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4. LA STATION PISCICOLE DE BAMBARI

4.1. Conditions d'exploitation générales

L'attitude générale proposée pour accéder efficacement à l'autofinancement de la station et au développement de la vulgarisation en zone Est est de tenir compte des réalités du lieu et du moment:

4.1.1. Problèmes de communication

Bien qu'étant la seconde ville du pays, Bambari demeure d'accès malaisé. En effet, 400 kilomètres de routes et de pistes difficiles nous séparent de Bangui, ceci ayant pour conséquence de majorer fortement le coût des transports pour les approvisionnements et la commercialisation des productions (pour les porcs: ±70 fCFA/KG ). Au demeurant, les prix d'achat, de fonction nement et d'entretien des véhicules y sont prohibitifs.

4.1.2. Problèmes domaniaux

Construite il y a près de trente ans, la station piscicole de Bambari disposait initialement d'une superficie d'exploitation de 352,75 ares subdivisée en 27 pièces d'eau. Celles-ci sont aménagés en dérivation sur la Bengué via un canal d'alimentation de 1,3 kilomètre de long.

Depuis quelques années (1978…) et dans une perspective allant en s'accentuant, la station souffre d'un manque chronique d'eau, surtout au cours de la saison sèche (Décembre à Mai). Cet état de fait nous oblige à restreindre considérablement les surfaces d'exploitation, voir à annuler toute production piscicole durant un semestre (saison sèche 1985). De plus les bassins mis à sec durant plusieurs mois sont difficiles à remettre sous eau en saison des pluies. Les motifs de ce tarissement en station peuvent être multiples, mais correspondent à une vague de sécheresse accrue depuis 8 ans se répercutant dans la zone en général avec comme conséquence particulière une forte diminution de la nappe phréatique alimentant le bassin versant de la station.

4.1.3. Problèmes d'alimentation

Compte tenu du point 4.1.1. et dans le cadre d'un autofinancement de la station, nous ne pouvons nous permettre de transporter des aliments de Bangui tant pour les poissons que pour les porcs. Or la plupart des industries agro-alimentaires fournissant des sous-produits y sont centralisées (minoteries, huileries, brasseries…). Par conséquent nous sommes obligés d'exploiter des ressources locales peu diversifiées et souvent lacunaires d'un point de vue équilibre alimentaire. Nos ressources en aliments à Bambari sont actuellement les suivantes (confer tableau 1); nous les complétons par des complexes polyvitaminés et par des tourteaux d'arachides (±10 tonnes/an) dont le coût est de 55 fCFA/kg à l'exclusion du transport.

tableau 1: aliments et sous-produits agro-industriels disponibles

Provenancealimentscoût
(transport excepté)
Socada Bambarigraines de cotonnul
Abattoir Bambaridéchets de panse diversnul
Elevage porcin FED Bambariexcrémentsnul
Minoterie Bambarison de riz15 f CFA/KG
Paysans de la OuakaMaïs80 f CFA/kg

La production de ces différents produits et sous-produits est extrêmement variable d'une année à l'autre: ainsi, le paysan produira ou non suffisament de maïs. Dans les cas fréquents de sous-production, ce-dernier est l'objet d'une forte concurrence de la part des différents utilisateurs.

La station dispose également de nombreuses ressources propres au site (paturages, fruits, excréments d'élevages associés ect…).

4.1.4. Débouchés locaux

A proximité des centres urbains, les productions piscicoles sont aisément commercialisables, la demande restant supérieure à l'offre actuellement. A titre indicatif, la station de Bambari a commercialisé 6.040 kg de poissons au cours de l'année 1984 et le marché pourrait en absorber le double aisément, ce qui laisse de larges perspectives pour les pisciculteurs privés artisanaux.

Par contre, la commercialisation des élevages associés est plus délicate et notamment celle des porcs pour lesquels il n'existe qu'un marché très restreint à Bambari. Le porc d'élevage, vu son prix élevé, ne peut y concurrencer le porc “de village”. Ils seront commercialisés dans les grandes surfaces banguissoises (DIAZ-SCORE) au prix d'un transport coûteux, aléatoire et délicat.

Les petits élevages associés, canards, poules et autres ne posent pas de problèmes majeurs à la commercialisation, hormis que ce marché s'adresse essentiellement aux Européens de la place (prix élevé de revient).

4.1.5. Problèmes de pathologie animale

Compte tenu des circonstances précitées, manque d'eau en station, alimentation carencée quantitativement et qualitativement, transports onéreux et aléatoires, l'exploitation reste délicate surtout au niveau des élevages associés.

De tout cela, il s'ensuit que ces élevages subissent de fortes pertes, quantifiable de l'ordre de 40 à 50 % sur les effectifs.

Compte tenu des difficultés rencontrées et d'autre part du souci d'autofinancement, la politique de gestion de la station piscicole de Bambari s'est progressivement orientée vers des technologies dites “douces”. En effet, si l'on souhaite gérer une exploitation en utilisant le plus possible par souci d'économie les ressources renouvelables qui nous entourent (soleil-eausous-produits agro-industriels-déchets d'animaux-productions végétales), le résultat et non le but défini sera une autonomie en énergie et en alimentation.

Cette remarque préalable permet de préciser le type d'autonomie à laquelle nous avons tenté d'accéder et que nous abordons dans ce rapport et ses annexes.

Ainsi une grande importance fut donnée aux cycles biologiques, aux différentes associations d'élevages, aux polycultures (Tilapia nilotica-Heterotis niloticus) et à l'alimentation du poisson par le biais de grandes compostières de coton-graines, déchets de l'usine de coton locale.

Il s'agit d'une étape, une nuance entre les conceptions officielles considérant les “techniques douces” comme chères et inefficaces et les positions trop optimistes souvent rencontrées, les présentant comme gratuites et faciles à mettre en oeuvre. La politique suivie fut toujours celle de s'adapter aux circonstances, de ne jamais choisir les solutions toutes faites de manière à rejeter nos limites, de lutter contre la prise en charge et la définition de nos besoins par d'autres et d'accéder ainsi à une autonomie résultant des difficultés précitées.

4.2. Gestion de l'infrastructure de la station

4.2.1. Les étangs

La station de la Bengué a une superficie théorique 363,73 ares d'étangs divisés en 28 pièces d'eau dont le plan est repris sur la carte 3. Une pièce d'eau de 11 ares n'est pas mentionnée sur cette carte, car située à l'extérieur de la station. Il s'agit d'un étang de barrage construit fin 1982-début 1983, dont la digue de barrage est constituée par l'aqueduc du canal principal d'alimentation de la station. L'alimentation de ce bassin récemment construit est individuelle et constitue un réservoir lors des grandes sécheresses.

Le facteur limitant de cette station demeure son alimentation en eau.

Carte 3 : Station piscicole de la Bengué: infrastructure

Carte 3

BATIMENTS

  1. Porcherie P1
  2. Porcherie P2
  3. Porcherie P7
  4. Concasseur
  5. Canardière
  6. ecrétariat-Bureaux
  7. Hangar à aliments
  8. Bureaux-case de pas ge
  9. Remise matériel
  10. Maison sentinelle
  11. Maison garde-bassin
  12. Maison Chef de Station
  13. Maison en briques

Revenons quelques années en arrière de manière à voir l'évolution chronologique de cette carence:

Ainsi avons nous assisté d'année en année à une diminution du débit d'eau dans le marigot alimentant la station et dont l'entièreté est captée. Durant près de cinq mois en 1985, le canal fut complètement assèché.

Les solutions les plus extrêmes furent envisagées (pompage au niveau de l'étang de barrage et de sources-réfection du canal-dérivation de sources…), mais ces solutions se révélèrent provisoires et d'une efficacité restreinte.

Il est à noter que cet assèchement se produit malgré une pluviométrie demeurée régulière à Bambari (moyenne sur 34 ans: 1546 mm), la répartition des pluies étant certainement en cause par contre ainsi que les capacités décroissantes de rétention de l'eau par le terrain.

Cettemise à sec de la plupart des bassins durant de longs mois entrave fortement leur remise sous eau en saison des pluies.

Travaux effectués depuis octobre 1982 sur les étangs

* Etang de barrage

D'une superficie de ± 11 ares et situé en dehors de la station, ce bassin fut creusé dans une petite vallée alimentée individuellement par une source et dont la digue de barrage longue de près de 40 mètres est constituée par de l'argile raportée au bulldozer et répartie manuellement de part et d'autre de l'aqueduc en béton qui alimente la station. Ce bassin fut doté d'un moine en ciment ainsi que d'une pêcherie en briques crépissées au début 1983. Un déversoir avec double grillage fut construit pour régler le niveau hydrique du bassin et éviter les débordements en cas de fortes pluies.

Au cours de ces trois années d'exploitation, contrairement aux bassins de la station, cet étang n'a pas eu à souffrir de la sécheresse.

L'alimentation de ce bassin se fait essentiellement par le biais d'une grosse compostière à coton graines complémentée par un léger apport quotidien en tourteau d'arachide et son de riz. Le rendement moyen sur base de 3 vidanges y est de 7200 kg/ha /an.

* Damalongo

Un site à proximité de la Station et de l'abattoir de Bambari fut acheté par la station au bénéfice de son personnel et de pisciculteurs bénévoles pour réaliser un centre expérimental et artisanal de près de 40 ares.

Si ces travaux s'inscrivent plutôt dans le cadre de la vulgarisation, certains travaux d'intérêt commun ont été effectués par la station de la Bengué :

* Refections diverses

Les bassins étant en bon état n'ont donné lieu qu'à de petites interventions de maintenance. Notre attention s'est surtout reportée sur le canal d'alimentation qui exige de fréquentes réparation: et un entretien quasi quotidien, d'autant plus important qu'il y a manque d'eau.

4.2.2. Les bâtiments

Domme les étangs, certains bâtiments de la station datent de ses débuts. Répondant à ses besoins et bien entretenus, leur état est à ce jour satisfaisant :

Travaux effectués depuis octobre 1982 sur les bâtiments

* Réaménagement de la maison en briques

Fin 1982, cette maison fut complètement réaménagée pou la rendre habitable à l'Expert Associé FAO et à sa famille :

Début 1984, une pièce annexe en semi-dur fut construite, agrandissant considérablement la surface existante et portant à 3 le nombre de pièces de la maison.

* Porcheries

Le principe d'irrigation permanente des porcheries avec évacuation de l'eau et des résidus dans les bassins a été généralisé dans toutes les porcheries de la station par de petits aménagements. Ainsi P1, P2, P7 disposent de ce système d'alimentation en eau comportant de nombreux avantages tant au point de vue de l'hygiène des animaux que de l'alimentation des bassins et du travail du porcher.

* Divers

D'une façon générale, les différents travaux prévus initialement sur fond FENU, faute de moyens, ont été réalisés avec des matériaux locaux et sans frais majeurs. Les constructions sont montées en semi-dur, à savoir avec des briques d'argile séchées et crépissées au ciment. Le sable et les graviers sont extraits à la station. Seule la toiture de l'annexe de la maison en briques à nécessité l'achat de madriers, de tôles et de quelques planches de bois rouge.

4.2.3. Matériel mécanique

La station dispose à ce jour pour ses besoins propres et pour ceux de la vulgarisation de divers engins dont l'état est satisfaisant hormis celui du Saviem SG2.

La maintenance de ce matériel fut assurée durant ses trois années de contrat par l'Expert Associé

4.2.4. Matériel divers

En outre, la station dispose :

4.3. Gestion piscicole de la station

4.3.1. Superficie d'exploitation

Nous avons déjà mis l'accent sur le facteur limitant à la station de Bambari, un manque drastique d'eau, mettant à sec durant la saison sèche la plupart des bassins d'exploitation, cet état de fait s'aggravant d'année en année. Aussi, la production piscicole sera-t-elle tributaire des facteurs climatiques malgré une répartition judicieuse des empoissonnements et des vidanges.

Les surfaces réelles d'exploitation piscicole furent les suivantes:

tableau 2: superficie d'exploitation (ares)

 saison sèche
(nov-mai)
saison des pluies
(juin-oct)
1983± 130± 210
198480160
198560135

D'une façon générale, ces surfaces diminuent d'année en année et au cours d'une même année se réduisent de moitié d'une saison à l'autre.

Nous exploitons également comme bassins de stockage les trois bassins de la série S (S1, S2, S3), soit 10,6 ares. Ces bassins sont mis à sec entre chaque vidange.

4.3.2. Technique de production piscicole

4.3.2.1. Empoissonnements

Les proportions de mise en charge pour Tilapia nilotica ont été les suivantes:

70 % Tilapia nilotica alevins (10 à 20 g)
23 % Tilapia nilotica “marchands” (50 à 80 g)
7 % Tilapia nilotica “super marchands” (sup. à 100g)

Les catégories marchand et super marchand constituent le lot de géniteurs. Du fait que la croissance des mâles est supérieure à celle des femelles du même âge, ceux-ci sont essentiellement compris dans la catégorie des super marchands et ce type de mise en charge correspond en géniteurs à 4 femelles pour un mâle.

Les quantités mises en charge sont dans les proportions précitées de l'ordre de 3 kg/are. Néanmoins, les résultats obtenus tendent à prouver que des quantités supérieures à l'empoissonnement dans des bassins bien fertilisés (coton-déchets de porcs) augmentent considérablement les rendements enregistrés précédemment.

Les mises en charge de polyculture Tilapia nilotica - Heterotis niloticus se généralisent surtout dans les bassins disposant d'une porcherie en association. Ce type de production, bien que rentable, reste tributaire d'une reproduction limitée d'Heterotis niloticus.

Cette technique de mise en charge est destinée, après six mois de production à fournir, d'une part de nombreux alevins à la vulgarisation et aux réempoissonnements et d'autre part à pourvoir le marché de Bambari en poissons de taille consommable (50 à 170g).

4.3.2.2. Alimentation (confer tableau 8)

Dans un contexte d'autofinancement, dès le début, une grande partie de nos recherches furent consacrées à l'investigation de nouvelles possibilités en matière d'alimentation

Compte tenu des conditions d'exploitations mentionnées au 4.1., l'alternative réunissant ces conditions fut la fertilisation des bassins sur base d'excréments d'élevages associés et de massives compostières de coton graines. A titre indicatif, ceci se fit dans les proportions approximatives suivantes:

1 porc/are (porc de ± 70 kg)

1,5 tonne/10 ares/(180 jours de production) de coton. Cette fertilisation se double d'un léger apport quotidien en alimentation directe (1/4 kg/are/jour) de tourteau et son de riz dans les proportions respectives de 1/3, 2/3.

Ce type d'alimentation peu onéreux et efficace, est à la base de la plupart des résultats de ces trois dernières années. Les principes de la fertilisation et les résultats détaillés sont repris en annexe 1.

Tableau 3: liste des aliments disponibles à la Station piscicole de Bambari et composition (MRECD 1984)

désignationMSMPBCELLMGENAMMCaPMPDEnergiePrixProvenance
g/kgMsUFUFEM
RTSPORCSvolRTSPORCSVOL
contenu de rumen séché83,416,728,11,837,815,60,610,55112--0,41--gratuitBambar
Farine de cornes88,691,31,21,7-5,81,870,67-739----gratuitBambar
graines de coton entières92,623,825,723,222,84,50,180,36166114-1,040,46-gratuitBambar
graines délintées94,028,719,023,624,44,30,150,38201144-1,120,57-gratuitBambar
tourteau arachide89,855,57,51,430,25,30,110,645105054611,061,14308065f/kgBangui
tourteau sésame90,248,08,310,024,49,31,420,13408408-0,960,92-65f/kgBangui
mangue verte14,52,14,15,585,82,50,140,07------ St.pisc.
carottes de manioc88,92,13,00,791,82,80,140,1214151,021,14348070 f/kgBambari
son de riz90,48,922,26,945,816,50,090,615639490,420,37188515 f/kgBambari
maïs grains secs88,511,62,44,679,61,90,030,368393881,301,28375070 f/kgBambari
Pueraria javanica15,524,624,62,738,110,01,010,34 205  0,76 gratuitSt.pisc.

MS: matière sèche
MPB: matières protéiques brutes
CELL: cellulose brute
MG: matière grasse
ENA: extractif non azoté
MM:: matières minérales, cendres
Ca:: calcium
P: phosphore
MPB: matières protéiques digestibles PORCS
UF: unité fourragère
EM: énergie métabolisable
RTS : ruminants
vol : volaille

4.3.2.3. Vidanges et stockages

A l'issue de plus ou moins six mois de production ou quand les quantités d'eau sont suffisantes pour effectuer vidange et stockage, celle-ci débute la veille au soir par une baisse du volume d'eau du bassin de manière à ce que le jour convenu le triage et le stockage des poissons s'effectuent dès 5 hrs 30 du matin. Un personnel abondant est nécessaire (± 15 personnes) pour que ce travail soit terminé avant les grandes chaleurs (± 10 hrs 30). A l'issue d'un premier triage, les poissons sont stockés par catégories dans les bassins de stockage de la série S, le transport s'effectuant à sec dans des seaux, brouettes et Land Rover. Souvent lors d'une vidange importante, celle-ci s'effectue en deux fois, à une semaine d'intervalle (plus de 1 tonne de poisson), ceci pour ne pas dépasser nos capacités de stockage et faciliter la commercialisation.

La fertilisation intensive des bassins apporte une quantité considérable de matières sédimentaires dans la cuvette du bassin. Celle-ci devra en partie être évacuée lors de chaque vidange, faute de quoi les boues ainsi accumulées provoqueront une forte mortalité des poissons par suffocation la fois suivante.

Il est utile de noter que de fortes pertes sont liées aux opérations de vidanges et de stockages: celles-ci sont de l'ordre de plus ou moins 35 % entre la production nette et la commercialisation de la production (transport, prédateurs, manipulations, stress provoquant un amaigrissement…).

4.3.2.4. Résultats de production

Les résultats des productions piscicoles et des rendements sont repris au tableau 3(a).

D'une façon générale, les productions ont progressé positivement au cours de 83 et 84, malgré une forte diminution des surfaces d'exploitation. Cette augmentation de la production est attribuable à la fertilisation des bassins par les graines de coton et leur action synergique avec les excréments d'élevages associés. On note une très forte augmentation des rendements par unité de surface: ceux-ci ont quasiment doublé en deux ans (1984: ± 7.500 kg/ha/an; 1982: ± 3.000 kg/ha/an).

Tableau 4: résultats globaux de production et ventilation de cette production (marché et vulgarisation)

 1 ersem.
1982
2d sem.
1982
1 ersem.
1983
2d sem.
1983
1 ersem.
1984
2d sem.
1984
Tendances
(a)       
Production brute (kg)366139682560486958937153
Production nette (kg)248429301812400944505567
Nbre de vidanges796767
Moyenne des rendements
(kg/ha/an) sur P1 P2 P3 P7 P8 EB
3258
4 vid.
3817
5 vid.
5013
4 vid.
6004
7 vid.
7019
6 vid.
7456
6 vid.
Type alimentaire 
(b)       
Vente de poisson au marché (kg) (a)209822721114215617853382
Vente d'alevins en vulgar. (kg) (b)533317513469648231 
Pds commercialisé (kg) (a+b)263225891627262524333613
% commercialisé726563534147
Prix de vente tte catégorie (CFA/kg)412447460498507479
Recette poisson (1.000.000 CFA)1,081,150,741,311,231,73

NB. Nous n'avons pu intégrer les chiffres de 1985 dans ce tableau; le manque d'eau en station ne nous a pas permis de vidanger effectivement les bassins, mais a donné lieu à des sennages.

Nous notons sur base des résultats obtenus avec des surfaces d'exploitation de 27 à 48 ares, l'effet permanent et cumulatif dans le temps de la fertilisation. D'une façon générale, la variabilité de production de Tilapia nilotica est grande d'une vidange à l'autre pour un même bassin, mais tend à se stabiliser avec la fertilisation: les sédiments jouent un rôle prépondérant en agissant au sein même de l'écosystème en tant que piège à nutriments, pouvant les restituer en cas de besoin à la chaîne trophique.

En 1984, la production brute de la station fut de 13.046 kilos.

4.3.3. Commercialisation du poisson

La commercialisation du poisson produit en station et en vulgarisation a fait l'objet d'un travail détaillé figurant en annexe 2. Les principaux résultats figurent au tabl. 4(b).

La commercialisation du poisson et la vente d'alevins en vulgarisation ne constituent pour 1984 que 47 % de la production brute. Les empoissonnements correspondent à 18,9 %. Les 34,8 % subsistant sont perdus lors des transferts et des vidanges. Ces pertes se reportent essentiellement sur les alevins.

Une question se pose généralemnt aux visiteurs de la pisciculture, à savoir si l'autofinancement de la station est acquis grâce au poisson commercialisé ou à ses élevages associés. A cet effet les résultats financiers sont clairs. Pour 1983 et 1984, les 2/3 des recettes correspondent à la commercialisation du poisson. De plus, contrairement aux élevages associés, les dépenses “poisson” sont restreintes et se résument pratiquement à des frais de main d'oeuvre, les aliments (coton graines et excréments du moins) étant gratuits.

4.4. Gestion des élevages associés

4.4.1. Exploitation des porcs (confer tabl.5)

La station dispose de trois porcheries avec alimentation en eau permanente, aménagées en association avec 3 bassins.

 capacitébassins fertilisés
P120 porcs + géniteursP1 : 27 ares
P220 porcelets + accouchementP2 : 25 ares saisonniers
P770 porcsP7 : 48 ares saisonniers
P8 : 24 ares saisonniers

Ces porcheries furent construites au cours du mandat de Mr Marquet. De construction simple et solide, elles apportent aux élevages associés un confort et une hygiène adéquat. Un porcher suffit à l'entretien et à l'alimentation d'une centaine de porcs Large White.

1982 : Dans un premier temps, le cheptel porcin de la station était réduit à une dizaine de porcs faute de géniteurs. Ces porcheries furent prétées au projet FED élevage de Bambari qui y mirent plus ou moins 70 porcs à l'engraissement au bénéfice des bassins de la station.

1983–1984 : Cette situation fut prolongée avec une augmentation du nombre de porcs appartenant au FED et l'acquisition de géniteurs par la station (1 mâle et 15 femelles).

1985 : Retrait des porcs FED et exploitation des porcs de la station. Le cheptel porcin de la station de la Bengué est en juin 1985 de 13 géniteurs dont un mâle

de ± 70 porcelets à l'engraissement.

A notre avis l'élevage de porcs à la Bengué ne peut se comprendre en tant que spéculation lucrative, mais uniquement quant à la fertilisation qu'il procure aux différents bassins, car à Bambari, ce type d'élevage comporte de nombreuses contraintes:

Nous situerions comme limite une production de 50 porcs par an, malgré les possibilités supérieures offertes par l'infrastructure de la station. La porcherie P2 a ainsi été modifiée par l'adjonction d'un treillis pour de petits élevages (poules et canards), ces petits élevages étant commercialisables sur Bambari.

4.4.2. Elevages associés annexes

La station ayant des difficultés d'alimentation en eau, elle ne peut envisager d'accroître la surface exploitable en pisciculture. Néanmoins, disposant d'un capital financier à réinvestir et dans une perspective d'autofinancement et d'indépendance logistique vis-á-vis de Bangui, elle a à plusieurs reprises envisagé le développement d'élevages annexes et l'achat d'animaux locaux et rustiques, d'autant que le site dispose de multiples ressources alimentaires (patures, agrumes, manguiers…). Ces élevages sont extensifs et se font en semi-liberté. Ne pouvant pourvoir à l'alimentation complète et équilibrée de ces animaux, ceux-ci sont libérés de leurs boxes le jour et rentrés le soir, ce qui limite les frais d'alimentation donnée en complément. Les dortoirs étant à proximité ou sur les bassins, les excréments sont récupérés au profit des poissons. Ce type d'élevage contrairement à celui du porc, s'avére fort rentable, chacun occupant une niche écologique en station. Il nous coûte peu en personnel et en aliment. Les bénéfices financiers de ces élevages nous permettent de financer en partie le service de vulgarisation en zone est et de combler les déficits financiers liés à l'absence d'eau et de production piscicole en saison sèche.

canards de pékin (confer tableau 6)

Importés de France à quelques jours, ils sont alimentés durant deux semaines et demi

A l'issue de cette période, les canards sont mis en liberté sur les bassins sans dégâts majeurs pour la production piscicole. Ils rentrent spontanément le soir dans une canardière construite à cet effet. La mortalité encourue fut de 35 % sur la durée de l'élevage (d'une centaine).

limites :

canards de Barbarie

Achetés localemnt, ces animaux, quoique plus rustiques et de croissance plus lente, se reproduisent deux à trois fois par an (environ 6 petits). Ils sont traités comme les canards de Pékin. ponte

Tableau 5: Production et commercialisation du porc (80 à 85)

annéeNbrePoids
(kg)
Prix/kg
(CFA)
Valeur
(CFA)
Aliments (prix/kg)
tourteaumaïsson de riz
19801214765095.275 40 
19819469650305.300 40 
19824258650167.700 40 
1983211.483750/9501.182.625556015
198418994750/950845.040558015
1ers.20*462950438.680   
1985       

* il s'agit essentiellement de porcelets

Tableau 6: Production et commercialisation des canards et des poules

canardsNbre venduPoids
(kg)
Prix/kg
(CFA)
Valeur
(CFA)
198464134.81500202.175
1985
1ersem.
715150022.420
poules    
198432 1500
à
1800
f/pièce
54.685
1985
lersem.
192339.400
50 *12.395

* poussinsen stock: 150 poussins et 150 canards.

poules : poulets de chair Derco 509

Importés de France, les poulets de chair ont été installés sur la porcherie P2. Une petite alimentation leur est fournie quotidiennement à base de maïs et de son de riz. Libérés après l'alimentation matinale des porcs pour éviter toute concurrence, elles mettent à profit la digestion sommaire des porcins.

limites• importation des poussins
 • risque de maladies et d'épidémies fréquentes chez les pou
 lets.

D'une façon générale, l'élevage en semi-liberté nécessite peu de main d'oeuvre et d'aliments, les animaux de basse-cour exploitant au mieux les ressources de la station. Ce type d'élevage est d'une rentabilité incontestable sur le plan financier, mais aussi sur le plan de la fertilisation des bassins. Il requiert toutefois un minimum de gardiennage et de soins, faute de quoi il faut s'attendre à de fortes pertes (ex.: prédation de mordants de nuit sur les jeunes canards).

cabris

Animaux excessivement rustiques et omnipréseots en Centrafrique, ils exploitent au mieux les richesses de la station (herbes, mangues, graines de coton, fruits divers…) difficiles à mettre en valeur dans un cadre strictement piscicole. Ils se reproduisent deux fois par an. Leur commercialisation s'effectue sur Bangui via les commerçants portuguais de la place à charge des acheteurs. Une partie des excréments est récupérée pour la fertilisation des bassins.

4.5. Autofinancement

Les problèmes d'autofinancement sont fort différents pour chacune des trois stations principales de R.C.A.. Ainsi, Bangui subit de lourdes pertes liées au vol, Bouar manque d'aliments d'oú majoration des coûts de transport, Bambari manque d'eau d'oú limitation des productions piscicoles.

Bambari dispose d'une grande infrastructure d'exploitation d'un coût élevé d'entretien. Ne disposant pas d'assez d'eau actuellement pour rentabiliser celle-ci et dans le souci de l'autofinancement, nous avons :

Tableau 7 : bilan inventaire au 31 décembre 1984
I. VALEURS IMMOBILIERESf CFAI. EXIGIBLEf CFA
Bâtiments1.000.000Dettes de la Station-
Etangs-
Tot.part.1.000.000 
II. VALEURS D'EXPLOITATIONII. REGULARISATION
Poissons1.655.000Amortissement100.000
Porcs1.050.000Réserve charges div.100.000
Canards30.000
Poulets144.000Tot.part.200.000
Aliments377.500 
Autres450.000
Tot.part.3.706.500
III. DISPONIBLEIII. NON EXIGIBLE
Caisse2.488.645Fonds de dotation6.995.145
TOTAL7.195.145TOTAL7.195.145

Les années 1982–1983–1984 ont largement été autofinancées à Bambari permettant ainsi de réinvestir une partie des bénéfices dans le service de vulgarisation. A titre indicatif, les bénéfices de la station furent

Nos conclusions sont les suivantes: malgré son aspect non lucratif à la base, la station doit être gérée comme une exploitation privée, mais dont les intérêts doivent demeurer publics.

Les techniques de fertilisation par compostières-élevages associés sont simples d'application et gratuites (le transport des graines est souvent assuré par la Socada ellemême dans un cadre d'échange). Compte tenu des rendements élevés obtenus en milieu rural (annexe 3) et sous garantie d'une quantité d'eau suffisante, la station serait largement autofinancée, même sans les élevages associés. Notre expérience en pisciculture rurale où seul est fait usage des graines de coton nous a en effet montré maintes fois des rendements supérieurs à 50 kg/are/ an.

Tableau 8 : synthèse des résultats de vulgarisation en zone Est 1983–1984

 OUAKAHAUTE KOTTOBASSE KOTTOTOTAL ZONE
19831984198319841983198419831984
nbre total de bassins69677047658663177318032129
superficie (ares)63178046058657675116672119
rdt moyen (vidanges contrôlées) (kg/are/an)4448323416213234 moy. pondérée
superficie moy.des bas. (are)0,911,010,961,000,910,970,920,99
estimation de product. (tonnes)±26±31±14±22±9±12±50±63

Tableau 9 : évolution des rendements en zone rurale sur base de vidanges contrôlées (kg/are/an)

secteurs2d sem.83ler sem.842d sem.84
Bambari43,941,548,0
Haute-Kotto Ippy31,526,734,4
Basse-Kotto16,017,621,0
Zone Est 28,633,6

4.6. Contrôle des gestions

Dès juin 1984, les différentes responsabilités inhérentes à la station et à sa gestion furent transférées au Chef de Station, Mr Maurice Koyaguitrembi.

Cette gestion est contrôlable en permanence par une tenue régulière de fiches et de cahiers, ainsi que d'une comptabilité dont différents exemples sont proposés dans le document technique No19 Projet CAF/80/002. Ils permettent d'une part d'avoir à n'importe quel moment la situation réelle de la station et d'autre part de faire des prévisions sur celle-ci.

Ces contrôles se composent de :

4.6.1. Partie technique

- pisciculture :- sommier d'exploitation empoissonnemnts, vidanges, production, rendements
 - cahier de vente du poisson
 - cahier de vente des alevins en vulgarisation
- élevages associés : 
 - cahier de naissance, soins, mortalité
- alimentation :- cahier d'alimentation
 - fiches de stock
- véhicules et engins : 
 - cahiers d'entretien
 - stocks de carburants et lubrifiants
- biens mobiliers : inventaire permanent.

4.6.2. Partie financière

- personnel :- fiches de paie
 - cahierd'impôts et de sécurité sociale
 - carte de contrôle quotidien
 - états de salaire mensuel
- comptabilité :- chaque dépense fait l'objet d'une facture numérotée
 - chaque recette fait l'objet d'un reçu numéroté
 - comptabilité mensuelle classée par postes et balance encaisse
 - graphique d'évolution d'encaisse

4.6.3. Rapport semestriel et annuel

Il fait état d'un inventaire de la main d'oeuvre des biens, des travaux effectués, des productions piscicoles et d'élevages associés, de la comptabilité, des prévisions pour les mois à venir et d'un bilan inventaire (confer tabl.7).

Etats de salaire, comptabilité et rapports sont régulièrement transmis à Bangui-Landjia.

4.7. Recherche

Le manque d'eau en station et le souci de la rentabiliser pour l'autofinancement n'ont pas permis d'effectuer de recherche à proprement parler, mais ont donné lieu à une série d'expérimentations cadrant avec les activités de production du poisson et de vulgarisation. Les résultats d'exploitation de polyculture de Tilapia nilotica avec Clarias lazera et Heterotis niloticus sont mentionnés dans les différents rapports semestriels et annuels de la zone Est. Un résumé de notre expérience en polyculture est repris en annexe 1: “Recherche et Fertilisation”. Celle-ci s'est effectuée parallèlement en vulgarisation.

Un document technique (no26 CAF/80/002, Behaghel 85) intitulé “Les graines de coton et leur utilisation en pisciculture en zone Est de R.C.A.” a été publié dans lequel sont traités les différents modes d'alimentation du Tilapia nilotica à Bambari ainsi que les possibilités d'exploitation des compostières et des élevages associés sur base des résultats de production de la station et de la zone rurale. Ce document est également résumé en annexe 1 du présent rapport.

4.8. Formation de l'homologue

Depuis le début, celle-ci s'est effectuée par un partage des responsabilités. En juin 1984, les différentes responsabilités inhérentes à la Station de la Bengué et à la vulgarisation en Zone Est ont définitivement été transférées au Chef de Station, Mr M. Koyaguitrembi. Une co-participation constante du Chef de station et de l'Expert Associé FAO en tant que conseiller technique a permis un transfert technologique réciproque propice à une gestion saine de la station ainsi qu'au développement de la pisciculture rurale en Zone Est


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