Les méthodes d'alimentation pratiquées par les pisciculteurs dépendent de plusieurs facteurs dont les principaux sont énumerés ci-dessous =
la disponibilité et le coût des aliments locaux qui dépendent des différentes activités agricoles locales
la facilité et le coût du transport d'aliments entre los régions où sont disponibles des sous produits agricoles et celles qui en sont dépourvues.
les ressources financières du pisciculteur qui doit prévoir l'achat d'un stock d'aliments s'il veut intensifier sa production et renouveler ce stock aprés chaque vidange.
l'intensité du vol de poissons qui incite certains pisciculteurs à ne pas trop investir dans des aliments pour poissons afin de ne pas perdre trop d'argent et d'énergie. Le vol de poissons est fréquent aux alentours des grandes villes du pays et freine l'intensification des productions là où elle serait facile à realiser.
la distance ontre l'habitation du pisciculteur et ses bassins (facilités de surveillance contre le vol, trajet plus ou noins long à parcourir pour nourrir les poissons).
le prix de vente du kg de poisson qui varie entre 500 et 2.000 F.CFA suivant les régions.
la rentabilité du temps de travail des autres activités du pisciculteur. Ainsi en zone Nord où le gibier abonde, il est plus intéressant de chasser que de pratiquer d'autres activités. En zone diamantifère, il est rare mais possible de gagner beaucoup d'argent en très peu de temps.
l'expérience du pisciculteur et la qualité de l'encadrement, ses pratiques agricoles, ses disponibilités monetaires, son temps de loisir etc…
Tous cos facteurs interagissent et déterminent pour chaque pisciculteurs le mode d'alimentation au'il utilise pour ses poissons.
Faute d'un réseau de distribution d'aliments appropriés dans le pays, la pratique d'une alimentation intensive n'est possible que dans les grandes villes principalement à Bangui, par où transitent de nombreux sous produits agricoles (tourteaux - céréales - sang - C.M.V. importés etc…).
Les pisciculteurs achètent genéralement des tourteaux à 65F/kg et du son de riz à 40F/kg. Ils nourrissent les poissons à ± 5% de leur biomasse estiméesur base des pêches de contrôle pratiquées par le Centre Piscicole National ou bien suivant le calendrier de distribution qui leur est proposé (of annexe 1). Le coût de ce type d'alimentation à l'are est de l'ordre de 6.000 F.CFA chaque 6 mois. L'aliment broyé est distribué 2 fois par jour, dans un cadre de bambou flottant. Une fertilisation par compost complète la ration alimentaire. Suivant la qualité et l'entretien du compost les résultats de vidange sont compris entre 40 et 120 kg/are/an en monoculture de Tilapia nilotica. Ce poisson étant vendu à Bangui près de 800F.CFA/kg la recette semestrielle varie entre 16.000 F.CFA et 48.000 F.CFA.
Les frais d'entretien du bassin et du compost sont minimes si on considère que le temps passé à ces activités est du temps libre et que les déchets entreposés dans la compostière sont gratuits.
Pour pratiquer ce mode d'alimentation, le pisciculteur doit posséder un ou plusieurs bassins permanents et vidangeables proches de son lieu d'habitation, un moyen de déplacement (transport d'aliments) et des fonds peur acheter l'aliment.
Actuellement une centaine de pisciculteurs à Bangui pratiquent une méthode d'alimentation intensive, encadrés par le Centre Piscicole National. Ils bénéficient parfois d'un crédit pour l'aliment remboursable sur los produits récoltés à la vidange.
Parmi les meilleurs pisciculteurs de Bangui, 17 ont été choisis pour expérimenter les techniques de production du Clarias lazera en milieu peri-urbain en monoculture et en polyculture. On trouvera le détail de ces essais dans le rapport annuel 1984 du projet CAF/007/NET et au tableau 5 un résumé de ces essais.
Tableau 5 : Résultats des 1° essais de production de Clarias lazera en milieu peri-urbain.
Monoculture | Polyculture | |
Densité initiale | 10 cl.lazera/m2 | 2–3al.Clarias lazera/L 2–3al.T. nilotica/m2 |
Coût empoissonnement | 8.000 frs/are | ± 4.000Frs/are |
Alimentation | granulés 140frs/kg | tourteaux coton ou arachide 60frs/kf |
Fertilisation | Compostière bien remplie | |
Durée d'élevage | 5–5 mois | 6 mois |
Rendements | 80–12kg/are/vidange | 40–60kg/are/vidange |
Recettes/are/vidange | 20.000 à 50.000F.CFA | 15.000 à 30.000 F.CFA |
Déponses/are/vidange | ± 40.000 F.CFA | ± 10.000 F.CFA |
A la lecture de ce tableau on s'aperçoit que la rentabilité de la monoculture de Clarias est parfois douteuse.
Cela s'explique comme le signale dans son rapport Mr. Janssen (le responsable de l'écloserie) par le coût élevé de l'aliment complet granulé (140frs/kg) qui lorsqu'il est gaspillé suite a une surestimation du % de survie des alevins, entraine une perte pour l'éleveur. Cette technique est done à proserire en milieu rural et peri urbain, parce que trop risquée, tant que le % d'aliment ne peut être ajusté au poids réel de poisson dans le bassin.
Les résultats obtenus en polyculture Tilapia - Clarias sont par contre très intéressants et les essais entrepris méritent d'être poursuivis. De seul inconvenient majeur lié à la vulgarisation de cette technique est la Giminution du nombre d'alevins de Tilapia nilotica produits par les pisciculteurs qui en résulte.
Il est conseillé de pratiquer cette méthode d'élevage dans le cas où un excès d'alevins est régulièrement obtenu dans un secteur.
La production réelle obtenue par les 17 clarriculteurs exploitant 72 ares de bassin figure au tableau 6.
Tableau 6 : Production en kg par type d'élevage de clarias et tilapia en milieu rural pondant l'année 1984 (H. Janssen, 1984).
Clarias lazera | Tilapia nilotica | |
Monoculture | 3094 | |
Polyculture int. | 935 | 420 |
Polyculture semi-int. | 1597 | 802 |
5626 kg | 1222 kg |
Compte tenu de ce qui précède, l'orientation en milieu rural des essais prévus en 1985 sera axée sur le développement et l'amélioration des techniques de polyculture.
La majorité des pisciculteurs du pays pratiquent ce mode d'alimentation qui consiste à fertiliser le bassin avec une compostière bien remplie et entretenue et à complèter occasionnellement l'alimentation des poissons par du son de riz, des tourteaux broyés, du sang sèché et d'autres déchets agro-alimentaires lorsqu'ils sont disponibles.
Cette technique, la plus vulgarisée par les animateurs, concerne 56% des bassins privés. Elle permet l'obtention de rendements compris entre 30kg/are/an et 50kg/are/an suivant la qualité et l'entretien régulier du compost. En zone cotonnière, les graines de coton delintées sont à la base de très bons composts qui permettent d'obtenir jusqu'à 80kg/are/au en miliou rural. Si toutes les graines de coton delintées étaient redistribuées aux pisciculteurs la production piscicole potentielle en République Centrafricaine serait de l'ordre de 2.000 Tonnes. Malheureusement ces graines ne sont pas redistribuées par la société cotonnière et seule la région de Bambari en profite grace aux distributions réalisées par la station piscicole. Malgré les nombreuses demandes d'assistance aux pisciculteurs, la majorité des graines sont brulées aux alentours des usines pour gagner du temps et les camions retournent à vide en miliou rural pour acheter d'autres graines à traiter.
Quoiqu'il en soit cette méthode simple est à la portée de tous les piscicultours de Centrafrique et peut donner d'oxcelleuts résultats si elle est bien appliquée (compost bien chargé, renouvellé régulièrement).
Dans certaines zones toutofois les déchets agricoles étant rares ou difficilement valorisable, les rendements restent faibles et à épendent surtout du complement alimentaire fourni par le pisciculteur. Ainsi pratiquement toute la zone Ouest du pays où les rendements sont les plus faibles, la technique du compostage en étang est insuffisante, faute d'ingrédients disponibles en quantité et qualité.
Il est indispensable de développer davantage en zone Ouest le petit réseau de distribution de tourteaux créé à l'initiative des responsables piscicoles aux alentours de la station de Bouar.
Ce type d'exploitation piscicole existe surtout dans la zone de Carnot-Berberati oú les piscicultours préfèrent passer très peu de temps à s'occuper de leurs étangs pour chercher des diamants ou faire du commerce. Ils ne font souvent qu'une vidange par an. La rentabilité de cette activité par rapport au temps de travail qu'elle impose est relativement importante nais les rendements sont de l'ordre de 5 à 15 kg/are/an. Il suffit d'empoissonner le bassin et d'entretenir sporadiquement un compost à base de déchets végétaux, ou môme à laisser le bassin tel quel en comptant seulement sur la productivité naturelle. A l'occasion, les femmes des pisciculteurs jettoront quelques feuilles de manioc dans le bassin mais très rare ent des aliments ou des déchets agro-alimentaires. Ce type d'exploitation est également pratioué dans toutes les zones où les bassins sont éloigmés du pisciculteur et où la pression de vol est relativement forte. Le pisciculteur ne veut pas risquer de perdre l'argent qu'il aura mis dans le bassin sous forme d'aliments et se contente des quelques poissons récoltés à la vidange quand ils ne sont pas volés.