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2. ALEVINAGE EN ETANGS

La méthode d'alevinage en étang décrite ci-dessous est le résultat des recherches menées dans des conditions difficiles et peu favorables à l'alevinage en étangs. Cette méthode basée sur des essais empiriques est donc uniquement indicative et peut être améliorée dans la plupart des situations en adaptant celle-ci aux circonstances locales et, bien sûr, en utilisant ces expériences acquises. Ceci implique que l'on peut produire plus d'alevins que indiquée dans cette publication à condition que l'on maîtrise complètement la méthode d'alevinage en étangs.

2.1. Etang d'alevinage

Il n'est pas possible d'élaborer ici en détail tous les critères et facteurs relatifs à la construction des étangs d'alevinage, du choix du site jusqu'à la construction d'une retenue d'eau, d'un canal d'amenée et de l'étang. Ceux-ci sont très bien expliqués dans les documents et manuels appropriés dont quelques-uns sont mentionnés dans la bibliographie.

Quelques critères importants et typiques pour les étangs d'alevinage sont toutefois énumérés ci-dessous :

Localisation :Les étangs d'alevinage se situent le plus près possible de l'écloserie qui fournit le jeune frais et qui assure des facilités de communication, de transport et de logistique.
Dimensions :des étangs de dimension moyenne de 2 à 4 ares, de forme rectangulaire (10 × 20 à 10 × 40 m), et d'une profondeur de 80 à 100 cm sont préférables. Cette profondeur est exigée pour éviter la présence des plantes aquatiques.
Eau :une bonne qualité d'eau (non polluée, de faible contenu en fer et de pH entre 6.5 et 8.0) est indispensable pour un bon développement planctonique, facteur primordial pour toute réussite de l'alevinage en étangs. Un débit d'eau minimum de 10 1/s/ha (= 6 1/min/m are) est nécessaire afin de pouvoir remplacer à tout moment les pertes d'eau dû à l'évaporation, l'infiltration, et/ou des fuites d'eau ou de renouveler l'eau, si nécessaire (surfertilisation ou pollution).
Etanchéité :les étangs d'alevinage doivent bien retenir l'eau, c'est-à-dire l'infiltration et les pertes d'eau dues aux fuites doivent être minimisées. Sans cette qualité aucun programme de fertilisation serait efficace.
Exposition :les étangs d'alevinage doivent être à l'abri du vent et bien exposés au soleil.
Equipement :chaque étang doit être équipé d'un moine et d'un canal ou tuyau de remplissage suffisamment important afin de pouvoir remplir l'étang rapidement (un tuyau de 75 ou 100 mm pour un étang de 4 ares).

2.2. Nombre et préparation de l'étang

2.2.1. Nombre d'étangs

Le nombre d'étangs d'alevinage nécessaire dépend de la capacité de l'écloserie et de la demande d'alevins des pisciculteurs privés et/ou des stations piscicoles. Un centre d'alevinage moyen avec une production annuelle de 500 000 alevins requiert une infrastructure composée de :

2.2.2. Préparation de l'étang

Nettoyage. Il est d'une grande importance de bien nettoyer les digues de l'étang et de vérifier leur état, ainsi que de couper les herbes. Le fond de l'étang est également nettoyé et l'excédent de vase est enlevé (celui-ci peut servir d'engrais pour le potager). Une couche de quelques centimètres de vase est suffisante pour une bonne production naturelle de l'étang. Un excès nuit à la fertilité de l'étang et entraîn des activités anaérobiques.

Sèchage. Il est conseillé de faire sécher le fond de l'étang pendant quelques jours. Pendant ce temps-là, on effectue le travail de nettoyage. Cette mise à sec devient plus importante si l'on ne dispose pas de chaux vive.

Désinfection/Chaulage. Le sol de l'étang est désinfecté avec 10 à 20 kg de chaux vive (CaO) par are. La chaux vive élimine tous les pathogènes, parasites et prédateurs invertébrés (insectes, crustacés et mollusques). Le chaulage est exécuté la veille de la mise en eau. Cette désinfection avec la chaux vive a également une action positive sur la fertilité de l'étang. Elle augmente :

Quand la chaux vive n'est pas disponible, ou coûte trop chère, d'autres metières moins coûteuses telles que du carbonate de calcium (CaoCO) ou de la chaux éteinte (Ca/OH2) peuvent remplacer la chaux vive. Ces produits ont même action fertilisante mais ne servent pas comme désinfectant.

La quantité minimum nécessite afin d'obtenir une fertilisation optimale dépend de la fertilité du bassin. En général, on applique 15 à 20 kg pour des argileux et 10 à 15 kg pour des sols sableux.

Attention : L'activité de ces metières calciques n'est pas la même et la quantité doit donc être ajustée. I'activité de 1kg de la ohaux éteinte et à 1,8 kg de carbonate de .

Le chaulage est effectué en le produit de façon uniforme sur toute la superficie du sol l'étang. Ces produits sont conditionnés en poudre mais parfois, dû à , ils durcissent. Dans ce cas-là, il est nécessaire de les morceaux avant l'utilisation.

Contrôle de prédateurs. Des prédateurs piscicoles en étangs par l'entrée d'eau (des oeufs et des de ou de poisson et des poissons), par la terre (des batraciens, varons, des loutres, etc…) ou par l'air (des oiseaux). La pénétration des poissons sauvages et des oeufs est empêchée en plaçant une bois, dont le fond est fait d'une grille métallique (95 mm), ou un , large de 1 m et fabriqué de toile moustiquaire, placé à l'entrée d'eau.

Ce dernier est bien attaché autour du tuyau. La pénétration par voie terrestre est empêchée par une clôture dressée autour de l'étang. Cette clôture, haute de 75 à 100 cm est fabriquée de toile moustiquaire. La perte des alevins due à la prédation par les oiseaux est généralement faible et n'exige aucune mesure particulière. En général les oiseaux sont chassés. Parfois il est conseillé de placer des cordes en nylon, au dessus de l'étang, afin d'éviter une prédation massive par les pélicans.

2.3. Mise en eau

Il est d'une très grande importance de mettre les étangs d'alevinage en eau dans un minimum de temps, de préférence pas plus que 24 heures. Cette mesure est primordiale pour empêcher une prédation par des tétards. Le tableau 1 indique la quantité d'eau fournie journellement selon différents débits.

Tableau 1
Quantité d'eau fournie journellement selon différents débits (d'après A.G. Coche et H. van der Wal, 1983)
1/s1/min1/h1/jourm3/jour
1603 60086 40086,4
21207 200172 800172,8
318010.800259 200259,2
424014 400345 600345,6
530018 000432 000432,0
636021 600518 400518,4
742025 200604 800604,8
848028 800691 200691,2
954032 400777 600777,6
1060036 000864 000864,0
1484050 4001 209 6001 209,6
1590054 0001 296 0001 296,0
201 20072 0001 728 0001 728,0
Z1Z × 60Z × 3 600Z × 86 400Z × 86,4

1 La dernière ligne du tableau montre comment convertir lesvaleurs Z du débit en 1/s, 1/min, 1/h, 1/jour et m3/jour.

Exemple : Votre étang a une superficie de 400 m2 et une profondèur moyenne de 80 cm, le contenu de l'étang est donc de 400 m2 × 0,8 m = 320 m3 soit 320 × 1 000 = 320 000 l. Pour remplir votre étang en 24 heures il faut un débit en eau de :

320 000 1 % (24 × 60 × 60)s = 3, 7 l/s

soit environ 4 l/s.

Pour vérifier, comparez ce résultat avec le tableau 1.

La gestion d'une station d'alevinage est adaptée à cette exigence. Le nombre d'étangs qu'on pourrait mettre en eau en même temps dépend donc du débit d'eau du canal d'amenée. Le tableau 2 donne le débit d'eau nécessaire pour remplir, en un jour, des étangs de volumes différents.

Tableau 2
Débits d'eau pour remplir en un jour des étangs de différents vomules
Volume de l'étang
(m3)
Débit d'eau approximatif
requis (l/s)
1001.2
2002.4.
3003.6
4004.8
5006.0

Exemple : Vous voulez mettre en eau 5 étangs de 400 m3 et vous disposez d'un débit de 70 1/s. Pour remplir un étang il faut 4,8 1/s (voir tableau 2). Avec un débit de 10 l/s vous pouvez donc remplir 10 1/s: 4,8 1/s = 2,1 étangs, soit 2 étangs en 24 heures. Donc vous projetez d'abord de remplir 2 étangs, puis le lendemain 2 autres étangs et le 5ème bassin est rempli le troisième jour.

2.4. Mise en charge

La mise en charge ou le peuplement de l'étang d'alevinage est effectué le lendemain de la mise en eau du bassin, quand celuici est completement ou presque complètement rempli. Quand la mise en eau des bassins est échelonnée sur plusieurs jours, il faut donc également reporter le peuplement afin d'empoissonner chaque bassin dans les 24 heures après la mise en eau. De jeunes frais de 4 à 6 jours, nourris pendant quelques jours à l'écloserie avec de l'artemia ou du zooplancton est mis en charge à une densité de 50/m2 à 100/m2.

Exemple : Vous voulez empoissoner 5 étangs de 4 ares. Pour un étang de 4 ares (= 400 m2) il faut 400 m2 × 50/m2 = 20 000 jeunes poissons ; par 5 étangs il faut donc 5 × 20 000 = 100 000 jeunes frais.

L'empoissonnement de jeunes frais est délicat. Les poissons sont fragiles et en plus, il est impossible de compter ou de peser un si grand nombre de poissons de 4 à 10 gr. L'expérience et la standardisation de la méthode de comptage sont les seules directives pour mener à terme cette opération difficile et délicate. La méthode décrite dans cette publication a donné beaucoup de satisfaction jusqu'à présent Avant de commencer l'enlèvement des poissons du bac d'éclosion, ceux-ci sont concentrés en poussant la crépine-écran vers l'entrée d'eau (voir 2ème tôme de cette série : Alevinage en écloserie). Les jeunes poissons sont par la suite aspirés avec une pipette de 100 ml et placés très doucement dans un seau blanc de 101, rempli avec 3 à 4 1 d'eau propre, saturée d'oxygène. Des seaux gradués ayant une couvercle sont préférables. Chaque seau de 10 l peut contenir 10 000 jeunes poissons de 10 à 50 mg. Les poissons se regroupent, les uns contre les autres au fond du seau, et sont très bien visible sur fond blanc. Le pourcentage blanc (pas de poissons) par rapport au pourcentage noir (poissons) est la plu importante indication du nombre. Ce nombre est calculé la première fois qu'on empoissonne de la façon suivante : des poissons, amassés au fond du seau sont repartis de façon homogène dans le seau à l'aide d'un bulleur d'air assez puissant. Ensuite on compte le nombre exact des poissons d'un échantillon pris avec une pipette de 101. Cette procédure est répétée au moins 5 fois. En connaissant la quantité d'eau du seau et le nombre moyen des échantillons, on peut facilement calculer le nombre estimatif du seau.

Exemple : Vous avez rempli votre seau avec 3 litres (3 000 ml) d'eau et ajouté par la suite 8 pipettes de 100 ml. Vous avez compté respectivement 26, 29, 30, 24 et 27 poissons par échantillon de 10 ml. Le nombre moyen est de : (26 + 29 + 30 + 24 + 27) : 5 = 27,2 poissons. Le volum final du seau (eau + poissons) est de : 3 000 ml + (8 × 100ml 3 800 ml. Le nombre estimatif du seau est donc de : (3 800 ml : 10 ml) × 27,2 = 10 336 soit environ 10 000 poissons.

Il est important de préparer et de désinfecter tout le matériel avant le commencement de l'empoissonnement. On ne remplit que deux seaux à la fois. Dès que ces seaux sont pleins, on les amène vers l'étang pour y mettre leur contenu. Avant l'empoissonnement, on mesure la température d'eau de l'étang et celle du récipient (utilisé pour le transport) afin d'éviter un changement de température trop important pour les jeunes poissons.

2.5. Fertilisation

Le but de la fertilisation de l'étang d'alevinage est d'augmenter la production naturelle du bassin, notamment celle du phytoplancton et du zooplancton, afin d'obtenir suffisamment de nourriture naturelle. Celle-ci est indispensable pour assurer une bonne croissance et survie des jeunes silures.

L'origine de toute production naturelle d'un plan d'eau est la photosynthèse, action de synthèse des matières organiques par des végétaux chlorophylliens à l'aide de l'énergie solaire (lumière et chaleur). Cette photosynthèse (et donc indirectement la production naturelle de l'étang) dépend de la qualité des matières inorganiques et de l'ensoleillement.

Les étangs piscicoles sont presque toujours déficitaire en phosphore et souvent en azote et potasse. C'est ainsi que naquit la nécessité d'ajouter ces minéraux manquants en fertilisant l'étang. La fertilisation a plutôt un effet fertilisant sur la vase (les matières inorganiques sont absorbées par la couche boueuse) que sur les organismes en suspension. Cette couche boueuse, en bonne condition de décomposition et/ou bien fertilisée, est en sorte un grenier à matière minérales. Celles-ci sont lâchées au fur et à mesure à la demande de la végétation.

On distingue deux types de fertilisation, à savoir : la fertilisation inorganique ou fertilisation avec des produits chimiques, et la fertilisation organique ou fertilisation avec des déjections animales ou d'autres sous-produits organiques. La quantité de fertilisants requise dépend de la fertilité du bassin, la qualité du produit et la biomasse des poissons.

2.5.1. Fertilisation inorganique

Le contenu minéral des produits fertilisants est exprimé en pourcentage de N, P2O5 ou K2O. Les plus importants produits fertilisants et leur contenu minéral sont énumérés dans le tableau 3. La fertilisation des étangs avec le calcium a été discutée dans la paragraphe 2.2.2.

Tableau 3
Quelques produits fertilisants utilisables pour la pisciculture
 % N% P2O5
Urée46 
Nitrate de soude15–16 
Sulphate d'amonium20–22 
Nitrate d'amonium32–34 
Super-phosphate 16–22
Triple-phosphate42–48 
Phosphate d'ammonium11,048

Les étangs d'alevinage sont fertilisés avec 0,8 kg N/are et 0,2 kg P2O5/are le jour de la mise en eau, dès que l'étang est rempli de moitié, après quoi on fertilise deux fois par semaine avec 0,2 kg N/are et 0,05 kg P2O5/are jusqu'à 4 à 5 jours avant la vidange. Il est vivement conseillé de fertiliser toujours le même jour de la semaine, par exemple chaque mardi et vendredi.

A Bangui on utilise de l'urée et du triple-phosphate pour des raisons de disponibilité et desraisons économiques. La quantité de ces produits minéraux est calculée par étang et dissoute dans un seau, après quoi le contenu de ceci est distribué de façon homogène.

Des étangs fertiles ayant un fond recouvert de quelques centimètres de boue bien colloidale produisent leur propre azote et ne nécessitent pas une telle fertilisation. Les produits fertilisants contenant du phosphate doivent être dissouts et distribués souvent en petites quantités puisque le phosphore est absorbé de façon irréversible par la couche boueuse. Le triple-phosphate peut également être distribué en le mettant dans quelques sacs en jute placés à 30 à 40 cm au dessus du fond de l'étang.

Exemple : Vous voulez fertiliser votre étang de 4 ares avec de l'urée à une dose de 0,8 kgN/are. Vous avez besoin de 4 ares × 0,8 kgN/are = 3,2 kgN. La quantité de l'urée est donc de 3,2 kgN × 100 ÷ 46 N = 7,9 kg.

2.5.2. Fertilisation organique

La fertilisation organique avec des défections animales (fumier) est exécutée en même temps que la fertilisation inorganique. Le jour de la mise en eau, on utilise une dose de 20 kg (matière sèche) are, et par la suite 5 kg/are deux fois par semaine. Le fumier est dillué avec de l'eau et distribué sur toute la superficie du bassin. On peut utiliser du fumier de porc, de cheval, de boeuf ou de volaille. Ces fumiers se distinguent au point de vue rapport N/P. Les rapports N/P entre 4/1 et 8/1 sont considérés optimaux afin d'obtenir une bonne production naturelle équilibrée.

L'utilisation du fumier, surtout en grande quantité a quelques inconvénients :

  1. la décomposition des matières organiques demande de l'oxygène et ceci risque de causer un déficit en oxygène ;

  2. la croissance des algues filamenteuses, non-désirées, peut être stimulée.

Il faut attendre 3 à 4 jours après la première fertilisation avant d'obtenir des productions planctoniques importantes et suffisantes pour nourrir les jeunes poissons.

2.5.3. Contrôle de la fertilisation

La transparence de l'eau est une indication de l'abondance des matières en suspension (phytoplancton, zooplancton, détritus ou argi argile). Un bon développement planctonique colore l'eau en vert (phytoplancton) ou en brun (zooplancton), ou entre les deux suivant la domination de l'un ou de l'autre.

La transparence de l'eau est mesurée avec le disque de Secchi, un disque de 30 à 40 cm de diamètre, coloré en noir et blanc et attaché à un fil gradué.

Suivant la transparence de l'eau, on doit prendre des mesures suivants :

TransparenceAction
1–15cmBeaucoup trop de plancton présent. Arrêter la fertilisation et renouveler immédiatement 1/4 à 1/2 de l'eau. Mesurer le taux d'oxygène (toujours le matin au lever du soleil).
15–30 cmBeaucoup de plancton, arrêter la fertilisation. Vérifier le taux d'oxygène.
30–50 cmProduction planctonique optimale, continuer le plan de fertilisation, vérifier une fois tous les 3 à 4 jours le taux d'oxygène.
50 cmPas assez de plancton, augmenter (jusqu'à doubler) les doses d'engrais.

2.6. Alimentation

L'alimentation des jeunes poissons n'est, en principe, pas nécessaire. La présence de suffisamment de nourriture naturelle (plancton) est assurée tant que l'eau du bassin reste bien verdâtre. Une alimentation est appliquée quand la fertilisation echoue (vérifier la transparence). Un aliment en forme de poudre composé de 1/4 san de riz, 1/4 tourteau de coton, 1/4 tourteau d'arachides et 1/4 farine de sang ou de poisson, est distribué deux fois par jour dans un cadre flottant de bambou à la ration de :

550 g/are1ère semaine
750 g/are2ème semaine
1 000 g/are3ème semaine
1 500 g/are4ème semaine

2.7. Gestion

2.7.1. Gestion de l'étang d'alevinage

Dans l'Annexe 1 se trouve le schéma chronologique des activités de l'alevinage en étangs. Avant chaque empoissonnement on prépare un schéma de travail afin de pouvoir coordonner tous les conditions préalables.

Exemple : Vous voulez empoissonner 5 étangs de 4 ares et vous disposez de 10 1/s. On a déjà appris qu'il faut 3 jours et 100 000 silures pour mettre en eau et empoissonner les 5 étangs (voir 2.3. et 2.4.). Votre schéma de travail est donc ainsi :

JourNettoyagedésinfectionMise en eau et fertilisationEmpoissonnement
11 + 2*---
23 + 41 + 2--
353 + 41 + 2-
4-53 + 41 + 2
5--53 + 4
6---5

* Les chiffres dans ce tableau correspondent aux numéros dechaque étang

La gestion des étangs d'alevinage requiert des contrôles journaliers afin de garantir un résultat acceptable, il faut :

2.7.2. Gestion d'un centre d'alevinage

La gestion d'un centre d'alevinage est une des activités la plus difficile et à la fois, la plus importante de l'alevinage. On a déjà appris que le nombre d'étangs est en fonction du débit d'eau du canal d'amenée et comment gérer une écloserie. actuellement il s'agit de coordonner de façon cohérente la gestion de l'écloserie et celle des étangs. Il est indispensable de préparer un programme annuel afin de pouvoir réussir un tel travail. On élabore d'abord le programme de travail pour les étangs et à base de ces données on peut établir un programme de travail pour la reproduction artifivielle. Il est souvent pratique de gérer deux cycles d'alevinage en même temps, ainsi on dispose tous les 5 jours d'alevins et on obtient une répartition du travail très homogène.

Exemple : Vous avez 10 étangs de 4 ares, un débit d'eau minimum de 101/s, et vous voulez opter pour la livraison des alevins tous les 15 jours. Ainsi vous gérez deux cycles d'alevinage de chacun des 5 étangs. Pour mettre en eau ces 5 étangs vous avez besoin de 3 jours (voir 2.3.1.) et de 100 000 silures (voir 2.4.). Pour avoir 100 000 silures de 4 à 6 jours il faut faire une reproduction artificielle de 6 à 10 jours avant l'empoissonnement en fonction de la température de l'eau de l'écloserie (voir tôme 1 de cette série : Propagation artificielle).

2.8. Vidange

La vidange de l'étang d'alevinage est effectuée le matin tôt lorsqu'il fait encore frais. Une heure avant le lever du soleil on commence à enlever l'eau. L'eau est évacuée doucement en enlevant planche par planche du moine. Un grillage (diamètre des mailles 5 mm) est placé devant le moine pour éviter une perte d'alevins. Quand l'étang est à moitié vidé on attache une caisse de vidange à l'extérieur de l'étang sur la buse de vidange. Cette caisse est fabriquée d'un grillage métallique (diamètre des mailles 5 à 10 mm) placé sur un cadre en bois. Les alevins sont accumulés dans cette caisse et sont facilement recupérés à l'aide d'une épuisette.

Il existe une variation importante au point de vue taille et poids moyen entre les jeunes Clarias d'un étang. En général, on trouve un groupe assez homogène de silures de 3 à 8 g et quelques dizaines de gros sujets jusqu'à 10 g par are. Ces gros silures sont triés à l'aide d'une table de tri. Cette table est bien mouillée avant d'y poser les poissons. Les alevins sont récupérés dans des seaux ou des récipients bien étanches, remplis de quelques litres d'eau. Parfois il est nécessaire de distinguer trois lots afin d'obtenir des groupes d'alevins bien homogènes.

Les alevins sont livrés directement ou stockés pendant quelques jours dans un étang de stockage. Les alevins peuvent être stockés jusqu'à une densité de 100 à 150/m2. Ils sont nourris avec l'aliment complet en forme de granulés (voir Doc. tech. no 23 : Alimentation) à une ration de 10% de leur biomasse.

La survie de l'alevinage en étangs est de 20 à 30 ÷ à condition que les conditions mentionnées ci-dessus sont respectées rigoureusement surtout au sujet des tétards et des grenouilles. On peut réaliser 10 cycles d'alevinage par an, ainsi on obtient une production de 15 000 alevins par are et par an.

Exemple : Vous avez empoissonné 5 étangs de 4 ares à 50/m2. Vous avez donc déversé 100 000 poissons. La survie obtenue est de 30%. A la vidange vous recupérez 100 000 × 30 ÷ 100 = 30 000 alevins. Par an, ces 5 étangs de 4 ares (= 20 ares) Vous donnent 10 × 30 000 = 300 000 alevins. Par are vous avez donc obtenu 300 000 ÷ 20 = 15 000 alevins par an.


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