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2. SITUATION DES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES


2.1. Domaines écologiques
2.2. Diverses utilisations des ressources génétiques forestières
2.3. Menaces sur les ressources génétiques forestières

2.1. Domaines écologiques

FAO (1999) évalue la couverture forestière totale du Bénin en 1995 à 4 625 000 ha soit 41,8% de la superficie totale du pays, le pays venant ainsi en deuxième position après le Liberia dans le classement des pays de l’Afrique de l’Ouest humide. Pour la même année (1995), les forêts naturelles occupent une superficie de 4 611 000 ha.

Selon Adjanohoun et al. (1989), on peut distinguer 5 grands types de végétation dans le pays (Fig. 3): (1) une zone littorale, (2) une zone à affinité guinéo-congolaise, (3) une zone de transition guinéo-soudanienne, (4) une zone soudanienne et enfin (5) la région de Pénéssoulou-Bassila. Ces grands types de végétation correspondent globalement aux différentes zones climatiques du pays. Cependant, la 5ème zone occupe une surface assez restreinte. Elle constitue l’extrémité Nord-Est d’une longue ramification du faciès sec du massif forestier occidental de la région guinéo-congolaise, en conditions limites. Les caractéristiques des 4 autres zones se présentent comme suit:

La végétation du littoral et de la zone à affinité guinéo-congolaise (zone climatique du littoral et sublittorale)

Cette zone s’étend depuis la côte jusqu’au 7è parallèle Nord. Les particularités d’ordre édaphique permettent de séparer la végétation cette zone en trois grands groupes d’écosystèmes: les écosystèmes du cordon littoral, les écosystèmes des plateaux sur sols ferralitiques ou terre de barre et les écosystèmes des dépressions argileuses.

- La végétation du cordon littoral récent (plage) est constituée d’une pelouse caractérisée par les espèces comme Ipomoea brasiliensis, Remirea maritima et Chrysobalanus icaco. Au niveau du cordon littoral ancien, on observe une forêt claire à Lophira lanceolata localisée sur des cordons sableux jaunes et une forêt dense dominée par Dialium guineense qui subsiste sous forme de vestiges à Ekpè et Ahozon. Manilkara obovata, une sapotacée caractéristique de la flore du cordon littoral ancien est en voie de disparition car il ne subsiste qu’un vestige de quelques pieds dans le village Ekpè. On note dans la zone du cordon littoral la présence d’un important réseau de zones humides dont la végétation regroupe:

- La formation végétale originelle des plateaux de terre de barre est la forêt dense semi-décidue à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon dont on retrouve encore des vestiges sous forme de lambeaux à Pobè, Niaouli (forêt appartenant aux stations de recherche agronomique) et des forêts sacrées (Atogon, Ouèdemè Pédah, Adjahonmey, Avegamey, Adakpamè, etc.).

- Dans la dépression de la Lama séparant les plateaux de Sakété-Pobè, de Allada et Comè des plateaux d’Adaplamè, d’Abomey et de Kétou, on observe une forêt dense semi-décidue sèche à Afzelia africana et Anogeissus leiocarpus sur vertisol.

Les écosystèmes de la zone de transition (climat guineo-soudanien, domaine de la savane guinéenne) situés entre 7° et 9° latitude Nord

La zone de transition est constituée des savanes arborées et arbustives, composée de Vitellaria paradoxa, Parkia biglobosa, des forêts claires à Isoberlinia doka et I. tomentosa et des savanes arbustives à Combretum spp. On note aussi la présence des espèces telles que Monotes kerstingii, Terminalia spp, Daniellia oliveri, et Lophira lanceolata disséminées dans la savane. Sur sols gravillonnaires on note la présence de Burkea africana et Detarium microcarpum dans les savanes arborées.

Dans les savanes sur sols hydromorphes on observe la dominance de Mitragyna inermis et de Acacia polyacantha. Lorsque l’hydromorphie est temporaire, ce sont les espèces telles que Terminalia macroptera et Pseudrocedrela kotschyii qui dominent le peuplement arborescent. Dans les îlots forestiers denses semi-décidus, on note la présence des essences telles que Terminalia superba, Triplochiton scleroxylon, Milicia excelsa, Antiaris toxicaria.

Dans les galeries forestières on note la présence des espèces telles que Nothospondias staudtii, Parinari spp., Pterocarpus santalinoides, Cola gigantea, Berlinia grandiflora. Au sommet des élévations granitiques existe un groupement typique à Afrotrilepis pilosa.

Fig. 1: Carte des isohyètes du Bénin (Tiré de Adjanohoun et al. 1989)

Les écosystèmes de la zone soudanienne (Climat soudanien) entre 9° et 12° N

C’est le domaine de la savane soudanienne. Elle est divisée en deux parties. La première partie est comprise entre les lignes Parakou-Bétérou-Pénessoulou et Kalalé-Djougou. La deuxième partie est comprise entre la ligne Kalalé - Djougou et le fleuve Niger.

- La végétation de la première bande est analogue à celle de la zone de transition. On distingue:

- Dans la deuxième bande de la zone de savane soudanienne, on note la diminution de la hauteur des espèces ligneuses. Aussi la composition floristique des différentes formations connaît-elle un changement. On y distingue:

On estime à près de 2500 voire 3000 le nombre d’espèces de plantes au Bénin dont la plupart sont à large distribution phytogéographique. Une seule espèce de plante est déterminée jusque là comme endémique: Cissus kouandenensis (Vitacée). Mais la flore est encore insuffisamment connue au stade actuel.

Fig. 2: Distribution des différents types de sols du Bénin (Tiré de INRAB, 1995)

Fig. 3: Grands types de végétation du Bénin (Tiré de Adjanohoun et al. 1989)

2.2. Diverses utilisations des ressources génétiques forestières

La forêt fournit à la population une large gamme de produits utilisés aussi bien pour l’alimentation humaine que pour l’alimentation du bétail, la médecine traditionnelle, l’agroforesterie, les bois d’œuvre et de feu, etc. Le tableau 1 fait une synthèse des principales utilisations des espèces forestières et leur importance.

Utilisations alimentaires

De nombreuses espèces ligneuses forestières produisent des fruits comestibles (Houngnon 1981, Sokpon 1996). Certaines de ces espèces font l’objet de commerce florissant dans le pays en l’occurrence: Borassus aethiopum, Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa, Tamarindus indica, Blighia sapida et Pentadesma butyracea dans la zone soudanienne, et Vitex doniana, Dialium guineense, Chrysophyllum albidum et Irvingia gabonensis dans la zone humide (Sud du pays). Les espèces fortement consommées par les populations dans la zone soudanienne, ne sont que peu ou pas commercialisées: Diospyros mespiliformis, Strychnos spinosa, Gardenia erubescens, Ximenia americana, Raphia sudanica, Landolphia owariense, Annona senegalensis, Detarium microcarpum et Lannea microcarpa.

Utilisations médicinales

Beaucoup de plantes sont utilisées par les populations locales pour lutter contre les maladies. Différents organes des plantes sont utilisés à cet effet à savoir: les feuilles, les fruits, les fleurs, les écorces et racines. La Mission Adjanohoun et al. (1989) a recensé près de 501 espèces utilisées en médecines traditionnelles. Sinsin et Owolabi (2000) ont répertorié 814 espèces appartenant à 130 familles botaniques possédant des vertus médicinales. Certaines espèces ligneuses comme Khaya senegalensis, Milicia excelsa entrent dans le traitement de plusieurs dizaines de maladies (Sokpon et Ouinsavi 2001; Azonkponon 2001)

Utilisations comme fourrage

Le pâturage constitue un problème très sérieux pendant la saison sèche où, le fourrage ligneux constitue la principale source d’aliment pour le bétail. Les principales espèces ligneuses fourragères utilisées sont: Khaya senegalensis, Afzelia africana et Pterocarpus erinaceus. On peut y ajouter les espèces comme Terminalia avicennioïdes, Securidaca longepedunculata, Stereospermum kunthianum, Prosopis africana.

Utilisations comme bois de feu

A l’exception des espèces tabous qui varient en fonction des différentes ethnies, toutes les espèces d’arbres servent de bois de chauffage et de charbon de bois. Dans les zones rurales et dans les villages où cela est encore possible, les femmes font en saison sèche beaucoup de réserves de bois de feu sous forme de gros tas à côté des cases. Dans le Centre et le Nord du pays, les espèces recensées le plus souvent au niveau de ces tas sont: Isoberlinia doka, Isoberlinia tomentosa, Terminalia avicennioïdes, Vitellaria paradoxa, Crossopteryx febrifuga, Detarium microcarpum, Burkea africana, Pteleopsis suberosa, Anogeissus leiocarpus. Dans le Sud du pays, les espèces utilisées sont préférentiellement: Prosopis africana, Lophira lanceolata, Zanthoxylum zanthoxyloides. Cependant, la crise du bois-energie qui a lieu dans cette partie du pays a conduit la population à utiliser toute sorte de combustible même les branchages de palmier à huile. Les travaux de Sokpon et al.(2001) montrent que 46 espèces sont utilisées comme bois de feu dans la vallée de l’Ouémé et 72 espèces au niveau du complexe Ouest des zones humides. La consommation journalière de bois de feu est de 0,9 kg par personne au niveau du cordon littoral, 1,3 kg par personne dans les villages de terre fermes du complexe Ouest et 1,7 kg par personne dans la vallée de l’Ouémé. La quantité de bois de feu utilisée est fortement corrélée avec le nombre de bouche à nourrir (Agbo et al. 1993).

Utilisations comme bois d’œuvre

Les différentes essences utilisées comme bois d’œuvre sont: Khaya senegalensis, Afzelia africana, Milicia excelsa, Mansonia altissima, Pterocarpus erinaceus, Isoberlinia doka, Antiaris toxicaria, Terminalia superba, Triplochiton scleroxylon, Ceiba pentandra, Pseudocedrela kotschyii.

Utilisation comme bois de service

Rentrent dans cette catégorie tous les bois qui sont utilisés dans la confection de la charpente des maisons et des greniers. Pratiquement, toutes les essences retrouvées dans les différentes formations peuvent être utilisées à cette fin. Seulement les populations locales préfèrent certaines espèces en fonction des régions. Dans la vallée de l’Ouémé, Manilkara multinervis est très utilisé comme pieux dans la construction des maisons sur pilotis. Les espèces comme Bambusa vulgaris, Raphia hookeri et Raphia sudanica sont partout utilisées comme traverses des charpentes des maisons. Dans le département de l’Atacora et surtout dans la sous-préfecture de Tanguiéta, les essences telles que Pteleopsis suberosa, Anogeissus leiocarpus et Securidaca longepedunculata sont souvent utilisées dans la confection de la charpente des «tata». Selon Agbo et al.(1993), il faut en moyenne 1 pieu et 69 traverses pour construire une hutte.

Dans la vallée de l’Ouémé, 88 traverses sont utilisées pour les cases de dimension 4 m x 4 m. Pour construire une maison sur pilotis d’une dimension de 4 m x 4 m, il faut en moyenne 21 pieux fourchus, 266 pieux et piquets et 110 traverses (Sokpon et al. 2001).

Tableau 1: Synthèse des principales utilisations des RGF et leur importance.

Espèces forestières

Nombre totale d’espèces

Listes des principales espèces utilisées

Espèces médicinales

814

Khaya senegalensis, Combretum micranthum, Morinda lucida, Anogeissus leiocarpus, Tetrapleura tetraptera

Espèces alimentaires

128

Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa, Vitex doniana, Dialium guineense, Adansonia digitata, Blighia sapida, Irvingia gabonensis

Espèces fourragères

4

Afzelia africana, Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus

Espèces de bois d’œuvre

11

Khaya senegalensis, Afzelia africana, Milicia excelsa, Mansonia altissima, Pterocarpus erinaceus, Isoberlinia doka, Antiaris toxicaria, Terminalia superba, Triplochyton scleroxylon, Ceiba pentandra, Pseudocedrela kotschyi

2.3. Menaces sur les ressources génétiques forestières

Les menaces qui pèsent sur les ressources génétiques forestières peuvent se résumer en la destruction de l’habitat des espèces à la faveur des activités incontrôlées et consommatrice de l’espace forestier comme l’agriculture, l’élevage, l’exploitation forestière anarchique, et l’exploitation des Produits Forestiers Non Ligneux. La couverture forestière du Bénin est passée de 4 923 000 ha en 1990 à 4 625 000 ha en 1995 soit une perte totale de 298 000 ha de forêts en 5 ans (FAO 1999). Le Bénin perd 60 000 ha de forêts par an soit un taux annuel de déforestation évalué à 1,2%. Ce taux, voisin de la moyenne de la sous région Ouest Africaine humide (1%) a légèrement diminué par rapport à la période 1981-1990 au cours de laquelle la perte de superficie forestière du pays s’évaluait à 69 700 ha/an soit un taux de 1,3% (FAO 1995).

Influence de l’agriculture dans la dégradation des ressources génétiques forestières

L’agriculture pratiquée est encore extensive comme dans la plupart des pays africains. Elle est caractérisée par un raccourcissement de la durée de la jachère qui s’annule dans certaines régions du pays en l’occurrence le Sud.

Les cultures du coton et de l’igname fortement consommatrice de l’espace forestier sont actuellement considérées comme menaçantes pour les ressources génétiques forestières. La culture du coton se pratique sur de vastes superficies avec forte utilisation de pesticides. L’igname du fait de son exigence en tuteur et en sols meubles, riches en matière organique, expose les galeries forestières et les forêts claires à la destruction. On observe çà et là des «cimetières d’arbres morts» sur des terrains défrichés pour la culture de l’igname. Les superficies déboisées dans le seul cadre de la culture du coton sont passées de 12 000 ha en 1966-1967 à 358 860 ha en 1996-1997, soit une augmentation de 11 526 ha/an. La superficie totale cultivée au cours de la campagne agricole 1992-1993 s’évalue à 907 800 ha soit environ 8% de la superficie totale du pays. Environ 3% du territoire sont mis en culture chaque année (Agbahunbga & Depommier 1989).

Dans le sud du pays, de la côte jusqu’à 7°10 N, avec une densité de population très élevée (atteignant par endroits 500 habitants/km²), les nécessités alimentaires ont conduit au défrichement et à la mise en culture des terres disponibles. La végétation est essentiellement anthropique en dehors de quelques îlots de forêts (forêt classée de la Lama, forêts denses semi-décidues de la station de Pobè, de Niaouli et les forêts sacrées) dont les superficies de végétation naturelle ont été considérablement réduites. C’est dans cette zone du pays que l’impact négatif de l’agriculture sur les RGF est très fort. Dans le Nord du pays, on note des enclaves de fort défrichement dans la région ouest de l’Atacora (Djougou-Natitingou-Materi) et les régions de Banikoara-Gogounou-Kérou (entre 10°30 et 11°30 N) et de Kalalé-Pèrèrè (entre 9°30 et 10°30 N) (Fig. 4). Les aires protégées dans cette région sont pour la plupart sous la pression des défrichements pour l’agriculture.

Il n’existe pas d’espèce particulièrement menacée par l’agriculture mais cette activité procède à une réduction considérable de la diversité au niveau des écosystèmes naturels. En effet, dans les formations naturelles du Nord-Bénin, les richesses spécifiques sont de l’ordre de 77 à 90 espèces dans les forêts et de 49 à 64 espèces/1000 m2 dans les savanes (Yayi 1998; Biaou 1999; Amakpé 1999; Yorou 2000). Cette richesse spécifique n’est que de 0 à 2 espèces/1000 m² dans les parcs arborés issus des défrichements agricoles dans le Nord Ouest du pays (Gaoue com. pers.). Les espèces épargnées sont principalement: Vitellaria paradoxa, Parkia biglobosa, Lannea microcarpa, Ficus gnaphalocarpa, Terminalia avicennioides Adansonia digitata, Tamarindus indica, etc. La densité de ces parcs est de 19 individus/ha dans le Nord-ouest de l’Atacora (Gaoue 2000) et de 50 à 100 individus/ha dans le Sud du Borgou (Agbahungba & Depommier 1989).

Influence de l’élevage dans la dégradation des ressources génétiques forestières

L’élevage est pratiqué surtout par les peuls dans le Nord du Bénin (entre 8°30’ et 12°30’N), où l’on trouve près de 85% du cheptel bovin. L’élevage bovin est celui là qui a un impact écologiquement notable dans le pays. Le cheptel est estimé en 1996 à 1 300 000 têtes, avec un taux d’évolution annuel de +3,5% (Onibon 1999). Les effectifs des troupeaux transhumants transfrontaliers sont beaucoup plus élevés et on ne peut en donner une valeur exacte. Cependant, c’est ce cheptel transhumant qui aggrave le déséquilibre entre le taux de charge et la capacité de charge des pâturages. Cette dernière s’évalue à 5 ha par Unité Bovin Tropical (UBT) dans la zone soudanienne du pays. C’est cette zone qui est la plus dégradée par l’élevage extensif pratiqué. Plus précisément, au-delà des 10° Nord, la xéricité du milieu se conjugue avec la forte pression des troupeaux transhumants pour consacrer l’émondage exagéré de quelques espèces de ligneux fourragers tels que Afzelia africana, Khaya senegalensis et de Pterocarpus erinaceus. Pour les deux premières espèces qui sont des plus menacées à l’échelle du pays, les menaces semblent s’accentuer en allant vers les latitudes élevées (Fig. 5 & 6). La densité moyenne de ces espèces est très faible dans les terroirs villageois, cependant dans les réserves forestières de la zone soudano-guinéenne, elle est estimée à près de 22 arbres/ha, toutes espèces confondues (Gaoue & Sogbohossou 2001). Leur régénération est très faible. D’après Sinsin et al. (2000), pour l’ensemble du territoire et selon les critères de l’UICN, le Khaya senegalensis est une espèce gravement menacée d’extinction alors que l’Afzelia africana est menacée d’extinction.

Influence de l’exploitation forestière sur la dégradation des ressources génétiques forestières

Le pays n’est pas producteur de bois d’œuvre à grande échelle. L’intensité moyenne d’exploitation est l’une des plus faible en Afrique et est de 4 m3/ha (FAO 1995). Cependant, il s’est développé dans le pays une exploitation forestière sélective qui a conduit à une raréfaction de certaines espèces. L’exploitation sélective et incontrôlée de ces espèces constitue les causes majeures de leur menace. Ces espèces fortement recherchées et menacées sont: Milicia excelsa, Afzelia africana, Khaya senegalensis et Pterocarpus erinaceus. Faut-il le rappeler, les trois dernières espèces sont aussi fortement menacées par l’élevage. Cet état de chose fait de ces espèces, des priorités en matière de conservation des ressources génétiques forestières dans le pays. Toute fois, il existe des espèces dont l’exploitation constitue aussi une menace de survie à court moyen terme. Il s’agit de: Ceiba pentandra, Isoberlinia doka, Mansonia altissima, Antiaris toxicaria, Triplochiton scleroxylon, Terminalia superba, Pseudocedrela kotschyii et Daniellia oliveri.

Influence de l’exploitation des PFNLs sur la dégradation des ressources génétiques forestières

La recherche effrénée de bois de service et de feu et de fabrication de charbon est préjudiciable à la survie des populations de certaines espèces et des espèces elles-mêmes. C’est le cas des Manilkara obovota, Rhizophora racemosa et des Avicennia africana pour le chauffage du sel dans la vallée du Mono. La production de bois-énergie est estimée 5753000 m3 en 1996 (FAO 1999). Cette production est intégralement consommée au niveau national et des cas de pénurie sont enregistrées principalement dans le Sud du pays, où la végétation est complètement anthropisée et la jachère presque disparue. Par ailleurs, l’utilisation des branchages de Dialium guineense par la technique traditionnelle de pisciculture aux «Acadja» est une menace pour l’espèce notamment sur les plateaux du Sud Bénin.

Fig. 4: Influence humaine sur la végétation du Bénin (Tiré de Adjanohoun et al., 1989) - 1: zones très cultivées, pratiquement sans végétation naturelle, sauf en station-refuges.

Certaines pratiques culturelles constituent aussi de graves menaces à la survie de ressources génétiques forestières D’importantes menaces pèsent sur Triplochiton scleroxylon qui subit la mutilation de la part des populations locales du Sud du pays à cause du culte «Oro». Ce culte a lieu tous les ans.

Autres sources de menaces des ressources génétiques forestières

Les feux de brousse incontrôlés allumés chaque année par les populations pendant la saison sèche, détruisent de vastes étendues de forêts classées (Lama, Trois rivières, Ouénou-Bénou, Alibori Supérieur, Ouémé Supérieur, Toui-Kilibo, etc.). Les espèces menacées sont surtout les espèces d’arbre de ces écosystèmes.

Tableau 2: Liste des espèces ou populations d’espèces végétales menacées

Zones écologiques

Espèces menacées

Zone soudanienne

Khaya senegalensis, Afzelia africana, Milicia excelsa, Pterocarpus erinaceus

Zone guinéo soudanienne

Milicia excelsa, Triplochiton scleroxylon, Mansonia altisima, Ceiba pentandra

Zone sublittorale


Zone de dépression de la Lama


Zone littorale



Fig. 5: Carte des menaces du Khaya senegalensis (Tiré de Sinsin et al. 2000)

Fig. 6: Carte des menaces de Afzelia africana (Tiré de Sinsin et al. 2000)


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