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L'efficience des grandes industries intégrées du bois

N. ST. DUMITRESCU ET A. HARAP

MM. DUMITRESCU et HARAP sont Directeurs adjoints à l'Institut de recherches forestières, Bucarest.

Réalisations en Roumanie

L'industrialisation accélérée qui s'est produite au cours des dernières décennies entraîne une demande de plus en plus grande de produits ligneux. Or, la production de la matière première, qui est pourtant pratiquement inépuisable, ne fait pas apparaître actuellement des accroissements annuels qui, combinés avec des périodes de régénération très longues, pourraient suivre le rythme de l'augmentation du produit national.

L'étude FAO/CEE sur la consommation, la production et le commerce du bois en Europe entre 1960 et 1975 a montré qu'en ces quinze années seulement la consommation de bois par habitant passera probablement de 0,55 mètre cube en 1960 à 0,75 mètre cube en 1975. Même avec une telle augmentation, qui suppose un accroissement de près de 200 pour cent de la consommation des produits de la pâte et de 250 pour cent de celle des panneaux dérivés du bois, le rapport entre la consommation de bois et le produit national brut par habitant s'établirait comme suit: 1950 = 100 pour cent, 1960 = 84 pour cent, 1975 = 64 pour cent.

D'après ces chiffres, les pays très industrialisés offriront un débouché de plus en plus large pour les produits ligneux. La surexploitation des forêts ne saurait satisfaire cette demande de bois constamment croissante; ce qu'il faut, c'est améliorer la productivité et la qualité des forêts, élargir la gamme des bois utilisables comme matière première, introduire dans le système économique la totalité du volume de bois produit dans la forêt, enfin intensifier et nationaliser la transformation du bois dans des ensembles industriels modernes.

Les progrès de la science et des techniques vers la maîtrise de la matière se font sentir dans le secteur de l'économie forestière comme dans les autres secteurs. On obtient maintenant des produits dérivés du bois par des procédés de fabrication automatiques et chimiques. L'accentuation de la division sociale du travail qui caractérise l'industrialisation se manifeste dans le domaine de l'économie forestière par l'apparition de nouveaux secteurs de production (panneaux de particules, panneaux de fibres, pâtes mi-chimiques, etc.).

Dans ces nouveaux domaines de production, nous voyons se constituer rapidement une somme d'expérience pratique qui favorise le perfectionnement des techniques de fabrication et qui entraîne aussi l'élargissement de la gamme de matières premières utilisables pour la fabrication des nouveaux produits.

Ces découvertes et le progrès général des sciences ont eu comme conséquence de modifier substantiellement la structure de la demande de bois en Europe. Grâce aux nouveaux procédés techniques, on peut maintenant utiliser avec un rendement économique élevé les rondins, les bois de petite dimension et les bois de feuillus. En 1960, la fabrication de la pâte et des panneaux dérivés du bois absorbait à peu près 40 pour cent du volume total de la matière première-bois, et contribuait pour 60 pour cent environ à la valeur totale des biens fabriqués avec du bois. Cette efficacité économique due aux nouveaux procédés techniques a modifié à tel point la structure de la consommation de bois que le rapport entre grumes et rondins utilisés, qui était en 1960 de 65: 35 pour cent (109: 60 millions de m³), sera en 1975 de 50: 50 pour cent (170: 170 millions de m³).

La même évolution générale se fait sentir aussi dans l'industrie du travail du bois, où elle se caractérise par l'intégration de la production, la généralisation de la production en grand, la création d'usines nouvelles et l'application de nouveaux procédés techniques qui sont en train d'établir des rapports nouveaux entre la production et la science.

L'intégration de la production forestière dans de grands ensembles industriels permet de réaliser la transformation totale de la matière première et d'en exploiter plus efficacement toute la valeur dans des usines spécialisées qui travaillent en étroite coopération les unes avec les autres, on peut ainsi fabriquer une gamme étendue de produits. Les grumes de qualité supérieure sont transformées en contre-plaqués et en placages décoratifs, les autres en sciages. Les déchets des transformations primaires, de même que le bois utilisé autrefois comme combustible et les bois de petite dimension, servent à la fabrication de panneaux de particules et de panneaux de fibres. Une certaine partie de sciages, de contre-plaqués, de placages et de panneaux est utilisée directement dans chaque ensemble industriel pour la fabrication de meubles massifs et en bois cintré, de portes, fenêtres, parquets, emballages et autres produits finis en bois; le reste est vendu tel quel, comme produit mi-œuvré, à d'autres utilisateurs.

Dans ces grands ensembles industriels, la transformation du bois atteint un degré élevé d'efficacité.

Fabrique de panneaux de fibre à revêtement décoratif.

Les assortiments de qualité inférieure - rondins d'élagage, bois fendus utilisés auparavant comme combustible et divers bois de feuillus de qualité inférieure - trouvent maintenant une utilisation plus rentable dans la fabrication des panneaux.

L'organisation d'un grand ensemble industriel formé d'usines complémentaires crée des conditions qui favorisent le perfectionnement technique, ce qui se traduit sur le plan pratique par l'installation de matériel moderne avec chaînes de production mécanisées et en partie automatiques, de laboratoires et d'ateliers mécaniques et électrique" d'un générateur thermique, qui dépassent les possibilités d'une usine isolée et assurent la fabrication de produits de meilleure qualité.

Le niveau technologique élevé de ces grands ensembles exige aussi une formation plus poussée des équipes d'ouvriers, de techniciens, d'ingénieurs et d'économistes et contribue en même temps à augmenter leur capacité professionnelle.

Les valeurs plus élevées qu'atteignent les autres facteurs et indices (rendement, rentabilité des investissements, productivité de la main-d'œuvre, etc.) montrent aussi l'efficacité économique de la transformation de la matière première-bois dans ces ensembles.

Abstraction faite de ces considérations d'ordre technique et économique, la concentration de la production dans de grands ensembles industriels se justifie aussi pour des motifs d'ordre socio-économique. L'implantation de grands ensembles industriels dans des régions ou des localités faiblement industrialisées et disposant de main-d'œuvre inoccupée en favorise le développement économique et y améliore les conditions d'emploi et d'existence.

Si l'on considère dans ce contexte l'économie forestière d'un pays doté de grandes ressources naturelles, on peut affirmer que la concentration des industries du bois dans de grands ensembles est devenue une nécessité objective.

En dépit de cet impératif de notre époque, le développement des industries du bois s'est fait jusqu'à présent au petit bonheur et la majorité des pays extra-européens ont vu leurs sources de matière première devenir moins accessibles.

Création de complexes industriels

La principale condition à satisfaire pour créer des ensembles industriels travaillant de grandes quantités de matière première-bois est de leur donner une base durable et sûre, c'est-à-dire que pour en assurer le développement il faut avant toutes choses procéder à des études préliminaires de base.

Ces études doivent porter sur les problèmes relatifs à la gamme de matières premières disponibles, à la gamme de fabrications de l'ensemble industriel, à l'emplacement de celui-ci, aux indices techniques et économiques de rentabilité des investissements.

La quantité et le type de matière première disponible sont le premier facteur qui déterminera la gamme de fabrications d'un ensemble industriel et l'emplacement des usines. C'est pourquoi la première tâche qu'impose cette nouvelle tendance du développement est la détermination des ressources forestières existantes et de leur potentiel de production.

Seul l'aménagement correct permet de faire coïncider les intérêts de la sylviculture rationnelle avec les intérêts économiques et techniques d'une meilleure exploitation et d'une valorisation plus complète du bois.

Le relief des régions boisées peut être un élément déterminant dans la délimitation des sources de matière première. Si toutes les forêts dont la récolte de bois est dirigée vers une même localité sont groupées sous une même administration, il est alors possible d'instituer des unités d'aménagement permanentes dont chacune établit rationnellement son programme de production, compte tenu des exigences de l'économie générale. Ce système d'aménagement par secteurs forestiers gravitant autour d'un point de rassemblement naturel de la récolte permet de donner une structure rationnelle à la culture, à la régénération et à l'exploitation des forêts, suivant le principe de la continuité de la production et du rendement soutenu, c'est-à-dire d'obtenir régulièrement chaque année de chaque unité la même quantité de bois.

TABLEAU 1. - CAPACITÉS OPTIMA ET PRODUCTION EN ROUMANIE

Nº d'ordre

Produit

Unité de mesure

Capacité théorique

Capacité de la chaîne de production

1

Contre-plaqués

m³/an

18000

-

2

Mobilier en bois massif

pièces/an

15-20000

-

3

Mobilier en bois cintré

chaises/an

600000

-

4

Panneaux de particules

tonnes/an

18000

-

5

Panneaux de fibres

tonnes/an

35 000

-

6

Chaînes de production pour sciages résineux (scies à châssis)

m³ de grumes/an

-

56000

7

Chaînes de production pour sciages feuillus (scies à ruban)

m³ de grumes/an

-

32000

8

Placages décoratifs (capacité par trancheuse)

m²/an

-

2000000

9

Portes

m²/an

-

300000

10

Fenêtres

m²/an

-

200000

11

Parquets ordinaires

m²/an

-

120000

12

Parquets lamellés

m²/an

-

100000

En Europe, où à peu près 97 pour cent des forêts sont accessibles, la seule possibilité d'accroître les ressources est que chaque pays augmente la productivité de ses forêts, réduise les déchets d'abattage et utilise le bois de feu comme bois d'œuvre. Par contre, dans les pays encore peu développés, où des ressources considérables sont encore inexploitées, une organisation telle que nous venons de la décrire est tout à fait réalisable.

Afin d'assurer à un ensemble industriel son approvisionnement en matière première, il faudra déterminer avant tout, par une étude technique et économique préliminaire, les facteurs suivants: la superficie forestière qui fournira la matière première, les assortiments de bois produits, l'organisation des coupes, les investissements dans les installations de transport, de même que la coupe annuelle par essences, assortiments et dimensions.

Le deuxième problème essentiel consiste à déterminer la gamme de production de l'ensemble industriel, laquelle dépend pour la plus grande part de la matière première disponible et de la demande du consommateur.

C'est en général le volume de bois disponible et la gamme d'assortiments par dimensions et par qualités qui déterminent la gamme des fabrications et la capacité des ensembles industriels, de même que le choix de l'équipement de base des usines correspondant le mieux aux caractéristiques de la matière première.

D'après ces facteurs, on fixe la gamme de fabrications de l'ensemble industriel. Pour les usines de contre-plaqués, les fabriques de meubles, de panneaux de particules et de panneaux de fibres, on adopte des capacités optima, et pour les scieries de feuillus et de résineux, les fabriques de placages décoratifs, de portes, de fenêtres et de parquets, les capacités imposées par les chaînes de fabrication de ces usines.

En Roumanie, par exemple, c'est l'Institut de recherche forestière et l'Institut de la planification qui ont étudié les capacités optima et les capacités normales des chaînes de production. Les conclusions auxquelles ils sont parvenus sont exposées au tableau 1.

Pour le choix de l'implantation du futur ensemble industriel, troisième problème essentiel, un élément important est la possibilité d'un compromis sur le plan économique entre l'objectif industriel à atteindre et l'existence d'un réseau routier ou ferroviaire.

Choix de l'emplacement

La nature et la configuration du terrain sont aussi des facteurs déterminants dans le choix du futur emplacement.

Sur la base de ces facteurs, on envisage plusieurs formules en ce qui concerne la gamme de fabrications et l'emplacement. Pour chaque formule envisagée, on calcule les indices techniques et économiques suivants:

1. Coût de la matière première;

2. Valeur de l'investissement industriel;

3. Valeur de l'investissement nécessaire pour les divers services (eau, vapeur, force motrice, évacuation des eaux usées, etc.);

4. Indices économiques relatifs à l'efficience de l'investissement.

L'efficience économique des investissements dans un ensemble industriel est déterminée par:

1. L'investissement nécessaire pour atteindre un certain niveau de production (valeur ou quantité de produit);

2. La rentabilité de la production qui constitue l'objectif de l'investissement.

Le premier critère est fonction de l'indice d'efficience de l'investissement et de l'indice spécifique d'investissement.

Le second est en général fonction des indices suivants: prix de revient unitaire, rentabilité de la production, productivité.

L'indice de rentabilité, exprimé en pourcentage, sert à calculer la période d'amortissement du capital investi.

Outre les critères ci-dessus et les indices correspondants qui servent à calculer l'efficience économique d'un investissement, il faut aussi faire entrer en ligne de compte les indices de transformation du bois et de valorisation; en outre, l'efficience économique de l'investissement doit être exprimée suivant les taux de change internationaux.

L'indice de transformation, exprimé en pourcentage, est le rapport entre la quantité de matière première-bois incorporée dans le produit fini et le volume de bois consommé dans le processus de fabrication.

L'indice de valorisation de la matière première, exprimé en lei/mètre cube¹, est le rapport entre la valeur totale des produits (prix de vente) et le volume total de bois consommé dans le processus de fabrication.

¹ 100 lei = 16,65 dollars U.S.

Pour les produits destinés à l'exportation, on fait l'analyse du revenu net annuel en devises des pays importateurs qui en est tiré au taux normal de change de ces devises en monnaie nationale.

Pour évaluer correctement l'efficience économique d'un investissement, on utilise la plupart du temps tous les indices mentionnés ci-dessus, la valeur de chacun d'eux exprimant un aspect de l'efficience dont il faut tenir compte dans le calcul du montant de l'investissement nécessaire pour la création d'un ensemble industriel.

On compare les valeurs obtenues pour ces indices techniques et économiques relatifs à l'investissement dans chaque formule possible avec les valeurs correspondantes obtenues pour d'autres formules possibles, avec les indices correspondant à des investissements semblables, en projet ou déjà réalisés, et avec les indices atteints dans des entreprises existantes qui appliquent des techniques perfectionnées. C'est sur la base des résultats de ces comparaisons que l'on peut savoir s'il est possible de réaliser l'investissement avec le plan établi et la :formule proposée.

L'expérience roumaine

L'expérience de la Roumanie prouve que cette méthode est la bonne.

Entre les deux guerres mondiales, l'industrie roumaine du bois était caractérisée par la prépondérance des scieries.

L'une des principales causes de ce déséquilibre était sans aucun doute le morcellement de la propriété forestière (plus de 500 000 unités de production sans routes d'accès convenables).

Dans ces conditions, la concentration de la production dans de grands ensembles industriels a demandé près de deux décennies.

La concentration de la superficie forestière et de l'aménagement forestier fut enfin achevée en 1955 et permit pour la première fois d'avoir une vue d'ensemble de la situation et du potentiel de production des forêts.

TABLEAU 2. - POSITION DES SCIERIES PAR RAPPORT AUX AUTRES INDUSTRIES DU BOIS ENTRE LES DEUX GUERRES MONDIALES (en pourcentage)

Capital investi

82

Usines installées

88

Main-d'œuvre occupée

85

Valeur de la production

88

La politique d'investissement de ces quinze dernières années reflète cette évolution. La priorité fut tout d'abord donnée aux problèmes d'exploitation; puis, dans une phase suivante, on travailla principalement à augmenter l'efficience des industries de transformation. Le tableau 3 donne la répartition des investissements dans les diverses périodes et l'importance relative accordée aux deux secteurs.

On constate que les sommes investies dans le domaine de l'exploitation (E) ont peu varié entre 1951 et 1959, tandis qu'elles ont atteint plus tard 182 pour cent du chiffre initial. Dans le secteur de la transformation (T), les investissements, relativement modestes pendant la période couverte par le premier plan quinquennal, ont doublé au cours du deuxième et sextuplé pendant les six dernières années.

TABLEAU 3. - RÉPARTITION DES INVESTISSEMENTS ET ÉVOLUTION DU FINANCEMENT


1951-55

1956-59

1960-64

1. Exploitation (E)




Investissements (millions de lei)

1510

1503

2749

Moyenne annuelle millions de lei)

302

376

550

Variation (en pourcentage)

100

124

182

2. Transformation (T)




Investissements (millions de lei)

415

824

2815

Moyenne annuelle (millions de lei)

83

207

563

Variation (en pourcentage)

100

250

677

La variation dans le rapport entre les investissements attribués à chacun des deux secteurs a été la suivante:

TABLEAU 4


1951-55

1956-59

1960-64

Rapport E: T

3,6: 1

1,8: 1

0,9: 1

Les chiffres de ces deux derniers tableaux montrent qu'au cours de la période couverte par les deux plans quinquennaux les investissements ont été plus importants dans le domaine de l'exploitation, car il fallait augmenter la capacité de production des forêts, tandis que pendant la période 1960-64 on a investi davantage dans le secteur de la transformation, afin d'en accroître la capacité de production et de perfectionner les méthodes et les procédés en vue de réaliser efficacement la valeur du bois.

TABLEAU 5. - GAMMES DE FABRICATION COMBINATS EN ACTIVITÉ

C'est ainsi que, de 1960 à 1964, les fonds investis dans le secteur de la transformation du bois pour le moderniser sont arrivés à représenter plus de 50 pour cent du total des investissements, tandis que, pendant la période 1950-55, ils n'en représentaient que 22 pour cent.

C'est sur la base des indices techniques et économiques mentionnés précédemment qu'ont été déterminées les gammes de fabrication des ensembles industriels établis en Roumanie, comme le montre le tableau 5.

La construction de ces grands ensembles industriels a fait augmenter considérablement la production de l'économie forestière.

On verra au tableau 6 ci-après comment se répartit cette augmentation (période 1960-64 comparée aux chiffres de 1959) dans les principaux secteurs de l'industrie du bois.

TABLEAU 6. - AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DES PRINCIPAUX SECTEURS DE L'INDUSTRIE DU BOIS ENTRE 1959 ET 1964 (1959 = 100)


1962

1964

Sciages (total)

119

127

Sciages de hêtre

148

185

Placages

272

275

Contre-plaqué de hêtre

244

368

Panneaux de particules

393

732

Panneaux de fibres

100

504

Portes et fenêtres

222

309

Mobilier

231

292

Parquets

192

202

Caisses d'emballage en bois de hêtre

225

229

Les principales remarques que suggère ce tableau sont exposées ci-après:

1. Utilisation particulièrement intensive du bois de hêtre, pendant la période considérée, pour la production de sciages, la fabrication de contre-plaqués, de panneaux de particules, de panneaux de fibres, de parquets et d'emballages;

2. Création et développement d'une industrie du panneau de particules et du panneau de fibres;

3. Taux d'accroissement particulièrement rapide de la production de meubles, portes et fenêtres.

Nombre de fabrications énumérées au tableau 6 étaient tout à fait nouvelles pour le pays: contre-plaqués d'extérieur (résistant à l'eau) pour le coffrage, les constructions navales, etc., panneaux de particules à trois couches en bois de hêtre et de résineux, panneaux de particules structurels, panneaux durs de hêtre, panneaux isolants et bitumés, panneaux cellulaires à âme de placage spiralé, bois lamellés et densifiés, panneaux de fibres faits en bois plastifié et émaillé, placages type Lamelin, portes et fenêtres finies, allumettes en boîtes de carton, etc.

L'application du principe de l'intégration horizontale ou verticale des industries du bois en grands combinats a eu un effet favorable sur tout l'ensemble de l'économie nationale.

Elle a permis en premier lieu de mieux utiliser les ressources en bois du pays. La disposition de la chaîne de transformation de la matière première dans ces grands ensembles permet d'utiliser les déchets de la conversion primaire comme matière première dans d'autres usines du combinat. On est arrivé ainsi à obtenir des indices d'utilisation du bois de 70 à 75 pour cent dans les combinats qui travaillent du bois de hêtre et de 80-85 pour cent dans ceux qui travaillent du bois de résineux. Dans les usines ne fabriquant qu'un seul article, la valeur de cet indice est de 67 pour cent dans les scieries de résineux, de 50 à 58 pour cent dans les scieries de chêne et de hêtre, et de 50 pour cent dans les usines de contre-plaqués.

Outre les déchets industriels, certains assortiments de qualité inférieure bois de petite dimension tirés de la forêt petits rondins d'élagage, bois fendus à brûler et broussaille - sont eux aussi utilisés plus complètement dans les fabriques de panneaux de particules et de panneaux de fibres. Cette évolution se traduit par l'augmentation du taux d'utilisation d'essences qui n'étaient pas complètement exploitées autrefois.

De la sorte, le pourcentage du volume total de bois utilisé par l'industrie a augmenté d'année en année et a dépassé 71 pour cent en 1965 alors qu'il n'était encore que de 49,1 pour cent en 1951.

TABLEAU 7. - VOLUME DE BOIS UTILISÉ POUR DES FABRICATIONS INDUSTRIELLES EN POURCENTAGE DU VOLUME TOTAL DE BOIS RÉCOLTÉ


1951

1959

1962

1965

Total

49,1

58,6

63,7

71,2

dont: bois de hêtre

27,2

44,7

54,1

63,7

On est arrivé aussi à augmenter continuellement les valeurs en modifiant la densité des principaux assortiments dont on tire des produits plus prisés. C'est ainsi que l'on a pu augmenter considérablement la production de bois de déroulage (environ 40 000 m³ en 1950, plus de 750 000 m³ en 1965).

On note une évolution analogue dans la structure par essences du volume de bois mis effectivement à profit, qui s'est alignée sur les ressources forestières disponibles.

La grande efficacité économique de la transformation du bois dans ces combinats est due aussi à l'amélioration des indices de valorisation de la matière première.

Ainsi, tandis que cet indice, exprimé par le bénéfice en lei réalisé sur le produit manufacturé avec un leu de matière première, ne dépasse pas 1,8 dans les scieries de hêtre et 2,5 dans les fabriques de contre-plaqués, travaillant comme unités isolées, il atteint de 3 à 6 lei dans les combinats.

La valeur des produits manufacturés dans ces ensembles industriels avec 1 mètre cube de bois varie entre 650 lei (108 dollars) et 1 030 lei (171 dollars). Pour fixer les idées, disons qu'en 1959, la valeur moyenne des produits fabriqués avec un mètre cube de bois (bois d'œuvre et bois de feu) dans l'ensemble du pays n'était que de 196 lei (32,5 dollars).

L'indice d'efficience de l'investissement lei investis par leu produit) variait entre 1,8 pour les panneaux de fibres et 0,65 dans les fabriques de meubles.

L'importance de l'intégration des usines en combinats apparaît encore mieux si l'on considère que les unités ont atteint dans la mesure ci-après les normes de production fixées pour 1964:


Pourcentage

Contre-plaqués

83

Placages

60

Portes et fenêtres

30

Meubles massifs

30

Mobilier en bois cintré

83

Panneaux de particules

100

Panneaux de fibres

100

Avec les nouveaux investissements effectués pendant la période 1960-64, le taux moyen d'accroissement de la production industrielle dans le secteur fabrication de l'industrie du bois a été de 15 pour cent.

Ce développement rapide des industries du bois a modifié aussi la structure de la valeur de la production générale réalisée entre 1959 et 1964 dans les deux secteurs: exploitation forestière et industrie du bois.

TABLEAU 8

 

1959

1964

Pourcentage

Exploitation forestière et extraction

39,1

25,0

Industrie du bois

60,9

75,0

TOTAL

100,0

100,0

Exprimé en pourcentage de la production générale totale de l'industrie en Roumanie, le volume de l'industrie du bois a passé de 4,9 pour cent en 1961 à 5,3 pour cent en 1964.

En outre, la productivité par ouvrier dans l'ensemble de l'industrie du bois était plus de 36 fois plus élevée en 1964 qu'en 1959.

Cette augmentation de productivité peut être ventilée comme suit entre les différents secteurs d'activité:

1. Scieries et usines d'emballage

15,7 pour cent

2. Usines fabriquant des produits mi-ouvrés et des produits finis de haute qualité

56,6 pour cent

Quant aux prix de revient, les entreprises appartenant au Ministère de l'économie forestière les ont réduits en moyenne de 18,7 pour cent entre 1959 et 1964, et il y a eu une augmentation extraordinaire de la rentabilité de l'économie forestière.

Le développement des industries forestières roumaines et l'élargissement de la gamme de leurs produits qui en est résulté sont en outre à l'origine de l'accroissement des exportations qui, en 1965, ont été environ 2,4 fois plus élevées qu'en 1959. La Roumanie occupe actuellement en Europe le premier rang parmi les pays exportateurs de sciages de feuillus, et une place importante parmi ceux qui exportent des contre-plaqués, des panneaux de particules, des panneaux de fibres, des meubles, des emballages et du parquet.

Cette augmentation des exportations, et par-dessus tout la proportion élevée des produits hautement industrialisés dans ces exportations, est le résultat naturel des succès obtenus dans les industries du bois.

Un des facteurs de ces succès a été l'augmentation constante du nombre des établissements pour la formation de personnel spécialisé et le développement parallèle de la recherche scientifique et de la planification.

La création de ces grands ensembles industriels en relativement peu de temps a eu pour effet de redistribuer la production dans le territoire national suivant les principes d'une répartition rationnelle de la main-d'œuvre, dans des conditions où les entreprises sont dotées des techniques les plus avancées.

Ainsi, l'économie forestière a-t-elle apporté sa contribution importante et essentielle à la marche du pays sur la voie du progrès.


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