu augmentation, elle s'est située dans les pays en voie de développement.

3. Même dans ces pays, la consommation par habitant a généralement diminué.

Comme on pouvait s'y attendre, la consommation de bois rond est beaucoup plus également répartie entre les différentes parties du monde que la consommation de bois transformés. L'Amérique du Nord et l'Europe consomment ensemble environ 30 pour cent du total, cependant que l'Afrique (non compris l'Afrique méridionale), l'Asie (non compris le Japon) et l'Amérique latine en consomment environ la même quantité.

TABLEAU II-25. - ACCROISSEMENT, EN VALEUR, DE LA CONSOMMATION DE PRODUITS DU BOIS, 1960-62 A 1975 (A PRIX CONSTANTS, MOYENNE 1960)

 

1960-62

1975

Milliards de dollars U.S.

Sciages

13,7

16,9

Panneaux ¹

2,6

6,5

Produits de la pâte 2

12,9

27,1

Bois rond

1,6

1,6

Bois de feu

4,4

4,8

TOTAL

35,2

56,9

1 Placages non compris.
² Pâte à dissoudre non comprise.

TABLEAU II-26. ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE BOIS ROND 1950-52 A 1963 ET CONSOMMATION TOTALE ESTIMATIVE, 1960-62 1

¹ Voir aussi tableau annexe II-E. - 2 Bois de mine non compris. - ³ La différence entre la consommation totale estimative de 1960-62 et la consommation enregistrée représente le chiffre estimatif de la consommation non enregistrée. - 4 Production.

La consommation par habitant en Amérique du Nord et en Europe n'est que de deux à trois fois plus élevée que celle de la plupart des pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie. Une région se distingue: l'U.R.S.S., où la consommation est encore très élevée mais est maintenant en voie de diminution rapide.

Le bois rond trouve son utilisation la plus importante, quantitativement parlant, dans le secteur de la construction où il est employé comme matériau de structure pour des bâtiments simples, de conception traditionnelle. Avec l'augmentation des revenus, il est progressivement supplanté par des matériaux plus durables, mais on continue à l'employer dans les constructions rurales et agricoles et pour des utilisations telles que les clôtures. Il reste donc un élément important de l'économie du bois dès lors que le secteur rural demeure lui-même important. Aux premiers stades du processus de développement, le remplacement du bois rond par d'autres matériaux sera probablement plus que compensé par l'expansion démographique. Comme on l'a signalé au chapitre I, d'ici 1975, une part importante et croissante de la population mondiale vivra dans les pays où les modes de vie sont en majeure partie traditionnels et ruraux. L'augmentation des besoins de bois ronds que déterminera cette énorme expansion démographique sera probablement très considérable.

Les bois ronds sont aussi d'un emploi généralisé comme montants d'échafaudage et soutiens de coffrages pour béton et ce mode d'utilisation représente une grande partie de la consommation encore importante de beaucoup de pays développés. Dans ce secteur, toutefois, on observe une nette tendance à remplacer le bois par du métal; en outre, les nouveaux modes de construction industrialisés, qui n'exigent guère d'autre travail sur le chantier que l'assemblage à sec d'éléments préfabriqués, font de moins en moins appel aux échafaudages et coffrages de tous types.

Il est une autre utilisation du bois rond qui porte sur des quantités bien moindres mais reste importante sur le plan qualitatif, à savoir l'emploi comme poteaux de transmission. Pour cet usage, il faut des poteaux de grande dimension de bonne qualité et le bois se trouve concurrencé par le béton et le métal, mais l'amélioration des méthodes de traitement lui permet de rester compétitif encore qu'en prolongeant sa durée d'utilisation, on réduise la fréquence des besoins de remplacement et, par conséquent, la consommation annuelle). Des considérations analogues s'appliquent à l'utilisation des gros bois ronds comme pilotis.

TABLEAU II-27. - CONSOMMATION DE BOIS ROND PAU TONNE DE CHARBON EXTRAITE, DANS CERTAINS PAYS

 

1935

1950

1955

1960

Royaume-Uni

..

¹12,0

..

19,0

France

..

145,0

..

¹26,0

Espagne

..

164,0

..

162,0

Pologne

..

123,0

..

124,O

U.R.S.S.

..

146,0

..

141,0

Etats-Unis

6,8

4,5

..

² 2, 6

Inde

..

..

7,8


Japon

..

..

49, 0

..

Australie

..

..

16, 0

..

SOURCE: Nations Unies/FAO. Tendances de l'utilisation du bois et de ses produits: étude sur le bois de mine. Genève 1962. - U. S. Forest Service. Timber trends in the United States. Washington, D.C., 1965. Forest Resource Report No. 17. - Nations Unies/FAO. Production, consommation et commerce du bois en Asie et dans la région du Pacifique: évolution et perspectives. Rome, 1961.

1 Consommation de bois rond et de sciages. - 2 1962.

TABLEAU II-28. - PRÉVISIONS ACCROISSEMENT DE CONSOMMATION TOTALE DE BOIS 1960-62 A 1975 1

 

1960-62

1975

Variation 1961

Millions de m³

1961 = 100

Europe

36,60

23,80

65

U.R.S.S.

67,30

60,00

89

Amérique du Nord

18,60

11,00

59

Amérique latine

8,50

12,10

142

Afrique

13,13

16,50

124

Asie et Pacifique

44,10

61,80

140

TOTAL MONDIAL

188,00

185,00

98

¹ Voir aussi tableau annexe II-E.

En dehors de la construction, les bois ronds servent surtout comme poteaux de mine et sont utilisés en majorité dans les charbonnages. La mécanisation de l'extraction a fait des progrès importants depuis quelques années dans les pays développés, soit que, comme en Amérique du Nord et en Europe occidentale, il s'agisse d'abaisser le prix de revient de charbon et d'en améliorer ainsi la position face à la concurrence des autres combustibles, soit qu'on veuille, comme en Europe orientale ou en U.R.S.S., en accroître plus vite la production. Il s'en est suivi une nette réduction de la consommation de poteaux de mine montés à la main par tonne de charbon extraite, comme l'indique le tableau II-27. On peut prévoir que cette tendance se maintiendra et qu'elle apparaîtra là où elle ne s'est pas encore manifestée, à mesure qu'augmentera le coût de la main-d'œuvre. Mais d'énormes quantités de poteaux de mine sont encore utilisées, notamment en U.R.S.S. En Chine continentale, autre pays très utilisateur de bois de mine, il semble que la consommation augmente depuis quelques années, comme elle le fera d'ailleurs probablement dans les pays en voie de développement où l'extraction du charbon progresse. Cependant, avec la régression de l'emploi des poteaux de mine dans les principaux pays miniers développés, la consommation mondiale risque de n'augmenter que très lentement et seulement dans la mesure où la production de charbon s'accroîtra plus vite que ne diminuera la consommation de bois par tonne de charbon extraite.

On estime qu'en 1975 les besoins mondiaux de bois rond utilisé en l'état seront à peu près équivalents à la consommation de 1960-62: environ 200 millions de m³ par an. Comme l'indiquent le tableau II-28 et le tableau annexe II-E, cette stabilité apparente est en fait la résultante de réductions notables de la consommation dans la plupart des régions développées, contrebalancées par des augmentations de la consommation globale des pays en voie de développement.

Bois de feu

Les réserves formulées ci-dessus à propos des statistiques du bois rond s'appliquent avec plus de force aux chiffres relatifs au bois de feu: pour la plupart des régions du monde, les statistiques n'indiquent guère plus que des ordres de grandeur. Cependant, ces ordres de grandeur suffisent à mettre en évidence une caractéristique assez frappante de la consommation mondiale de bois de feu: cette consommation représente encore aujourd'hui la moitié de la consommation totale de bois dans le monde.

Le tableau II-2 indique cependant que la part du bois de feu dans la consommation totale varie considérablement d'une région à l'autre. En Afrique et en Amérique latine, près des neuf dixièmes de la consommation de bois consistent en bois de feu; en Asie (non compris le Japon), la proportion est des deux tiers. En Europe et en U.R.S.S., elle est de plus d'un quart et en Amérique du Nord d'un dixième. Dans les pays en voie de développement, le feu reste quantitativement la principale utilisation du bois.

Le tableau II-29 indique les changements enregistrés de la consommation de bois de feu entre 1951 et 1963. Encore que l'insuffisance des statistiques limite rigoureusement les conclusions que l'on peut tirer de ces chiffres, on peut admettre qu'il y a eu un déclin sensible, dans l'absolu, de la quantité de bois de feu consommée dans les pays développés et que, dans les pays en voie de développement, la consommation a rarement augmenté plus vite que la population.

Le bois de feu est un produit pondéreux par rapport à sa valeur et à son pouvoir calorifique. Il rarement supporter le coût du transport, à quelque distance que ce soit, tout en restant compétitif avec les autres combustibles. Avec les progrès de l'urbanisation dans le monde, et la diffusion d'autres combustibles que l'on peut se procurer à meilleur compte - et qui, de surcroît, sont généralement d'un maniement plus propre et plus aisé - le bois de feu perd du terrain. Au début, il est souvent remplacé par le charbon de bois, combustible à base de bois, mais moins pondéreux que le bois et par conséquent plus économique à transporter. Mais le charbon de bois à son tour cède la place au charbon, au gaz, au mazout, à l'électricité et à d'autres combustibles.

L'utilisation du bois de feu continuera inévitablement à régresser. Mais, comme pour le bois rond, l'énorme expansion des populations rurales dans les pays en voie de développement déterminera néanmoins une augmentation des besoins globaux d'ici 1975 et pendant un certain temps encore. Comme l'indiquent le tableau II-30 et le tableau annexe II-E, on estime que cette expansion du volume - déjà considérable - de la consommation des pays en voie de développement, d'ici 1975, fera plus que compenser la réduction qui se produira pendant la même période dans les pays développés, de sorte que la consommation mondiale de bois de feu en 1975 sera probablement légèrement supérieure au milliard de m³ par an qu'elle atteignait à peu près en 1960-62.

TABLEAU II-29. ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION ENREGISTRÉE DE BOIS DE FEU 1, 1950-52 A 1963 ET CONSOMMATION TOTALE ESTIMATIVE, 1960-62 2

 

Consommation enregistrée

Consommation totale estimative ²

1950-524

1955-57

1960-62

1963

Variation 1951-61

960-62

CONSOMMATION TOTALE

Millions de m³

1951 = 100

Millions de m³

Europe

117.60

110.40

107.90

103.40

92

108.00

U.R.S.S.

108.00

121.90

100.90

96.70

93

101.00

Amérique du Nord

66.70

60.10

46.10

37.10

69

46.00

Amérique latine

174.20

175.30

191.00

210.70

110

192.00

Afrique

148.00

156.70

172.00

180.40

116

183.00

Asie et Pacifique

251.10

252.10

259.90

259.00

104

458.00

TOTAL MONDIAL

866.00

877.00

878.00

887.00

101

1088.00

CONSOMMATION PAR MILLIER D'HABITANTS

1951=100

Europe

282

256

238

223

84

238

U.R.S.S.

587

610

463

430

79

463

Amérique du Nord

395

325

228

178

58

228

Amérique latine

1048

927

887

927

85

893

Afrique

711

674

617

612

87

655

Asie et Pacifique

182

166

157

150

86

276

TOTAL MONDIAL

343

318

290

282

85

359

¹ Y compris le bois pour carbonisation. - ² Voir aussi tableau annexe II-E. - ³ La différence entre la consommation totale estimative de 1960-62 et la consommation enregistrée représente le chiffre estimatif de la consommation non enregistrée. -4 Production.

Dans la suite de la présente étude, nous examinerons certaines des conséquences de ces immenses besoins, et nous chercherons notamment à déterminer dans quelle mesure cette consommation porte sur du bois qui pourrait être utilisé comme matière première industrielle. Sans doute une partie du bois de feu pourrait-elle aussi bien servir à la fabrication de pâte ou être employée comme poteaux, mais, en fait, la majeure partie du bois qui est utilisé comme combustible ne convient guère à l'industrie, soit du fait de sa dimension, soit du fait de sa qualité soit du fait de sa localisation.

TABLEAU II-30. - PRÉVISIONS D'ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION TOTALE DE BOIS DE FEU, 1960-62 A 1975 1

 

1960-62

1975

Variation 1961-1975

Millions de tonnes

1961=100

Europe

108,00

74,00

69

U.R.S.S.

101,00

80,00

79

Amérique du Nord

46,00

34,00

74

Amérique latine

192,00

220,00

114

Afrique

183,00

246,00

135

Asie et Pacifique

458,00

545,00

119

TOTAL MONDIAL

1088,00

1199,00

110

¹ Voir aussi tableau annexe II-D.

Demande globale de bois d'ici 1975

Reste à déterminer la quantité totale de bois qui correspond à l'augmentation probable des besoins dans chaque catégorie de produits. A quels problèmes se limitera l'augmentation des ressources en bois et en produits du bois? Quelles sont les perspectives dans ce domaine? C'est là, en grande partie, le sujet de la présente étude; mais, pour préparer le terrain à cette analyse, il convient d'examiner à quel rythme les besoins s'accroissent, quelles quantités de produits et de matière première seront nécessaires en 1975, et sous quelle forme et en quels lieux cette demande se manifestera.

Le tableau II-31 présente les estimations de l'accroissement total de la consommation mondiale de bois et de produits du bois qui se produira vraisemblablement d'ici 1975 par suite de l'accroissement démographique et de l'élévation des revenus prévus, par hypothèse, pour cette période. Rappelons que la consommation ne répondra à ces prévisions QUE si l'ensemble des divers facteurs - population, revenu, prix, etc. - évolue conformément aux hypothèses: si les paramètres de base se comportent différemment il en résultera non seulement un autre niveau de cor sommation globale en 1975, mais également une répartition différente entre les divers produits et entre les diverses régions géographiques. Cependant, tout porte à croire que la structure générale des besoins et également, dans l'ensemble, les ordres de grandeur, correspondront d'assez près aux prévisions.

Selon les estimations qui figurent au tableau II-31, les besoins mondiaux de matière première bois, en 1975, dépasseront d'environ 560 m millions de m³ ceux de 1961, soit une augmentation de 2 5 pour cent environ, et la consommation annuelle totale sera légèrement inférieure à 2,7 milliards de m³ bois rond 19 Beaucoup de tendances intéressantes se dégagent des données du tableau, et des pages qui précèdent. Premièrement, la consommation de bois comme matière première industrielle s'accroît régulièrement aux dépens de sa consommation sous forme brute, pour le feu ou autres usages. D'énormes quantités de bois rond continueront à être utilisées telles quelles comme bois de feu ou de construction mais dorénavant, l'accroissement de la consommation globale de bois proviendra, comme ces dernières années, de l'essor de ses applications industrielles. De plus, parmi les produits industriels du bois, ce sont ceux qui subissent la transformation la plus poussée dont la consommation s'accroît le plus rapidement. Les produits tels que le papier et le contre-plaqué ont, par mètre cube de matière première bois, une valeur unitaire plus élevée que des produits plus simples comme les sciages; étant donné qu'ils représentent une part croissante de l'ensemble des produits du bois, la valeur de la consommation mondiale s'accroît plus rapidement que son volume. De 1951 à 1961, le volume de la consommation mondiale de bois rond a augmenté d'environ 15 pour cent, tandis que la valeur (à prix constants) de la consommation de produits primaires du bois s'est accrue d'environ 35 pour cent. De même, l'augmentation du volume de la consommation annuelle de bois d'ici 1975, estimée à quelque 25 pour cent, se traduira par une augmentation de 60 pour cent de la valeur réelle de la consommation annuelle de produits du bois (tableau II-25). A cette cadence, la valeur réelle de la consommation mondiale de produits du bois double tous les 20 ou 21 ans.

19 Pour faire la somme des différents produits du bois et les comparer on les réduit en équivalent de matière première bois nécessaire à leur fabrication. En fait, une grande partie de la matière première employée pour la fabrication de pâte et de panneaux de particules et de fibre consiste en résidus de bois d'autres industries. (Nous étudions au chapitre IV la proportion probable des résidus dans les matières premières employées dans le monde ainsi que l'évolution, dans chaque industrie, du rapport matière première/produit fini.) Les estimations en question indiquent simplement des ordres de grandeur pour les besoins en bois envisagés. Les «coefficients de conversion types» de la FAO ont été utilisés pour toutes les régions et pour les diverses périodes considérées.

TABLEAU II-31. - PRÉVISIONS D'ACCROISSEMENT DE LA CONSOMMATION MONDIALE DE BOIS ET DE PRODUITS DU BOIS, 1960-62 A 1975

 

Millions d'unités

1960-62

1975

Accroissement de 1961 à 1975

Volume

Indice

PRODUITS DU BOIS





1961 = 100

Sciages

m³ (s)

346,20

427,30

81,10

123

Produits de la pâte ¹

Tonne

77,50

161,90

84,40

209

Panneaux ²

m³ ®

30,50

75,80

45,30

248

Bois rond

m³ ®

188,00

185,00

- 3,00

98

Bois de feu

m³ ®

1088,00

1199,00

111,00

110

MATIÈRE PREMIÈRE BOIS 3






Grumes de sciage et de placage

m³ ®

629,10

812,00

183,00

129

Bois à pâte 4

»

226,30

493,00

267,00

218

Autre bois d'œuvre et d'industrie

»

188,00

185,00

- 3,00

98

Total matière première bois

»

1043,00

1490,00

447,00

143

Bois de feu

»

1088,00

1199,00

111,00

110

TOTAL

»

2131,00

2689,00

558,00

126

¹ Ne comprend pas la pâte à dissoudre, mais comprend quelques produits à base de matières premières autres que le bois. - 2 Placages non compris. - 3 Voir la note 3 du tableau II-2. - 4 Y compris les bois ronds utilisés pour la fabrication des panneaux de fibre et de particules.

FIGURE 2. - PRÉVISIONS D'AUGMENTATION DE LA CONSOMMATION DE BOIS D'ŒUVRE ET D'INDUSTRIE ¹, 1950-52 A 1975

¹ Equivalents en matière première bois de tous les produits du bois consommés (non compris les placages et la pâte à dissoudre).

Cette observation nous conduit à en formuler une autre: non seulement la consommation de produits du bois s'accroît très rapidement, mais encore elle s'accroît plus rapidement que par le passé. Indépendamment de ce qui, dans l'augmentation de la valeur réelle de la production du secteur forestier, provient du terrain que gagnent, à l'intérieur de ce secteur, les produits dont le rendement en volume et en valeur par mètre cube de bois est particulièrement élevé (évolution qui s'impose si l'on veut que le bois conserve sa place dans une économie mondiale dont le progrès futur dépendra d'une exploitation de plus en plus rationnelle des ressources de la planète), le volume de bois utilisé dans de nombreuses parties du monde s'accroît à un rythme beaucoup plus rapide qu'au début du siècle.

Cette augmentation de la consommation de bois provient en partie de l'évolution des comportements et des politiques économiques dans le monde entier. Le souci de stabilité, primordial avant la guerre, a cédé la place à un effort de croissance et la demande de bois s'est accrue parallèlement à l'expansion économique générale qu'ont connue de nombreuses parties du monde. Au cours des prochaines années, les pays développés comme les pays en voie de développement poursuivront leur effort pour maintenir et si possible accroître le taux d'expansion de leur économie. L'impulsion qu'en reçoit la consommation de bois continuera donc sans doute à se faire sentir, mais son effet sera amorti dans les vastes régions du monde où le bois est surtout utilisé sous forme de bois de feu et de poteaux, produits dont la consommation s'accroît rarement avec l'augmentation des revenus, de sorte que la consommation par habitant tend à diminuer. (En outre, dans la majeure partie du monde, la consommation de sciages n'est guère affectée, elle non plus, par l'augmentation des revenus.) En tout état de cause, néanmoins, la rapide croissance démographique fera vraisemblablement progresser la consommation de bois.

Dans les pays où la structure de la consommation de bois s'est à ce point modifiée qu'une grande partie de cette consommation consiste d'ores et déjà en pâte et en panneaux, l'accroissement de la demande globale de bois prend toutefois une dimension nouvelle. Si l'on enregistre pour ces produits un progrès beaucoup plus rapide que pour les autres, comme on l'a vu dans le présent chapitre, c'est en grande partie parce qu'ils remplacent les sciages dans beaucoup de leurs applications. Comme ces produits reconstitués du bois ont un meilleur rendement que les sciages (c'est-à-dire qu'on obtient un plus grand volume de produits finis par mètre cube de matière première), cette évolution s'est traduite par des économies d'emploi du bois. Comme l'indique le tableau II-32, de 1913 à 1950, la consommation globale de bois n'a pas augmenté en Europe et, aux Etats-Unis, la consommation de bois d'œuvre et d'industrie est elle-même stationnaire. Au début du siècle, la consommation de bois par habitant avait atteint un plafond dans la plupart de ces pays 20 et, par la suite, ces bois ont perdu du terrain au profit des matériaux autres que le bois, ou du bois reconstitué, à un rythme qui compensait totalement ou dans une large mesure l'effet de l'accroissement démographique et de l'élévation des revenus.

20 Aux Etats-Unis, par exemple, la consommation. de sciages par habitant était deux fois plus élevée en 1900 qu'en 1950 (date à laquelle, pourtant, elle s'était nettement redressée par rapport au creux des années trente) et le volume total de la consommation annuelle de sciages n'a jamais plus atteint le niveau des premières années du siècle. (U.S. Forest Service. Timber resources for America's future. Washington, D.C., 1958. Forest Resource Report No. 14.) En fait, la consommation de sciages avait progressé très rapidement pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et il ne faut pas oublier ces périodes antérieures d'expansion rapide de la consommation de bois plein, à l'époque où le bois était le principal matériau de construction, et au temps plus lointain où il représentait une source importante de combustible et d'énergie.

Mais, vers 1950, la consommation de pâte et de panneaux s'était accrue dans l'une et l'autre régions à tel point que ces produits constituaient une part importante de la consommation globale de bois. En conséquence, les besoins totaux ont recommencé à augmenter car, pour faire face à l'accroissement rapide et constant de la demande de papier, de carton, de contre-plaqué, de panneaux de fibre et de particules il fallait de plus en plus de matière première bois. Comme on l'a vu dans le présent chapitre, ces produits continueront vraisemblablement de faire l'objet d'une demande très dynamique à mesure que se poursuivra l'élévation du revenu dans les régions en cause et, de plus en plus, ils prendront une place prépondérante dans la consommation totale du bois.

TABLEAU II-32. - CONSOMMATION ANTÉRIEURE DE BOIS EN EUROPE, EN U.R.S.S., AUX ETATS-UNIS ET AU JAPON, ET PRÉVISIONS CONCERNANT LA CONSOMMATION FUTURE

SOURCES: Nations Unies/FAO. Consommation. production et commerce du bois en Europe, évolution et perspectives: nouvelle étude 1950-1975. New York, 1964. - Buchholz, Erwin. Die Waldwirtschaft und Holzindustrie der Sowjetunion. München. BLV, 1961. - U. S. Forest Service. Timber trends in, the United States Washington, D.C., 1965, Forest Resource Report No. 17 et Timber resources for America's future. Washington, D.C., 1958. Forest Resource Report No. 14. Japon. Ministry of Agriculture and Forestry. Statistical yearbooks. Tokyo, et Forestry Agency. Forestry in Japan. Tokyo, 1960.

¹ 1961. - 2 1929, - ³ 1935-37. - 4 Production prévue dans les plans. - 5 1952. - 6 1962. - 7 Production seulement. - 8 1936-38.

Comme l'indiquent les séries chronologiques du tableau II-32, la demande globale en recevra sans doute une impulsion extrêmement vive, d'autant plus frappante qu'elle contrastera avec l'évolution beaucoup plus lente observée au début du siècle. On prévoit qu'en Europe, dans les 25 années allant de 1950 à 1975, la part de la pâte et des panneaux dans la consommation de bois d'œuvre et d'industrie passera de 20 pour cent à 50 pour cent; que la consommation totale de bois d'œuvre et d'industrie de la région doublera approximativement, et que la consommation totale (bois de feu compris) augmentera de moitié. Les prévisions de tendance sont analogues aux Etats-Unis où l'on estime, comme l'indique la série qui figure au tableau II-32 21 que l'on consommera vers la fin du siècle deux fois plus de bois d'œuvre et d'industrie qu'entre 1900 et 1950 et que la consommation totale de bois de cette époque dépassera d'environ 75 pour cent celle du milieu du siècle.

21 Timber trends in the Unites States. Op. cit., tableau 45 p. 64-65

Au Japon, autre pays gros consommateur où le bois est en grande partie utilisé sous forme de pâte et de panneaux, il semble aussi que la consommation globale n'ait guère progressé pendant les 35 années pour lesquelles on dispose de chiffres. L'utilisation industrielle du bois a augmenté régulièrement, sous l'impulsion de la croissance très rapide de l'économie nationale, mais cette évolution a été compensée par la diminution, rapide elle aussi, de la consommation de bois de feu. D'ici 1975, la consommation de pâte et de panneaux, déjà élevée, continuera vraisemblablement de s'accroître à une telle cadence que, malgré l'accentuation du mouvement de régression des sciages, l'augmentation des besoins annuels totaux de bois dans le pays dépassera de loin ce qui a jamais pu être observé au cours du quart de siècle précédent.

Par contre, en U.R.S.S., pays qui consomme à peu près le quart de bois d'œuvre et d'industrie utilisés dans le monde, la nature et le rythme de l'évolution ont été assez différents. La consommation totale de bois a augmenté rapidement pendant longtemps, du fait de la vive croissance de l'économie et parce que la consommation de sciages et de bois rond se maintenait, et même, augmentait. Maintenant que l'on dispose de plus de matériaux de remplacement, la consommation de sciages et de bois rond diminuera rapidement et la montée des besoins globaux se trouvera sans doute enrayée, comme elle l'a été précédemment en Amérique du:Nord et en Europe. A court terme, le total des besoins nationaux de bois augmentera donc moins vite que ces dernières années. Mais, à plus long terme, le progrès rapide des bois reconstitués aux dépens du bois plein finira par donner une nouvelle impulsion à la consommation totale de bois, comme cela s'est produit dans les autres pays gros consommateurs.

Au total, donc, l'économie de l'utilisation et de la production du bois est profondément transformée par la structure nouvelle de la consommation. Tout d'abord, comme on l'a vu, dans les principales régions consommatrices, les besoins de bois augmenteront beaucoup plus que pendant la première moitié du siècle. En Europe et aux Etats-Unis, ce mouvement contrastera nettement avec l'évolution antérieure de la demande, dont variations étaient moins accentuées, et il est évident que ce contraste apparaîtra avec plus de netteté encore du côté de l'offre (comme on l'a signalé ci-dessus, on prévoit qu'en 1975 le total des besoins annuels de bois d'œuvre et d'industrie en Europe, par exemple, sera deux fois ce qu'il était pendant la majeure partie de la période 1900-50).

Deuxièmement, les facteurs qui détermineront cet accroissement des besoins impliqueront en même temps une modification de la composition de la matière première bois à fournir. Comme l'indique le tableau II-31, la demande de sciages, et donc de grumes de sciage n'augmentera pas très rapidement mais les quantités resteront considérables. On estime qu'en 1975 les besoins de grumes de sciage dépasseront d'environ 140 millions de m³ ceux de 1961. La demande de grumes de placage augmentera rapidement et les besoins annuels s'accroîtront d'au moins 40 millions de m³ pendant la période envisagée. Comme cette demande porte sur des grumes de forme régulière, de bonne qualité et généralement de grandes dimensions, elle sera particulièrement difficile à satisfaire. Mais l'augmentation de loin la plus importante des besoins - tant par son volume absolu que par sa cadence - concerne le bois à pâte. En 1975, les besoins dépasseront probablement de quelque 265 millions de m³ ceux de 1961. Comme le bois à pâte provient généralement de bois rond relativement petit et de qualité inférieure, ou de résidus de bois, on s'attachera de plus en plus au facteur quantité plutôt qu'aux facteurs de qualité, de forme et de dimension. L'aménagement forestier traditionnel étant conçu essentiellement en vue de produire des grumes de sciages des dimensions et qualités voulues, cette évolution de la demande de la matière première bois aura des incidences importantes sur le secteur de la production 22.

22 Dans certaines zones, on pourra répondre en partie à cette demande nouvelle, axée désormais sur la quantité plutôt que sur la qualité et les dimensions, grâce à la réduction de l'emploi de bois comme bois de feu de qualités de bois utilisables pour la pâte. Mais cet effet n'aura qu'une application limitée, car une grande partie du bois actuellement brûlé est encore, pour des raisons techniques ou plus souvent, pour des raisons économiques, impropre aux utilisations industrielles.

Troisièmement, on doit se demander où se situeront les besoins nouveaux. C'est ce qui est indiqué au tableau II-33. Comme l'évolution de la consommation est étroitement liée aux variations fondamentales de l'activité économique, il est nécessaire, lorsqu'on compare les prévisions relatives aux différentes régions, de se remémorer les taux de croissance économique admis par hypothèse pour chacune d'entre elles au chapitre 1. Mais, même si la croissance économique est plus rapide ou plus lente qu'on ne l'a supposé, il est évident que d'énormes besoins nouveaux se feront jour dans des régions comme l'Europe du Nord-Ouest et le Japon qui, déjà, doivent importer une part considérable de leurs approvisionnement et notamment des feuillus tropicaux. Dans quelle mesure pourra-t-on faire face à l'accroissement de la demande à partir des ressources nationales, ou au contraire, par une expansion des échanges? C'est là une question qui ne pourra être étudiée qu'après examen de la situation de l'offre (examen tenté dans les chapitres suivants).

Enfin, l'une des hypothèses de base sur lesquelles reposent la plupart des prévisions contenues dans la présente étude est que le rapport entre le prix des produits du bois et ceux des produits de remplacement les plus voisins ne se modifiera pas d'ici 1975. Or, d'après l'examen auquel nous venons de nous livrer, les changements de volume, de structure et de cadence de la demande des produits du bois que l'on peut prévoir dans cette hypothèse seront tels qu'ils ne manqueront pas de grever lourdement le secteur de l'offre.:Nous devrons donc chercher à déterminer dans tout le reste de la présente étude s'il est vraisemblable les rapports de prix admis au départ pourront être maintenus et, dans le cas contraire, comment une hausse des prix affecterait l'utilisation du bois dans l'économie mondiale. Il suffira ici, en conclusion du présent chapitre, d'attirer une fois de plus l'attention sur le fait que les estimations ci-dessus sont liées à l'hypothèse en question, et que la consommation prévue pour 1975 ne sera certainement pas atteinte si les rapports de prix admis au départ se sont sensiblement modifiés d'ici là.

TABLEAU II-33. VARIATIONS PROBABLES DE LA CONSOMMATION ANNUELLE DE BOIS, 1960-62 A 1975

 

Sciages

Panneaux ¹

Produit de la pâte 2

Bois rond

Total bois d'œuvre et d'industrie

Bois de feu

Total

Equivalent en matière première bois, millions de mètres cubes 3

EUROPE

+ 15,8

+ 20,9

+ 76,1

- 12,8

+ 100,0

- 33,9

+ 66,1

Dont:








Europe du Nord-Ouest 4

+ 9,7

+ 12,1

+ 49,2

- 5,3

+ 65,7

- 12,4

+ 53,3

U.R.S.S.

+ 18,7

+ 19,0

+ 31,6

- 7,4

+ 61,9

- 21,0

+ 41,0

AMÉRIQUE DU NORD

+ 23,3

+ 22,0

+ 51,4

- 7,6

+ 89,1

- 12,0

+ 77,0

Dont:








Etats-Unis

+ 21,2

+ 19,7

+ 46,7

- 7,3

+ 80,3

- 11,0

+ 69,0

AMÉRIQUE LATINE

+ 21,7

+ 2,1

+ 11,6

+ 3,6

+ 39,0

+ 28,0

+ 67,0

AFRIQUE

+ 6,0

+ 1,6

+ 4,5

+ 3,2

+ 15,3

+ 63,0

+ 78,0

Dont:








Afrique méridionale

+ 0,3

..

+ 1,5

- 0,6

+ 1,2

+ 1,0

+ 2,0

ASIE ET PACIFIQUE

+ 55,4

+ 11,9

+ 55,8

+ 17,6

+ 140,7

+ 87,0

+ 228,0

Dont:








Japon

+ 20,8

+ 6,1

+ 26,1

+ 0,9

+ 53,9

- 3,0

+ 51,0

Chine continentale

+ 16,4

+ 2,7

+ 16,1

+ 5,5

+ 40,7

+ 10,0

+ 51,0

Région du Pacifique

+ 3,0

+ 0,2

+ 3,0

+ 0,0

+ 6,2

- 1,0

+ 5,0

¹ Non compris les placages. - 2 Non compris la pâte à dissoudre. - 3 Voir note 3 du tableau II-2. - 4 CEE, Royaume-Uni, Irlande.

TABLEAU ANNEXE II-A. - EVALUATION DE LA CONSOMMATION TOTALE DE PRODUITS DÉRIVÉS DU BOIS PAR MILLIER D'HABITANTS EN 1960-62, SELON LE REVENU 1

Catégorie de revenu

Région

Consommation par millier d'habitants

Sciages

Panneaux

Papier et carton

Bois rond

Bois de chauffage

Dollars U.S. par personne


Tonnes

Plus de 2000

Etats-Unis

467,4

80,0

190,9

93,6

214,0

1500-2000

Europe septentrionale

491,5

55,9

104,1

218,0

984,0


Canada

464,6

86,2

125,2

75,0

370,0


Pacifique

419,7

25,4

78,5

77,3

570,2

1000-1500

CEE

169,3

22,4

63,2

70,0

215,0


Royaume-Uni et Irlande

181,3

22,7

97,8

18,8

10,7


Europe centrale

168,1

19,1

36,0

134,5

352,3

500-1000

Europe orientale)

202,2

13,3

26,8

133,0

170,4


(U.R.S.S.)

457,4

10,3

15,9

309,0

462,8


Afrique méridionale

63,0

8,1

21,4

118,0

136,0


Japon

308,7

16,0

53,1

73,0

167,0

300-600

Europe méridionale

55,3

3,6

9,8

23,9

299,0


Mexique

27,5

1,9

15,4

30,5

239,0


Antilles

30,3

1,7

11,1

12,0

593,0


Amérique du Sud: z. nord

57,5

2,0

13,0

51,5

1052,1


Amérique du Sud: z. sud-est

65,8

3,2

22,7

33,5

452,0


Bassin méditerranéen

57,0

8,4

11,1

6,8

43,4

150-300

Amérique centrale

70,6

1,7

6,4

60,0

1301,0


Brésil

75,7

3,3

9,4

34,1

1462,0


Amérique du Sud: z. sud-ouest

55,5

1,3

8,6

65,0

473,1


Afrique septentrionale

18,3

1,2

5,7

6,1

78,1


Asie du Sud-Ouest

12,7

0,9

1,8

131,0

132,0


Péninsule Arabique

10,4

1,4

0,8

13,9

36,2


Asie de l'Est (sauf Japon)

24,2

3,3

7,8

31,0

289,0

Moins de 150

Afrique occidentale

9,2

0,5

0,8

42,2

709,0


Afrique orientale

9,2

0,8

1,3

66,8

1053,9


Asie continentale du Sud-Est

26,3

0,6

1,9

32,0

447,4


Asie insulaire du Sud-Est

28,1

1,6

1,8

57,7

853,3


Asie méridionale

6,0

0,2

1,2

7,0

292,2


(Chine continentale)

16,0

0,3

3,7

22,0

151,5

¹ Pour tous les pays, à part ceux à économie centralement planifiée, le revenu a été établi d'après les estimations du produit intérieur brut publiées dans l'Annuaire des statistiques des comptabilités nationales (Nations Unies, 1963), tableau 3B. (Ces estimations sont exprimées en dollars U.S. selon le taux de parité adopté pour les différentes monnaies nationales.) Quant aux pays à économie centralement planifiée, on a essayé d'exprimer le produit matériel net en termes à peu près comparables avec le PIB utilisé pour le reste du monde, afin d'étendre à l'ensemble du monde la comparaison qu'on a tenté de faire dans ce tableau. On ne peut cependant obtenir ainsi que des ordres de grandeurs très approximatifs; aussi se peut-il que les sous-régions qui groupent les pays à économie centralement planifiée se classent on fait dans des catégories de revenu autres que celles dans lesquelles elles figurent ici.

TABLEAU ANNEXE II-B. - CONSOMMATION DE SCIAGES, 1960-62, ET CONSOMMATION ESTIMATIVE, 1975

 

Consommation totale

Consommation totale par millier d'habitants

Variation moyenne annuelle de la consommation totale

1960-62 ¹

1975

1960-62

1975

1956-1961² Réelle

1961-1975 Estimations

EUROPE

Millions de m³

m³ par millier d'habitants

Pourcentage

Europe septentrionale


9,93

8,60

492

384

+ 2,2

- 1,0

CEE


28,99

34,00

169

180

+ 2,4

+ 1,1

Royaume-Uni et Irlande


10,10

10,70

181

181

+ 1,4

+ 0,4

Europe centrale


5,24

5,80

168

161

+ 4,6

+ 0,7

Europe méridionale


4,23

7,10

55

77

+ 7,0

+ 3,8

Europe orientale


19,82

21,10

202

192

+ 0,3

+ 0,4

Total


78,31

87,30

173

172

+ 2,0

+ 0,8

U.R.S.S.


99,72

111,00

457

426

+ 5,6

+ 0,8

AMÉRIQUE DU NORD








Canada


8,49

9,70

465

393

- 3,3

+ 1,0

Etats-Unis


85,88

98,20

467

440

- 1,4

+ 1,0

Total


94,37

107,90

467

436

- 1,6

+ 1,0

AMÉRIQUE LATINE








Mexique


0,99

2,40

28

41

- 3,4

+ 6,4

Amérique centrale


0,87

1,90

71

99

+ 6,0

+ 5,8

Antilles


0,61

1,60

30

57

+ 2,0

+ 7,0

Amérique du Sud: z. nord.


1,58

3,50

58

78

+ 0,1

+ 5,8

Amérique du Sud: Z. sud ouest


1,21

1,40

56

45

+ 7,6

+ 1,2

Brésil


5,43

11,40

76

105

+ 2,9

+ 5,4

Amérique du Sud: z. sud-est


1,70

2,60

66

80

- 3,5

+ 3,1

Total


12,39

24,70

58

77

- 1,2

+ 5,1

AFRIQUE








Afrique occidentale

(0.89)

1,08

2,80

9

17

+ 4,5

+ 7,0

Afrique orientale

(0.60)

0,81

1,60

9

13

- 2,9

+ 5,1

Afrique septentrionale

(1.07)

1,01

1,70

18

21

+4,6

+ 3,9

Afrique méridionale


1,14

1,30

63

52

- 0,1

+ 1,1

Total

(3.70)

4,05

7,50

15

19

+ 1,6

+ 4,5

PROCHE-ORIENT ²








Bassin méditerranéen


0,65

1,20

57

69

+ 4,7

+ 4,2

Asie du Sud-Ouest


0,53

1,10

13

18

+ 11,8

+ 5,1

Péninsule Arabique

(0.03)

0,15

0,20

10

12

+ 5,1

+ 2,0

Total

(1.20)

1,33

2,50

20

26

+ 7,5

+ 4,6

EXTRÊME-ORIENT








Asie continentale du Sud-Est

(2.27)

2,55

4,20

26

30

- 1,0

+ 3,6

Asie insulaire du Sud-Est

(2.75)

3,60

5,90

28

32

- 0,8

+ 3,5

Asie méridionale

(1.83)

3,31

5,80

6

8

+ 2,5

+ 4,1

Japon

(27.80)

29,03

41,00

309

386

+ 5,5

+ 2,4

Asie orientale (sauf Japon)

(0.94)

1,18

2,10

24

29

+ 3,2

+ 4,3

Total

(35.35)

39,67

59,00

43

46

+ 4,3

+ 2,8

RÉGION DU PACIFIQUE


5,80

7,50

420

420

+ 0,5

+ 1,9

CHINE CONTINENTALE


10,53

20,00

16

25

+ 2,4

+ 4,7

TOTAL MONDIAL

(341.04)

346,17

427,30

114

109

+ 2,0

+ 1,5

¹ Les chiffres pour 1960-62 représentent l'estimation de la consommation totale moyenne annuelle. Les chiffres entre parenthèses indiquent la consommation enregistrée lorsqu'elle est très sensiblement différente du chiffre estimé de la consommation totale. Pour les différences, voir l'annexe.

² Accroissement de la consommation enregistrée.

3 Dans cette région, un pourcentage considérable de la consommation de sciages est importé sous forme de bois manufacturé. Il ne figure pas dans les chiffres de 1960-62, mais il en a été tenu compte dans les estimations pour 1975.

TABLEAU II-C. - CONSOMMATION DE PANNEAUX DÉRIVÉS DU BOIS, 1960-62 1, ET CONSOMMATION ESTIMATIVE, 1975

¹ Les chiffres pour 1960-62 représentent l'estimation de la consommation totale moyenne annuelle. Les chiffres entre parenthèses indiquent la consommation enregistrée lorsqu'elle est très sensiblement différente du chiffre estimé de la consommation totale. Pour les différences, voir l'annexe.

² Accroissement de la consommation enregistrée.

³ A l'exclusion des tranchages et des déroulages utilisés pour l'emballage.

TABLEAU II-D. - CONSOMMATION DE PÂTE PAPIER ET CARTON, 1960-62 I, ET CONSOMMATION ESTIMATIVE, 1975

¹ Les chiffres pour 1960-62 représentent l'estimation de la consommation totale moyenne annuelle Les chiffres entre parenthèses indiquent la consommation enregistrée lorsqu'elle est très sensiblement différente du chiffre estimé de la consommation totale. Pour les différences voir l'annexe.

² Accroissement de la consommation enregistrée.

³ Y compris les papiers et cartons importés sous forme d'articles manufacturés, qui représentent une part considérable de la consommation totale dans ces régions.

TABLEAU ANNEXE II-E. - CONSOMMATION DE BOIS ROND ET DE BOIS DE CHAUFFAGE, 1960-62, ET CONSOMMATION ESTIMATIVE, 1975

¹ Accroissement de la consommation enregistrée.

² Les chiffres pour 1960-62 représentent l'estimation de la consommation totale annuelle moyenne. Les chiffres entre parenthèses indiquent la consommation enregistrée lorsqu'elle est très sensiblement différente du chiffre estimé de la consommation totale. Pour les différences, voir l'annexe.


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