4. PROGRAMME DE VULGARISATION DE LA PISCICULTURE

4.1 RECENSEMENT ET PRODUCTION DES ETANGS

Les données relatives au recensement des étangs, à la distribution d'alevins et à la production des étangs en 1979 et pendant les années précédentes, sont présentées aux tableaux 5,6 et 7. On notera qu'en 1979 l'effectif total des pisciculteurs a augmenté de 27 pour cent, le nombre total d'étangs de 25 pour cent et la superficie totale des étangs de 30 pour cent. A la fin de l'année, 92 pour cent des étangs existants étaient empoissonnés et en production.

Au cours de la distribution d'alevins, 565 étangs ont été empoissonnés avec un total de 635,4 kg d'alevins de T. nilotica. Pendant l'année, les ventes d'alevins par les stations de pisciculture ont permis de répondre à la totalité de la demande.

Les 408 vidanges enregistrées ont produit 3 136 kg de poisson, avec un rendement moyen de 10 kg/are/an. On ne dispose pas de données comparatives pour la production totale des années précédentes, mais la production moyenne a diminué de 30 pour cent depuis le dernier recensement effectué en 1977. Pendant ce temps, la proportion des vidanges attribuable au Groupe I est passée de 64 à 73 pour cent, tandis que la production moyenne de chaque groupe est restée relativement stable (voir tableau 8).

Ainsi donc, tandis que le programme de vulgarisation de la pisciculture dans la région de Bouar-Baoro-Baboua continue à se développer rapidement, la qualité de la pisciculture pratiquée, telle que mesurée par la production des étangs, continue à baisser. Cela pourrait tenir à ce que le personnel de vulgarisation de la pisciculture, les moniteurs et les agents, tout en encourageant la population à construire des étangs, n'arrivent pas à communiquer les méthodes convenables de pisciculture moderne. Le nombre de démonstrations et de tournées effectuées par les agents en 1979 peuvent donner une idée de cet état de choses. Parmi les agents qui ont rendu compte de telles activités (83 pour cent), chacun a fait en moyenne 17 tournées de vulgarisation mais seulement 4 démonstrations par mois à une moyenne de 4 personnes. Ainsi donc, si les agents se déplacent effectivement dans leurs secteurs respectifs, ils ne passent pas assez de temps á expliquer, par le moyen de démonstrations, les méthodes convenables de pisciculture qui permettraient d'accroître la production des étangs privés.

4.2 MONITEURS DE PISCICULTURE ET AGENTS DE VULGARISATION

A la fin de 1979, il y avait au total 4 moniteurs et 21 agents de vulgarisation. Deux moniteurs en poste à Bouar avaient la charge de 14 agents, le moniteur se trouvant à Baoro celle de 3 agents et le moniteur se trouvant à Baboua celle de 4 agents. Deux seulement des moniteurs disposaient de mobylettes, ce qui a limité les contacts avec les agents. Les moniteurs étaient chargés de superviser le travail des agents et de recueillir leurs rapports mensuels.

Sur les 21 agents, 7 ont été formés en 1979, tandis que les 14 autres ont participé à un stage de recyclage d'une semaine. Dix-sept des agents disposaient d'une bicyclette, et tous avaient accès aux outils à prêter aux pisciculteurs. Les agents ont été priés de tenir une “fiche de bassin” pour les étangs de chaque village, afin de disposer en permanence d'une estimation des récoltes à venir et d'un état des résultats passés. Chacun a également préparé un “rapport de vulgarisation” mensuel en six parties, pour tenir le projet informé de ses progrès; les formulaires correspondants sont reproduits à l'annexe 1.

Les deux principaux problèmes à résoudre sont les suivants: (i) maintenir régulièrement et efficacement le contact le long de la filière: pisciculteur ↔ agent de vulgarisation ↔ moniteur ↔ station de pisciculture; et (ii) assurer la mise en pratique et la diffusion de techniques convenables de pisciculture par le personnel de vulgarisation. Le premier de ces problèmes peut être réduit au minimum en fournissant à tous les moniteurs et agents des moyens de transport suffisants. Il importe de noter que beaucoup d'agents habitent à 40 km de distance ou plus des moniteurs et qu'un véhicule motorisé leur est nécessaire pour rester régulièrement en contact avec eux. La solution de ce premier problème facilitera celle du second, en permettant au personnel du projet de superviser de plus prés les activités de vulgarisation et de suivre en permanence avec les vulgarisateurs les techniques d'élevage employées.

4.3 TECHNIQUES DE VULGARISATION

On a insisté cette année et il faudra continuer d'insister sur:

1. le choix judicieux de l'emplacement et la bonne construction des étangs pour éviter le dessèchement, la submersion et les pertes d'eau;;

2. une alimentation régulière (quotidienne) et suffisante des poissons, renforcée par des composts;

3. la prévention des pertes de poisson dues au braconnage et aux déprédateurs animaux.

On a estimé que tant que ces techniques n'auront pas été convenablement inculquées aux pisciculteurs, il n'y aura guère d'espoir d'accroitre la production du secteur rural.

Pendant les cours de formation et de recyclage, on a insisté sur l'utilisation de la brochure “Simon élève des poissons” pour les démonstrations. Toutefois, d'après ce qu'on a pu observer sur le terrain, il est évident que le personnel de vulgarisation ne s'en sert pas.

4.4 TRANSPORT DES ALEVINS

Un effort important a été fait pour mettre en oeuvre des méthodes convenables de transport des poissons vivants. Dans tous les transports d'alevins de T. nilotica qui ont été effectués, le poisson a été tenu soit dans une boîte en bois, soit dans un tonneau de 200 litres muni d'un brasseur. De la sorte, le taux de mortalité a pu être pratiquement réduit à zéro et nous avons pu accroître considérablement notre rayon d'action et notre capacité de transport, et atteindre facilement toutes les limites extrêmes de notre zone.

4.5 TRANSPORT

Pour le programme de vulgarisation, nous disposions d'une Land Rover qui a consommé 429 litres d'essence par mois en 1979. Elle a surtout servi à transporter des alevins destinés aux pisciculteurs privés ainsi qu'à faire des tournées dans les régions des moniteurs. Les deux mobylettes utilisées par les moniteurs ont consommé 20 litres d'essence par mois. Ainsi donc, il a fallu pour le programme de vulgarisation 460 litres d'essence par mois en 1979, soit un total de 5 520 litres pour l'année, qui ont été fournis par le projet.

4.6 CONSTRUCTION DE BARRAGES

Un programme de construction de petits barrages dans la région de Bouar a été entrepris en 1979. Ils s'agit d'amener de l'eau sur des terres qui seraient autrement inutilisables pour la pisciculture. Un consultant FAO a choisi 9 emplacements possibles et le premier barrage a été achevé 4 mois plus tard à Poubourta. La construction d'un deuxième barrage est en cours à Baoro. Le projet a été constamment entravé par le manque de carburant et de matériel.

Le barrage de poubourta n'a pas encore été mis en exploitation, dans l'attente d'un plan intégré de pisciculture et d'horticulture. Toutefois, il est évident que la construction de ces barrages procurera les surfaces supplémentaires dont on a besion pour les étangs à poissons et donnera aux pisciculteurs avancés la possibilité de travailler sur une plus grande échelle. Pour obtenir de bons résultats, la mise en exploitation des barrages devra être supervisée de près par le personnel du projet et les vulgarisateurs.

4.7 AUTRES ACTIVITES ET PROBLEMES

Au total, 7 stagiaires étrangers ont participé à de brèves sessions pratiques de formation piscicole en 1979. Ils ont pu assister et ils ont été priés de participer aux opérations quotidiennes dans les stations de pisciculture, ainsi qu'au programme de vulgarisation. Aucun programme d'étude de type formel n'a été établi par le projet ni par l'auteur.

4.8 CONCLUSION

L'année 1979 a permis de progresser dans la rénovation et l'exploitation des stations de pisciculture de La Paya et La Loungou, ainsi que d'accroitre le nombre d'étangs de pisciculture privée. La tendance au fléchissement de la production des étangs privés devra être rédressée en organisant de façon plus stricte le personnel de vulgarisation et en mettant l'accent sur des techniques rationnelles de pisciculture.

Tableau 1
PRODUCTION PISCICOLE EN 1979 - STATIONS PISCICOLES DE LA PAYA ET DE LA LOUNGOU: REGION DE BOUAR

PT = poids total

Tableau 2
PRODUCTION PISCICOLE A LA PAYA: NOVEMBRE 1978-NOVEMBRE 1979

Tn = T. nilotica;     Cl = Clarias;     C = C. carpio;     P = porc;     PT = poids total;     PM = poids moyen;     QN = quotient moyen

Tableau 3
REPRODUCTION DE TILAPIA NILOTICA A LA PAYA

OCTOBRE 1978 A NOVEMBRE 1979

Tableau 4
REPRODUCTION DE TILAPIA NILOTICA A LA LOUNGOU OCTOBRE 1978-NOVEMBRE 1979

Tableau 5
RECENSEMENT DES PISCICULTEURS ET DES ETANGS, 1975 A 1979: REGIONS DE BOUAR-BAORO-BABOUA

Tableau 6
VENTE D'ALEVINS AUX PISCICULTEURS PRIVES 1976 A 1979: REGIONS DE BOUAR-BAORO-BABOUA

Tableau 7
RESULTATS DES VIDANGES PRIVEES EN 1979: REGIONS DE BOUAR-BABOUA-BAORO

Tableau 8
CLASSIFICATION DES PRODUCTIONS PRIVEES PAR GROUP: 1976 A 1979 - REGIONS DE BOUAR-BAORO-BABOUA