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La sympathie du public, condition essentielle du progrès forestier


E. VON HOFSTEN

E. VON HOFSTEN a fait l'objet d'un détachement spécial pour deux ans, de la Société forestière suédoise Norrland à la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO.

UNE EXPÉRIENCE SUÉDOISE DE RELATIONS PUBLIQUES

Il est bien plus facile d'améliorer une industrie quelconque si les efforts déployés dans ce sens rencontrent la compréhension des divers groupes de la collectivité. C'est presque un postulat, car s'il existe de bonnes relations publiques, les mesures seront accueillies sans parti pris, les suggestions seront sérieusement considérées, les erreurs seront excusées, la législation et les plans seront favorables et les crédits ne manqueront pas. De bonnes relations publiques ont le même effet sur les efforts d'amélioration que l'huile sur un moteur ou le vent sur un voilier.

A bien des égards, l'exploitation forestière se caractérise par les sacrifices à consentir dans l'immédiat pour en tirer des bénéfices plus tard. Peu d'activités humaines, s'il en est, exigent des investissements à aussi longue échéance. Ce simple fait a eu, dans nombre de pays, une influence capitale sur la tragique histoire de la forêt, et l'on peut donc dire que de bonnes relations publiques ont une importance particulière pour la foresterie, surtout dans les pays qui doivent adopter et exécuter de vastes programmes de reboisement.

La Division des forêts et des produits forestiers ne s'est guère penchée jusqu'ici sur cet aspect de la foresterie. Dans le domaine de la vulgarisation, certes, l'éducation et la formation du personnel forestier, surtout des cadres supérieurs, fait partie depuis longtemps de ses travaux. Cependant, il apparaît toujours davantage que cela ne suffit plus et que la FAO devra à l'avenir porter une attention accrue non seulement à la formation du personnel et des propriétaires forestiers, mais à l'information du reste du public, comme on l'a dit plus haut.

Depuis une dizaine d'années, les milieux forestiers de la Suède, comme ceux de maints autres pays, ont développé leur action dans ce domaine.

Il est clair, cependant, que les possibilités de transposer directement d'une région du monde à une autre l'expérience acquise dans un champ d'activité qui est principalement affaire de relations humaines sont très restreintes. L'histoire, les traditions, le développement général et les conditions sociales, religieuses et économiques peuvent varier au point de suggérer des solutions entièrement différentes au même problème: Comment assurer à la foresterie le ferme soutien de l'opinion publique.

Le présent article, qui expose certains enseignements acquis en Suède, ne tend donc nullement à proposer un programme d'action à d'autres pays, mais simplement à souligner l'urgence du problème et à offrir la base d'un examen plus poussé des programmes d'action adaptés à tel ou tel pays.

L'article se divise en trois parties:

1. Description de quelques grands problèmes actuels de l'exploitation forestière suédoise, ainsi que des solutions fortement influencées par les relations publiques courantes, ceci pour faire ressortir l'urgence de l'affaire.

2. Description des activités menées au titre des relations publiques par divers organismes et associations, afin de donner une idée des méthodes et de l'organisation.

3. Bref résumé des enseignements acquis.

Problèmes actuels de la foresterie suédoise dont la solution exige de bonnes relations publiques

L'AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL EN FORÊT

Il y a une vingtaine d'années, le travail forestier était mal considéré car il était l'un des plus durs et des moins payés du pays. Il n'exigeait aucune formation et l'ouvrier le considérait simplement comme un pis aller hérité ou appris de son père. Socialement parlant, il se classait tout au bas de l'échelle.

Avec l'accélération du développement industriel et urbain, il est devenu clairement impératif de modifier cette situation, à la fois pour assurer la poursuite du recrutement et pour des raisons sociales. L'amélioration des conditions de travail en forêt est toutefois chose fort complexe. Parmi les mesures essentielles, on relève:

a) La mise sur pied d'un vaste système national de formation du personnel forestier;
b) Le relèvement des salaires;
c) La mécanisation en vue de faciliter le travail;
d) Un meilleur aménagement des logements et des camps;
e) L'amélioration du réseau routier des forêts;
f) La prévention des accidents;
g) La transformation de l'emploi saisonnier en emploi permanent.

Pour réaliser un tel programme, il faut pouvoir compter sur une attitude positive des autorités centrales et locales qui auront à financer les écoles, les routes et le personnel qu'il exige. Les employeurs devront eux aussi consentir de gros efforts. Mais ce qui importe encore plus, dans ce contexte, c'est de vaincre l'aversion traditionnelle pour ce type de travail. Cette tâche illustre parfaitement l'intérêt que présente une propagande intensive et persistante menée sur un très large front. Il cependant remarquer que la propagande seule, si elle ne s'appuie pas sur une amélioration concrète des conditions, n'aurait que peu d'effet.

LE DÉPEUPLEMENT DES DISTRICTS FORESTIERS

Comme nous l'avons vu, l'urbanisation est une des grandes caractéristiques de la Suède moderne. L'exode rural est particulièrement prononcé dans les régions où l'agriculture est le plus faible, c'est-à-dire dans les principaux districts forestiers. De ce fait, le problème que pose le maintien d'une infrastructure suffisante malgré le déclin de la population revêt une actualité spéciale dans ces districts et la foresterie (qui contribue elle-même au processus par la rationalisation et la mécanisation des opérations) est particulièrement affectée par les décisions gouvernementales relatives à l'emplacement des installations collectives, si importantes pour freiner le rythme d'urbanisation.

Si le potentiel forestier du pays dans son ensemble et de certains districts en particulier n'est pas généralement connu et considéré comme un élément sûr, les décisions en la matière tendent à être défavorables à la foresterie.

LA MÉCANISATION DES PETITES FORÊTS

Pour résoudre l'urgent problème des prix de revient en foresterie, on peut recourir à la mécanisation. Cette dernière fait des progrès rapides en Suède, comme dans bien d'autres pays. Or, la mécanisation du débardage tend d'une façon générale à agrandir l'échelle des opérations, pour mieux justifier les gros investissements nécessaires. Cependant, dans bien des districts, la structure actuelle de la propriété interdit d'opérer en grand sur un pourcentage étonnamment élevé de la superficie boisée. Beaucoup d'exploitations agricoles sont non seulement de petite taille, mais encore souvent morcelées et placées sous un régime complexe de droits de propriété. Ce problème intéresse aussi nombre de sociétés forestières, bien qu'elles puissent opérer au total sur des centaines de milliers d'hectares. La mécanisation est ainsi fortement contrariée, et dans certains districts tout simplement impossible.

Modifier la structure de la propriété foncière est une tâche compliquée qui exige à la fois l'intervention de l'Etat et une attitude favorable de ceux qui seront affectés par cette modification. Une action dans ce sens, qui se présente sans contredit comme un investissement à long terme, exige donc, dans ce cas encore, la confiance dans les possibilités futures de la forêt. Une deuxième condition est qu'un très grand nombre de gens soient au courant des avantages à en attendre. La troisième, c'est une connaissance approfondie des méthodes de réforme du régime foncier, ce qui suppose des moyens de recherche convenables.

LA NATIONALISATION

Bien que la Suède ait un gouvernement social-démocrate depuis plus de trente ans, elle n'est pas devenue un pays socialisé, le gouvernement ayant opté en faveur de la collaboration avec l'entreprise privée, assortie d'un certain degré de contrôle. Il ne s'ensuit pas pour autant que la nationalisation soit à jamais exclue. Dans les débats généraux, on l'évoque au contraire souvent comme remède à un état de choses insatisfaisant, réel ou supposé.

La forêt est depuis longtemps au premier plan de ces débats, principalement parce qu'elle est l'un des fondements de l'économie suédoise, mais aussi parce que la structure de la propriété forestière (en gros la moitié en propriétés privées, un quart en sociétés et un quart en forêts d'Etat) offre une excellente occasion de se livrer à des comparaisons plus ou moins abstraites portant sur le rendement, la capacité de production, l'assistance sociale, etc. Nombre de problèmes mentionnés plus haut (entretien de l'infrastructure publique, mécanisation, réforme du régime de propriété, enseignement et formation, assistance sociale) peuvent être abordés de façon différente selon le possesseur de la forêt. Ce qui importe plus encore, c'est que les solutions peuvent différer au point de susciter des évaluations diverses.

L'antagonisme entre les trois catégories de propriétaires forestiers donne parfois lieu à de véritables «batailles», se livrant sous l'œil même du public. Chacun, en effet, cherche à se faire reconnaître comme le gérant le plus efficace de la richesse la plus précieuse du pays, le gagnant étant assuré du soutien des sphères dirigeantes de la collectivité.

Il serait facile de citer d'autres problèmes forestiers encore dont la solution exige une attitude positive de l'opinion, ainsi que d'autres groupes désireux d'avoir leur place au soleil, mais ce qui a été dit suffit à faire comprendre que la foresterie en général et certains groupes de ce secteur ont tout intérêt à se faire une bonne réputation auprès du grand public, c'est-à-dire à entretenir de bonnes «relations publiques». On expose ci-après les méthodes utilisées à cette fin.

Les relations publiques de la foresterie suédoise actuelle

Les méthodes permettant d'établir de bonnes relations publiques dépendent nécessairement du milieu dans lequel elles sont appliquées. Malheureusement, la foresterie n'est pas seule en scène, celle-ci étant au contraire encombrée d'innombrables acteurs, allant de la vedette au simple jongleur. La clameur est assourdissante. Nul acteur ne peut espérer se faire entendre - sauf par hasard - à moins de surveiller l'adversaire et les trucs qu'il emploie.

Les activités de relations publiques ont le plus de chances de réussir si elles sont organisées et conduites par des professionnels expérimentés. Un ténor se trouve plutôt dans le monde du chant que dans celui de la forêt, vérité élémentaire que les forestiers mettent en général beaucoup de temps à admettre, beaucoup d'entre eux s'y refusant d'ailleurs.

Voyons maintenant comment et suivant quelles méthodes les activités forestières de ce genre sont actuellement organisées en Suède. L'organisation a été conçue en vue de desservir les divers groupes concurrents, plutôt que la foresterie elle-même. Cet état de choses comporte à la fois des avantages et des inconvénients dont nous parlerons plus loin. Nous décrirons plus en détail les activités propres au Service des forêts, car il existe un organisme correspondant dans la plupart des pays.

Des entretiens constructifs entre de hautes personnalités sont l'une des grandes caractéristiques des excursions organisées par la Société sylvicole Norrland, en Suède. Les participante discutent ici, sur une coupe, les méthodes de reboisement.

DANS LE SERVICE DES FORÊTS

En Suède, le Service des forêts est presque entièrement consacré à la gestion des forêts domaniales et n'a rien à faire avec la foresterie privée. Avec 4 millions d'hectares et une production annuelle de 7 millions de mètres cubes, l'Etat est de loin le plus gros propriétaire forestier du pays.

Le chef du Département des relations publiques, relevant directement du Directeur général avec lequel il collabore étroitement, est un journaliste expérimenté, non un forestier. Il a actuellement pour collaborateurs deux journalistes adjoints, un photographe et des secrétaires. Les domaines d'activité sont extrêmement divers, mais le principal est celui de l'information interne.

Cet effort d'information s'adresse à toutes les catégories de personnel: ouvriers et gardes, brigadiers, fonctionnaires forestiers et employés de bureau. Il se concentre sur les aspects intéressant directement le travail quotidien: instructions, emploi, recrutement, régimes de retraite, sécurité du travail et autres questions d'assistance sociale, budgets et programmes, traitements et salaires, possibilités de formation, nouveautés en matière de matériel et de techniques, réunions et conférences, nominations, enquêtes dans le Service des forêts et à l'extérieur et débats de presse d'intérêt actuel.

Les informations sont diffusées par divers moyens:

a) Un mensuel genre journal, distribué gratuitement ´à tout le personnel;

b) Une revue de presse bi-hebdomadaire ronéotée, distribuée à tous les fonctionnaires forestiers et rendant compte en détail de tous les faits et débats de presse; qui présentent de l'intérêt pour les forestiers

c) Brochures, s'il s'agit de donner des informations plus compliquées sur un sujet particulier.

Un bon service d'information ne doit cependant pas être dirigé uniquement «vers le bas». Une information «vers le haut» sur les réactions et les désirs des employés est en effet très utile aussi. Il a été créé une série d'organes dont un pour l'ensemble du Service et un pour chacun des onze districts, auxquels les employés de toutes catégories envoient des délégués. Ces organes sont indispensables pour diffuser les informations dans les deux sens.

On peut considérer ce travail d'information interne comme essentiel parce qu'il est le fondement de l'information externe relative au Service des forêts. Le Département des relations publiques, sis à Stockholm, a certes assez de personnel et entretient de bonnes relations avec les grands journaux et les responsables centraux des programmes de radio et de télévision, mais il ne peut cependant pas avoir de contacts avec la presse ou la radio périphériques, par exemple. Or, de tels contacts sont importants pour l'établissement de bonnes relations publiques sur le plan local. Peut-être l'une des principales leçons à tirer du succès d'un vaste programme de relations publiques, est que la tâche ne saurait être confiée à une seule personne et qu'il faut au contraire pouvoir faire appel au plus grand nombre possible de fonctionnaires. Le Directeur du Service des relations publiques joue dès lors un rôle de coordonnateur et surtout d'animateur, car il doit faire comprendre aux forestiers de tous niveaux la nécessité de bonnes relations publiques, ainsi que les méthodes propres à les assurer.

Cela nous amène à un autre aspect du travail, que le Service des forêts suédois et maints autres organismes connaissent par expérience. Quand l'importance de bonnes relations publiques a été reconnue et que l'on a entrepris en conséquence un vaste effort de propagande, il faut également comprendre qu'on peut difficilement ne révéler que les aspects positifs, en dissimulant les aspects négatifs. Les journalistes savent fort bien percer à jour ce genre de cachotteries et il suffira qu'ils en découvrent une pour que toute la propagande future leur devienne suspecte. La seule façon d'éviter cette déplorable situation, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait rien à cacher. Il arrive d'ailleurs souvent qu'un programme sérieux de relations publiques permette de déceler des faiblesses et aboutisse à faire reconsidérer les méthodes, voire les philosophies.

Nous avons parlé plus haut de la «petite guerre x> que se livrent les diverses catégories de propriétaires forestiers. En prenant l'expression au sens le plus large, on peut considérer que la plupart des activités de relations publiques menées à l'intérieur du Service forestier sont un aspect de cette guerre, et ceci vaut très certainement pour les multiples mesures destinées à développer l'usage de la forêt aux fins du loisir (encore que la description de ces mesures dépasse le cadre du présent article). Mais la guerre la plus raffinée se déroule aux échelons élevés du Service et l'expérience démontre qu'une organisation de relations publiques capable d'aider à tout moment le directeur général ou son adjoint à préparer et à diffuser des informations est un élément indispensable de succès.

En Suède, il est impossible de louer pour une demi-heure, ni même pour une demi-minute les ondes de la radio ou de la télévision. Les directeurs de programmes règnent en maîtres sur ce monopole et on peut donc dire qu'une émission télévisée est la preuve irréfutable du succès d'une campagne de propagande. Or, le Département des relations publiques du Service des forêts a bien réussi à cet égard et la préparation de programmes représente une très grande part de son travail actuel.

Un autre département du Service est chargé d'organiser des cours à l'intention des employés de toute catégorie.

Pour conclure, ces départements, qui se sont développés principalement depuis six ou sept ans, se sont révélés comme des éléments indispensables du Service. Le Département des relations publiques a en même temps, contribué de manière décisive à gagner l'opinion à la cause de la foresterie en général.

DANS LES SOCIÉTÉS FORESTIÈRES

Après avoir décrit les activités du Service des forêts dans le domaine des relations publiques, on peut évoquer très brièvement celles des autres catégories de propriétaires, principalement celles des sociétés, qui, en effet, comme ce Service, ont également pour tâche la gestion de grandes forêts. A noter d'ailleurs que tout en disposant de moindres ressources, la plupart des grandes sociétés ont adopté des formules analogues à celles du Service des forêts. Une dizaine d'entre elles éditent un journal ou un périodique destiné à tous leurs - employés et, peu à peu, réagissent plus favorablement aux propositions d'utilisation de la forêt à des fins récréatives.

L'une des mesures les plus efficaces mérite d'être citée. Depuis quelques années, le programme me le plus populaire de la télévision suédoise est celui qui traite de l'aménagement de la faune sauvage et d'autres questions du même genre. Une des sociétés forestières s'est offerte à fournir le cadre du programme, en mettant à disposition une de ses exploitations et elle apporte son concours sous d'autres formes, moyennant, semble-t-il, une seule condition: que le nom de la forêt soit cité avec celui de la société. Le succès est indiscutable.

DANS LES ASSOCIATIONS DE PROPRIÉTAIRES FORESTIERS

Il existe en Suède une vingtaine d'associations de propriétaires forestiers, réunies en une fédération. Elles groupent environ 130 000 propriétaires représentant quelque 7 millions d'hectares, et elles disposent d'une capacité industrielle considérable (par exemple des fabriques de pâte pouvant fournir au total plus de 500 000 tonnes). Elles sont solidement installées sur le marché du bois.

La mécanisation du travail en forêt est peut-être le principal problème qui se pose aux petits propriétaires forestiers et à leurs associations. La solution semble résider avant tout dans la coopération. Comme l'encouragement de cette coopération est la tâche essentielle de ces associations sur le plan des relations publiques, ces dernières ont été orientées en grande partie vers la vulgarisation et la formation professionnelle. La publication d'un périodique mensuel, un enseignement touchant des milliers de personnes, l'organisation d'excursions et de réunions qui rassemblent des dizaines de milliers de participants, telles sont les formes de cette action. Nous ne saurions entrer ici dans le détail et ce n'est d'ailleurs pas nécessaire dans ce compte rendu des méthodes de «guerre» contre catégories concurrentes de propriétaires forestiers. Tant les procédés employés que les enseignements acquis sont à peu près les mêmes que dans le Service des forêts.

DANS LES COMMISSIONS FORESTIÈRES DE COMTÉ ET COMMISSION NATIONALE DES FORESTIERS PRIVÉS

Les Commissions de comté et la Commission nationale, qui font partie de la même administration, sont les organismes publics chargés de la promotion de la forêt privée. Leur activité consiste principalement à fournir avis et assistance aux petits propriétaires forestiers. A cet égard, elles coopèrent avec les associations de propriétaires.

Il est spécialement intéressant de signaler le rôle que jouent ces commissions dans la formation professionnelle des propriétaires et des travailleurs forestiers. Une trentaine d'écoles bien équipées en matériel et bien pourvues en personnel fonctionnent dans tous le pays et dispensent un cours annuel à plus de 1000 étudiants. Les commissions organisent aussi un grand nombre de cours accélérés de spécialisation. Les écoles constituent souvent d'excellents centres de propagande pour la forêt en général et leurs diverses activités ont certainement beaucoup contribué à développer l'estime générale dont jouit actuellement l'industrie forestière, et plus particulièrement la profession de forestier.

DANS D'AUTRES SYNDICATS ET ASSOCIATIONS

Les Suédois sont connus pour leur goût de l'association et l'industrie forestière ne fait pas exception à cette règle, mais l'étude détaillée des relations publiques de tous les groupements nous mènerait trop loin.

DANS LES ASSOCIATIONS DE FORESTIERS

Toutes les activités mentionnées ci-dessus ont un trait commun en ce sens qu'elles relèvent d'une organisation, d'un syndicat ou d'un organisme particulier. L'Association des forestiers suédois est le seul organisme qui agisse essentiellement au profit de la foresterie dans son ensemble. Du fait qu'elle est composée de particuliers et qu'elle ne coiffe pas le Service des forêts, les sociétés et les associations de propriétaires, ses activités se limitent nécessairement à la propagande et à divers travaux de vulgarisation. L'absence d'un organe «suprême», capable d'être le porte-parole de l'industrie forestière tout entière, s'est révélée à maintes reprises comme un grave handicap et la création d'un tel organe a été ardemment débattue en diverses occasions. Jusqu'ici, néanmoins, les controverses et les différences de caractère entre les groupes ont constitué un obstacle infranchissable.

En l'absence de cet organe suprême, c'est l'Association des forestiers suédois qui, dans la mesure du possible, est le porte-parole de l'industrie. Les excursions et les réunions qu'elle organise trois fois l'an sont d'importants événements, en particulier la Semaine forestière tenue dans la capitale, avec une série de conférences et de débats sur les problèmes du jour. Ses conférences annuelles devant les journalistes et les reporters de la radio ou de la télévision responsables des services, articles et programmes relatifs à la forêt ont permis d'élargir et d'intensifier la propagande forestière. Son périodique est le principal organe de la foresterie. Les conférences qu'elle donne devant des parlementaires et de hauts fonctionnaires, et au cours desquelles les représentants hautement qualifiés des divers groupes forestiers exposent les grands problèmes du jour, ont une forte influence. Les concours nationaux qu'elle organise entre écoliers répandent la connaissance de la forêt. Enfin, sa campagne pour la protection de la nature contre les détritus laissés par les excursionnistes, encore que malheureusement très insuffisante, est un pas dans la bonne direction.

Bref résumé de l'expérience suédoise

Le fait que les activités de relations publiques aient été organisées surtout pour appuyer les objectifs des divers groupes du secteur forestier et non pas ceux de la foresterie elle-même est un sérieux inconvénient, car la communauté forestière n'a pas de porte-parole officiel. Par contre, l'antagonisme entre les diverses catégories de propriétaires forestiers a incontestablement stimulé l'activité globale. Les communiqués détaillés de la «petite guerre» incessante entre forestiers peuvent lasser le public, mais ils lui laissent cependant l'impression que la forêt vaut bien une bataille.

En un mot, les avantages de la décentralisation l'emportent probablement sur les inconvénients.

Les relations publiques ne peuvent être menées par une seule personne. Elles exigent au contraire la participation de tout le personnel, du sommet presque jusqu'à la base.

L'information interne est mère de l'information externe.

Des professionnels expérimentés, au courant des méthodes de l'information, et pleinement conscients de la dynamique de ce champ d'activité, semblent devoir s'acquitter de ce travail mieux que des forestiers. Ceci dit, le concours de ces derniers reste indispensable.

Les méthodes, les instruments et les voies dépendront surtout des démarches et des astuces de la concurrence. On peut emprunter des idées à l'étranger, mais à condition de les modifier, parfois très profondément, pour les adapter aux habitudes et aux traditions nationales. Les idées neuves sont particulièrement précieuses. Cette transposition d'expérience d'un pays à l'autre est facile lorsqu'il s'agit de situations d'urgence ou dans le cas de maints détails; elle l'est moins en ce qui concerne les priorités ou les programmes généraux de travail.

Un programme bien pensé de relations publiques, rattaché en de nombreux points au monde actuel, peut, s'il est géré au mieux et honnêtement discuté au sommet de la hiérarchie, constituer un test efficace des programmes et des philosophies, voire en provoquer la revision.

Lorsqu'il s'agit d'influer sur l'opinion publique, on a trop souvent tendance à sous-estimer les difficultés et le coût de la tâche. Seul un effort persévérant, bien conçu et habilement mené sur un large front, à l'aide de techniques modernes, semble donner des résultats. Il faut surtout des crédits suffisants: la pierre philosophale n'existe pas!

Une circonstance naturelle a puissamment aidé l'industrie forestière suédoise à susciter dans l'opinion un vaste mouvement de sympathie. A une époque où l'urbanisation est l'une des principales caractéristiques du développement social, la forêt offre un asile de silence et de solitude, une source de récréation et même une possibilité d'évasion. Bien des forestiers n'y ont probablement jamais pensé, et l'on constate cependant que c'est là une corde sensible. Mais il faut toutefois savoir la toucher, sous peine d'en tirer un son faux.


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